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La Force


Nous sommes dans le temple. 
Face à nous trois piliers se dressent sur le pavé mosaïque.
Ils se nomment « Sagesse », « Force » et « Beauté ».

Leur position centrale traduit d’emblée leur importance dans notre démarche initiatique. Notre rituel le souligne en précisant qu’ils « soutiennent notre temple », En cela il sont indissociables.
Pourtant je me limiterai dans mon exposé de ce midi qu’a un seul de ces piliers :
Cet exercice n’est pas simple, tant le lien qui les unis est fort.

Sa forme massive permet de l’identifier au premier coup d’œil au coin nord ouest de notre espace très saint, il s’agit de la « La force ».
En effet d’emblée nous pouvons nous interroger sur l’utilisation de la force sans raison ou sagesse et inversement.

De plus il y aurait beaucoup à dire dans lequel sont disposés ces piliers. Cela pourrait faire l’objet d’une planche à part entière.
Ce ne sera pas l’objet de mon propos.

Je vous propose dans un premier temps d’évoquer la symbolique su pilier du pilier pour préciser en quoi ces vertus que sont la sagesse, la force et la beauté sont indispensables à la construction de notre édifice.
Avant d’aborder la thématique de la force. D’abord au sens physique puis morale du terme.

Le Pilier
D’un point de vue architectural, le pilier est un support en forme de colonne qui permet de soutenir l’une des parties d’un édifice.

C’est un élément essentiel, car la colonne est le support : elle est l’axe de la construction et relie ses différents niveaux,. Leur robustesse et leur force garantisse la solidité de notre édifice tout entier.
Il représente ainsi la colonne vertébrale de notre temple. Sans elle tout s’effondre.

Ces piliers sont posés en équerre, sur le plan horizontal, formé par notre pavé mosaïque noir et blanc ; reliant la terre au ciel représentée par notre voûte étoilée.

Ce pavé mosaïque représente nos incertitudes, et nos errements, ou l’ouverture d’esprit et l’humilité dont nous devons faire preuve durant nos travaux.
Comme pour une palette de couleur, il s’agit d’en explorer toutes les nuances, du noir au blanc, pour tendre vers la vérité.

Pour progresser dans cette tache, il conviendra de suivre la route jalonnée par les trois piliers que forment « sagesse » « force » « beauté ».
La lumière qui surplombe chaque pilier renforce cette image. Ces piliers nous indiquent la voie à suivre.

Véritable trait d’union entre le ciel et la terre, les piliers nous renvoie à notre initiation et plus particulièrement au cabinet de réflexion ou est gravée la formule VITRIOL, Descendre au plus profond de soi.

Symbolique renforcée par le fil à plomb du second surveillant qui dirige l’esprit vers les profondeurs, nous amenant à ne pas nous contenter de l’aspect extérieur des choses, mais a en percevoir le signification cachée. 

Ainsi ces piliers représente la route à suivre, et doivent nous éclairer dans notre quête.

Cette notion de pilier moral et notamment celui de la « Force » font partie des 4 vertus cardinales mises en évidence par les philosophes de ma grèce antique tel que Platon et Aristote.

Ces vertus morales sont au nombre de quatre :
La prudence, qui dispose la raison pratique à discerner en toute circonstance le véritable bien et à choisir les justes moyens de l’accomplir ;
La tempérance, qui assure la maîtrise de la volonté sur les instincts et maintient les désirs dans les limites de l’honnêteté, procurant l’équilibre dans l’usage des biens ;
La force, c'est-à-dire le courage, qui assure dans les difficultés la fermeté et la constance dans la poursuite du bien, affermissant la résolution de résister aux tentations et de surmonter les obstacles dans la vie morale ;
La justice, qui consiste dans la constante et ferme volonté de donner à chacun ce qui lui est dû.
La religion catholique complète ces 4 vertus dites « humaines cardinales » par trois vertus « Théogales » : Foi, espérance et Charité.

On retrouve au travers de ces quatre vertus, une similitude avec nos piliers ; ainsi Prudence et Tempérance se rapprochent du pilier Sagesse alors que Force et Justice s’apparente à notre pilier Force.

Cette symbolique des piliers comporte un certains nombre de similitudes avec le concept d’axe du monde et de l’Arbre.
Ce dernier est issu de la Kabbale, loi morale reçue de moise sur le mont Sinaï et qui se transmet par voie orale.

Le kabbale est avant tout un outil d’aide à la compréhension du monde, qui incite à modifier notre perception du monde, pour en percevoir la réalité, malgré toute la subjectivité de notre perception.

Cette démarche est en ce sens assez proche de notre démarche maçonnique, même si les moyens différent quelque peu.

La kabbale fournit on de ses adeptes un diagramme appelé « Arbre de Vie » (Cf . Le livre de la splendeur), qui représente la totalité de la création : tout ce qui est, était, et sera

Ses fruits sont les Séphiroth, réceptacles qui vont accueillir et contenir la lumière-énergie divine qui va se déverser de haut en bas, de vases en vases, chacun donnant à l’autre lorsqu’il est trop plein, créant les mondes et les forces qui y seront à l’œuvre.

L’arbre représente l’ensemble de l’existence, les énergies et les attributs de chaque Séphirah représentent la somme du savoir et de l’expérience des hommes créés à l’image de Dieu.

Les Séphiroth sont au nombre de dix, nombre parfait pour les kabbalistes.

Selon la Tradition, le déploiement de l’unité séphirotique se fait selon une hiérarchie de trois triades qui vont se déverser dans leur commun récipient, Malkhout ( là, ces trois triades ne font plus qu’UN ):

Le schéma de la kabbale est un peu plus complexe que la simple verticalité qui relie les mondes de l’en haut et de l’en bas.

Il se déploie en trois colonnes verticales parallèles : une colonne centrale ( Harmonie ) qui est la synthèse de deux colonnes latérales :la Justice
( à gauche ), l’Amour ( à droite ).

La Sagesse est située dans la colonne de droite, celle de l’amour ou de la générosité : Héssèd)
La Force est située dans la colonne de gauche : celle de la justice, de la rigueur ( Din)
La Beauté enfin, est située au milieu de l’Arbre de Vie, au niveau du Chakra du cœur , dans une triade d’ordre moral.

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Lien avec le planche le chêne : http://www.ledifice.net/7102-5.html
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Force sagesse et beauté sont ainsi la devise moderne de la maçonnerie qui a remplacé Union force et salut du 18ème siècle
Parallèle avec la devise républicaine liberté égalité fraternité
                                                                  
La Force chez les bâtisseurs

L’architecture moderne impose la maîtrise des règles de la physique qui sont garante de la force et robustesse de nos constructions actuelles.

Il est cependant intéressant de noter que le concept de force Physique est longtemps resté une notion abstraite.
Contrairement aux grandeurs physiques telles que la longueur ou le poids, une force ne se voie pas, elle n’est que l’explication d’effets visibles.

Archimède lors des ses études sur le problème du bras levier évoquait le poids des corps sans expliquer plus avant  ce qu’il entendait par la. Lors des études sur les poulies, la notion de force était employée de manière ambiguë comme étant la tension dans les fils. La problématique de la chute des corps et résolu par Galilée sans utiliser explicitement la notion de force.

La différenciation entre force et vitesse ne sera réellement précisé que dans les travaux d’Isaac Newton en 1687 : la force insuffle le mouvement et la vitesse, elle symbolise la puissance de l’action physique.

La manipulation des matériaux pour la construction des édifices nécessite la force de l’homme, qui serait insuffisante si elle n’était pas décuplée par l’utilisation d’outils et d’astuces.

Une des inventions majeure en construction a été le levier.

Le levier était ainsi utilisé par les carriers et les ouvriers bâtisseurs pour soulever des matériaux trop lourds pour être déplacés à la main.
Le levier est une machine simple au même titre que la poulie, le treuil
L’invention du levier remonte à des temps immémoriaux. Le Chadouf mésopotamien (cf. Figure) représente l’une des plus anciennes applications du levier (3ème millénaire).

Archimède au 3ème siecle avant JC en a donné le principe : « Effort x distance au point d’appui = Charge x distance au point d’appui »

La symbolique du levier est reprise dans notre rituel, ou il est utilisé par le compagnon.
Le compagnon doit bien choisir son point d’appui et maîtriser son énergie. Toute erreur peut mettre en péril la globalité de la construction.

C’est sûrement pour cela que le compagnon en loge, est mis sous la responsabilité du 1er surveillant, auquel est attaché la colonne « force » dans notre rituel.

Le 1ers surveillant est garant du respect des règlements, et empêche toute déviation ou problème susceptible de troubler l’ordre de la loge.
Son insigne est le niveau symbole de rectitude.
Il ne s’agit pas d’autoritarisme, mais d’autorité et de fermeté dans l’application des règles connues.
Son insigne est le niveau, symbole de rectitude.

Cette capacité de l’homme à utiliser toute son ingéniosité pour se surpasser est tout à fait remarquable chez les égyptiens.
La taille gigantesque de certains monuments est clairement impressionnante.

Le grand Sphinx de Gizeh qui mesure 19,8 mètres de hauteur et 73,2 mètres de longueur. Probablement la sculpture la plus célèbre au monde
Le temple de Karnak qui couvre plus de 100 hectares sur la rive orientale du Nil,

Et aussi les colosses de Memnon, les deux statues assises du roi Aménophis III (XIVe s. av.J.C.).  Chacune est taillée dans un seul  bloc de grès et mesure, sans son socle, plus de 15 m de hauteur

La Force dans notre démarche Initiatique

Par métaphore la force représente surtout la capacité de l’esprit dans sa constance, sa détermination, sa fermeté.
Force et fermeté sont omniprésents sur les chantiers des bâtisseurs.

Elle est à l’apprenti dans le travail de la pierre brute avec le ciseau et le maillet. Une pierre maniée voilement peut s’ébrécher, et par conséquent nécessiter une nouvelle taille, ou être mise au rebut, ce qui peut retarder la construction.

La force est encore plus utile quand le compagnon travaille avec un levier, qui multiplie cette force. Le compagnon doit bien choisir son point d’appui et maîtriser son énergie. Toute erreur peut mettre en péril la globalité de la construction.

Le maillet est également symbole de force et d’autorité. Il ponctue l’ouverture et la fermeture des travaux. Il est le cœur des surveillants qui contrôlent  l’identité maconnique des participants.
Ils ont autorité pour faire sortir du temple celui qui n’a pas la qualité requise.

L’épée peut être également utilisée en tant qu’arme, pour défendre ou corriger l’un d’entre nous.

                                                                      
La force d’une association réside essentiellement dans la cohésion de ses membres.
Plus ils sont unis, plus ils sont puissants.

L’union n’est point l’effet d’une discipline imposée, elle ne peut naître que de l’affection que ressentent les uns pour les autres les initiés.
Il est donc de la plus haute importance de contribuer par tous les moyens de resserrer les liens qui unissent les maçons.

Il est indispensable de se connaître, de s’apprécier, et de s’estimer. Toute les réunion devront donc être suivies avec la plus grande assiduité.

On doit s’y comporter de manière à mériter la sympathie, et montrer plein d’indulgence envers les défauts de ses frères. « L’homme est toujours imparfait ».

Il ne faut pas s’attacher à rechercher les faiblesses mais à trouver les qualités qui nous unissent. C’est le ciment de notre union, qui fera notre force.
L’union ne fait il pas la force.

Cette force de notre union mes frères est souligné dans notre rituel à l’extinction de la colonne force par l’expression «  que l’amour règne parmi les hommes ».

Le pensée est la force du maçon. Elle agit en dehors d’une manière mystérieuse.

Ainsi la discipline du silence portait les anciens Maçons à laisser sans réplique les calomnies dont ils étaient victimes. Ils attendaient soigneusement que la vérité se fit jour. Elle triomphe nécessairement comme le donne à entendre le vieil adage : Bien faire et laisser braire.

La force de pensée peut influencer la volonté d’autrui, sans même qu’elle n’est était exprimée par écrit ou par orale. C’est ce que révèle l’étude sur les lois occultes de la pensée.

L’initié instruit à ces lois s’applique à se taire. Il se concentre afin d’imprimer à ses idées une plus forte tension. C’est un conspirateur qui dispose du plus puissant des moyens d’action : La pensée dirigée en pleine connaissance de cause.

Cette force du silence est mise en pratique par l’apprenti qui ne peut s’exprimer en tenue.
Il apprend à maîtriser sa force.

Notre rituel renforce également cette capacité à contrôler sa pensée. Les échanges en tenu sont indirect. La prise de parole ne se fait qu’après demande auprès des surveillants et autorisation du vénérable. Ceci évite les échanges directes et atténue la passion qui pourrait être mise dans les propos.

En conclusion
La force est notre fraternité
La force est notre capacité à faire fonctionner son esprit avant d’utiliser ses émotions.
C’est de remettre en cause ses certitudes, écouter et tenir compte. pour explorer tout les facettes ; Penser en homme libre. Sortir des dogmes, des sentiers balisés.
Privilégier la réflexion à l’action
Les leviers sont notre démarche symbolique

J\B\ M\


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