GODF Loge : Fraternité Cauchoise 09/03/2007
Note de l'Auteur : Cette planche est la première d'une suite de trois Travaux : Le Silence, La Tolérance et La Fraternité.

Le Silence

 
Si l’on admet que le bruit est né du BIG BANG on peut admettre que le bruit est né du silence, qu’il y a une liaison originelle et symbolique de deux entités opposées qui nous relient à la naissance du monde.
En effet, la question se posera toujours de savoir si le silence est la négation du bruit ou le bruit affirmation de l’existence du silence.
Autrement dit, le silence existe-t-il en fonction de notre seule perception du bruit?
Quand nous pénétrons en forêt, le pic arrête son tap-tap, les mésanges cessent leurs babillages, la forêt se tait devant les intrus, la forêt écoute.
En Amazonie, le jaguar se coule sous les arbres, et, immédiatement le concert des singes prévient du danger, la forêt écoute.
Dans les deux cas, silence et bruit pourtant antinomiques deviennent signaux d’alerte.
A contrario, l’air, symbole de vie, vecteur du bruit s’oppose à l’espace où régne silence et mort.
Opposition constatée ici entre lumière et ténèbres, vie et mort, terre et ciel, analogie évidente avec notre pavé mosaïque.
Cette dualité a toujours nourri l’imaginaire avec des formules genre Almanach Vermot d’où le silence sort grand gagnant.

- La parole est d’argent, mais le silence est d’or.

- Le silence coupable.
- Le silence de mort.
- Le silence pesant (si le bruit se mesure en décibel, pourrait-on comme pour la température quantifier le silence moins 10 décibels moins 20 décibels).
- Le silence musical qui serait lui un gros ou bien un tout petit soupir.
- La minute de silence (souvent de trente seconde).
- Le silence de réserve, ce n’est pas du silence que l’on met de côté, en stock mais l’obligation de se taire.
 
Le silence est la première discipline initiatique, il permet de concentrer ses facultés pour mettre en pratique le: connais toi-même de Socrate, ainsi la première leçon de Boudha est Fais silence en toi et écoute, mais je n’ai pas souvenance que Boudha ait imposé deux ans aux apprentis sur le chemin de la lumière. Mais que sont deux ans auprès des sept ans des disciples de Pythagore ou des douze ans que s’était imposé Rabbi Akiba.
Enfin la valeur et la portée du silence pour Lao Tseu qui dit: ceux qui connaissent ne parlent pas, ceux qui parlent ne connaissent pas.
Comment alors, ne pas évoquer, cette complémentarité du silence et de l’écrit, ou la planche du frère rejoint le silence, l’écoute de l’atelier, ce moment où l’introspection favorise l’accord coeur et raison de l’écriture.
Ce silence actif où vous êtes, cet éveil intérieur de la conscience, préparant, analysant pour permettre plus tard à l’intervenant d’enrichir son travail, d’atteindre un autre palier, une autre marche.
Contrairement, à l’espace, le silence n’est pas vide, il fait de la place pour accueillir le fruit du travail et la parole de l’autre.
Exercice difficile, yoga intellectuel, le silence n’est ni recul, ni repli sur soi, ni renoncement, mais exploration introspective de toutes les voies qui mènent à la parole.

Je mesure mieux là, le chemin à parcourir, retrouver la parole n’est plus un but, mais un passage obligé, seulement un passage.
Ce silence imposé n’est pas une privation de liberté ou de communiquer, qui restreint, enferme ou isole, mais davantage comme un moyen de favoriser l’écoute.
Sa qualité dépend de l’apaisement du coeur et de la conscience, qui conduit à la maîtrise de nos impulsions premières.
Le silence n’est pas seulement imposé à l’intérieur du Temple, il l’est aussi à l’extérieur.
On doit s’abstenir de parler aux profanes des travaux qui se déroulent en loge, et là, intervient un point complexe :
« Si on ne dit rien, comment se faire entendre »

Comment travailler à une humanité meilleure, qu’avons-nous à dire et à faire par rapport à cette profession de foi.

Peut on considérer qu’exceptionnellement, la parole puisse être la révolte du silence?
Loin d’une remise en cause des règles du GODF, nous travaillons notre pierre à être à l’écoute des autres, avec nos doutes, nos certitudes, notre humanité, notre héritage, essayant et faisant de notre mieux, pour trouver la route qui nous mènera vers notre intériorité.
Cette quête sans orgueil, ni suffisance dans cet esprit de recherche de la perfection, dans cet état réceptif qu’impose le silence.

C’est dans le même esprit que le vénérable invite les frères à se séparer à la fin de la tenue « en promettant de se retirer sous la loi du silence ».
Du latin « silentium » de »siléré » se taire, c’est une définition un peu courte si on ne s’interroge sur le sens des vertus si précieuses contenues dans le silence.
Celui-ci fait partie de la première règle initiatique à observer dans les traditions occidentales, comme orientales.
On devrait le définir comme le premier moyen de respecter autrui en passant par le respect de soi même.

Il est impossible de connaître son prochain si l’on se connaît pas soi-même, mais à partir de là, s’ouvre le chapitre sur la tolérance.

15ème mois d’apprenti

J\ M\ T\

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