Obédience : NC Loge : NC Date : 03/2015

 

Maçon dans ma Loge, Maçon dans le monde

Chacun de vous l’a vécu : on ne devient pas Franc-maçon comme on entre dans un club, simplement en s’inscrivant et en faisant un chèque.

On est reçu Apprenti Franc-maçon au terme d’un processus qui aboutit à un engagement, pris solennellement, en pleine conscience, en pleine liberté.

D’autres serments, d’autres engagements, viendront compléter le premier, lorsque l’Apprenti deviendra Compagnon puisque lorsque le Compagnon sera relevé Maître.

On pourrait penser que ces serments demandés au Franc-maçon à chaque étape de sa progression ne règlent que ses devoirs vis-à-vis de l'Ordre et de ses Frères. Cela est vrai, naturellement, de ce qui a trait à la discrétion, ou encore à la fraternité.

Mais ce à quoi s'engage le Franc-maçon va bien au-delà.

Le chemin sur lequel il s'engage à progresser implique naturellement qu’il vive activement les Tenues de sa Loge.

Vivre activement les Tenues, cela ne veut pas dire nécessairement prendre la parole, pour plancher ou intervenir dans le débat. Cela ne veut pas dire nécessairement non plus occuper un plateau,  ou remplir un office. Vivre activement les Tenues, cela signifie d’abord vivre le rituel. Il faut s’en imprégner, s’imprégner de son sens, le laisser opérer, le laisser remplir sa fonction qui est de créer l’ordre intérieur de la Loge et l’ordre intérieur en chacun des Frères, cette mécanique « ascendante » qui permet de quitter l’agitation des parvis, de ne plus être dans le monde profane, mais bien de s’élever ensemble, le regard tourné vers la Lumière. Vivre le rituel, c’est aussi faire en conscience l’effort de se conformer aux formes, qui ne sont pas contraintes sans raison : les éléments du décor de la loge, les places occupées par chacun, officiers, apprentis, compagnons, le mode de déambulation, la posture exigée de ceux qui prennent la parole, le silence absolu qui s’impose à ceux à qui elle n’est pas donnée, tout est réglé. Cette fixité de la forme permet de ne se concentrer que sur le fond. Vivre le rituel, c’est ne pas s’en tenir simplement à une exécution « mécanique » de ce qui est écrit, mais bien plutôt s’ouvrir à son contenu initiatique et symbolique, qu’il s’agisse du rituel d’ouverture et de fermeture des travaux ou, ben sûr, du rituel d’initiation comme des rituels d’augmentation de salaire. Vivre activement les Tenues, c’est aussi et surtout se mettre en ouverture, à l’écoute ; c’est s’ouvrir à la pensée de l’Autre. C’est permettre à la pensée de l’Autre, du Frère qui s’exprime, de venir interpeller notre propre pensée, pour la conforter ou pour la remettre en question, dans tous les cas pour l’enrichir.

Comme notre République, la Grande Loge de France a pour devise « Liberté, Egalité, Fraternité ».

Peut-être n’avez-vous jamais pensé que le premier champ d’application de cette devise était notre propre comportement. Ces trois valeurs majeures sont les premières qu’il nous faut conquérir.

La démarche maçonnique est une démarche de libération. Je veux être un homme libre, dégagé des préjugés et des dogmes. Et si je revendique la liberté pour moi, je me dois de la revendiquer pour chacun. Pour tous et pour chacun car l’autre est mon égal. En tant qu’homme, je ne suis l’inférieur de quiconque, ni son supérieur. Ce principe d’égalité commande que je le respecte comme je souhaite qu’il me respecte moi-même. L’Autre et moi sommes libres et égaux, comme le dit la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. L’Autre et moi, nous sommes Frères en humanité. Et cette fraternité crée le devoir de solidarité. Notre attention portée à l’Autre est l’un des piliers essentiels de notre engagement en Franc-maçonnerie. Il suffit pour s’en convaincre de relire le Chapitre Premier de notre Constitution :

« La Franc-maçonnerie est un ordre initiatique traditionnel et universel fondé sur la Fraternité.Elle constitue une alliance d’hommes libres et de bonnes mœurs, de toutes origines, de toutes nationalités et de toutes croyances.La Franc-maçonnerie a pour but le perfectionnement de l’Humanité.A cet effet, les Francs-Maçons travaillent à l’amélioration constante de lacondition humaine, tant sur le plan spirituel et intellectuel que sur le plan du bien- être matériel».

Sans aucun doute on comprend de cette d éfinition, que lorsqu’il est question de Fraternité, il faut entendre Fraternité entre initiés, fraternité initiatique. Mais à l’évidence il faut entendre davantage. La Franc-maçonnerie invite à la fraternité entre tous les hommes, au nom des valeurs qu’elle développe chez ceux et celles qui y adhèrent et cherchent à s’y perfectionner. Il s’agit bien de passer alors de la fraternité initiatique à la fraternité humaine. Ainsi la Franc-maçonnerie invite chaque initié à s’engager pour que la société progresse vers une solidarité véritable avec chaque représentant du genre humain. Mais à tout le moins, vous conviendrez avec moi que si cet idéal de Liberté, d’Egalité et de Fraternité doit être de l’ordre de l’absolu et de l’universel, il est logique qu’il s’applique en premier lieu à l’attitude de chacun de nous à l’intérieur de la Loge, vis-à-vis de chacun de nos Frères.

Voici donc, brièvement car là n’est pas l’essentiel de mon propos, ce qui me paraît devoir être à l’esprit de tout Maître Maçon qui s’interroge sur ce que signifie « Maçon dans ma Loge ». Mais les engagements du Maçon vont clairement au-delà, et impliquent son comportement largement à l'extérieur de l'espace sacré du temple et du temps sacré des tenues. La démarche initiatique n'est pas une démarche de philosophie théorique. Elle invite à une éthique, à une morale en action. C’est certainement ce à quoi pensait notre Frère Michel Pélicier lorsqu’il écrivait dans le n° 162 de la revue « Points de Vue Initiatiques » consacré à l’Ethique du Franc-maçon dans la Cité.

« Les capacités ouvertes par le progrès technique et la perte du sens du progrès causent des dommages mortels à notre société. Il est urgent que chacun s’investisse pour restaurer justice et équité. Les Francs-maçons pratiquent dans leurs loges des vertus qui doivent se propager au dehors. »

Lors de la cérémonie d'initiation, on précise à l'impétrant que ce à quoi il s'engage ne saurait en aucune manière être contraire aux lois de la République, rien qui soit incompatible avec les autres devoirs d'un honnête homme et d'un bon citoyen.

Il faudrait même aller au-delà, en remarquant que ce à quoi s'engage le franc-maçon est de nature à l'aider, autant que sa nature et ses résolutions antérieures l'y préparent déjà, à être un honnête homme et un bon citoyen. Ce à quoi s'engage le Franc-maçon est effectivement de l'ordre de l'adhésion. Non seulement de l'adhésion intellectuelle, mais bien de l'adhésion concrète. De la praxis au-delà du logos. On n'est pas Franc-maçon parce qu'on participe deux fois par mois à une tenue de deux ou trois heures en Loge avant de partager une agape fraternelle. Etre Franc-maçon c’est forger et fortifier sa propre conviction et sa propre détermination en s’inspirant des principes et des valeurs sur lesquels le travail en Loge, parmi les Frères, a permis de réfléchir.

On est franc-maçon parce que l’on agit en toutes circonstances dans le respect de ces principes et de ces valeurs. Bien plus qu'adhésion à une pratique, fût-elle chargée de sens et inspirée des plus hauts principes spirituels, c'est l'engagement d'une vie d'homme, au service d'un idéal. On entend parfois, pour parler d’un homme honnête, ouvert, engagé et généreux, dire que c’est un Maçon sans tablier. Je ne crois pas que cela soit une expression acceptable. Il y a des hommes vertueux qui auraient eu toutes les vertus pour être d’excellents Maçons. Mais ils ont choisi une autre voie. La voie maçonnique est une voie initiatique, un chemin de progression et d’élévation spirituelle. D’autres voies d’accomplissement et de réalisation existent naturellement, tout aussi capables de rendre des hommes meilleurs. La voie que nous avons choisie n’est ni la seule, ni la meilleure. C’est une voie exigeante, mais formidablement gratifiante pour qui s’y engage résolument, et y travaille à sa propre évolution afin de concourir à l’évolution du monde qui l’entoure. C’est l’initiation qui fait le Maçon. Et il ne peut donc pas y avoir de Maçon sans Tablier. En revanche, il peut y avoir des tabliers sans Maçon hélas, mais c’est une autre histoire…

Le point de départ de la démarche maçonnique, c’est l’effort de lucidité. La lucidité c’est la faculté de voir et de comprendre les choses avec clarté et justesse ; le mot vient du latin luciditas , qui signifie « clarté, splendeur, lumière ». Lors de la cérémonie d’initiation, on nous donne la lumière.

Aller vers la lumière c’est d’abord être lucide. D’une certaine manière, le premier devoir du Maçon c’est de s’efforcer de se connaître et de connaître le monde qui l’entoure avec lucidité, avec objectivité. Puis d’agir selon le bien et le juste. Le rôle de la Franc-maçonnerie est de ce point de vue de nous éveiller de telle manière que nous nous éclairions sur ce que nous sommes nous-mêmes, et que nous essayions à partir de là d’éclairer un peu plus la société dans laquelle nous évoluons. La démarche maçonnique doit nous aider à penser le monde autrement pour pouvoir agir le monde autrement. Se comprendre soi-même, comprendre le monde qui nous entoure et s’y comporter comme un individu responsable parce qu’éclairé. Ce n’est donc pas que le fait d’avoir été initié qui fait d’un homme libre et de bonnes mœurs un véritable Franc-maçon.  C’est le fait de travailler, de travailler dans les formes que propose la Franc-maçonnerie. Il n'y a donc pas de Francs-Maçons en dehors de la Loge, je veux dire en dehors d'une fréquentation régulière, assidue, de la Loge. A la fin de chacune de nos Tenues, nous sommes invités à nous comporter en Maçons dans la vie profane.

Souvenons-nous des paroles qui accompagnent la Chaîne d’Union : 

«Bien au-dessus des soucis de la vie matérielle, s’ouvre pour le Franc-Maçon le vaste domaine de la pensée et de l’action. Avant de nous séparer, élevons nous ensemble vers notre idéal. Ou il inspire notre conduite dans le monde profane, qu’il guide notre vie, qu’il soit la lumière sur notre chemin.»

Et s’il fallait douter de l’invitation à être Maçon chaque jour, à chaque heure de notre vie, au-delà des portes de notre Temple, il suffit de rappeler ce que dit le Vénérable Maître juste avant que l’extinction des colonnettes marque le début de la fermeture des Travaux : «Que la Lumière qui a éclairé nos Travaux continue de briller en nous pour que nous achevions au dehors l’œuvre commencée dans ce Temple… ».

Tout est dit.

La démarche initiatique n'est pas une ascèse solitaire ; le Maçon n'est pas un ermite. La démarche initiatique est au contraire un partage, un vécu partagé. C'est une démarche spirituelle personnelle, que nous conduisons collectivement. Etre Franc-Maçon, c'est s'engager dans une démarche de perfectionnement. En soi, pour soi, mais par les autres, et aussi pour eux. Nous attendons en effet de nos Frères qu’ils s’engagent et qu’ils agissent non pas collectivement mais à titre individuel, faisant ainsi preuve personnellement d’initiative et de responsabilité, en faisant vivre les valeurs et les principes cultivés lors de nos travaux dans leur quotidien, dans leur environnement personnel, familial ou professionnel, et plus largement dans la Cité. L’engagement n’obéit à aucun mot d’ordre, et procède ici davantage de l’exemplarité. L’exemplarité est une vertu essentielle pour le Franc-maçon, dans la Loge comme hors de la Loge. Chacun de nous, selon ses aptitudes, son environnement, ses capacités, peut et donc doit s’engager et, comme le dit notre Constitution, s’efforcer d’ « être un membre utile et conscient de la société ».

Je voudrais développer ici un thème particulier de notre engagement, qui illustre bien ce que représente pour moi le fait d’agit en Maçon dans le monde profane. Je veux parler de la laïcité. En Grande Loge de France, nous n’adoptons pas la posture d’un laïcisme militant en tant que telle, et nous ne recherchons pas l’expression d’une unanimité sur les moyens d’y parvenir. Mais nous sommes indéfectiblement et unanimement attachés à la laïcité, en tant qu’expression de la liberté de conscience. La démarche initiatique proposée par la Grande Loge de France est une démarche de perfectionnement qui procède d’une réflexion sur soi-même. C’est une démarche spirituelle au sens où il s’agit d’une quête de sens, d'espoir ou de libération. Elle est ainsi l’expression d'une aspiration aussi ancienne que l'humanité, et qui existait bien avant les institutions religieuses. Laissant chaque Frère libre de ses convictions métaphysiques personnelles, la démarche spirituelle commune aux Francs-maçons de la Grande Loge de France permet à des hommes croyants ou non croyants, pratiquants ou non pratiquants, de partager leur quête et de s’engager dans un authentique travail sur eux-mêmes. Cette absolue liberté de conscience est l’un des fondements essentiels de la démarche maçonnique. Et cette liberté de conscience ne doit surtout pas se réduire à la liberté religieuse qui écarte par définition tous les non- croyants.

Dès lors que chacun est libre de ses conceptions en matière de spiritualité, le respect et la tolérance des conceptions d’autrui s’impose à tous. C’est pour nous la définition première de la laïcité. La laïcité participe ainsi au respect des libertés individuelles et de la dignité humaine. La question de la dignité humaine s’inscrit comme corollaire de la quête qu’exprime le triptyque « Liberté – Egalité – fraternité ». Il importe que la dignité humaine soit préservée partout. La place du Franc-maçon dans ces défis lancés à notre société, c’est la place qui revient à des hommes conscients de ces problèmes, et conscients aussi de ce qu’ils doivent exercer, où qu’ils soient, et notamment à titre individuel sur le plan politique local, régional ou national, des actions qui permettent d’atteindre cet objectif d’équité et de solidarité.

Nous sommes naturellement loin du but. La Franc-maçonnerie se retrouve en fait exactement dans la perspective des constructeurs de cathédrale dont elle se réclame. C’est-à-dire que quand un ouvrier maçon commençait une cathédrale au Moyen-âge, il savait qu’en posant cette première pierre il ne verrait jamais l’édifice achevé. Pour nous aujourd’hui qui souhaitons construire une cathédrale qui s’appelle la société humaine, il est clair que nous-mêmes ne verront pas l’édifice achevé. Mais cela ne doit pas être pris comme prétexte pour ne pas se mettre au travail. On m’objectera que les constructeurs de cathédrale avaient un architecte qui pensait l’ensemble.

Si effectivement le Compagnon ouvrier, lui, lorsqu’il commençait à tailler sa pierre, savait pertinemment qu’il ne verrait pas la fin de l’ouvrage, il y avait un architecte qui le pensait en beauté, en solidité, on pourrait dire en force et en sagesse. Aujourd’hui, il n’y a pas d’architecte. Ou il y en a tellement que l’on a le sentiment que la plus grande confusion semble régner puisque les plans des uns contrarient ceux des autre. Le chaos et le désordre règnent. Eh bien nous sommes de ceux qui justement entendent donner un sens à leur vie et faire triompher l’ordre sur le chaos. C’est le sens de la devise Ordo ab Chao, cette devise du Rite Ecossais Ancien et Accepté qui figure désormais de nouveau à l’Occident de nos Temples. Nous sommes de ceux qui doivent affirmer qu’il ne faut pas se dire que les hommes ont toujours été des loups pour les hommes et que par conséquent il y aura toujours des guerres tribales, de l’injustice, de l’égoïsme entre les sociétés humaines et à l’intérieur de notre société, parce que c’est dans la nature de l’homme. Ne soyons pas naïfs : nous n’éradiquerons pas ces cancers sociaux demain. Mais si nous travaillons effectivement de plus en plus nombreux, si nous travaillons avec ardeur, sincérité et persévérance à améliorer notre pensée, à améliorer notre objectivité, notre lucidité lorsque nous regardons le monde qui nous entoure, alors nous pouvons espérer concourir véritablement à améliorer la condition humaine et aider l’humanité à faire quelques progrès.

A ceux qui pensent que la Franc-maçonnerie est obsolète, dépassée, et surtout inutile, il faut répondre qu’ils n’ont de la Maçonnerie qu’une vision étroite et passive, qu’ils ne s’en tiennent qu’aux formes, qui sont effectivement attachées à une tradition multi-séculaire, et non au fond, qui s’adresse à des hommes du temps présent et tournés vers l’avenir. Non pas leur avenir personnel uniquement, mais bien plus largement l’avenir de notre société, l’avenir collectif de l’humanité, à commencer par celui de l’avenir de ceux qui les entourent, dans leur quartier, dans leur commune, dans leur région, dans leur pays. Et à ceux qui veulent engager davantage les Francs-maçons en tant que tels dans des combats séculiers, politiques ou autres, il faut répondre que tel n’est pas l’objet de l’Ordre maçonnique, tel que l’envisagent la Grande Loge de France et le Rite Ecossais Ancien et Accepté. En revanche, il appartient au Franc-maçon, à titre personnel, de s’engager hors du Temple, chacun selon ses inclinations, afin de prolonger et à concrétiser au-dehors l’œuvre commencée dans le Temple. La Franc-maçonnerie donne aux Frères les outils et l’opportunité de travailler sur les valeurs et les principes qui peuvent inspirer leur action, leur engagement dans la Cité.

Que chaque Maçon dont la conscience aura été éveillée par le travail initiatique s’engage à titre individuel là où il pense devoir et pouvoir être utile, parti, syndicat, ou association. Dès lors que les valeurs et les vertus cultivées en Loge inspireront son action, ils ne peuvent se tromper. Et lorsque cela est nécessaire, qu’ils regroupent leurs efforts, sans qu’il soit nécessaire de mettre leurs sautoirs ou leurs cordons, pour faire avancer ensemble le chantier. Il n’y a rien à changer aux principes fondamentaux de la Franc-maçonnerie ; quand l’ordre maçonnique dit qu’il travaille à l’amélioration de la condition humaine, quand l’ordre maçonnique dit que ses valeurs essentielles sont la liberté, l’égalité et la fraternité, quand il dit que c’est le respect de l’autre, quand il dit qu’il travaille à la dignité de chacun et aux droits de l’homme, il n’y a rien à modifier. Rien à modifier mais tout à faire.

D’autres obédiences vont plus loin dans l’expression collective de leur idéal et se veulent force de proposition pour ceux qui ont en charge la vie de notre démocratie. C’est leur choix, et c’est leur droit. Nous avons, en Grande Loge de France, une vision qui s’attache davantage au travail sur les principes et sur les valeurs. Mais cela ne nous dispense pas, au contraire, de nous engager activement et concrètement à faire vivre ces principes et ces valeurs autour de nous. Il nous appartient, là où notre parole peut être entendue, de lutter contre l’ignorance, de développer le sens de l’Autre, d’affirmer le caractère intangible de la dignité humaine, et la primauté du devoir de solidarité. En tant qu’initiés, nous nous réclamons des vertus les plus hautes et des sentiments les plus nobles. Ce ne doit pas se limiter à de beaux discours, ni à de pieuses intentions. Il nous appartient de nous mobiliser pour relever ces défis, chacun selon nos moyens et nos sphères d’influence et d’engagement ; chacun à notre échelle, et dans le cadre où notre action peut être significative. Il nous appartient aussi de donner, en toutes circonstances, l’exemple de notre attachement aux valeurs essentielles que sont la liberté, l’égalité et la fraternité et de donner sens à cette notion sublime dont nous nous réclamons tous : l’amour fraternel.

Nous avons vu ce que signifiait « Maçon dans ma Loge », puis « Maçon dans le Monde » en considérant ici le maçon dans le monde profane. Mais pour avoir été pendant trois années le Grand Chancelier, c’est-à-dire le ministre des Affaires Etrangères de la Grande Loge de France, vous comprendrez qu’il me faille vous parler dans cette dernière partie de mon propos des relations de notre Grande Loge avec les autres obédiences de par le vaste monde. Le vaste monde commence de l’autre côté de notre porte, et je pourrais vous parler longuement de nos relations avec les autres obédiences françaises. Mais le sujet pourrait nous emmener loin, ou plutôt nécessiterait de longs développements qui ne sont pas à l’ordre du jour de cet après-midi. Je dirai simplement ceci : nous sommes en relation avec toutes les obédiences présentes en France, ou presque, car il s’en crée presque tous les trois mois. Il y aurait aujourd’hui plus de 100, peut-être 120 !

Avec le Grand Orient de France, ou le Droit Humain, nos relations sont plus que centenaires. Notre Grande Loge est liée à la première Grande Loge de France, créée en 1738. Le Grand Orient a pris sa forme et son nom actuels en 1773, à partir de Loges de cette première Grande Loge. Les deux obédiences ont même fusionné un temps, en 1799, avant de se séparer. Napoléon devenu Empereur en mai 1804 voulût ne plus avoir qu’une seule obédience, qu’il résolût de contrôler et de vouer à jouer un rôle politique à son service. Les Loges qui ne voulurent pas se plier à cette volonté impériale se placèrent sous l’autorité du Suprême Conseil de France, créé dès le 20 octobre de la même année 1804. Quelques changements de régime et quelques guerres plus tard, en 1894, les conditions furent enfin réunies pour que la Grande Loge actuelle retrouve sa souveraineté. Mais notre communauté d’origine suffit à justifier notre proximité, au moins avec les Frères et les Loges du Grand Orient, si nos relations avec leur hiérarchie sont parfois quelque peu crispées. Quant au Droit Humain, il a été créé en 1893 sous le nom de Grande Loge Symbolique Ecossaise de France le Droit Humain par un membre de la Respectable Loge « la Jérusalem Ecossaise », aujourd’hui inscrite sous le numéro 99 à la matricule de la Grande Loge et appartenant alors à la Grande Loge Symbolique Ecossaise, l’une des composantes un an plus tard de notre Grande Loge. Ce Frère, le docteur Georges Martin, face au refus de ses Frères de créer une loge admettant des femmes, décida de créer une loge mixte indépendante. Il y invita Maria Deraismes, première femme à avoir reçu l’initiation dès 1882, mais jusque-là sans pouvoir participer à quelque tenue que ce soit. C’est donc d’un Frère de notre obédience qu’est né le Droit Humain, et notre proximité ne s’est pas démentie depuis.

De même, c’est des Loges d’adoption de la Grande Loge de France qu’est née la Grande Loge Féminine de France. Dès 1901, des loges d’adoption sont constituées au sein de notre Grande Loge. Elles pratiquent un rituel repris de celui du 18ème siècle et sont sous la responsabilité de la loge masculine du même nom. Le 29 mai 1901 a lieu la 1ère tenue de la 1ère loge ainsi créée, « Le Libre Examen », à ce jour, toujours loge n°1 de la Grande Loge Féminine de France. Lorsque la loge « La Nouvelle Jérusalem », initialement créée à la Grande Loge Symbolique Ecossaise est intégrée à la Grande Loge de France sous le numéro 376, sa loge d’adoption suit. Elle sera installée le 31 mai 1907. C’est maintenant la loge n°2 de la GLFF.

Finalement, c’est le Convent de notre Grande Loge, en 1945, qui abrogea les loges d’adoption. Dans les mois qui suivirent se constitua l'Union Maçonnique Féminine de France qui devint La Grande Loge Féminine de France le 22 septembre 1952. Nos Sœurs n’oublient pas ce qu’elles doivent à la GLDF…

Je pourrais continuer ainsi, et vous raconter comment la Grande Loge de France a hébergé les Loges qui ont quitté la GLNF, en 1958, pour créer la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra, la GLTSO, et plus récemment nombre de Loges quittant la GLNF pour créer la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique de France, la GL-AMF. Ce que j’ai voulu partager avec vous, c’est que notre histoire, ancienne comme récente, a créé des liens forts entre notre Obédience et ses filles ou ses sœurs du paysage maçonnique de notre pays. Ces liens, il faut bien le comprendre, transcendent les différences de rite, de genre, de pratique. Nous sommes Frères et Sœurs, et nous nous reconnaissons comme tels. Ceci explique nos relations avec ces diverses obédiences et surtout relations fraternelles indéfectibles avec ces Frères et ces Sœurs, au-delà des différences de rite ou de pratique…

Voilà donc pour la France. Mais le monde maçonnique ne se limite pas à notre hexagone, et je voudrais partager avec vous l’idée que l'ouverture internationale est un atout pour notre Grande Loge. Naturellement, chacun de nous pense d'abord à sa Loge, aux Frères qu'il retrouve régulièrement, qui l'ont coopté ou qu'il a cooptés, et avec qui il vit son parcours de Franc-Maçon.

Puis il y a l'Obédience, qui fédère nos Loges en formant à travers la France un réseau de Fraternité active, une communauté à la fois homogène et multiple.
Les députés vivent en outre une autre dimension, celle de la région, qui les réunit en Congrès, aux missions et responsabilités de plus en plus décisives. Mais au-delà, nous percevons moins directement le lien qui nous relie aux autres Francs-Maçons de par le monde, aux autres orients, aux autres Obédiences. Pour ceux qui y participent, c'est au mieux le défilé de drapeaux lors de la Fête de l'Ordre ou du Convent. Pour beaucoup, la réalité internationale de la Franc-maçonnerie n'a guère de substance.

Pourtant, elle est un atout pour chacune des obédiences, et pour chaque Maçon. Héritière de diverses traditions occidentales et méditerranéennes, la Franc-Maçonnerie est née en Europe. Mais les tribulations de nombreux marins, militaires et colons de toutes nationalités mais aussi de toutes obédiences a permis à la Franc-Maçonnerie d'essaimer vers tous les continents. La fin de l'époque coloniale, en Afrique comme en Asie, en Amérique comme en Océanie, n'a pas mis un terme à la vivacité de la Maçonnerie extra-européenne. De même, l'Ordre - dans l'un ou l'autre de ses grands courants issus des Antients ou des Moderns du XVIIIe siècle - a retrouvé rapidement force et vigueur dans les pays jadis enserrés dans les griffes du totalitarisme en Europe de l'Est. Au-delà de ce qui peut nous séparer de ces multiples obédiences, ce qui nous rassemble est essentiel : nous formons de par le monde une chaîne d'union unique, portée par des valeurs communes quelles qu'en soient les expressions dans chaque rite, dans chaque pays. La Grande Loge de France, qui porte avec fierté les couleurs du R.E.A.A. depuis sa création il y a plus de deux siècles, se tourne naturellement en priorité vers les autres Obédiences du même Rite à travers le monde, en Europe et ailleurs.

Pour autant, nous ne saurions méconnaître - sauf à accepter qu'ils nous ignorent définitivement en retour - les Frères et les Sœurs des autres Rites, dès lors qu'ils sont légitimes à se réclamer de l'Ordre. Les rencontrer, physiquement ou virtuellement grâce à Internet, est toujours l'occasion d'échanges enrichissants, passionnants. Il y a quelque chose de merveilleux, de magique, à vivre ainsi la fraternité qui nous rassemble. Certains nous reconnaissent, d'autre pas. Certains nous considèrent réguliers, d'autres en doutent. Certains font preuve d'ouverture, d'autres sont - paradoxalement pour des Maçons - enfermés dans un dogmatisme étroit et affirment être les seuls Maçons véritables, nous qualifiant de "clandestins". Or il faut bien comprendre que ces attitudes, "politiques", se nourrissent de la méconnaissance qu'ont les autres obédiences de ce qu'est la Grande Loge de France. Il est donc essentiel que nous affirmions notre identité, sans ambiguïté, au-dedans comme au dehors.

Nos actions, l'expression que nous leur donnons dans nos supports - le Journal, PVI, site Internet - doivent refléter cette identité, notre ancrage dans le R.E.A.A., notre travail à la Gloire du Grand Architecte avec la Bible sur l'Autel comme l'une des Trois Grandes Lumières, notre non-mixité, l’interdiction des controverses politiques ou religieuses en Loge… ce que nous appelons les landmarks, c’est-à-dire les intangibles,les fondamentaux du Rite. Il revient à chacun de nous, à chaque Loge, de comprendre et de soutenir cet effort. Il faut s'assurer que le Grand Chancelier qui a en charge ces questions au côté du Grand Maître en a la volonté et qu'il dispose des moyens propres à lui permettre d'assurer sa mission à la hauteur des enjeux. Il faut aussi savoir faire fructifier les relations privilégiées que l'on peut avoir avec des Frères étrangers, dont l'Obédience devrait être informée pour envisager de les inscrire dans la délicate stratégie de nos relations internationales. Et surtout il faut que cette stratégie soit une véritable politique, mûrement réfléchie, au service de l'Obédience, de l'Ordre et du Rite. Pour qu’une politique de relations internationales soit efficace, il faut qu’elle soit lisible, et pour qu’elle soit lisible, il faut qu’elle s’inscrive dans la durée. Au cours des décennies, avec persévérance, notre Grande Loge a tissé de solides liens fraternels avec de multiples obédiences de par le monde. Ces liens, la Grande Chancellerie s’efforce de les maintenir, voire de les renforcer, tout en veillant à ce que l’image de notre Grande Loge ne puisse être ternie par des relations avec des obédiences instables, pour ne pas dire douteuses. Pour vous donner quelques exemples, je vous propose un rapide tour du monde, en vous donnant des informations sur nos actions au cours de ces récentes années.

En Europe :

Nous avons enrichi nos liens avec nos Frères espagnols et italiens, mais aussi serbes ou grecs, et réaffirmé la permanence de nos relations de très longue date avec nos Frères belges du Grand Orient et de la Grande Loge de Belgique.

Je ferai une parenthèse ici pour dire que ceux qui ont voulu faire croire que nous serions prêts à renoncer à ces relations pour complaire aux exigences de la Grande Loge régulière de Belgique en auront été pour leurs frais : nous voulions élargir la Chaîne d’Union, rassembler ce qui est épars, sans pour autant renoncer à ce que l’histoire a construit au fil des siècles. Il faut sans doute hélas faire le constat que d’autres ont de l’universalisme maçonnique une conception fort différente de la nôtre, comme ils persistent à entretenir la confusion entre régularité et reconnaissance, alors que ce sont deux notions tout-à-fait distinctes.

S’agissant du Portugal, nous envisageons de signer un traité d’amitié avec la Grande Loge Symbolique du Portugal de Memphis Misraïm, dont les pratiques et la gouvernance nous semblent en tous points conformes à nos critères en la matière.
Nous avons activement concouru à la création d’une Grande Loge d’Autriche de Rite Ecossais Ancien et Accepté, avec laquelle s’est installée une relation suivie.

Nous avons affermi nos relations avec la Grande Loge Unie de Russie, tout en soutenant l’activité de notre loge Nicolas Novikoff, la Loge de la grande Loge de France à l’Orient de Moscou.

S’agissant de la Roumanie, nous avons été attentifs à l’évolution de la situation des multiples obédiences de ce pays, s’invectivant et se déchirant puis s’alliant avant de se diviser à nouveau. Pour ne pas nous compromettre dans ce paysage chaotique, nous avons suspendu nos relations avec l’ensemble des instances maçonniques roumaines.

Aujourd’hui, une obédience constituée de Loges et de Frères crédibles semble réunir les qualités nécessaires à une reprise de relations, avec vigilance, certes, mais aussi avec espérance et fraternité. Nous avons noué avec eux une première attache, que nous pourrions concrétiser dans les temps qui viennent.
Un autre pays de cette région du monde a hélas mobilisé notre vigilance.

Il s’agit de la Bulgarie. La Grande Loge que nous avons concouru à mettre en place dans ce pays il y a quelques années s’est déchirée en deux camps irréductibles, chacun accusant l’autre des pires déviances, l’un s’étant emparé de la patente et l’autre du sceau. De multiples échanges et missions, conduites avec le concours des  Frères de la Loge Pouchkine, dont la mission est de favoriser notre implantation et nos relations dans les pays de l’Est européen, n’ont pas permis de distinguer véritablement le bon grain de l’ivraie.

Nous avons donc dû, à titre conservatoire, suspendre nos relations avec les instances maçonniques bulgares, jusqu’à clarification et normalisation de la situation, pour laquelle nous avons proposé notre concours. Là aussi, il semble qu’un rapprochement entre ces Frères ennemis soit depuis peu à l’ordre du jour. Si tel était le cas, la Grande Loge de France ne serait pas longue à renouer la relation aujourd’hui distendue.

Enfin, nous n’oublions pas les Loges de la Grande Loge de France implantées dans certains pays étrangers. Ces Loges « ambassadrices » permettent à des Frères, soit Français expatriés soit nationaux de ces pays faisant le choix de notre Rite et de notre Obédience, de travailler selon nos règles, nos rituels – évidemment traduits autant que de besoin – et donc exactement comme n’importe laquelle de nos Loges.

C’est en Europe le cas d’une Loge en Espagne, d’une Loge en Andorre, d’une Loge en Angleterre, de trois Loges en Lituanie et d’une Loge au Portugal.

En Afrique

Nos liens avec les obédiences nationales des pays africains francophones sont fort anciens. La plupart sont nées dans les temps de la colonisation, à partir de Frères Français du Grand Orient comme de la Grande Loge de France.

Avec l’indépendance, les Loges de nombreux pays ont choisi de créer des obédiences nationales, tandis que dans trois pays, le Congo-Brazzaville, le Sénégal, le Togo, les Loges ont fait le choix de demeurer membres de la fédération de Loges qu’est notre Grande Loge de France.

Les relations avec les obédiences nationales africaines se maintiennent dans un esprit de proximité et de fraternité, marqués par nos participations à leurs grands évènements, au Bénin, au Cameroun, au Congo, en Côte d’Ivoire, au Gabon, ou encore au Sénégal. En outre, nous avons participé chaque année aux REHFRAM, les Rencontres humanistes et fraternelles africaines et malgaches, et aux sessions majeures du GFEQA, le Groupement fraternel d’étude des questions africaines.

Nous poursuivons aussi notre relation de proximité avec nos Frères marocains, le Maroc étant le seul pays du Maghreb où la Franc-maçonnerie est officiellement admise.

Dans l’Océan Indien, vous savez que la Grande Loge de France est naturellement présente sur l’Ile de la Réunion et à Mayotte, comme elle l’est dans les autres territoires de l’outremer français, aux Antilles, en Guyane, en Nouvelle Calédonie et en Polynésie française. Plus de trente Loges font ainsi flotter la bannière de notre Grande Loge sur les territoires ultramarins de notre pays commun.

S’agissant de l’Amérique,

Nous avons des liens souvent forts anciens avec les obédiences latino-américaines, notamment au Brésil et en Argentine, ou encore en Uruguay et au Paraguay. La Franc-maçonnerie et le Rite Ecossais Ancien et Accepté y sont largement implantés, depuis l’époque des grandes révolutions. A travers de jumelages, nous encourageons l’ouverture de relations avec des loges cubaines. Et nous avons depuis peu une Loge de la Grande Loge de France au Costa-Rica.

Dans le même temps, nous entretenons et vivifions nos relations avec certaines des plus importantes Grandes Loges « mainstream », c’est-à-dire même si le clivage nous choque, Grandes loges « blanches» des Etats-Unis, fort intéressées par notre pratique maçonnique rigoureuse et par les perspectives qu’offre la Confédération. Nous avons ainsi reçu à la Grande Loge le TRGM John Cooper, GM de la très influente GL de Californie, pour un échange approfondi et constructif et j’ai été convié à plancher sur l’histoire du REAA et les relations entre Franc-maçonnerie française et Franc-maçonnerie américaine devant un parterre de dignitaires du Rite Ecossais à la Nouvelle-Orléans, en Louisiane, un des Etats clés de l’histoire maçonnique des Etats-Unis.

Nos relations avec les obédiences Prince Hall, la Franc-maçonnerie « noire », n’en souffrent pas pour autant. Au reste, j’ai participé il y a quinze jours à la Conférence des Grands Maîtres Américains, qui a réuni à Vancouver, les plus hauts dignitaires des Grandes Loges du Canada, des États-Unis et du Mexique. Les représentants de la Franc-maçonnerie Prince Hall y étaient conviés, et l’un d’eux a prononcé un discours de haute portée maçonnique, chaleureusement applaudi par la plupart des participants, tandis que quelques autres, il faut en faire le triste constat, restaient ostensiblement figés. Mais il est manifeste que les choses progressent, et les Grandes Loges « blanches » reconnaissent leurs homologues « noires » dans plus de 40 Etats. Il faut espérer que les irréductibles finiront par comprendre le sens de leurs engagements, eux qui sont reçus au 32ème degré moins d’un mois après avoir été initiés !

En tous cas, plusieurs Grands Maîtres américains sont convaincus de la régularité de notre Grande Loge par rapport aux critères retenus par la Tradition, les fameux landmarks que j’évoquais tout à l’heure. Nous verrons dans les temps qui viennent comment aller plus loin, notamment rendre possible les inter-visites, car ils ont très envie de mieux connaître notre pratique, exigeante et progressive.

En Asie et au Proche Orient,

La Grande Loge de France a noué depuis plusieurs années de belles relations fraternelles, notamment en Inde, où nous avons envoyé l’an passé une délégation avec notamment notre ancien GM Yves-Max Viton. Nous avons également de fort anciennes relations avec plusieurs obédiences du Liban.
La présence de Loges de notre Grande Loge de France dans cette partie du monde, en Thaïlande, au Cambodge, ou plus proche de nous en Israël, nous a permis de nous intéresser aux expressions de la Franc-maçonnerie dans ces régions.

Voici comment la Grande Chancellerie veille à préserver et à enrichir nos relations avec le monde maçonnique au-delà de nos frontières. Ce à quoi elle veille le plus, c’est à raffermir le rayonnement international de notre Grande loge, et à ce que l’image et la réputation de notre Grande Loge s’en trouvent confortés. Nous ne pouvons admettre en effet que notre nom soit associé à celui d’obédiences n’ayant pas les mêmes exigences que nous en matière d’expression de l’idéal maçonnique et des valeurs qu’il porte.

En revanche, nous avons, en tant qu'Obédience fière de son histoire et de ses valeurs, à fixer et à tenir une stratégie diplomatique explicite, lisible et cohérente dans nos relations avec les obédiences, en France comme à l’étranger…

Pour le dire d’une formule simple, pour notre Grande Loge, pour chacun de nos Frères, l'International… Ce ne doit pas demeurer étranger !

Ainsi s’achève mon propos. J’espère que vous aurez compris à quel point l’engagement maçonnique auquel nous avons tous souscrit est un engagement riche, un engagement total, et pour autant un engagement d’homme totalement libre, un engagement qui éclaire chaque instant, chaque action, pour autant que l’on en comprenne l’importance et les enjeux. C ’est cela, être Maître. C’est s’efforcer d’être maître de soi, maître de ses choix, maître de sa vie, ou en tous cas de son destin. Etre maître, c’est s’efforcer d’être maître du sens de sa propre existence.

JJ\ Z\


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