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Loge : LVDI 14/06/2021

   
De l'équerre au compas


Nous savons que notre démarche s'inscrit dans une tentative d'élévation vers toujours plus d'esprit. Est-ce cela ce que traduit « le passage de l'équerre au compas » ? Comment dans la cérémonie d'élévation à la Maîtrise se manifeste ce passage."


Lors de la cérémonie au troisième degré, l’impétrant doit à la fois être spectateur et acteur de la divine comédie qui s’organise autour du meurtre d’Hiram.

Dans les questions de tuilage, au troisième degré on pose la suivante :

Comment êtes-vous devenu maître maçon ?

La réponse attendue est « en passant de l’équerre au compas ».

En préambule je commencerais par poser un constat clair :

Les outils du Franc Maçon sont à la fois des symboles prêtant à la réflexion et à la méditation mais également de réels outils psychiques mis à la disposition de l’initié afin qu’il en retire fonctionnalité et progrès sur lui-même et sur son environnement.

Arrêtons-nous un instant sur les pas de l’apprenti, du compagnon et du maître en loge.

-    Trois Pas en ligne droite pour les pas de l’apprenti : C’est la matérialisation de la règle ou du fil à plomb.

Ces 3 pas doivent nous appeler à la rectitude, à la discipline et à l’introspection.

-    Un pas de coté en angle droit pour le pas de compagnon : c’est la matérialisation de l’équerre.

Ce pas en angle droit signifie que l’on à appris à aller puiser dans l’immensité des connaissances du monde matériel et que nous en avons retiré comme profit d’avoir dégrossi notre pierre en la passant du stade de pierre brute au stade de pierre cubique.

-    On enjambe ensuite le corps du maître Hiram en deux pas circulaires, c’est la matérialisation du compas.

Ces deux pas en ellipse signifient que nous nous sommes détachés du monde matériel et qu’en prenant de la hauteur nous nous sommes ouverts aux secrets de l’immatériel.

 
Lors de la cérémonie d’élévation au troisième degré nous sommes couchés, torse nu, au sol à la manière du cadavre du maitre Hiram. Or il n’échappera à personne qu’en contemplant un cadavre que le corps et les pieds forment une belle équerre.

Quand il est temps de faire appel au cinq points parfaits de la maitrise on relève l’impétrant d’une traite. On dresse l’équerre à la verticale qui part delà même devient un compas.

C’est la résurrection du maitre maçon qui revient parmi nous plus radieux que jamais.

Le vénérable maître prononce alors cette phrase :

« C ’est ainsi mon très cher frère que tous les maîtres maçons, affranchis par une mort symbolique, viennent se réunir avec les anciens compagnons de leurs travaux et que, tous ensemble, les vivants et les morts assurent la pérennité de l’œuvre ! »

Les éléments sont posés, par la résurrection de l’impétrant on à ouvert une brèche entre le royaume des vivants et des morts, nous avons éprouvé le filum qui reliait le monde matériel au monde immatériel.

Cette « résurrection » symbolique, jouée par l’impétrant en circonstance à pour but d’exécuter un rituel « d’ouverture de l’âme ». Elle est d’une nature différente de la mort symbolique du premier degré qui ne devais aboutir que sur une renaissance matérielle consacrée au travail sur soi.

Par « ouverture de l’âme » j’entends bien que les FF réunis à cet instant précis, même s’ils n’ont pas forcement pleinement conscience de ce qu’ils exécutent, par la mutualisation de leurs énergies vitales et psychiques, rendu possible par le bénéfice de l’égrégore (qui doit être indispensablement atteint à ce stade du rituel), tentent de percer une encoche à la coque qui retient hermétiquement emprisonnée l’âme de l’homme.

La percent ils eux-mêmes avec la pointe du compas ? On peut le penser en référence à la pointe du compas qui est appuyée sur le cœur de l’impétrant lors du rituel au 1er degré.


Cela nous permettrait d’expliquer aussi pourquoi seul des maîtres maçons serait qualifiés pour en initier d’autre. Bien que cela tombe sous le sens.

En ce sens, le mythe a été utilisé comme un outil au service de l’homme, car la part de divin dans la légende d’Hiram se voit appropriée par l’initié en appliquant la pensée suivante :
 Les hommes de demain deviendront les dieux qu’ils ont imaginés jadis.

Nous commençons, à ce stade, à comprendre de quoi il s’agit en parlant du passage de l’équerre au compas.

Le compas, troisième grand instrument psychique mis à la disposition du maçon lui permet, théoriquement, de communiquer avec ou plutôt de s’inspirer du domaine de l’immatériel.

Il va probablement lui falloir des années d’apprentissage avant d’arriver à en tirer réel profit à la hauteur de ce qu’il est potentiellement capable de réaliser.

La plupart d’entre nous ne s’en servirons peut-être même jamais faute de prédisposition à le faire.

De façon plus pragmatique, qu’est ce qu’un maitre maçon est censé tirer comme bénéfice de l’emploi du compas ?

A mon sens plusieurs et cette liste n’est, bien évidemment, pas exhaustive.

-    Capacité à s’inspirer des actions de ceux qui les ont précédés et surtout de l’état d’esprit qui aurait pu être le leur. J’imagine plus que basique.

-    Capacité à puiser dans les ressources de l’immatériel pour trouver l’inspiration. Cela peut entrainer ce qu’on appellera vulgairement « un coup de génie ». Pas besoin d’être maçon pour le faire mais j’imagine que cela doit fonctionner de cette manière.

-    Capacité dans une réflexion ou une étude à prendre en considération les choses incréées, non dites ou parfaitement ignorées. Un Franc-maçon est à même à ce stade de comprendre que les limites du monde matériel qui, lui sont connues, ne sont pas les limites potentielles définitive de sa réflexion. Et que son apprentissage passera, par la suite, à des sujets parfaitement insaisissables par nature au moment où il les abordera.

-    Hypothétiquement, capacité à utiliser avec plus de facilité des aptitudes potentiellement qualifiés de « paranormales » dans le monde profane, une étude de cas serait des plus intéressante. Je consacrerais probablement une partie de mon temps à tenter de l’observer chez nos semblables. Ce point cependant ne me parait abordable qu’a condition que les sujets se montrent réceptifs ou sensibles à ces questions. Une perception inadaptée de ces potentiels empêcherait tout développement en ce sens.

-    Capacité à tenir des raisonnements que l’on pourrait qualifier de non binaires. Cela peut procurer un avantage dans des situations ou une masse est incapable de percevoir une ou des solutions à un problème donné théoriquement insurmontable. Sans doute un une forme de développement d’un certain leadership.

Les applications potentielles d’un tel outil ne sont pas encore mesurables avec précision à mon degré. Je ne doute pas qu’elle se révéleront dans le temps et que j’aurais largement l’occasion d’écrire à nouveau sur ce sujet.

Il est à noter également que le compas est un outil mobile par définition. Il peut tout en gardant une pointe ancrée dans son environnement d’origine, sur un premier mouvement, prendre appui dans un environnement extérieur à son cercle initial, dans un second, tout en conservant une gestuelle harmonieuse.

C’est exactement la figure que nous formons en enjambant le corps du maitre Hiram. Et j’estime que c’est là, la clé psychique à son emploi.

Celui qui arrivera à reproduire mentalement ce mouvement quand il en éprouvera le besoin, utilisera alors le compas instinctivement.

Ce n’est pas le sujet ici, mais l’utilisation de la planche à tracer peut converger dans sa destination avec l’emploi du compas.

C’est-à-dire la capacité à projeter le temple sacré dans le monde profane, si nécessaire pour rétablir l’équilibre.

En conclusion le passage de l’équerre au compas est une étape particulièrement essentielle au développement du jeune maitre maçon.

En effet par cette seconde naissance au domaine céleste le Franc-maçon s’ouvre potentiellement une infinité de nouvelles portes plus nombreuses encore que celle qui ont pu lui donner le vertige lors de la cérémonie d’élévation au deuxième degré.

En effet j’ai souvent entendu que le degré de compagnon n’était effleuré qu’en surface à cause de l’impression de lourdeur que donnait la présence des nombreux cartouches présent lors du rituel.
Les cartouches du 3eme degré, eux, sont invisibles à l’œil nu et le compas est la clé qui permet de les atteindre.

J’ai dit.


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