Obédience : NC | Loge : Lucie Delong - Orient de Paris | Date : NC |
Entre l’équerre et le compas Très Respectable Maître, et vous tous, mes Sœurs et Frères, V\M\ Ce sujet se situe dans la Cérémonie d’Exaltation à la Maîtrise qui relate notamment la mort d’Hiram. Dans le « Memento du Grade de Maître », et plus précisément dans « l’Instruction au 3ème degré », le T\R\M\ demande « Si un Maître était perdu, où le retrouverait-on? Le Gd Exp\ répond « Entre l’Equerre et le Compas». Dans un premier temps, je rappellerai les symbolismes fondamentaux de l’Equerre et du Compas, et leur signification en fonction des deux premiers Grades, car il faut bien comprendre ces notions qui marquent une hiérarchie dans la connaissance, et que parfois nous oublions si nous ne travaillons pas suffisamment. Puis, j’expliciterai l’expression, et conclurai. L’Equerre : Dans sa fonction pratique, elle forme un angle droit de 90°, est fixe, avec une base horizontale (passive), et un côté vertical, la perpendiculaire ; elle réunit ainsi horizontalité et verticalité, pour obtenir l’aplomb. Elle permet de délimiter l’espace terrestre en le divisant en 4 régions (les points cardinaux) ; symbolise le carré, qu’elle trace, et le nombre 4. Elle montre ce qui est droit, et permet de vérifier la direction, de redresser, en contrôlant la justesse. C’est un outil de construction dans tous les domaines où elle se trouve la plus active (triangle + rectangle). Sans Equerre, pas de taille correcte ! Dans son aspect cosmique, elle symbolise la Terre, l’espace terrestre (n’oublions pas qu’autrefois la Terre était considérée comme carrée), le Cosmos, Mais elle représente aussi le corps physique (imparfait, transitoire). Sur un plan symbolique, elle représente la rigueur comportementale la droiture morale, la justice et l’équité. Elle enseigne à vivre et à régler ses actions à « angle droit», et instruit du respect des droits d’autrui. Elle symbolise aussi le monde matériel voué à la disparition, et met en garde contre les chemins tortueux. Au Grade d’App\ : l’Equerre sur le Compas est la matière que ne domine pas encore l’Esprit ; elle le recouvre complètement. L’Apprenti est dans les ténèbres, descend et remonte sans cesse à l’aide du fil à plomb pour chercher la Pierre Brute et la rectifier. Au Grade de Comp\ : l’Equerre est croisée avec le Compas : il y a équilibre entre la matière et l’Esprit. Le Comp\ n’est plus dans les ténèbres ; il s’achemine vers la sincérité et le discernement. L’Equerre va petit à petit, lui permettre de passer de la Pierre Brute à la Pierre Cubique. Le Compas : Les branches, à l’inverse de l’Equerre, ne sont pas fixes, mais mobiles et en font un outil de tracé dynamique, actif, et de rigueur mathématique. Les deux branches sont jointes par une charnière qui permet de les ouvrir ou de les resserrer pour mesurer des longueurs ou tracer des cercles, et effectuer des comparaisons. Il marque une frontière bien délimitée entre l’intérieur et l’extérieur (ou le dedans et le dehors). Il s’ouvrira pour construire le Delta (triangle) et l’Etoile Flamboyante (pentagone), et servira à la découverte du Nombre d’Or, et du quatrième Pilier (*). (*) construction sacrée (nous) ; Pilier du Ciel ; 4ème Pilier du Temple Dans son aspect cosmique, il symbolise le Ciel et relie la Voûte Etoilée au Cosmos. Sur un plan symbolique, il trace des circonférences où peut agir la pensée et est le symbole du Cercle, pour indiquer l’Esprit intérieur, le SOI réel. Il trace le cercle pour ceux qui ont acquis la connaissance du Centre. Plus ses branches s’écartent, plus l’espace s’ouvre, plus l’esprit grandit ! (= aphorisme *) Il représente aussi la descente du spirituel sur la matière pour l’ordonner. Il faut s’entraîner à le manier car il peut être dangereux si la Sagesse n’est pas présente. De même, il ne faut pas l’ouvrir à plus de 90°, car il deviendrait un outil instable et totalement inopérant. Au Grade d’App\ : il est ouvert à 30°. Il est couvert par l’Equerre. Il n’est pas accessible à l’App∴. A ce stade, l’esprit est sous le boisseau. Le monde profane prédomine encore. Le début du cheminement est sous l’autorité de la rectitude et de la droiture (Equerre). Au Grade de Comp\ : il est ouvert à 45° (équilibre idéal du Corps et de l’Esprit). Les progrès du Comp\ sont symbolisés par l’entrecroisement du Compas et de l’Equerre. L’écartement des branches du Compas est la moitié de l’angle droit de l’Equerre, indiquant que le Compas a besoin de l’Equerre pour réaliser ce dont le Comp\ serait capable à ce stade. Une des branches du Compas chevauche l’Equerre, car il y a éveil de la conscience. L’esprit se libère, et il va explorer la surface de la Terre. Au Grade de M\ : Le Compas, ouvert à 60°, limite optimale de nos possibilités, recouvre l’Equerre, à l’inverse du 1er Grade. La matière, maîtrisée, est dirigée par l’Esprit. Le Maître se trouve au Centre du Cercle, entre l’Equerre et le Compas. On comprend bien ainsi qu’on ne peut comparer ces deux outils isolément, car ils sont complémentaires et indissociables, ce qui nous ramène au fameux passage de l’Elévation à la Maîtrise, ou la « quadrature du cercle » sera réalisée, symbole de l’Esprit éternel. Lors de son cheminement, dans les profondeurs du SOI, après un retournement brutal, en même temps que toute la Loge d’ailleurs, qui l’accompagne dans sa démarche initiatique, le Comp\ se retrouvera dans la Chambre du Milieu, ou Centre de la Loge et Centre de lui-même. Ce centre est le Principe, le commencement de toute chose ; le cercle représentant l’éternité, et entourant le Principe, réalise l’éternité du Principe ou Principe Eternel. Il devra enjamber par Trois Pas (et sans le savoir, par les pas du Maître), le cadavre d’Hiram, allant de la Terre (L’occident, région de la mort, s’étant déplacé pour la circonstance, à la tête du cadavre), au Ciel (L’orient, région de la Lumière naissante, situé aux pieds du cadavre), passant ainsi de l’Equerre au Compas dans une dimension supérieure, au Centre du Cercle d’où tout va renaître. Il passera ainsi d’une surface horizontale à une perpendiculaire dynamique, d’une ligne à un plan, en réalisant deux ½ Cercles en double Equerre, pour tracer un volume. Il devient l’intermédiaire entre le cercle et le carré, soit le Ciel, représenté par la Sagesse, et la Terre d’où vient la Force, la Beauté organisant la rencontre du Haut et du Bas, passant par une étape de conciliation des oppositions et unification des contraires. Ainsi, le Ciel et la Terre sont réunis dans une polarité axiale (l’Etoile Polaire a remplacé l’Etoile Flamboyante dès le début de la Cérémonie). Cette superposition du microcosme et du macrocosme, nous fait remarquer un axe illuminateur, qui passe de l’angle de l’Equerre et qui monte jusqu’à l’œil du Compas. Or, le Franc Maçon se tient entre l’Equerre et le Compas, à l’aplomb de cet axe. Se mettre à l’intersection du plan représentatif de notre Monde, et à l’aplomb de cet axe, permet d’être au Centre de SOI et du Monde. Le Comp\ a atteint un nouvel équilibre entre la matière qu’il a maîtrisée, et l’esprit qu’il a sans cesse construit en travaillant lors des 1er et 2ème Grades, avec intelligence, persévérance et humilité, le faisant passer du MOI, son égo petit et limité qui le dirigeait, mais s’est désintégré, au SOI, son Centre, réceptacle de Lumière grâce à son Esprit, et de l’inconscient au conscient. (*) aphorisme : énoncé très court, résumant un point de science et de morale, précepte, sentence). Chacun de ces Pas, symbolise successivement : la naissance corporelle au Midi, la mort Initiatique au Nord, et une nouvelle naissance, spirituelle celle-là, lors du 3ème pas qui le fait arriver à l’Orient. Enjamber le cercueil d’Hiram, c’est se préparer à mourir et à mourir en Maître, à s’affranchir des ténèbres, pour rester en éveil. Son passé, figuré par le cadavre Hiram, est maintenant derrière lui, l’ayant enterré. Il est maintenant digne d’être élevé à la Maîtrise. Il ne craint pas de passer au-dessus du cadavre, dont il n’est pas l’assassin, car il a dépassé la mort. Il sait qu’il va poursuivre son œuvre de construction du Temple, sans avoir à se soucier des pièges mortels. Il a beaucoup combattu entre son corps et son esprit, pour se trouver entre l’Equerre et le Compas. Cependant, le Comp\ ne sera élevé à la Maîtrise, qu’après avoir été lui-même victime d’un assassinat, victime de ses vices et ses passions. A son tour, à l’image d’Hiram, il se retrouve en Terre, étendu sur le Pavé Mosaïque, au Centre géométrique du Temple et du Cercle, dans le tombeau de son passé où l’avenir est en gestation, telle une graine que l’on enterre pour permettre à la végétation de renaître. Sur le lieu de la Sépulture, sera retrouvée une branche d’Acacia, symbole de la connaissance, qui permettra d’extraire le Maître de l’obscurité pour lui redonner la vie et l’immortalité, ainsi que la maîtrise de SOI et de la connaissance. Il sera relevé par les 5 Points de la Maîtrise ; on lui a transmis le mot sacré, et il est le nouveau Maître, réincarné, entre l’Equerre et le Compas. Il devient le «fils spirituel » d’Hiram (fils créé non de chair, mais d’Esprit), qui survit en lui sous la forme d’un Maître Intérieur qui ne peut s’exprimer que parce qu’il y a eu, en amont, retournement. Il est la conscience en tant que Centre de l’Etre. Bien sûr, le Maître Intérieur n’atteint pas sa taille définitive le jour de l’Elévation. Cela se fera progressivement, en faisant rayonner dans la Loge et dans le monde profane, la Lumière qu’il a reçue. Cela se verra dans son langage, son comportement qu’il maîtrisera tout en maîtrisant son SOI. Tout Maçon devrait tendre vers le modèle d’accomplissement que représente Hiram. Etre entre l’Equerre et le Compas, c’est être incorruptible, relier les deux Mondes de la matière et de l’Esprit, être entre le SOI et l’Autre, rassembler ce qui est épars. En passant de l’Equerre au Compas, le nouveau Maître ne doit pas rester au niveau du Compas seul, et abandonner définitivement l’Equerre. Il doit toujours se situer dans une position centrale, où il opèrera en lui-même la réunion des deux, à l’Orient. Un Maître ne peut s’égarer s’il est sur le chemin du Devoir représenté par l’Equerre, de l’intelligence représentée par le compas, et si ses actes suivent sa pensée dans chacun des deux Mondes. Le ciel a besoin de la matière (*) pour trouver un appui. Si le Maître s’égare, c’est qu’il n’a pas trouvé ce point, qu’il a oublié la signification de ces deux outils, qu’il s’est installé dans un confort intellectuel, qu’il n’a pas freiné ses ambitions personnelles, et en ce cas, il sera condamné à errer entre deux mondes, la matière et l’esprit. Un bon Maçon doit donc élever son Temple en conscience de ces deux mondes, avec droiture, sincérité, Fraternité et Travail, et avec tous les outils qui lui ont été donnés pendant son parcours Maçonnique, sinon il prend le risque de tuer Hiram. LA MORT DU MAITRE N’EST PAS UNE FIN et avec la Maîtrise, le travail ne s’arrête pas Et je terminerai par cette citation de Goethe: «Qui ignore le «Meurs et deviens» n’est qu’un morne passager sur une Terre Ténébreuse». J’ai dit, V\S\ (*) fondation solide = Terre mère fécondante et nourricière. |
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