Obédience : NC Loge :  NC 01/10/2020

  

Parrainer : Oui mais comment ? Une rencontre qui a changé ma vie !

 

A la gloire du grand Architecte de l’Univers, Vénérable Maître et vous tous mes Frères. J'ai choisi ce midi de vous présenter cette planche tracée que j’ai faite il y a quelques années maintenant et que j’ai enrichie des années écoulées depuis.

Comment je m’y suis pris pour parrainer,

Pourquoi faut-il le faire,

Quelles en sont les limites et les responsabilités du parrain qui peut être également le Frère Présentateur. Voilà quelques questions que je me suis posé auxquelles j’ai essayé de répondre.

Ma planche c’est l’histoire d’une rencontre d’un Homme qui m’a permis de donner un sens à ma vie. Cet Homme, c’est un grand Homme, c’est mon parrain. C’est lui qui m’a un jour permis de frapper à la porte du temple pour renaître à une vie nouvelle et enfin sortir des ténèbres. A mon tour, j’ai rempli mon Devoir de parrainer plusieurs profanes pour transmettre ce que j’ai reçu et aussi contribuer à la pérennité de la Franc Maçonnerie.

Il convient tout d’abord de ne pas confondre le parrain et le Frère présentateur : Souvent on assimile parrain et présentateur. Or le parrain n'est pas forcément le Frère présentateur et le Frère présentateur n'est pas forcément le parrain.

 

Le parrain peut très bien, être très éloigné de l’Orient ou d’une obédience différente et d’un autre rite et demandé à Frère qu’il connait, dans la loge qui va initier le profane, d’être le Frère présentateur. Le Frère présentateur a pour moi un rôle capital car il s’engage vis-à-vis de l’initié mais également de sa loge.  C’est ce que j’ai fait en parrainant une fille au GO de Vannes. J’ai rencontré un Frère de sa loge lors d’une visite avec lequel j’ai sympathisé et je lui ai demandé d’être le Frère présentateur qu’il a de suite accepté. J’étais le parrain mais pas le Frère présentateur car je ne suis pas membre du GO.

 

Le Frère présentateur est le terme qui est repris lors de nos tenues dans le rituel. Le mot parrain n’apparait dans aucun rituel à ma connaissance. Le mot parrain relève donc du monde profane et non du monde des initiés. En effet le Frère présentateur est un Frère et donc un Initié et ce ne peut être qu’un Frère qui peut être le Frère présentateur. C’est ainsi que l’on emploie le terme de Frère présentateur au sein de la Loge, lors de la cérémonie d’initiation. Le Frère présentateur est d’abord présent, dans le rituel, quand le Néophyte est introduit dans la chaine d’union avec la scène du miroir où le Frère présentateur après s’être mit derrière lui, les mains sur ses épaules, lui présente le miroir et s’en suivra l’accolade Fraternelle.

Puis lors du serment, le Frère présentateur est à ses côtés et témoin de son engagement.

Le Vénérable Maître dit également au Frère présentateur :

Je vous rappelle le rituel :

Frère XXX, qui êtes le présentateur du Néophyte et, à ce titre, caution vis-à-vis de cette Respectable Loge et de l'Ordre tout entier des obligations que le Néophyte vient de contracter, promettez-vous de veiller à ce qu'il y reste fidèle, de le suivre, tant dans sa vie maçonnique que dans sa vie profane, de l'éclairer de vos conseils et de prévenir ses éventuelles erreurs ?

Le Frère présentateur répond : Je m'y engage formellement, Vénérable Maître.

Le Vénérable Maître répond : Acte est pris de votre promesse.

On voit bien l’importance du Frère présentateur qui est le garant vis la loge et de l’ordre tout entier d’épauler ce Frère que ce dans sa vie maçonnique que dans sa vie profane, de l'éclairer de ses conseils et de prévenir les éventuelles erreurs du nouveau Frère. C’est un Devoir qu’a le Frère présentateur envers le Frère qu’il présente.       

Revenons à cette rencontre :

 

Le parrain, c’est cet homme puis cet ami qui deviendra mon Frère, qui un jour au fil de longues discussions sur des sujets graves aux thèmes plus légers durant de longues soirées, s’est dévoilé à moi. C'est au départ cet ami qui un jour devint mon Frère.

Nous pouvons mesurer l'importance de cet homme qui un jour s'est dévoilé. Comment être sûr du profane, comment être sûr qu'il ne dévoilera rien. C'est là la difficulté première.

 

Comment se dévoiler ? Voilà la manière que j’ai utilisée à chacune de mes rencontres.

Etre sûr du profane. En fait, on n’en est jamais sûr à 100%. C'est pourquoi, il est très important de prendre le temps de bien connaître au mieux le profane. Certes on ne connaît jamais quelqu'un à fond car sinon on serait l'autre, mais on peut essayer de s'en approcher quand même.

Au fil des soirées, la confiance mutuelle s'installe. On peut au fur et à mesure commencer à parler de sujet autre que le professionnel, en essayant par exemple de savoir ce que fait le profane en dehors de son travail.  Quels sont les centres d'intérêts extra professionnels : loisirs, actions sociales, humanitaires, etc... Avec cette demande, on arrive à déceler l'altruisme du profane, la Fraternité et la Tolérance qui peut être en lui. Puis on va un peu plus loin dans la démarche en indiquant que de notre coté,  l'on fait parti d'un groupe de réflexion philosophique et spirituel basé sur la Fraternité, la Tolérance, le respect des autres, avec pour objectif  l'amélioration de soi et des autres. Et là vient le moment de se dévoiler. On propose alors si le profane semble intéressé de lui prêter de la documentation explicite (la Maçonnerie pour les nuls), par exemple. Si le profane y prend intérêt, la réponse ne tardera pas à venir. 

Puis l’on propose au profane d’envoyer sa candidature au « président », le Vénérable Maître, il ne connaît pas. C’est la façon dont j’ai présenté les choses aux cinq profanes que j’ai parrainé et pour lesquels je me suis dévoilé et dont j’ai eu l’immense bonheur d’être le Frère présentateur pour quatre d’entre eux.

 Le rôle du parrain n’est pas que de présenter un profane. C’est un travail d’explication long afin que le profane comprenne notre démarche, de l’informer clairement dans la limite de nos obligations afin qu’aucun malentendu ne subsiste avant de le présenter. Il est important de lui signifier les Devoirs du Franc Maçon : L’engagement, le serment, l’assiduité, le travail à fournir, les différentes réunions d’apprentis, etc…

Après plusieurs mois destinés aux procédures administratives et aux trois enquêtes effectuées, le grand jour enfin arrive pour chacun. À l’un, l’on ouvre toutes grandes les portes du temple, lui permettant ainsi une renaissance. À l’autre, l’on offre un redoutable cadeau, celui de devenir le parrain et ou le Frère présentateur et d’avoir la lourde mais ô combien merveilleuse et exaltante mission de guider un filleul - ce nouveau maillon - tout au long de son parcours maçonnique qui le conduira plus tard à la maîtrise et l’élève deviendra Maître à son tour.

 

Mais avant cela, le parrain et ou le Frère présentateur devra prendre une part active, en compagnie du second surveillant pendant le temps qu’il effectuera en tant qu’apprenti puis avec le premier surveillant pendant le temps qu’il effectuera en tant que compagnon, à l’instruction de ce nouveau Frère en n’oubliant pas de le faire voyager afin qu’il s’enrichisse de la très grande diversité des rites que nous offre la Franc Maçonnerie.

Concernant les visites hors du temple, il est, je pense plus prudent que les visites de l’apprenti soient accompagnées d’un Maître et qu’elles se fassent tout d’abord au sein de la même obédience et selon le même rite afin qu’il ne soit pas trop perturbé. Par contre au second degré, il est important que le jeune frère compagnon puisse voyager en découvrant toute la richesse des différents rites et obédiences de la Franc Maçonnerie.

 

Ça y est après l’épreuve du bandeau oh combien déstabilisante où même le futur parrain croise les doigts en pensant à l’épreuve que vit le futur filleul. Voici le grand saut, le grand jour. L’initiation.

Qui des deux, parrain ou filleul, est le plus anxieux mais également le plus fier? Difficile à dire mais les regards complices et fraternels après la tenue entre les deux hommes en disent long. Trop de choses se sont passées durant cette soirée et la nuit a été des plus agitée.

 

Dès le lendemain, le filleul inonde son parrain de questions. Pourquoi? Comment? On dirait un enfant émerveillé… Le parrain explique, le filleul tente de comprendre mais ce n’est guère facile. Pourtant, ce filleul a à cœur de s’instruire consciencieusement, d’ouvrir son esprit, de vaincre ses passions et de soumettre sa volonté. Né libre et de bonnes mœurs, il n’aura de cesse de s’améliorer, en écoutant silencieusement, assis au septentrion, ses Frères durant tout l’apprentissage puis en partageant ses connaissances, ses expériences et ses doutes durant le compagnonnage.

Enfin, viendra un jour l’élévation à la maîtrise, cérémonie au cours de laquelle une transformation en profondeur s’opérera secrètement. En chambre du milieu, le Frère devenu maître, jouissant ainsi de tous ses droits en loge, pourra lui aussi, un jour, parrainer un profane qui sollicite la lumière. La boucle enfin sera bouclée.

 

Mais durant ce long et passionnant parcours, le parrain, quant à lui, aura suivi, pas à pas, les progrès de son protégé, répondant à ses questions, s’intéressant à son parcours. Petit à petit, il aura subtilement intégré dans ses réponses de nouveaux paramètres de réflexion, cela afin de permettre à son filleul de continuer à progresser sur le chemin de la vérité, avec le secret espoir que l’élève dépasse un jour le maître.

Il est je crois essentiel que le parrain joue pleinement son rôle d’accompagnement. En effet, comment peut-il être possible qu’un nouvel initié puisse appréhender l’univers maçonnique sans le moindre soutien ou la plus petite explication de son parrain sur le chemin parcouru jusqu’alors et sur la route qui lui reste à suivre encore ? Lune, soleil, sagesse, force, beauté, midi, minuit, métaux, VITRIOL, mercure, souffre, sel, voyages, maillet, ciseaux, règle, compas, équerre, livre sacré, comment comprendre seul cet univers de symboles que l’on découvre en maçonnerie?

Et des planches que le Vénérable Maître demande de tracer pour ses augmentations de salaire, comment peut-il les tracer sans l’aide, l’assistance, et le partage avec son parrain?

A l’évidence non et fort heureusement, ce Frère n’aura pas été seul dans son parcours. D’autres Frères, qu’ils soient ou non de sa loge, auront été attentifs à son dénuement et lui auront spontanément porté assistance, suppléant ainsi aux carences manifestes de ce parrain défaillant.

 

Ainsi accompagné, le filleul découvrira que la maçonnerie est une école de vie merveilleuse où chaque jour amène son lot de découvertes et de satisfaction. La maçonnerie n’est pas un dogme ni une doctrine, c’est une hygiène de vie avec laquelle l’homme ne cesse de s’améliorer.  Il est pour moi capital qu’un jeune Frère est un parrain présent ou un Frère Présentateur pouvant le remplacer afin qu’il soit accompagné tout au long de son parcours maçonnique jusqu’à la Maitrise et même au-delà.

 

Quelles que soient nos relations actuelles avec notre parrain, n’oublions jamais que grâce à lui, un jour, nous avons chacun d’entre nous eu le bonheur de connaître et d’entrer en franc-maçonnerie en frappant, dépourvu de tous métaux, de manière profane à la porte du temple.

 

Le salaire suprême pour un franc-maçon est de pouvoir un jour parrainer un nouveau Frère sur le chantier du perfectionnement qui mène à la Vérité, à la Vraie Lumière, à l’Amour. 

 

Je pense que le rôle et la fonction de parrain nécessite de pouvoir prendre du temps pour accompagner le jeune Frère à toutes les étapes sur son chemin, de le rassurer dans ses doutes, de le motiver, de veiller à ce qu’il soit présent régulièrement entre les colonnes.

 

Recruter est un acte difficile, nous ne sommes pas des rabatteurs ou des évangélisateurs, nous sommes des chercheurs de diamant qui doivent déceler dans une pierre brute le joyau qu’elle contient. A nous de bien la préparer et la mettre dans les meilleures conditions afin qu’elle puisse être taillée en donnant son plus bel éclat.

 

Peut-être la désertion d’un jeune Frère, peut-elle aussi avoir comme origine, le fait que son parrain n’ait pas été assez réceptif à ses interrogations, n'ait été assez proche de lui et présent. Parrainer n’est pas un rôle facile et je crois mais cela n’engage que moi, qu’il vaut mieux ne pas parrainer du tout plutôt que de le faire à moitié. Parrainer dans le monde profane se fait couramment dans les clubs services ou autres. Le filleul est présenté lors d'une soirée d'intronisation. C'est tout, le nouveau membre est alors laissé à lui même.

 

Chez nous, c'est complètement différent, c'est tout autre chose. Le parrain et ou le Frère présentateur et le Filleul prêtent serment. On est dans le monde sacré. Chez nous, c'est une véritable école de vie, un véritable apprentissage. Chacun travaille à son amélioration. Chacun a besoin des autres pour s'améliorer. C'est dans chacun des Frères que nous puisons notre enrichissement intérieur, notre élévation vers la Sagesse, la Force et la Beauté. Le parrain a, on comprend bien, un rôle essentiel à jouer.

 

Notre rôle de parrain est un accompagnement de tous les jours dans les bons comme dans les mauvais jours. Parrainer un candidat, c’est l’accompagner tout au long de sa vie maçonnique, c’est en être le garant, c’est en être responsable.

 

Pour ma part, je tiens à remercier chaleureusement et fraternellement mon parrain qui m'a ouvert grande les portes du Temple sans qui je n'aurai jamais osé franchir le seuil de la porte du Temple et d’autres Frères devenus mes Parrains de cœur qui me suivent, me soutiennent et me guident tout au long de ce long parcours initiatique qui mène à la Maîtrise et au-delà. Tout comme le mot sacré, je ne puis prononcer leurs noms mais ils se reconnaîtront, j’en suis certain…        

A la Gloire du Grand Architecte de l'Univers, Vénérable Maître et vous tous mes Frères présents ce midi sur les colonnes, j'ai dit.

 


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