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Le Miroir de la Chevalerie


* Un Prince de France à écrit, je cite : « Les textes sacrés, les contes de fées nous parlent en profondeur un seul et même langage. Au travers des paraboles, des mythes ou des symboles qu’ils mettent en scène, au travers des archétypes qu’ils nous indiquent, ces contes initiatiques nous montrent la voie royale à suivre ici-bas afin que la Vie devienne et soit une merveilleuse symphonie harmonieuse et que notre humanité atteigne à la royauté de l’homme » !

Un Comte de la Maison Royale de France a écrit :
*  La Chevalerie implique, induit l’exploit. Plus encore : elle en est purement synonyme, à telle enseigne que l’on trouve normal et presque banal que le « Chevalier » se situe ainsi sur la crête de l’héroïsme (militaire ou simplement humain), que tous comptent avec une confiance assurée sur sa force morale et spirituelle, sur sa vaillante abnégation et sa foi jurée sans retour, ni tiédeur, ni feintise.

** FF\ et SS\ mon but en cet exposé est de vous dire au mieux ce qu’est la Chevalerie, sa création son état, son maintient, ce qu’elle à engendrée à l’époque et ce qu’elle est devenue à présent…

Pourquoi « Chevalerie »
-   dérivé du mot cheval, lui-même du bas latin « caballus » mauvais cheval (à distinguer du latin classique equus) dont les mots « cavalerie » et « cavalier » furent tirés. Le terme sous-entend une forte distinction entre les Chevaliers combattants professionnels d’élite montés à cheval, et les paysans et les bourgeois, souvent considérés comme médiocres combattants, qui fournissaient la masse de l’infanterie, et, plus tard de l’artillerie.

-   La Chevalerie a peu à peu développé ses valeurs et coutumes propres, sous l’influence notamment de l’Eglise et de la « courtoisie » (la fin’amor) des troubadours et autres trouvères, eux-mêmes fréquemment issus de la noblesse.

- D’une façon militaire au service de l’Aristocratie terrienne, la Chevalerie est devenue une fraternité, puis un groupe social, enfin une institution. Certaines traditions sont remarquables, notamment la Cérémonie de l’adoubement.

-   Les vertus  traditionnelles de la Chevalerie, vues par le prisme de la littérature, sont de nobles sentiments de piété, d’humilité, de bravoure ; la courtoisie, la foi, l’honneur, etc…

*Le Terme de Chevalerie désigne également l’ensemble des Chevaliers d’un royaume ou d’une région. Les Chevaliers sont des personnages souvent présents dans les romans qui puisent leurs sources dans grands cycles des légendes, la matière de Bretagne (légende  Arthurienne) et la matière de France (cycle des chansons de gestes carolingiennes).

Début de la Chevalerie :

-Aux alentours de l’an mil, le terme latin « miles » (guerrier) se répand. Il désigne alors le CHEVALIER. Ce Chevalier se caractérise par le fait qu’il soit guerrier à cheval, mais il n’est que rarement désigné par le terme « equites » signifiant  « cavalier ».
A l’époque ou le système féodal se répand, la Seigneurie en est la structure de base. C’est un système devant maintenir l’ordre et la justice en ayant pour centre le Château Fort.

Le Chevalier est alors un guerrier appartenant  à la maison du Seigneur : celui-ci devant s’entourer d’un groupe de soldats professionnels qui l’aident à maintenir l’ordre et à exploiter les habitants de la Seigneurie et les passants. Ils participent à cette exploitation du peuple tout en lui donnant certaines possibilités d’autonomie et d’affranchissement selon les lois en vigueur, allant jusqu’au rachat de sa servitude, qui permet à certains hommes et femmes de devenir libres et d’exploiter des terres pour leur propre compte. Ce peuple au service du Seigneur partage avec lui dans une moindre mesure, les bénéfices de la Seigneurie.

            Dès le XIème Siècle, MILES devient synonyme de VASSUS, le vassal. Le Chevalier est bel et bien  le serviteur armé du Seigneur : il fait ses premières armes contre les paysans libres (les vilains) de l’an mil et impose le système féodal et le respect des coutumes par la force. Le Château Fort et son donjon servent alors plus à dominer la population qu’à la protéger…

ESSOR de la CHEVALERIE AU XIème Siècle :

Ce Siècle constitue un tournant et c’est une évolution importante car il marque l’essor des Châtelains et des Milites, ceux-ci concurrençant  et affaiblissant le pouvoir Royal. En effet, ces deux entités deviennent de plus en plus autonomes et détiennent un pouvoir non négligeable.

La Chevalerie va alors progressivement se distinguer, se démarquer comme un groupe social à part, avec ses propres valeurs et normes mais aussi grâce à un mode de vie particulier, une certaine éthique et idéologie qu’elle revendique et défend.

En outre, cette catégorie va progressivement devenir un idéal à suivre, un modèle.

La Chevalerie qui se forme au cours du XIème Siècle se définit réellement à partir des caractéristiques suivantes :
-Elle constitue tout d’abord une catégorie sociale à part entière voire une catégorie « socio-professionnelle ». Cette dernière se situe socialement au dessous de la Noblesse.

 Elle rassemble tous ceux qui n’ont ni la notoriété d’un lignage Noble, ni la richesse d’un grand propriétaire terrien, ni le droit de « ban » d’un Sire. En d’autres termes, est Chevalier  un homme qui n’est pas issu de la noblesse d’un point de vue héréditaire, qui ne possède pas de richesses considérables, que ce soit en terre ou en argent, enfin qui n’a pas le pouvoir de convoquer l’Ost (droit de ban). Cependant, un Chevalier a le droit de porter des armes, l’armement du Chevalier étant, outre coûteux, composé de la lance et de l’épée pour le XIème Siècle.

Par ailleurs, le Chevalier combat à cheval, ce qui peut paraître insignifiant mais qui a en réalité de l’importance car un cheval coûte cher et constitue de ce fait une marque de prestige, de richesse, de supériorité.

La progression Sociale des Chevaliers :

L’accès à la Chevalerie constitue un bon moyen pour connaître une ascension sociale. Cependant cette promotion n’est pas systématique. Le titre de Chevalier pouvait se perdre si le Chevalier en question était malade par exemple et que par conséquent : Il ne pouvait plus assurer sa fonction militaire.

En outre, le Chevalier pouvait avoir subit des blessures graves durant une bataille ou un affrontement et ne plus pouvoir combattre par la suite. De fait, il perdait son statut et était petit à petit oublié de la société.

Au cours du Moyen Âge, les Chevaliers se sont rapprochés et unifiés durant les combats, à la guerre, et ont fini par former un véritable ordre social à part.
Pendant les tournois, les Chevaliers s’affrontaient pour gagner du prestige et de la renommée et espérer connaître une ascension  sociale par un mariage avec la fille d’un Seigneur, par exemple. Aussi, par ce facteur d’union entre membres de la Chevalerie et de la Noblesse, un processus de fusion s’est opéré au cours du moyen âge entre la Chevalerie et la Noblesse, si bien qu’il devenait de plus en plus difficile de distinguer les deux ordres, les deux ensembles.
Mais ce processus majeur dans l’histoire de la Chevalerie s’est opéré sur plusieurs siècles, ce fut un long et lent processus qui a abouti à une véritable réunion, une assimilation des deux groupes sociaux au XIVème et XVème Siècles.
D’un point de vue militaire la Chevalerie va imposer progressivement sa prépondérance sur les champs de bataille. En effet, les Chevaliers deviennent les combattants, les guerriers par excellence, l’élite de l’armée, un ordre militaire prestigieux qui bâtit sa renommée sur ses exploits et victoires militaires.
Son action se révèle de plus en plus décisive lors des batailles, c’est elle qui décide de la victoire ou de la défaite ! par conséquent son prestige se trouve rehaussé.

La bataille de Bouvines qui se déroula le 27 Juillet 1214 est un bon exemple pour illustrer cette idée. En effet l’action de la Chevalerie décida en grande partie de la victoire Française.

Mais cette place centrale qu’occupe la Chevalerie sur le champ de bataille s’appuie sur un passé qui les prédisposait déjà à s’imposer. En effet dès l’époque Carolingienne, la cavalerie tenait une place centrale dans l’armée. Les Rois Francs, dès Charles Martel, avaient privilégiés l’utilisation de la cavalerie lors des affrontements. De fait la Chevalerie était encline à s’imposer par la suite comme un ordre social à part, supérieur.

Le rôle de l’Eglise :

A ses débuts, la Chevalerie n’était nullement valorisée par l’Eglise. Effectivement si cette dernière soutenait et défendait entièrement les Chevaliers partant en Croisade, elle dénonçait ceux qui risquaient leur vie non pas pour Dieu, mais pour de l’argent dans les tournois notamment.

 A la base elle voyait les Chevaliers comme des hommes obéissant à leur Seigneur et usant de la violence pour s’imposer et appliquer leur autorité dans les domaines qu’ils devaient contrôler et surveiller.
 Il y avait également cette vision du cavalier errant sans but ni objectif précis, qui pillait et commettait des vols et autres rapts, pour subvenir à ses besoins ! l’Eglise à fortement contribué à influencer la Chevalerie et à modifier ses valeurs, ses devoirs.
Elle a utilisé cet ordre pour en faire les défenseurs de leurs propres causes. Elle a en cela incité les Chevaliers du Siècle à devenir les « Milites Christi », autrement dit des « Chevaliers du Christ » au service de Dieu.
Pour ce faire, l’Eglise a ainsi assuré la rémission des péchés à tous les Chevaliers désirant combattre les infidèles en Terre Sainte. Les Croisades ont donc joué un rôle central dans la « réunion », la « réconciliation » en quelque sorte entre l’Eglise et la Chevalerie.

Il était désormais possible à partir du XIIème Siècle, notamment lors de la première Croisade prêchée par Urbain II en 1095 d’être Chevalier et de combattre pour Dieu. Durant cette période, il existe donc bien une opposition totale entre la Chevalerie du Christ et la Chevalerie du Siècle. La première étant valorisée et défendue par l’Eglise, la seconde méprisée par celle-ci. L’exemple des Templiers illustre bien cette opposition. Ces derniers sont en effet des « nouveaux Chevaliers » car ce sont des croisés permanents, sorte de moines guerriers. Ils sont donc soutenus par l’Eglise car ce sont des Chevaliers servant et défendant une cause considérée comme juste par cette dernière, à savoir la lutte contre les musulmans ayant pris possession de Jérusalem et de la Terre Sainte.
S’ils tuent, ils ne risquent pas la damnation selon l’Eglise car c’est pour le Christ qu’ils le font, autrement dit pour une juste cause. En combattant pour le Christ l’Eglise assure à ces derniers une vie éternelle après la mort.

L’âge d’or de la Chevalerie :

La Chevalerie s’épanouit tout particulièrement au cours du XIIIème Siècle dans toute l’Europe Occidentale. C’est aussi l’époque où l’image du Chevalier modèle paré de toutes les vertus propres à la Chevalerie se développe beaucoup grâce aux nombreux écrivains et poètes qui glorifient dans leurs textes les valeurs Chevaleresques.
Ainsi se dégagent des figures emblématiques telles que Guillaume le Maréchal au XIIème siècle, Ulrich Von Liechtenstein  au XIIIème siècle ou encore Bertrand du Guesclin et Geoffroy de Charny au XIVème siècle.
Ces Chevaliers incarnent des valeurs communes, des comportements et des mentalités caractéristiques de la Chevalerie, à savoir la valeur guerrière, l’audace, la soif de gloire, le souci de la réputation, le sens de l’honneur, le respect des promesses et de la parole donnée ainsi que l’engagement personnel mais aussi la largesse, la prouesse, la courtoisie.
Cette dernière vertu est devenue progressivement indissociable de la Chevalerie. Les Chevaliers de la Table Ronde jouèrent un rôle actif et majeur sur les mentalités des Chevaliers qui les considèrent comme les modèles par excellence de la Chevalerie.
Par conséquent, ils sont pris pour exemples et imités dans leurs exploits. Guillaume le Maréchal fait ici figure de Chevalier exemplaire. Son ascension fulgurante malgré son origine modeste, ses nombreuses victoires lors des Tournois le firent à l’époque désigner comme «  le meilleur Chevalier du Monde ».

Les chansons de gestes qui deviennent très populaires au XIIème et XIIIème siècles glorifient les Chevaliers et les élèvent au niveau de Héros. L’Eglise quant à elle, utilise ses chansons pour promouvoir la guerre Sainte contre les musulmans.

On a ainsi les histoires épiques des Chevaliers de la Croix, futurs Croisés, qui luttent contre les Infidèles installés à Jérusalem. Le lien féodal entre le Chevalier et le Seigneur est également très présent dans les chansons de gestes. Le service vassalique est au cœur des devoirs Chevaleresques. La largesse est l’une des autres vertus que se doit d’exercer un Chevalier. Elle est considérée comme « venant d’en haut », autrement dit, une valeur Aristocratique, et même Royale à l’origine.
 
Elle consiste pour le Chevalier à redistribuer des richesses de toutes sortes, à faire dons de Chevaux, d’étoffes précieuses par exemple.
Le Chevalier se doit d’être généreux. Cet idéal s’oppose  à la bourgeoisie qui, obtenant de plus en plus de pouvoir au cours des XIIIème et XIVème siècles et se rapprochant des Rois, est vue comme un adversaire, un concurrent pour la Chevalerie.
 Une des aspirations du Chevalier était de se marier avec une riche héritière car cela signifiait pour lui, l’accès à des terres, un domaine foncier mais aussi  à la société Aristocratique. Par le mariage, le Chevalier pouvait espérer en effet en quelque sorte « se mettre à son compte ».

Qui pouvait devenir Chevalier :

Même si les romans courtois désignent la Chevalerie comme un Ordre (ordo), la Chevalerie est socialement composite. Elle entretient des rapports assez complexes avec l’Aristocratie «  la Noblesse ». Celle du moyen-âge n’est en effet pas un statut ou un privilège, mais une « qualité d’intensité variable ». NOBILIS est un adjectif : on peut être plus ou moins Noble ; alors que MILES est un substantif : on est Chevaliers ou on ne l’est pas !
Et si tous les Chevaliers ne sont pas nobles, loin de là, tous les nobles se disent bientôt Chevaliers. Se sentant investis de l’idéal Chevaleresque, partageant des valeurs de prouesse et de loyauté, l’aristocratie s’est peu à peu identifiée à la Chevalerie.

Quelques soient les origines du Chevalier, la vie Chevaleresque a un prix économique de plus en plus important. Au XIIème siècle, l’équipement de base du Chevalier (cheval, heaume, haubert, épée) représente le revenu annuel d’une Seigneurie moyenne de 150 hectares. Trois siècles plus tard, l’équipement nécessaire engloutit le produit du travail de 500 hectares.

Comment devient-on Chevalier :

L’adolescent, le « bachelier », fils de Chevalier, accède lui-même à ce titre et à cet état après un apprentissage et une cérémonie appelée « Adoubement »

·   Avant l’adoubement : vers l’âge de sept ans, il est placé chez un Seigneur qui sera son parrain. Il y gravit tous les degrés de l’éducation qui vise à en faire un guerrier : « galopin » (il nettoie l’écurie), « page » (il s’occupe des chevaux, est au service de la Dame du Château, suit un entraînement équestre, apprend à chasser) et enfin « écuyer », damoiseau (il aide les chevaliers au tournoi et à la guerre, et il a l’immense privilège de lui porter son écu).

· Vers 17-21 ans, il passe l’adoubement cérémonie officielle à laquelle de nombreux nobles assistaient et qui consistait à consacrer un homme comme Chevalier du Roi. L’adoubement était une cérémonie qui marquait le passage de l’état d’écuyer à celui de Chevalier. Cette cérémonie avait lieu en général en Septembre ou en Octobre.

· La nuit précédent son adoubement, il la passait en prières dans une Chapelle en compagnie de son parrain, revêtu d’une tunique blanche, avec une croix rouge. Le blanc symbolisant la clarté (la pureté de ses sentiments) et le rouge le sang que le Chevalier est prêt à verser. Puis le Seigneur organise une fête dans son château ; en attente sur une estrade, le Chevalier était prêt à se faire adouber. Agenouillé il prête à haute voix le serment des Chevaliers, une main sur l’évangile ; ses armes de Chevalier lui sont ensuite remises par son Seigneur et parrain, bénies par l’Eglise qui encadre la cérémonie. Une fois revêtu de son équipement,  il  s’agenouille  de   nouveau   pour     recevoir
«  l’accolade ».

·    Après la cérémonie  on organise des tournois auxquels se joignent les Chevaliers adoubés et les vassaux du Seigneur et on finit au banquet célébré en leur honneur.

* La cérémonie de l’adoubement  confère à celui qui la reçoit un pouvoir principalement militaire puisqu’il obtient le droit de ban (convoquer l’ost, autrement dit l’armée) pour partir en campagne militaire, mais également un pouvoir plus politique et judiciaire, puisqu’il accède à la fonction de gouvernement des hommes soumis à sa juridiction, à son pouvoir.  

CONCLUSION :
Le XIIème et surtout le XIIIème siècle furent sans nul doute les siècles d’or de la Chevalerie. Celle-ci se structurait comme une véritable classe avec ses codes, ses valeurs et son mode de vie. Au bas moyen-âge, les adoubements se firent moins nombreux et, parallèlement, la cavalerie perdit sa primauté sur les champs de bataille, du fait de la réutilisation de tactiques anciennes revues et corrigées, notamment (formation compactes de piquiers) ou de la mise au point de nouveaux armements (arcs longs), les batailles de Courtrai et de Crécy furent à cet égard révélatrices de la vulnérabilité de la cavalerie lourde utilisée isolément.
Si l’alourdissement des armures des cavaliers et des montures put un temps, palier ses faiblesse, la diffusion des armes à feu sur les champs de bataille dès la seconde moitié du XVème siècle porta un coup fatal à la Chevalerie comme force militaire.
Parallèlement, le titre de Chevalier se banalisait, étant acquis, moyennant finances, par les bourgeois enrichis des villes devenues prospères, et ne devenait plus guère qu’un terme honorifique. Cependant à la même époque apparaissaient les Ordres de Chevalerie au rôle essentiellement politique, « mais ceci est une autre histoire ! ».

LA CLEF DU MIROIR  (miroir de la Chevalerie, entête de cet
exposé) :

*** Les mots (maux) d’aujourd’hui  traduisent, révèlent l’âme de notre temps qui vampirise et gangrène tous les rapports humains, individuels et sociaux ; qui les dépouillent de leur noblesse originelle, de leur sens sacré et véritablement « édifiant » pour les avilir sous les oripeaux dont l’arrogance le dispute au tragique !

Les termes  du vocabulaire de l’entreprise, du marché de l’emploi ( on ne parle plus guère du Métier) et du « positionnement » social en particulier, sont significatifs de cette « marque » du monde contemporain : on évoque, on privilégie, en effet, pour définir, « cerner » un individu ( nous n’osons pas ici parler de « personne ») le profil qui, à condition d’être bien adapté, lui permettra ainsi de se vendre…

Or et spécialement dans le cadre de la spiritualité telle que nous la définissons,  toute rencontre, sur quelque plan que l’on se place, a toujours lieu de face ; elle ne peut d’ailleurs se réaliser autrement.
Au cœur même de l’expérience humaine et spirituelle et plus particulièrement celle de la Chevalerie, est une vérité trop connue pour que l’on prenne le temps de s’y attarder ; si l’on « tourne le dos » à ce qui ne nous convient pas, le « profil » lui, connote de manière systématique un vice rédhibitoire, à tout le moins une faiblesse honteuse, ou une esquive dont l’habileté « maligne » trahit d’autant plus la culpabilité intrinsèque où, à tout le moins , une faiblesse qui ressemble beaucoup à de la lâcheté où a de la compromission ( on adopte ainsi un « profil bas »).

De même cette rencontre suppose, implique et réalise, non un rapport vénal et mercantile, voire manipulateur, mais un « échange » par nature et dans ses effets mêmes, GRATUIT parce que précisément fondé, construit sur un élan et une vérité de l’être qui ne peut donc que se donner tout entier dans cette relation.
Cette constante est ainsi connaturelle au chemin de rencontre, donc face à face, de l’homme que le G.A.D.L.U. a appelé au Saint état de Chevalier ; elle lui est certainement une exigence fondamentale en ce qu’elle incarne le premier combat de l’âme contre sa propre malice, qui tente souvent de se soustraire à sa vocation spirituelle, en tournant précisément la  « tête  de côté », se plaçant alors de profil par rapport à la Sainte Face du G.A.D.L.U. où pire en lui tournant carrément le dos.

En évitant ainsi le regard de l’Amour et donc, à tous les sens du terme, en perdant la Face, l’homme s’enfonce de sa seule et propre initiative au sein des ténèbres dont la racine n’est autre que le refus (et non pas l’absence ) de l’Amour…


On rapproche ici le secret du miroir qui, tout comme l’icône ou le blason, ouvre en son intime réalité, non sur un regard « porté » mais sur un regard « reçu » et plus encore échangé, partagé ou l’être contemple du « dedans », son origine et son terme, sa vraie personne dans et à travers cette surface réfléchissante, révélatrice au double sens du mot.  C’est, «  le secret du miroir ».

Quelle meilleure « image » que les actes qui traduisent le visage de l’âme ; qui précisément, la reflètent. Ce sont eux que, sous la dénomination de « hauts faits » (car il s’agit d’actions remarquables et distinguées), la tradition Chevaleresque va qualifier de miroir de l’âme, individuelle, familiale ou d’Ordre.


Ainsi compris, le miroir se définit comme lieu « épiphanique » le « théâtre » de la manifestation de l’héroïsme et de la gloire Chevaleresques.

Lieu secret car « Sacré », qui ne s’offre donc qu’aux regards et aux cœurs lucides, c'est-à-dire purs et transparents, vrais et fidèles, à l’imitation du G.A.D.L.U.

Pour finir nous dirons que si le Chevalier se conforme à cette vocation, alors son reflet est celui de la Chevalerie en soi. Pus encore, il devient lui – même le miroir vivant de la Chevalerie.
                                                          
Frère Marc

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