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L'homme debout : La Renaissance Très Respectable Maître, et vous tous mes Sœurs et Frères, Vénérables Maîtres, En préambule, je dirai que le sujet que vous vais vous présenter ce soir, est vaste, riche, et presque incommensurable, mais passionnant. Aussi, j’ai essayé de le synthétiser au maximum pour tenir compte de nos contraintes en terme de temps surtout. Alors, il est incommensurable comme l’est particulièrement l’évolution du FM. Passionnant, car, au détour de mes recherches et de ma rédaction, j’ai encore plus pris conscience de l’importance de notre Ordre, de nos Devoirs, de ma place au sein de la Loge, de la Franc Maçonnerie en général, de l’importance de l’Egrégore, du partage, mais également de la transmission… Je vous livre maintenant ma réflexion. Tout d’abord, un peu d’histoire concernant la station debout… En remontant à nos origines, on peut dire que l’on a fait de la station debout, l’un des signes cardinaux de l’hominisation. Bien que l’hypothèse selon laquelle l'environnement pourrait être à l'origine de l'acquisition de la bipédie chez nos ancêtres (pour certains scientifiques et/ou auteurs, depuis les grands singes jusqu’à l’homme moderne), et donc, de l’évolution de la taille de son cerveau, de la modification de la morphologie de ses mâchoires suite à un changement alimentaire, d’un nouvel usage de ses mains, etc, cette théorie a été réfutée. En effet, Yvette Deloison, chercheur au CNRS, a démontré, au regard de la découverte de rares fossiles trouvés (1), hélas pour le moment, que la bipédie a toujours existé, mais d’un type de bipédie primitive différente de cette de l’homme actuel (2). Par conséquent, il n’est pas exact de dire que c’est parce que l’homme s’est redressé peu à peu qu’il possède un potentiel conditionnant le développement psychique, l’acquisition de la culture, la transmission du savoir-faire et du savoir, et l’avènement de la pensée. C’est seulement après un long processus évolutif morphologique (plusieurs milliers d’années), que notre ancêtre est devenu ce que l’on a appelé « l’Homo Sapiens » (et non plus « Homo Sapiens Sapiens »). (1) le protohominoïde (2) principe de la loi de Bollo sur l’irréversibilité de l’évolution Le langage aurait émergé progressivement d'abord sous la forme de gestes, pour ensuite ne devenir verbal qu’au moment de son apparition. Il a été porteur de nouvelles compétences intellectuelles et technologiques, et possédait également une perception du beau et de l’harmonie des couleurs et des formes, proche de la nôtre. La station debout, seule, ne pouvait expliquer évolution et élévation de l’homme, ces deux dernières ne relevant pas que du physique, mais de la conscience, de la volonté, du psychisme, et par voie de conséquence, du spirituel. Lorsque l’Homme se réveille, il se met debout, car c’est debout, que l’action est possible. Avant d’être dans le Rituel, le jour de l’Initiation « initiale », il sera demandé au Profane de se baisser pour passer la « porte basse », puis de se redresser, ceci en direction de l’Orient. Il ne comprendra pas immédiatement ce changement de position. Ensuite, dans notre rituel, sur le plan symbolique, nous retrouvons plusieurs fois l’appel à se mettre physiquement debout, tels que : « Debout mes Frères et Soeurs, face à l’Orient » ou « Debout, et à L’Ordre ». Avant de commencer les Travaux, il faut que nous soyons tous prêts, prêts à travailler individuellement, mais ensemble, de manière solidaire, en tant que Frères et Sœurs Francs Maçons, à la construction du Temple, celui où se déroule la Tenue, et en s’insérant dans l’Egrégore, qui est l’expression la plus aboutie de l’harmonie de la Loge. Lorsque le Vénérable Maître, siégeant à l’orient et figurant le Verbe venant dans le monde, notre monde, pour y apporter la Lumière, nous dit « Debout, face à l’Orient », il nous met debout face à nos incertitudes, nos doutes, ce que nous devrons affronter en nous de plus insupportable. En se plaçant face à l’Orient, chacun de nous doit se demander s’il a été ou est un Frère, une Sœur pour tous, et s’il a bien respecté tous ses serments. Au moment où nous venons de nous faire « reconnaître » par les Surveillants, cela signifie que nous sommes reconnus comme Initiés bien sûr, mais également, que nous sommes passés des ténèbres à la Lumière spirituelle, tout comme le monde le fut à son origine. Tel le Cosmos tiré du chaos où le désordre régnait, nous avons été tirés de l’Etat profane. Se faire reconnaître, en prenant la position du Franc Maçon, en étant spirituellement Vertical, pieds en équerre, tête redressée, bras à l’horizontale, main sous la gorge, en faisant le geste du Franc Maçon au passage des Surveillants, cela veut dire que nous faisons le geste qui va nous réveiller alors que nous étions endormis. Nous laissons alors nos métaux à la porte du Temple, nous ne sommes plus « hors de nous », mais « en nous », car il ne suffit pas de se faire reconnaître, mais de « se reconnaître soi-même». Lorsque nous sommes face à l’Orient de la Loge, origine de la vraie Lumière que cherche le Maçon, nous sommes prêts à avancer, à rechercher dans le Sacré, les voies qui nous sont tracées. Lorsque nous sommes « à l’Ordre », il faut maintenir la position fermement, car nos passions ne reculent pas si facilement. A chacune des Tenues, nous sommes dans le Temple, non pas pour apprendre un ou des mouvements, mais bien pour nous mettre en mouvement, par le Travail intérieur, sacré, un peu comme on mène un combat. Le rituel nous aide à créer le lien entre notre corps et notre esprit, alors que nous sommes debout. Il est un « dialogue muet, » qui nous offre la liberté de penser, comprendre et nous élever. Tout comme lorsqu’il est debout, l’Homme est condamné à rechercher l’équilibre, équilibre entre le bien et le mal, d’ailleurs présents sur notre Tableau de Loge, en blanc et en noir. Toujours en faisant face à l’Orient, le FM découvre le Soleil et la Lune ; ce Soleil dont la chaleur nous rend positif et nous permet d’agir, et la Lune, complémentaire, qui nous donnera l’intuition qui nous permettra d’agir avec discernement. Après avoir fait face à l’Orient, puis vécu le rituel d’Ouverture, le VM nous dit « et que nos regards se tournent vers la Lumière ». Cela ne signifie pas que l’on doive regarder une ampoule ! Cela signifie tourner le dos à l’Occident, aux Ténèbres, et regarder vers la Lumière du Delta lumineux, qui, situé à l’Orient, et dont l’œil nous regarde, est là pour nous aider à remporter cette victoire sur nous même, et nous éviter de nous perdre en chemin. Mais tout comme le Soleil se lève à l’Est et se couche à l’Ouest, l’Orient et l’Occident, c’est la dualité de la vie et de la mort. Et c’est encore, la spiritualité opposée au matérialisme, la sagesse à l’agitation, la vie contemplative à la vie active. On conçoit que l’Orient est un lieu spirituel chargé de significations riches et si fondamentales pour le FM, qu’il est objet de méditation et de contemplation, ainsi que le processus de l’Initiation initiale, et des Initiations suivantes. La Renaissance par l'initiation et les élévations Encore un peu d’histoire… Le parcours de l’Homme depuis les débuts de l’Humanité, montre que la vie est une véritable aventure initiatique, à laquelle l’Humanité a toujours su s’adapter. Les hommes et les femmes, aussi bien dans les sociétés primitives que dans les sociétés modernes, éprouvent le besoin de créer et de subir des rites d’Initiation. Le symbole de la mort initiatique se retrouve tant dans les sociétés primitives que dans les sociétés modernes, quelle que soit l’époque et la civilisation. Dans le monde primitif, l’Initiation était très répandue contrairement à l’époque moderne, et concernaient par exemple, des rites de puberté en rupture avec l’enfance, rites d’entrée dans une société secrète, voire des Initiations réservées à un nombre restreint de personnes, dans le but de participer à une expérience religieuse plus intense que celle réservée à l’ensemble de la communauté… Nous savons que l’évolution des différentes interprétations de l’Univers et de la nature, possédait un ensemble de traditions mythiques, et dans ce contexte, le monde était l’œuvre «d’Etres surnaturels». Par rapport au contexte religieux des sociétés primitives, le novice apprendra les mythes et les traditions sacrées de la tribu, ses rapports mythiques avec les êtres surnaturels, tels qu’ils ont été établis à l’origine des temps, les noms des dieux et l’histoire de leurs œuvres. Ainsi, l’Initiation dans sa rencontre avec le Sacré, mettra fin à l’homme « ordinaire » pris dans le sens de « pureté originelle, d’innocence », pour l’introduire dans l’œuvre surnaturelle. La mort initiatique symbolisait parfaitement cette fin d’existence première, et n’était que provisoire, car étant une seconde naissance en gestation. L’homme ordinaire était mort pour laisser place à l’homme véritable, au sens mythique, fait, créé, tout au long des épreuves de l’Initiation, et sous la direction des vieux Initiés, symbolisant les Dieux. Dans notre société moderne, sa nouveauté par rapport aux sociétés primitives, réside dans la volonté de l’homme de se considérer uniquement comme un Etre « historique », et de vivre dans un univers désacralisé. Il est maître de son destin et de sa nature. Cette évolution est liée à l’émergence de la pensée scientifique qui a permis de considérer l’Univers en perpétuelle évolution. Je citerai ici Platon qui dit « mourir, c’est être initié » Nous allons voir comment, au cours de l’Initiation et des deux Elévations, dans les symboles, dans les gestes, les FM que nous sommes, meurent et renaissent : Notre progression graduelle et initiatique, nous fait mourir plusieurs fois sur l’échelle des Grades. Trois m’en sont connus. Avant même de signifier : « commencer, admettre, apprendre, » « Initier » veut dire, dans son étymologie grecque : « faire passer par la mort », et en Maçonnerie, mort du Profane, et de ses valeurs dégradées. Le petit
homme dans la caverne utérine, doit nous rappeler notre première
Initiation dans le Cabinet de Réflexion. Tout comme le nouveau-né, le Profane ne maîtrise pas encore ses sens, ne sait pas s’orienter ce qui explique qu’il ramène tout à lui. A noter que dans le mot « orienter » nous retrouvons la racine latine « Oriens» qui signifie : levant, orient, mais encore, elle est la racine de « origo » qui veut dire « origine » (dans le sens temporel, l’origine des choses, tel le « Jardin d’Eden dans lequel Dieu plaça le premier homme après l’avoir créé, et qui était à l’Orient). C’est aussi le participe présent de « orior » qui signifie : naître, surgir, se lever, paraître… On voit bien ainsi la nécessité non seulement de se lever, mais de le faire à l’Orient, source de Lumière dans laquelle le Franc Maçon prend son origine. Le cheminement du nouveau-né et celui de l’Initié ne sont pas identiques. Si le nouveau-né passe d’un monde unique à l’existence d’un moi et d’un autre, L’initié, comme tout Profane, après avoir pris connaissance qu’il existait deux mondes, celui du « moi et de l’autre », a compris qu’il doit explorer son « moi », en décidant de s’ouvrir au territoire de l’autre. Ce passage entraîne un changement de conscience, une mutation. A l’intérieur du Cabinet de réflexion, le Profane découvrira des symboles évoquant la mort, puis il sera invité à rédiger son « testament philosophique », car à cet instant précis, il va mourir à sa vie profane et se prépare à recevoir la Lumière en tant qu’Initié. Le « sablier » présent dans le Cabinet et dont le sable s’écoule à la verticale, en direction de la terre, tisse aussi un lien entre la naissance et la mort, la lumière et les ténèbres. Ce sablier symbolise le temps matériel qui s’écoule et qu’on ne peut arrêter. Chaque grain de sable qui tombe nous rapproche irréversiblement du jour de notre mort. Le Profane ne sait pas encore que le Coq, placé à l’Orient du Cabinet, annonce la victoire de la Lumière qui fera de lui un Initié, capable de sortir des ténèbres, de ses préjugés et ses idées toutes faites, ainsi que sa naissance spirituelle après putréfaction de ses chairs, symbolisée par le crâne. Le Coq, veillant dans les ténèbres jusqu’à l’apparition du jour, tire les hommes de leur sommeil et veille sur la basse-cour dans le monde profane. Sur un plan symbolique, dans le Cabinet de Réflexion, il tirera le Profane de son sommeil, et veillera sur lui… Lorsqu’il passera la « porte basse », ou qu’il se baissera pour toucher la Terre, le Profane, qui va être Initié, n’a pas encore compris la méthode Maçonnique, et saisi le « mystère » ou « processus initiatique » de la Franc Maçonnerie, mais il aura déjà appris l’humilité. Seul, le Profane ne peut pas passer la porte basse ; il a besoin d’aide et de guides pour le pousser et le tirer. Personnellement, je me souviens du moment où j’ai passé la Porte Basse, les yeux bandés ; J’ai vraiment eu la sensation de passer dans un nouveau monde, fermé, Sacré, très éloigné du monde Profane ! je me suis sentie comme « déconnectée » de l’autre monde, de mon « ancien monde » ! Se baisser, c’est aussi un changement de position mental. Le Profane s’ouvre en laissant place, en lui, à sa renaissance. Il sort de la « matrice » obscure pour pénétrer dans la Loge « mère » (le terme n’est pas innocent). La Porte Basse, c’est aussi la difficulté d’accéder à un autre soi-même, comme une nécessité pour parvenir à l’Initiation. C’est aussi le lieu de passage de l’arrivée d’un être nouveau qui va participer, de l’autre côté, à la transformation du monde. Le bandeau enlevé, la lumière est celle du nouveau-né qui voit le jour. Il devra apprendre le silence de la parole perdue. Laissez-moi vous raconter une petite légende tantrique :« on a tous, plus ou moins, un petit pli vertical qui joint le nez à la bouche.Cette légende suggère que cette ligne est l'empreinte de l'ange. Quand nous étions dans le ventre de notre mère, nous connaissions tout sur l'univers et ses secrets.A notre naissance, la première chose que nous aurions voulu faire, c'est de tout raconter à nos parents. Mais un ange serait venu placer un doigt sur notre bouche et aurait fait « chut ».Il nous aurait demandé de nous taire et nous aurions tout oublié.Il paraitrait que ceux qui ont une ligne très marquée sont ceux qui ont insisté pour parler et que l'ange a dû appuyer un peu plus fort ! »… Le nouvel Initié apprendra pourquoi nous sommes voués au silence : « nous ne savons ni lire ni écrire », donc pourquoi parler. Ecoutons et Apprenons d’abord. Sans doute, est-ce aussi un héritage du Moyen Age, où seule pratiquement, existait la tradition orale, due aux conditions de l’époque. Il n’y avait que peu d’imprimerie, les textes n’étant par conséquent pas accessibles à tous. L’architecture serait encore restée ésotérique sans l’intervention de l’imprimerie. La transmission des principes et des procédés par « Initiation » professionnelle était donc une nécessité. En outre on imagine bien que le « Je ne sais ni lire ni écrire…» de l’apprenti n’était pas seulement symbolique à cette époque !... Le silence encore, est une discipline qui nous permettra de trouver le silence intérieur, nécessaire à notre introspection, en allant chercher au plus profond de nous-mêmes, dans ce lieu, et ce lieu seulement, en suivant le fil à plomb, la « Pierre Cachée », cette vraie parole, la parole Initiatique, contrairement à celle imparfaite du profane. C’est après ce silence dans le sein de la terre (terre-mère) qui nous « accueille » que le grain qui nous protège, nous prépare à notre future germination, notre élévation, et notre naissance spirituelle. Lorsque le Vénérable Maître, au pied de l’Orient, attend le néophyte qui aura gravi les « Trois Marches » (signe d’élévation mais aussi de descente) il lui donnera « la Lumière » en prononçant la formule rituelle « je te crée, etc…. », c’est bien là une parole créatrice, donneuse de Vie, car cette première Initiation est une nouvelle Naissance. Puis l’Apprenti que nous sommes, passe au grade de Compagnon : A l’Apprenti s’est substitué le néophyte, comme si l’Initiation initiale n’avait rien apporté ! Après le silence préparatoire, il nous faut redécouvrir, grâce au langage, et toujours avec prudence, le Verbe, c’est à dire : la création, l’action. Lors de cette deuxième Initiation, c’est l’Univers entier qui est offert à l’étude du Compagnon. Invité à « apprendre à se connaître lui-même », il est maintenant appelé à comprendre et à accepter l’Autre dans son altérité. Il est convié à s’imprégner du savoir humain, sur tous les plans : scientifique, philosophique et métaphysique. Le rituel d’Initiation du Compagnon comporte également de nombreux éléments symboliques, qui sont autant de repères qui lui permettent de ne pas s’égarer ; ils sont les outils de sa quête. Il va ainsi percevoir l’harmonie des mondes, car il lui a été donné une vision lui permettant de concevoir l’édifice dans son ensemble. Il rencontrera à nouveau des portes, des marches qu’il devra franchir et des obstacles qu’il devra surmonter. - puis, l’Etoile Flamboyante, frappée de la lettre « G », qu’il tracera lors de ses cinq voyages, et dont il trouvera le cartouche de la Glorification du Travail, à l’Orient du Temple, qui est une autre Lumière, complémentaire à celles du Soleil et de la Lune. Chaque Compagnon doit en être porteur, car cette Lumière qui va le guider, est le fruit du travail intérieur de l’Initié qui accèdera à l’état de régénérescence. Lorsqu’il aura formé l’Etoile à 5 branches, en son Centre, le « Trois » sera révélé par le « Cinq », et ce Centre, est en fait le secret de l’Etoile. C’est aussi le « chemin de Thot » (3), appelé encore « Porte de Feu » (4), où il se régénèrera, car ce Centre met en marche l’Univers et les mondes, la première division du « Un » qui donne le « Deux », puis le « Trois » (qui rassemble ce qui est épars), et la suite des Nombres de création, donneurs de vie ou de nouvelle naissance. Le « 5 » est un symbolisme commun à plusieurs traditions. Dans l’Hindouisme, il est le nombre qui détruit pour faire renaître. Il est aussi le nombre de l’alliance de la Terre et du Ciel, et on peut aisément comprendre qu’il participe à la croissance, à la germination, à la levée. L’Etoile Flamboyante s’inscrit dans un pentagramme (non flamboyant), qui, lui-même, s’inscrit dans un lien invisible, le Cercle, figure parfaite, signifiant que le corps de l’Homme est le symbole de l’homme parfait. C’est aussi
le symbolisme de la Croix, point de rencontre entre le « haut
et le bas ». Ainsi, le chemin du Compagnon est un cheminement constant dans l’espace et le temps, qui le ramènera toujours au centre, qu’il aille du Nord au Sud, d’Est en Ouest, du nadir au zénith. Il aura appris, avec toujours beaucoup d’humilité, qu’il doit rectifier son « cœur d’homme », dans son voyage jalonné d’étapes, d’épreuves, afin d’arriver, préparé, à l’épreuve ultime de sa rencontre avec la mort. (3) THOT : Dieu égyptien (à la tête d’Ibis), Maître de la Sagesse, de la Connaissance, de la parole et du temps ; assimilé au Dieu Grec HERMES, Dieu de la Terre et du Royaume souterrain où il conduit les âmes ; Dieu de l’échange, des routes et des carrefours. (4) rayonnement lumineux Il faut savoir que certaines cathédrales ont un vitrail représentant l’Etoile à cinq Branches ; elles l’ont situé sur la façade occidentale, point cardinal du Jugement dernier, où se dresse, symbolique, « la porte des enfers ». Cela signifie une fois encore, que sans volonté de changement de direction, de franchissement d’obstacles, d’épreuves, de rectification de ses défauts et de son « moi », il n’y aura pas de « passage », de rencontre avec la Lumière, ni d’élévation possible. - il sera enseigné au Compagnon, le mot de passe « Shibbolet » (ou épi de blé, ou fleuve), qui constituera le « mot de passe » qui permettra de passer du 1er au 2ème degré. Il signifie que le grain qui pourrit, doit faire naitre un nouveau germe qui va sortir de l’obscurité de la terre pour découvrir la lumière du soleil qui le fera grandir, et lui permettra d’essaimer pour se multiplier. De même, la Lune, située à l’Orient, symbole du temps et du rythme de la vie (le croissant est la partie éclairée visible pour nous, qui va croître et retourner à l’origine), contrôle la fécondité du sol et la prospérité de la végétation, mais rappelle au Franc Maçon, sa condition mortelle. Ainsi, le Compagnon qui aura atteint la maturité par le fruit de son travail, accèdera à la croissance de l’état spirituel qu’il devra toujours cultiver. On constate bien que L’Initiation et le temps du Compagnonnage concourent toujours à la mort puis à la Renaissance. A chacune de nos Initiations, au fur et à mesure de nos découvertes qui se révèleront sans doute, parfois négatives, il nous faudra prendre de nouvelles résolutions afin de vaincre nos défauts, et repartir sur des bases nouvelles, car enfin, le Compagnon que nous sommes devenus, est-il pour autant parfait ? L’Elévation à la maîtrise : Le Temps initiatique du Maître est venu ! Le récipiendaire qui est encore Compagnon, est convié à revivre un drame. L’Assassinat d’Hiram par les trois mauvais Compagnons, forme la trame de la Cérémonie d’élévation, L’espace initiatique qui a été créé, préfigure la mort, tels que notamment : la pénombre du lieu, le noir des ténèbres, la tête de mort, les ossements, et le cercueil (qui a la forme d’un pentagramme), qui reste l’élément central. Le Compagnon sera forcé à effectuer une « marche à reculons » d’Occident en Orient. Mis en situation de se retourner, il ne pourra plus reculer, si ce n’est pour se tourner dans une nouvelle direction, une nouvelle dimension, un nouveau plan qui le fera passer de l’horizontalité à la verticalité, de l’Equerre au Compas. Il ne s’agit pas d’un recul, mais de revoir son passé, songer à ses fautes et ses erreurs, et à prendre du recul vis à vis de soi. Puis, ce Compagnon mourra car on lui fera revivre, symboliquement, la mort d’Hiram, une première fois en assistant au meurtre d’Hiram, puis ensuite, en étant lui-même Hiram, signifiant que nous devons mourir à nous même pour ensuite renaitre en un nouvel Hiram. Hiram est le symbole de l’Homme de valeur, empreint de sagesse, intelligence et savoir. Malgré les persécutions, il emporte la victoire sur ses faiblesses et ses passions. Il incarne ainsi la perfection humaine. La vérité triomphe toujours, et celui qu’on a cru abattre, naît un jour à une vie nouvelle et meilleure. Les trois Compagnons, responsables de son meurtre, ont agi en abusant de leurs outils, par dogmatisme, intolérance et ambition, dont les causes sont l’ignorance, la faiblesse et l’orgueil, que l’on désigne comme étant « L’Ignorance, le Fanatisme et l’Ambition ». Or, dans la Cérémonie d’Elévation, ce sont les Trois Lumières, donc des Maîtres, qui vont tuer le récipiendaire, afin de montrer qu’ils sont encore habités par ces vices, et l’on comprend ainsi que ce n’est pas le Grade qui importe, mais bien le niveau de conscience, nous ramenant sur le plan de la Verticalité. Cette agression symbolique représente les épreuves que le Maçon doit affronter seul. Tous ces vices doivent être combattus chaque jour, car c’est en quittant ses passions destructrices que le récipiendaire pourra renaître dans un nouvel état de pureté, exempt des défauts qui l’empêcheraient de continuer son chemin Initiatique. Lorsque l’on lui fera faire les « 3 pas » par-dessus le cadavre d’Hiram, en direction de l’Orient (entre l’Equerre et le Compas, passage de la Terre au Ciel, de la dimension horizontale à la dimension verticale), cela aura une signification forte, symbolisant trois temps : la naissance corporelle (le cercueil peut sans doute évoquer la caverne utérine et donc dans cette symbolique, la terre nourricière), la mort initiatique (à soi-même), et la nouvelle naissance, spirituelle celle-là (naissance de l’esprit, symbolisée d’ailleurs par le crâne, car c’est à l’intérieur du crâne que se trouve le cerveau, siège de la conscience et de la spiritualité). La mort symbolique par laquelle le Compagnon passe, et dont il sera relevé par le Vénérable Maître, qui constitue la plus solide poignée de main qui soit, le plus sûr secours extérieur, signifie la mort « morale » dans laquelle git celui qui est esclave de ses vices (préjugés, erreurs, jalousie, intolérance) et de ses passions. Cependant, il aura toujours la possibilité de se relever, car c’est le relèvement de la sagesse qui est en lui. Il sera ainsi, arraché du tombeau, en passant du plan horizontal au plan vertical, préservé de la chute, et rendu à la vie, car le VM, seul, peut faire passer l’énergie vitale, source de Régénération et de Renaissance, en le faisant passer de l’Equerre au Compas. Les « cinq point parfaits » de la maîtrise qui auront permis au Vénérable Maître de le relever, seront aussi enseignés au nouveau Maître, et lui apprendront qu’ils feront leurs preuves dans les moments les plus douloureux, et qu’il devra répondre aux signes de détresse de tous les hommes, quels qu'ils soient, pour le bien de l’Humanité. Tout comme dans le Cabinet de Réflexion, lorsqu’il était Apprenti, et qu’il a du « apprendre à mourir », le nouveau Maître, n’est pas seulement invité à réfléchir de manière abstraite à la mort, mais « à passer par la mort », qui va aussi le marquer aux niveaux psychologique et spirituel. La recherche du tombeau d’Hiram, c’est aussi la recherche de la Lumière et la Parole Perdue que l’on cherche sans relâche, car c’est à l’ombre de l’acacia que se trouve la sépulture, mais aussi, repose la Lumière et la Connaissance. L’acacia est le seul vestige de la vie disparue, annonçant la vie, par son feuillage vert. Par ses racines, il représente l’un des pôles de l’axe du monde souterrain, et par ses branches, il communique avec le « haut ». L’acacia nous assure aussi que la chaîne vitale allant de la mort à la régénération, ne s'interrompra jamais. Cette parole perdue, a déjà été perdue en punition de notre orgueil au moment de la folle entreprise de la tour de Babel, qui symbolise la relation « idéale » entre la Terre et le Ciel, la Verticalité et la hauteur, mais aussi des erreurs de l’homme, car le chemin intérieur pour rejoindre le Céleste, est bien plus compliqué qu’il n’y paraît. En effet, les hommes voulaient qu’elle touchât le Ciel afin de permettre aux Dieux de descendre sur Terre. Cependant, La symbolique a varié au cours des temps, et selon les religions. Dans la Bible (Ancien Testament – la Genèse), Dieu serait descendu sur Terre pour voir la ville et la tour qu’ils construisaient, et aurait brouillé les langues, de manière à les empêcher de faire tout ce qu’ils avaient projeté. De même, il les aurait dispersés sur toute la Terre. Néanmoins, la volonté du Franc Maçon sera éclairée par le symbole de la Tour de Babel qui lui servira de guide, car : - tout d’abord, elle sera le liant entre les deux Univers (le Supérieur et l’Inférieur – le conscient et l’inconscient). Pour communiquer entre ces deux mondes, il faut gravir les étages mais savoir ensuite les descendre, comme un symbole de l’action, notre Travail premier. Les descendre aussi pour se souvenir de notre chemin initiatique, nos devoirs et nos engagements, - ensuite, le sommet de la Tour lui permettra de voir et de découvrir ce qui l’entoure, en prenant de la hauteur par rapport à sa base (qui en l’occurrence, est le point de départ, l’origine, symbolisés par la matière). Plus il va s’élever dans les étages, plus il va prendre du recul par rapport à son environnement, et comprendre de nouvelles choses ou symboles. Il devra croître en esprit et non pas en matière. On peut retenir également l’idée qu’il est bien difficile de faire marcher ensemble une foule d’individus, sans utiliser une référence transcendante. En l’occurrence, le symbole paraît être le langage universel, qui amènerait ou ramènerait à l’unification. Si Babel représente la démesure, il est intéressant de constater que la confusion des langues, a paradoxalement permis aux Francs Maçons, de se redécouvrir au-delà de l'obstacle linguistique, par l'échange de signes, attouchements, et par le partage commun de valeurs, qu'il n'est pas besoin d'exprimer par des mots. La
« Chaîne d’Union » qui a été brisée avec la mort
d’Hiram, se reformera en Loge, sous le signe du secret (lorsque l’on
fait circuler les mots annuels), et nous permettra ainsi de retrouver
la parole. La Maîtrise n’est pas une « ligne d’arrivée », et il ne suffit pas de payer ses Capitations pour être un bon Franc Maçon. « Etre debout » ne suffit pas non plus. Il faut être en marche et pouvoir agir. Ayant en main tous les outils permettant d’accéder à une mutation profonde, et ayant développé nos connaissances à divers degrés, se pose pour nous la question de savoir si nous avons changé, en s’appuyant sur nos seules forces, par détermination, raisonnement et volonté, sachant que le caractère et les habitudes sont instinctifs, et si nous sommes aptes à transmettre. Seule la Fraternité, notre relation à « l’autre » dans le « huit-clos espace-temps », le rituel et le symbolisme comme langage universel, peuvent nous éclairer sur ce que nous sommes réellement, nous éveiller, nous soutenir, dès lors bien sûr, que l’on aura compris la nécessité d’établir un contrat permanent à la rencontre de soi, pour s’approcher au plus près de la Vérité, par le biais d’interminables « montées et descentes ». Notre chemin est faits de devoirs, de questionnements, de remises en question, mais aussi de décisions réfléchies et lucides. Nous devons être fiers de défendre des valeurs, des causes. Nous ne devons jamais oublier notre engagement à comprendre, être sincère avec soi et dans sa relation avec les autres, progresser pour être apte à transmettre, en trouvant du sens pour en donner, ceci avec amour, humilité, et dans le respect de la tolérance, pas seulement dans le Temple, mais hors du Temple. Et comment passer des principes aux actes ? Dans chacune de nos paroles, de nos actions, chacun de nos gestes. Un sourire, un regard bienveillant, peuvent illuminer une journée ; une parole malveillante, blesser une vie. Mais une autre peut éveiller une conscience. En quelque sorte, il ne faut pas rester « à coté du chantier » ! Je finirai
par cette réflexion sur le Tikkum Olam (enseignements les plus
importants de la tradition Juive) : J’ai dit, V\S\ |
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