Obédience : NC Loge : NC Date : NC


L'élévation : renaissance ou résurrection ?

Tout d'abord, définissons ces 2 termes : d’après le petit Robert, la renaissance est définie comme une réapparition ou un nouvel essor, comme un renouveau.

On peut le définir et le ressentir au sens moral.

La résurrection est un retour de la mort à la vie, on évoque plus le sens physique par ce terme. Déjà dans la question du titre apparait une dualité que nous allons voir plus loin et essayer d'approfondir.

Rappelons maintenant ce qu'est l'élévation : cette cérémonie marque le passage du Compagnon Maçon au grade de Maître Maçon. C’est le passage au 3ème Grade.

1 L’élévation

Comme pour l'initiation, elle se déroule en 2 phases distinctes : - une phase dans la chambre de réflexion, puis une phase ou`la cérémonie proprement dite se déroule dans le temple.

L’Aspirant est dans un 1er temps laissé à méditer dans la chambre de réflexion, pendant ce temps le Temple est préparé pour l'élévation et prend alors le nom de Chambre du Milieu.

Le Vénérable devient le Très Respectable et tous les Maîtres de la Loge sont appelés Vénérables Maîtres.

Pendant que le Récipiendaire se trouve dans la Chambre de Réflexion, il y a un dernier vote pour confirmer l'aptitude du frère Compagnon à être appelé dans la Chambre du Milieu, pour commencer l’élévation.

A ce moment là, le Temple est aménagé de manière à recevoir l’Aspirant. Les travaux sont suspendus.

La sépulture du Maître Hiram est reconstituée : le dernier Maître élevé est étendu sur le Tableau de Loge, tête à l’Occident, pieds à l'Orient.

9 Maîtres nommés participent à l’élévation et se placent autour du cercueil reconstitué.

L’espace est toujours sacré. Les travaux reprennent puis le très Respectable éteint le chandelier à 3 branches et le Maître des Cérémonies éteint les 9 Lumières des 3 Piliers dans le sens Soleil, Lune, Maître de la Loge. Puis les Surveillants éteignent leur étoile sur leur plateau. Le Très Respectable en retirant la Lumière désacralise l’espace, le chaos règne.

La Lumière persiste toujours par la veilleuse rouge et par une lanterne sourde posée sur l’autel du Respectable.

Les Officiers se placent sur les colonnes, désorientant ainsi l’espace.

L’espace est donc désacralisé, désorienté et la sépulture du Maître Hiram est reconstituée.

A ce moment là, l’Aspirant est appelé. Il frappe en Compagnon, montrant son désir de s’élever au grade supérieur.

Avant de l’introduire dans la Chambre du Milieu, on lui demande les dernières formalités :

- ses qualités civiles, professionnelles,
-ses qualités maçonniques, à savoir son grade, ses aptitudes au travail sur la pierre cubique et au maniement des outils.

On lui demande aussi s’il n'a rien à se reprocher sur les serments précédemment contractés et s’il est disposé à remplir les devoirs d’un Maître Maçon.

Devant la réponse affirmée du Récipiendaire, les portes du Temple lui sont ouvertes, mais la suspicion règne à son égard.

Le Compagnon est introduit, dos tourné vers l’Orient, et on lui fait faire 2 voyages, dos tournés vers le Tableau de Loge, en lui posant de multiples questions.

Un 3ème voyage se fait comme les autres mais face à la représentation.

On le presse de questions sur le complot qui a induit la mort du Maître et devant son apparente innocence la symbolique de l’élévation lui est communiquée :

- la légende de la construction du temple de Salomon avec le Maître HIRAM, chef du projet.

- l’attaque des 3 mauvais compagnons qui voulaient une paye meilleure et qui agressent le MAITRE pour lui faire avouer les signes, paroles et attouchements du grade de Maître pour obtenir ce salaire.

Le frère Récipiendaire est alors symboliquement frappé par les 3 Maîtres désignés puis il est alors couché à la place du dernier Maître élevé, la tête à l’Occident et les pieds à l’Orient.

Le Très Respectable rallume son chandelier et le Maitre des Cérémonies les 9 bougies des 3 Piliers.

L’espace est alors resacralisé.

La suite de l'élévation continue avec, après la mort du Maître HIRAM, la recherche du corps par les autres Maîtres, au nombre de 9.

Puis arrive la découverte du corps, auprès d’un monticule de terre fraichement remuée, avec une branche d’acacia posée à cet endroit.

Les frères 1er et 2nd Surveillants, par l’attouchement d'apprenti puis de compagnon tentent de relever le corps mais rien n’y fait.

Alors, le Respectable Maître, aidé de ses deux surveillants relèvent le Récipiendaire, en lui donnant l’accolade par trois et la parole substituée : MAC BENAHH (la chair quitte les os).

Le Récipiendaire, comme lors de l'Initiation prête l’Obligation, en jurant et promettant sur le V\ S\ L\, devant le G\ A\ D\ L\ U\, de ne rien révéler à aucun Apprenti, ni Compagnon ou profane de ce qu’il a vu.

Le mot sacré, le mot de passe, le signe et l'attouchement de Maître lui sont révélés et le nouveau Maître commence alors son travail.

2 La renaissance ou la résurrection ?

Donc, lors de l’élévation, que se passe t-il ?

Dans un 1er temps, le Maître HIRAM, architecte de la construction du Temple de SALOMON est tué par 3 Compagnons avides qui caractérisent  les trois péchés de la vie profane : L’orgueil, l’envie et l’avarice.

Il est frappé par trois fois :

- par la règle à l’épaule, caractérisant la mort physique.

- par le levier à la nuque, symbolisant la mort morale.

- et par le maillet au front, la mort spirituelle.

Cette « triple » mort permet, par substitution du frère Compagnon au Maître HIRAM, d’effectuer une régression intérieure.

Le Compagnon, se retrouve « mort », allongé, sous les coups bas assénés par le monde profane.

La résurrection du récipiendaire, aidé par le Respectable Maître et ses 2 Surveillants permet de repartir a zéro mais dans une autre dimension.

Après avoir travaillé avec ses outils sur la pierre brute puis sur la pierre cubique le compagnon au bout d’un certain temps n’avance plus, il reste au stade opératif.

Cette « mort » matérielle permet de le renforcer et de lui faire aborder un autre plan. Après le passage du monde profane à l’initiation et du grade d’Apprenti à celui de Compagnon, donc passage d'un plan social à un plan moral, la résurrection permet au Récipiendaire d’aborder le plan spirituel.

Dans un 2éme temps, le Compagnon passe de l’équerre au compas : d'une position allongée, il passe à la station debout.

L’équerre, association du niveau et de la perpendiculaire symbolisant les deux premiers grades et les deux premiers plans sociaux et moraux.

Le compas par la modification d’ouverture de ses bras symbolisant le plan spirituel, l’accès au monde sacré, au Divin.

Le Compagnon, après avoir travaillé avec ses outils sur la pierre brute puis cubique devient par cette élévation Maître à penser, il acquiert « la dimension au dessus », l’accès au plan spirituel, sacré symbolisé par le compas.

Ce passage au plan spirituel s’explique par l'exemple des bâtisseurs de cathédrale : les apprentis maçons et compagnons avec leurs outils respectifs taillaient et modelaient des blocs de pierre pour ensuite les assembler cote à cote. Mais, sans l'intervention du Maître à penser, l’ouvrage ne restait que de la maçonnerie traditionnelle ; ce dernier par son intervention et sa spiritualité guidait les ouvriers de manière à, par l'assemblage des pierres cubiques, construire ces magnifiques édifices que sont les cathédrales.

Le Maître, par sa connaissance du plan spirituel guidait apprentis et compagnons pour donner tout le sens sacré et divin, a ces édifices.

Je pense qu'il y a bien une résurrection, lors de la mise en scène de la mort du Maître HIRAM, mais que celle - ci est accompagnée d'une renaissance dans un monde plus spirituel, pour l’élaboration du maitre intérieur.

La renaissance vient de l'acquisition d’une dimension nouvelle, après être passé du plan social au plan moral, on accède au plan spirituel.

Ce nouvel état (nouvel essor selon la définition) n’est pour autant pas un but atteint, ce n'est qu'une étape. En effet, le Maître se doit de transmettre son savoir aux Appr. et Comp. et les aider dans leur quête. Il se doit aussi une attitude exemplaire et essayer d’appliquer la devise.

« Etre maçon toujours et partout »

La MAITRISE n'est pas une fin en soi mais un nouveau départ, sur le plan spirituel, pour poursuivre l'élaboration du Temple Intérieur selon son Maître Intérieur. De plus, l'accès au 3ème grade permet d'acquérir, comme nous l’avons vu, une nouvelle dimension permettant par les Hauts Grades de s’élever spirituellement à la construction du Maître Intérieur.

Moi-même, lors de mon élévation, sans être vraiment angoissé quant à l’issue de la cérémonie, j’ai été déstabilisé par les questions suspicieuses posées.

Qu’avais-je fais pour autant de doute à mon égard ? N’avais je pas assez travaillé, pas été assez assidu, pas assez donné, pas assez œuvré avec mes outils sur la pierre cubique ?

Ce doute m’a permis un vrai retour en arrière, il est vrai qu’étant Comp une certaine lassitude et une certaine routine intellectuelle s’étaient peut être un peu installées.

Ce doute, et ce retour en arrière spirituel (symbolisés par les 3 péchés des 3 comp) permettent, je le pense, de mieux rebondir et d’aborder la maitrise avec plus de sérénité, de recul et surement plus de spiritualité.

Les 3 voyages, dont 2 le dos tourné au Tableau de Loge, les questions suspicieuses posées, cette mise en scène de mort physique sont autant d’éléments qui, sans semer le doute, permettent de prendre conscience de l’utilité d’aborder un autre plan, celui du spirituel, du sacré.

Ce passage de l’équerre au compas, permet donc d’évaluer le passage du monde terrestre, matériel au monde spirituel, divin.

Cette « mort » symbolique, suivie de cette « résurrection », pour ce nouvel essor sont bien la définition même de l'élévation. Et ce n’est donc pas renaissance ou résurrection mais résurrection et renaissance qui caractérisent l’élévation.

Conclusion

Avec cette planche sur l'élévation et cette définition par, j'espère avoir réussi à vous montrer mon idée sur le sujet.

De même, qu’en abordant la Maîtrise, comme un grade qui n'est pas le 3ème et le dernier, mais comme le début d'autres (dits les hauts grades), j’espère avoir montré que non seulement le travail de recherche du Maître Intérieur dans un plan spirituel était la suite indispensable des travaux en Loge mais que le Maître se devait de transmettre aux autre frères Comp et Appr son savoir et les guider dans leur quête.

Le Maître se doit d’évoluer dans les 3 plans : le social, le moral et le spirituel.

Les plans social et moral sont son approche aux autres et avec les autres alors que le plan spirituel est son travail intérieur d'élaboration du Maître Intérieur.

J’ai dit, respectable maître.

G\ S\


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