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Job

Job.... Qui es-tu ?
Sommes-Nous Toi ?
Job, Mon Frère ?
Rappelons nous le Livre de JOB dans l'Ancien Testament.
Qui est JOB, un très riche éleveur, déjà vieux, ayant tout pour être heureux : une femme, des enfants, des petits enfants, une bonne renommée, une parfaite santé, et surtout, une « Religion » forte.
Et voilà que tout ce qui fait ce bonheur s'écroule en quelques heures.
Ses enfants sont tués, il est ruiné, il est atteint de la plus répugnante des maladies, la lèpre et les ulcères.
C'est à ce moment-là vraiment que commence le Livre de JOB, l'histoire de JOB, qui est en réalité une grande histoire d’« Amour ».

V\M\, et V\T\M\FF\,
Permettez-moi ce soir de vous parler de cette histoire, un peu à ma façon.
Permettez-moi de vous inviter à découvrir, le « Martyre » de cet homme, de ce Sage, dont le récit, partagé entre l'allégresse et la souffrance, va conduire le « Juste » jusqu'au fou qui se cache en lui...au fou de Dieu !

Qui est Job ?
Quelle est cette allégorie qui nous est racontée par les Ecritures ?
JOB, appelé « AYOB » ou « EYOUB » dans l'Islam, « IYOB », chez les hébreux,
Est un homme, un simple mortel, un contemporain des Patriarches, héros d'une tradition sémitique probablement antérieure à celle d'Israël.
Il serait né en terre d'Outs, au Pays d'Edom, région approximativement située au sud-est de la Mer Morte.

Alors qu'il se trouve au comble de la prospérité, il assiste impuissant à la disparition totale de ses biens, à la mort de tous ses enfants, puis dans sa propre chair, il est frappé par la pire des souffrances.
Du fond de sa suprême misère, pauvre, recouvert par la lèpre, installé sur un monticule de « Poussière », et un tas de « Cendres », il gratte ses plaies à l'aide d'un tesson. En cet instant JOB exprime d'abord sa résignation, puis, auprès de trois des ses amis venus le consoler, (ELIPHAZ - BILDAD et SOPHAR, auxquels viendra se joindre le jeune ELIHOU), il exhale son amertume, gémit sur ses souffrances, et clame son tourment face à la persécution « imméritée ». Il se plaint de l'apparent abandon et du silence de Dieu.
La réponse de YAHVE, si vigoureusement sollicitée, clôt ce dialogue engagé avec ses visiteurs. JOB, dès lors, s'en remet tout entier à la volonté du Tout-Puissant.

La fin de l' « épreuve » arrive enfin, et JOB retrouve beaucoup plus que ce qu'il avait naguère reçu : santé, fils et filles qu'il avait perdus, mais aussi serviteurs et troupeaux deux fois plus nombreux qu'auparavant.
Cet homme verra ses descendants jusqu'à la quatrième génération, et, aux termes même des Ecritures, c'est « rassasié de ses jours » qu'il mourra dans sa 140ème année.

VM\, M\FF\M\ M\FF\,
Reposons-nous la question : Qui est vraiment JOB ?
Est-ce simplement celui qu'on oppose à l'ECCLESIASTE, celui qui croit que tous les bienfaits ou tous les malheurs qui nous frappent sont l’Œuvre de Dieu, bienfaits et malheurs qu'il convient de considérer et d'accepter, comme la juste rétribution de nos mérites ?
Est-ce seulement un « homme parfait », « droit », « craignant Dieu et se détournant du mal », confronté à l’œuvre de l' « Adversaire » à « Satan », et qui, ne cédant en rien aux sollicitations de sa femme et de ses amis venus le plaindre, manifeste sa foi inébranlable en Dieu ?
Est-ce l'homme qui sert Dieu gratuitement, qui ne sert Dieu que pour Dieu, et non pas pour recevoir ses bienfaits.

S'agit-il d'un sage, qui pense que Dieu exerce sa vengeance sur l'homme, et le punit de son silence, pour l'inviter, en quelque sorte, à s'interroger sur sa propre vie ?
Ou bien s'agit-il d'un Etre, pénétré du sens de la vanité, et de l'absurdité des choses, qui perçoit que « son existence est comme une corvée », « comme une journée de manœuvre », « comme un souffle », c'est-à-dire comme quelque chose d'éphémère ?

Avons nous à faire à un homme pourvu de toutes les richesses, pieux et respectueux de la Loi divine, qui s'aperçoit enfin qu'il n'a gagné que du néant, ou bien simplement à un « JUSTE », perdu dans la souffrance, et en apparence mutilé par la loi qui l'a rendu juste.
Alors mes Frères ? Ici, dans ce Temple dûment couvert, nous qui travaillons de Midi à Minuit, devons-nous seulement et simplement nous contenter d'écouter l'Histoire transmise par ce récit biblique, ou bien, devons-nous nous interroger plus avant, sur la véritable dimension de JOB, sur le sens de sa souffrance, sur l'attitude et la nature du discours de ses visiteurs ?

Une partie de notre démarche, n'est-elle pas située dans la recherche de la profondeur des Ecritures, et dans l'analyse du contenu ésotérique de ce récit ?
Ceci mes Frères est l'objet de mon travail de ce soir.
Je l'ai accepté avec un enthousiasme quelque peu naïf, sans me rendre réellement compte de l'importance de ce chantier, qui dépasse largement le champ de mon savoir, mais surtout, celui de ma connaissance.
Aussi par avance, je réclame votre bienveillance et votre indulgence, vis à vis de cette planche, par définition incomplète, par nature difficile, et dont la forme, si ce n'est le fond, risque parfois de surprendre certains Frères de notre Atelier.

Qui est véritablement JOB ?
Si non que l'image de chacun de nous lorsque nous souffrons.
Ce qui nous importe alors, ce n'est pas tant la souffrance, mais le fait de savoir pourquoi l'on souffre ?

Revenons pour quelques instants sur le récit biblique qui nous parle d'un dialogue entre JOB, au comble de la misère, et ses trois vieux amis accourus pour l'assister.
On y distingue trois cycles de discours. En chacun d'eux, JOB lui-même, et ses trois amis prennent tour à tour la parole.

JOB d'abord, pour s'élever contre les souffrances qui lui sont infligées alors qu'il s'estime aussi innocent qu'un humain peut l'être, les trois autres, pour affirmer que : s'il souffre, c'est qu'il a péché.
Nous retrouvons là, l'idée de la rétribution des bons et des méchants selon leurs mérites, tant de fois proclamée par les Ecritures.

Vient ensuite le long monologue d'un personnage inattendu, ELIHOU, qui, se mettant en colère, donnant tort à tous, s'efforce d'expliquer notamment la souffrance, permise ou voulue par Dieu, pour son rôle formateur au bénéfice de ceux qu'elle éprouve.
Quelle est cette souffrance qu'il faut se garder d'assimiler à une souffrance ordinaire, à celle de l'homme meurtri dans sa chair, ou bien dans son esprit ?
Quelle est cette souffrance, en apparence indolore ?
Si non que la souffrance initiatique, celle de l' « Initié », dépouillé de ses métaux, pauvre comme JOB, entreprenant son voyage vers ses ténèbres intérieures.

Car nous le savons bien tous, il ne peut pas y avoir de véritable démarche initiatique : Sans dépouillement, sans la mise à mort du vieil homme, celle de l'homme vulgaire, rien ne peut se réaliser sans cette marche à reculons, sans ce retour vers l'origine, ou plus exactement, vers la poussière originelle dont nous sommes tous issus.
« CAR TU ES POUSSIERE, ET TU RETOURNERAS VERS LA POUSSIERE »...nous disent les Textes.
Dans ce : « RETOUR A LA POUSSIERE », nous ne devons pas voir l'homme dans sa forme corporelle, c'est à dire celui qui meurt à l'existence, et retourne à la terre.
Ce passage des Ecritures, est souvent mal traduit, et la plupart du temps, interprété au sens littéral.

Quand la genèse dit (Gen. 2, 7) :
« LE SEIGNEUR DIEU FORMA ADAM DE LA POUSSIERE DE LA TERRE ».
Il ne faut pas prendre le mot « POUSSIERE », comme un qualificatif de la « TERRE », mais considérer que la « POUSSIERE » désigne bien ici, l' « ADAM », c'est-à-dire : l' « HOMME PREMIER », le « PRINCIPE ».
Le texte hébreu est très net :
« ET - YAHVE ELOHIM - FORME LE ADAM POUSSIERE TIRE DE LA ADAMAH »...
« ADAMAH »... Cette « terre », celle d'où l'homme à été pris, celle qui n'est rien d'autre que sa nature première.
Dans cette perspective, le terme « POUSSIERE » exprime l'aspect multiple de l'ADAM, celui de l'humain, dans sa multitude non accomplie, non fécondée, ou plus précisément, dans sa multitude non ordonnée.
Nous saisissons là, le fil d'Ariane de la démarche initiatique : cette notion du « non accompli », qu'il nous appartient d'accomplir et d'ordonner, de mettre en « ORDRE », pour conquérir l'UNITE.

Averti des malheurs qui le frappent, JOB, en déchirant ses vêtements, en se rasant la tête, ne fait que se dépouiller de ses métaux.
Il se confond avec la « POUSSIERE », ou plus exactement il tente d'épouser « SA POUSSIERE » (son coté non accompli, non ordonné), afin de commencer sa nécessaire descente en lui même, et entamer la marche du retour, vers son intériorité.
Cette véritable descente aux enfers, cette visite du « Cabinet de Réflexion », ce retour symbolique aux entrailles de la terre, (qu'il nous est demandé de visiter pour y découvrir la « PIERRE CACHEE »), cette « MISE A L'ORDRE », ne peuvent pas s'effectuer dans la légèreté et l'insouciance.
Il s'agit là d'une démarche douloureuse, et d'un combat violent, qu'il nous appartient de mener à bien, à l'aide de nos « glaives ».
Le caractère dramatique du récit de JOB, et de ses souffrances, nous le démontre amplement.

Il est souvent dit que DIEU ne répond pas à JOB. C'est une erreur.
JOB pose des questions à DIEU, et DIEU pose des questions à JOB, en fait, l'homme interroge DIEU et son silence, et DIEU interroge l'homme en le réduisant au silence.
La démarche initiatique peut être, et sans doute doit être, cette interrogation, ce questionnement en apparence muet, où JOB s'accomplit, dans l'inaudible silence de Dieu.

Le JOB de la fin du Livre ne peut plus être celui du début.
Tout comme Moïse qui retourne vers les ténèbres de l'Egypte, celle de son « Egypte Intérieur », afin de réaliser sa « Pâque », c'est-à-dire, se libérer, et commencer son cheminement vers le Verbe de Dieu, JOB vit l'expérience des ténèbres. Il sortira du labyrinthe, radicalement transformé par ses « souffrances ». Initialement, il ne connaissait Dieu que par ouï-dire, à présent, il en a acquis la vision :
Il s'écrie :
« MON OREILLE AVAIT ENTENDU PARLER DE TOI, MAIS MAINTENANT MON OEIL TE VOIT,
C'EST POURQUOI JE SUIS FONDU, ET JE ME REPENDS SUR LA POUSSIERE ET SUR LA CENDRE ».
« Poussière et Cendres », ne sont pas ici, des mots considérés comme fortuits et anecdotiques.
La « Poussière » (APHAR en hébreu), est l'aspect non encore accompli de l'homme premier. (Dans APHAR nous trouvons la racine « RA », qui en hébreu veut dire : le mal - l'inaccompli - le tout est possible).
 
Dans sa phase active, la « POUSSIERE – APHAR » devient la « CENDRE – EPHER », même racine, explicitant la démarche qui s'est accomplie.
La finalité en sera « OPHIR », signifiant l' « Or ».
APHAR - EPHER - OPHIR
POUSSIERE - CENDRE - OR
Constance de la démarche initiatique, que les alchimistes eux aussi mettront en chantier, dans ce qui se dénomme, « LE GRAND ŒUVRE » :
Première phase, l'OEUVRE AU NOIR, la putréfaction, symbolisée par les plaies et les ulcères de JOB.
Deuxième phase, l'OEUVRE AU BLANC, symbolisée par la teinture de la cendre initiatique.
Troisième phase, l'OEUVRE AU ROUGE, symbolisée par la réalisation de JOB opérant la transmutation de la « poussière » du « plomb », en « OR PHILOSOPHALE ».
Notre cheminement initiatique est à l'image des épreuves de JOB.

Tout « tracé épuré » se doit d'être précédé d'une descente aux abîmes, d'un retour à la matière originelle, cette « MATERIA PRIMA » de l'Oeuvre, notre « pierre brute ».
A ce stade, l'alchimiste emploie bien l'expression :
« IL DOIT EPOUSER LA MERE »,
et Paracelse rappelle :
« CELUI QUI VEUT ENTRER DANS LE ROYAUME DES CIEUX DOIT
PREMIEREMENT ENTRER AVEC SON CORPS DANS SA MERE,
ET LA, MOURIR ».
Par là, il rejoint JOB, dans l'un des passages les plus significatifs de ce Livre :
« JE SUIS SORTI NU DU SEIN DE MA MERE
ET NU J'Y RETOURNERAI,
LE SEIGNEUR A DONNE, LE SEIGNEUR A REPRIS,
QUE LE NOM DU SEIGNEUR SOIT BENI ».

JOB doit retourner dans le ventre de sa mère, se refaire « GERME », pour atteindre à cette dimension totalement accomplie.
Il le sait, ou plus exactement son inconscient le pressent.
En effet, le JOB, du début du récit, est un homme à la conscience encore banale.
Nous le voyons plaider sa cause d'homme juste, face à ses amis venus le consoler, à la face de Dieu, qu'il respecte et bénit, mais dont il ne comprend pas la rigueur.

JOB, selon le processus alchimique, doit faire l'expérience de la phase de « Putréfaction ».
Il doit apprendre à mourir pour mieux renaître; Il doit apprendre et maîtriser ce « Retour à la Mère », apprendre à enfanter, à s'enfanter, à s'extraire de lui-même, dans la souffrance et dans la douleur, sur sa « POUSSIERE » et sur sa « CENDRE », afin de donner naissance à l'homme nouveau, à l'initié, à « l'Etre Accompli » dans l'Amour de son CREATEUR.
« POUSSIERE » - « CENDRE » - « OR »
La transmutation est achevée - JOB est né, et en lui la prophétie s'accomplit. Dans l'introduction de ce travail, je considérais l'Histoire de JOB comme une grande histoire d'Amour.
Cette histoire d'amour entre Dieu et l'homme, entre le « Créateur » et la « Créature », cette histoire d'amour de l'initié, entre la lumière qu'il porte, et la lumière qu'il recherche.

V\ M\, M\ FF\M\ M\FF\,
En conclusion, posons nous encore une fois cette question :
Qui est JOB ?
N'est-il pas, en quelque part, chacun de nous ?
N'est-il pas, en quelque part, chacun de nous ?
Ne portons-nous pas en nous, chacun à notre niveau, une part de JOB ?
Ne portons-nous pas en nous, chacun à notre niveau, une part de JOB ?
Il est ce serviteur gratuit de la Vérité, cherchant la Lumière à travers la souffrance, afin de mieux ordonner, de mieux rassembler ce qui est épars.

Son chemin initiatique, l'a conduit, depuis son « Cabinet de Réflexion jonché de Cendres et de Poussière », vers sa transformation, sa transmutation.
JOB, s'est « MIS A L'ORDRE » devant son « Créateur ».
Il préfigure dans son image, le Franc-Maçon, l'initié, ou mieux, l'initiable, dans sa quête et sa recherche en « devenir », notre TRAVAIL, à la Gloire du Grand Architecte de l'Univers.
A la question : Suis-je Franc-Maçon ?
Nous répondons :
Je le suis, tout autant que mes Frères me reconnaissent pour tel.
Reconnaissons-nous mes Frères celui que les Ecritures situent au pays d'Edom en terre d'Outs ?
« L'homme parfait, droit, craignant Dieu et se détournant du mal » ?
Le reconnaissons-nous ? ou mieux, Nous reconnaissons-nous en lui ?

Comme SHEM et JAPHET venus recouvrir la nudité de NOE, leur Père, lors de ses « Noces Mystiques », marchons à reculons devant ce Mystère, et jetons le « Voile » du silence, sur ce qui reste d'ineffable et d'inexprimable.
C'est là que se situe notre véritable SECRET, l'incommunicable, l'intransmissible.
En cela réside notre « TRADITION ».
Que JOB nous habite.

V\M\
Que JOB nous habite.

V\ M\, et V\T\ M\FF\,

J'ai dit.


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