REAA
Loge: NC
12/2022

  
Le Volume de la Loi Sacrée


Nous travaillons mes TTCCFF au REAA qui reconnait l’existence d’un principe créateur sous l’appellation du GADLU Durant toute la durée de nos travaux, les Trois Grandes Lumières de la Franc Maçonnerie sont toujours visibles sur l’Autel des Serments : Comme vous le savez ce sont le Volume de la Loi Sacrée, le Compas et l’Equerre. Pourquoi lui avoir donné ce nom au lieu de conserver tout simplement le mot « bible » ?

Certainement parce que nous ne considérons pas ce livre comme celui d’une religion révélée mais plutôt comme un outil symbolisant le matériel et le spirituel. Un outil qui est spécifique au rite, indépendant de toute prise de position politique ou religieuse.

 Prêter serment sur le Volume de la Loi Sacrée c’est se rattacher à l’Ordre, s’associer aux frères qui le composent. En empruntant la voie initiatique nous nous efforçons de trouver notre équilibre entre l’équerre et le compas, le matériel et le spirituel tout en proclamant les valeurs de devoir, de justice, de fraternité, d’amour, de paix et d’harmonie.
 
Dans une première partie je rappellerai succinctement, ce qui est pour moi, le sens et la raison de la présence en loge du VLS. Puis deux paragraphes consacrés aux mots « Loi » et « Sacré » précéderont ma conclusion.

Certains FF, je n’en doute pas, apporteront des précisions sur les recherches que j’ai faite quant à l’origine de la présence en loge du VLS. Le compagnonnage qui est très proche de nous, ne serait-ce que par les valeurs qu’il véhicule, a toujours eu comme représentation symbolique l’équerre et le compas.  La Franc Maçonnerie a souhaité rajouter un livre à caractère sacré : la bible. Ce livre Saint était déjà présent chez les anciens constructeurs mais les lois et les règlements primaient sur le caractère sacré sans toutefois le rejeter.

Le jour de son initiation, chaque postulant ou néophyte doit prêter serment sur le VLS, ce qui lui confère un caractère sacré. Ce serment est en effet prêté sur ce qui est de plus grand et de plus haut dans la hiérarchie des valeurs et des croyances de notre culture judéo-chrétienne qu’on le veuille ou pas. Dans toute société il existe un ouvrage à vocation sacrée dont s’inspirera la loi civile des hommes : la Thora chez les juifs, le livre des morts chez les Egyptiens, le Coran chez les musulmans et la bible dans notre culture. Alors pourquoi la bible comme Grande Lumière ?

L’origine du mouvement maçonnique se situe géographiquement en Ecosse, voire en Angleterre, et dans ces pays la bible est omniprésente. Cette présence a souvent prêté à polémique entre la Grande Loge d’Angleterre et la Grande Loge de France. Cela s’est traduit par la présence sur l’Autel des serments de la bible pour les Anglais et des Constitutions d’Anderson pour les Français.

Même chez nous, la bible a été source de conflit. Le SCDF l’a fait disparaitre du rituel et en 1875 après le Convent de Lausanne elle ne sera plus ouverte en loge.  Mais heureusement les mentalités évoluent. La bible a repris sa place sur l’autel des serments qui est sacré et d’ordre initiatique, ce qui nous importe le plus.

Les Constitutions d’Anderson ont donc rejoint les règlements généraux sur le plateau de l’orateur car d’ordre administratif. Imaginez un seul instant mes TTCCFF que l’on veuille enlever la bible de l’Autel des Serments : que deviendraient notre rituel, nos décors, nos fêtes solsticiales et bien d’autres traditions que l’apprenti découvrira tout au long de son parcours initiatique.
 
Plus on gravit l’échelle initiatique plus la présence en loge du VLS nous parait logique car quel que soit le passage auquel ce livre est ouvert nous en retirons un enseignement qui nous conduit à nous interroger sur nous-même.

Ce livre est donc le Volume de la Loi Sacrée qui est ouvert au prologue de l’Évangile de Jean. Mais quelle est-elle cette loi et que s’y cache-t-il pour quelle nous soit si précieuse et si scrupuleusement respectée ? Est-elle le condensé d’un nombre incalculable d’articles ? N’est-ce pas la loi universelle ou plus simplement la loi du cœur et de la raison, la loi morale qui est nécessaire pour le bien-être de tous.

Il faut reconnaître au premier abord qu’avoir la bible ouverte au prologue de l’Évangile de Jean sur l’Autel des serments pourrait en rebuter plus d’un. Il y est question entre autres de Verbe, de Lumière, d’envoyé de Dieu. C’est là toute la difficulté de considérer ce livre autrement qu’un ouvrage théologique. Ce Verbe dont il est question est le Verbe créateur. L’initiation n’est-elle pas une création, point de départ de la nouvelle vie de l’apprenti en quête de lumière ?

Après la mort du vieil homme et les épreuves de l’air, de l’eau et du feu c’est en persévérant sur le sentier de la Vertu que le nouvel initié triomphera de ses passions et surmontera peu à peu les obstacles que chaque profane rencontre. Il lui faudra persévérer et cette énergie il va la trouver au plus profond de lui-même en travaillant sans relâche tout en ne concevant que des idées d’honneur et de vertu par l’ascèse initiatique. Aller à la rencontre de cet inconnu qui sommeille en lui et faire rayonner sa Lumière intérieure du plus bel éclat, c’est vraiment le travail, le devoir le plus important de l’Apprenti. Il doit l’accomplir suivant la loi morale qui est pour moi une loi naturelle.

S’il y avait quelque chose qui puisse justifier ce travail, c’est tout simplement l’amour et l’énergie que l’Apprenti lui consacrera. Dans le souci du bien, en mettant en avant les pensées qui viennent du cœur.

Notre recherche initiatique crée en nous ce besoin de dépassement de soi. Cette envie de sublimation qui nous fait passer au-dessus des choses matérielles tout en se plongeant dans les profondeurs de notre être. Comme le dit le VM au cours de l’initiation : Nous travaillons sans relâche à notre amélioration et nous nous accoutumons à ne concevoir que des idées d’honneur et de vertu. Ce travail sans relâche contribue à notre perfectionnement intellectuel et moral. S’il devait y avoir une révélation pendant l’initiation ce serait la redécouverte de nous-même. Le nouvel initié doit se persuader qu’il a bien plus au fond de lui que ce qu’il connaît véritablement et qu’il est vain de chercher ailleurs ce qu’il possède sans le savoir.

Tout est la portée de qui veut bien ouvrir les yeux. Aller au-delà des apparences et s’approprier une part de cette Lumière dont parle Jean et qui brille dans les ténèbres, dans nos ténèbres Cette Lumière c’est l’illumination de l’esprit qui s’enrichira grâce aux connaissances acquises en empruntant cette route symbolique, cette voie que nos anciens ont tracée pour nous guider vers la Lumière à la recherche de la Vérité, notre Vérité.


J’en viens à présent au mot « Sacré ». Je vous avoue que définir le sacré n’est pas pour moi une chose simple tant il fait partie de l’intime.  Ceux qui peut me paraître sacré ne le sera pas forcément pour quelqu’un d’autre. Le sacré est opposé au « profane » et sur le plan théologique il apparait plus comme essence du religieux. Par le sacré, l’homme se constitue en Franc Maçonnerie un monde organisé autour de règles strictes et autour de rites qui permettent l’initiation. C’est ainsi la découverte de tout ce qui se cache derrière une démarche dont on ne connait pas vraiment les mystères. Ce que l’on sait en revanche c’est qu’elle n’est pas de caractère social ni d’explication totalement rationnelle.

Le sacré nous relie à l’inconnu, à ce qui est caché, secret et il est un mystérieux chemin que l’Apprenti, en quête de connaissance, a décidé d’emprunter. Je considère notre démarche et notre recherche initiatique comme sacrées car elles s’effectuent dans un lieu où l’espace et le temps n’ont de valeur que de nom. Nous sommes dans un espace clôt, bien gardé et à l’abris des regards. Pourtant l’infini s’ouvre à nous car nous travaillons sous la voûte étoilée sous la bienveillance du GADLU, principe créateur. Nous voyageons humblement du macrocosme au microcosme et notre propre création, renaissance de l’initiation, a autant de valeur que cette immensité, ce tout dont nous faisons partie.

Par le travail, le silence et le symbolisme l’initiation nous ouvre une porte derrière laquelle se trouve l’infini. Cet infini vers lequel le sacré nous conduit, nous qui avons le désir de nous améliorer et de porter au dehors ce que nous avons reçu dans le temple. Le sacré tel que nous le vivons est sans doute un élément régulateur de notre vie de franc maçon par rapport au monde profane. Il porte en lui l’idée d’une reconstruction qui sera plus spirituelle. C’est une reconstruction pleine d’espérance, en quête de Lumière, cette Lumière dont nous parle Jean dans le VLS. Depuis l’adoubement de notre initiation, de notre création, il ne tient qu’à nous de faire briller du plus bel éclat notre petite lumière intérieure que le VM a ravivée.
   
En conclusion je dirai que le REAA ne vise qu’un objectif figurant dans ses voies initiatiques fondées sur la spiritualité. L’amélioration de l’homme et de l’humanité et par-delà la construction de Temple Universel. Nous ne devons voir dans ce livre qu’un outil spécifique au Rite et indépendant de toute prise de position religieuse ou politique. Il est la représentation de la Loi divine et la bible est un outil d’accès à cette connaissance.

On peut se poser la question à savoir : pourquoi ce livre est ouvert à l’Évangile de Jean ? Je dirai simplement que la Lumière qui luit dans les ténèbres et dont parle Jean c’est la même qui brille dans le cabinet de réflexion et qui est présente dans le temple avant l’ouverture des travaux et après sa fermeture.

J'ai dit.


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