Obédience : NC Loge :  NC Date : NC

 

Réception au grade de Maître
Planche d’accueil sur le thème de la Marche à reculons
 
 
Ma Très Chère Sœur M\-A\,
 
Les premières lignes d’un roman comme les premières notes qui introduisent un morceau de musique, sont déterminants, car ils ouvrent sur ce qui va suivre. Il en est de même avec l’entrée du Compagnon en Chambre du milieu lors de la Cérémonie d’élévation à la Maîtrise. Tu es entrée dans le Temple en marchant à reculons, le dos tourné vers l’Orient en contemplant l’Etoile flamboyante à l’Occident. Le Temple était silencieux. Un silence exprimant une profonde tristesse. Alors, notre Très Respectable Maître t’a interrogé : « Compagnon, avez-vous suffisamment réfléchi sur votre démarche ? », « Avez-vous toujours accompli vos devoirs de Franc-maçon ? », « Votre conscience est-elle tranquille ? ». Puis vient le moment du retournement à la suite duquel tu as pu constater le sujet de notre tristesse et engager ta démarche initiatique sur un nouveau plan spirituel.
 
A tous les grades maçonniques, la marche est ritualisée ; elle est porteuse de sens. La géométrie de cette marche correspond au niveau de l’avancement dans l’éveil de la conscience. Pour preuve, tour à tour, tu auras tracé une ligne rectiligne avec les trois pas de l’apprenti, un plan avec le pas de côté du Compagnon et aujourd’hui un volume en enjambant le corps de notre Maître HIRAM. Alors pourquoi le rituel d’élévation à la maîtrise t’invite-il à marcher à reculons ? Quel sens caché devons-nous y rechercher ? Surtout si nous mettons cela en perspective avec les évènements qui vont suivre : le meurtre froid et calculé de notre Maître HIRAM par trois mauvais Compagnons. Tout ça pour obtenir le Mot Sacré des Maîtres.
 
La marche à reculons dans l’obscurité nous invite tout d’abord à l’introspection. Elle conduit le Compagnon à faire le bilan de son existence passée. En obligeant le Compagnon à reculer, on l’oblige à changer ses habitudes. Au moment où il a l’espoir d’être élevé à la maîtrise, on lui demande de marcher à reculons vers la Chambre du Milieu. Et, là, il a le regard tourné vers les lumières du passé, dans l’obscurité de l’avenir. D’où la question : « Compagnon, avez-vous suffisamment réfléchi à votre démarche ? »
 
Ce moment du rituel nous rappelle que la franc-maçonnerie a une conception dynamique de l’être. A chaque grade, elle nous inscrit non pas dans une approche statique, mais bien au contraire dans un devenir continuel. La voie maçonnique nous invite au dépassement de nous-même. Elle nous permet de nous saisir comme sujet et non pas comme objet. Elle nous invite à nous dégager de tout déterminisme en faisant preuve de Libre arbitre.
 
Outre ce mouvement d’introspection, la marche à reculons rappelle au Compagnon que pour pouvoir devenir Maître, il lui est nécessaire de posséder les enseignements des deux premiers grades. D’où cette obligation de repasser le parcours déjà réalisé. En utilisant la Règle, as-tu fait preuve de méthode, de mesure et de précisions ? En utilisant le levier, as-tu fait preuve de prudence ? L’as-tu manipulé avec la vigueur voulue et judicieusement quant au point d’application ? En utilisant le maillet, as-tu fait preuve de volonté et de constance, as-tu recherché à renverser les obstacles, as-tu fait éclater la volonté qui stimule ta recherche ?
Cette connaissance des enseignements des deux premiers grades est importante. C’est avec la règle, outil de tracé, le levier, outil de pose, et le maillet, outil de façonnage, que les trois mauvais Compagnons ont assassiné notre Maître HIRAM. D’où la question : « Avez-vous toujours accompli vos devoirs de Franc-maçon ? »
 
A la fin de la marche à reculons, le Grand Expert a examiné que tes mains et ton tablier étaient sans taches. Cette formalité nous rappelle que l’impétrant doit être pur et immaculé de toute souillure pour pouvoir devenir le Maître qu’il aspire à être. Le Maître doit être un exemple pour tous ses Frères et Sœurs. Sa conscience doit pouvoir lui donner « quitus » de tous ses actes. D’où la question : « Votre conscience est-elle tranquille ? »
 
Ma Sœur, que d’étapes parcourues depuis ton initiation. Tu as travaillé sur la Pierre brute puis sur la Pierre Cubique à Pointe ; tu es passée du subjectif à l’objectif. Tu es prête maintenant à changer de plan d’action.
 
Mais garde en mémoire que la Maîtrise ne se confère pas par une cérémonie. Elle s’acquiert par un travail incessant du Frère ou de la Sœur sur lui-même. Durant tout ce chemin parcouru à reculons, tes yeux contemplaient l’Etoile flamboyante. Pourquoi cela ? Pour te rappeler que si un jour tu devais abandonner les enseignements maçonniques, tu reviendrais bien vite à la condition humaine précédant ton initiation. Toi comme moi, nous ne devons pas croire que nous avons atteint la perfection parce qu’un rayon de Lumière a éclairé notre esprit. Dans les ténèbres de la vie, nous aurons toujours besoin de l’Etoile flamboyante pour nous guider et pour nous faire triompher des épreuves.
 
Après avoir vérifié que ton tablier et tes gants étaient sans taches, notre Très Respectable Maître t’a alors invité à te retourner. Le retournement marque le changement d’état et d’univers. Ce faisant, l’Etoile flamboyante ne sera plus sous tes yeux pour te guider. Mais un Maçon qui a assimilé l’enseignement initiatique et qui le met à profit est assez fort pour aborder n’importe quelle épreuve seul et sans guide. L’Etoile flamboyante veille sur lui.
 
Ici le retournement face à la dépouille d’Hiram marque l’abandon d’un système pour un autre plus élevé. Le retournement t’annonce que tu vas passer d’un plan horizontal à un plan vertical de la connaissance. Tu pars à la recherche de la Parole perdue. Jugée digne d’être le successeur d’Hiram, seule et sans guide, perdue dans les ténèbres qui t’écrasent, tu vas pouvoir parcourir un chemin tragique. Le chemin qui va te conduire à la mort symbolique pour faire renaître la parfaite Initiée que tu es devenue. En mourant avec Hiram, ton Moi aliéné meurs symboliquement. Cette mort symbolique t’ouvre alors un espoir de liberté intérieure. Relevée du tombeau par les cinq points parfaits de la maîtrise, la Sagesse va pouvoir illuminer ton intériorité. Tu es délivrée pour renouer avec la Vie.
 
En conclusion ma Sœur, au moment où il te revient d’écrire une nouvelle page de ta vie Maçonnique, garde en mémoire cette invitation de Goethe : « Meurs et deviens ».
 
J’ai dit

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