Obédience : NC Loge :  NC Date : NC

 
Réception au grade de Maître 
Planche d’accueil sur le thème de Tubalcaïn
 
 
Ma Très Chère Sœur C\,
 
Lors de ta réception en Chambre du Milieu, tu as pu constater immédiatement le sujet de notre tristesse : l’assassinat de notre Maître HIRAM. Par sa mort, la lumière a disparu. Par sa mort, la parole a été perdue. Par ta résurrection, la lumière est réapparue plus éblouissante que jamais. Par ta résurrection, un mot substitué nous a été donné. Par ta résurrection, l’unité perdue a été retrouvée.
 
Outre ce mot sacré - dont il te reviendra de découvrir le sens profond - il t’a été donné un mot de passe : « TUBALCAIN ». Sa signification symbolique est « connaissance des métaux ». Quand l’on sait, qu’à chaque tenue, il nous est demandé de « laisser nos métaux à la porte du Temple », on peut s’interroger sur le sens profond de ce mot de passe.
 
Qui est TUBALCAIN ? Il est le descendant à la 7ème génération de Caïn. Dans la Bible, le nom est l’essence de l’être, « nommer c’est reconnaître ». Dans le nom Tubalcaïn cohabite, les deux frères ennemis, Abel et Caïn. Son nom porte donc en lui le meurtre originel, mais également l’unité retrouvée. Il annonce tout à la fois la Parole perdue et le mot substitué.
 
Par la connaissance de ce mot de passe, le Compagnon fait lever le soupçon qui pourrait peser sur lui. En prononçant le mot TUBALCAIN au moment du tuilage, il témoigne de la qualité de son travail maçonnique et de son assiduité en Loge bleue. C’est notamment la qualité de ton travail, ma sœur, les mains libres, lors de ton cinquième voyage de Compagnon, qui te permet ce soir d’être reçue au grade de Maître « pour jouir de la plénitude des droits maçonniques ».
 
Il te faudra toutefois garder à l’esprit que ces droits maçonniques du maître sont avant tout des devoirs. Tout d’abord, le maître doit remplir les devoirs de l’Apprenti, c’est-à-dire qu’il doit dégrossir en permanence la Pierre brute. Eh oui, on n’atteint jamais la perfection ; il faut 100 fois sur le métier remettre son ouvrage. Le maître doit ensuite remplir les devoir du Compagnon, c’est-à-dire qu’il lui faudra chercher et chercher toujours à acquérir de nouvelles connaissances. Le maître doit enfin remplir les devoirs de son grade, c’est-à-dire « travailler à devenir réellement un Initié, à faire renaître Hiram en lui ». Mais ce n’est pas tout, le maître doit également veiller avec une grande bienveillance sur les apprentis et les compagnons. Il doit les conseiller, participer à leur formation, être un modèle pour eux. C’est sur lui que repose leur formation initiatique ; et, par voie de conséquence, c’est sur lui que repose la pérennité de notre Ordre.
 
Le lien entre HIRAM et TUBALCAIN ne se limite pas à cette mort et à cette unité retrouvée. Ce lien existe également dans leurs métiers : tous deux ont la connaissance des métaux.
 
Le rituel nous dit qu’HIRAM est « un savant dans l’art de l’architecture comme dans le travail des métaux ». La Bible nous révèle quant à elle que TUBALCAIN est le père des forgerons.
 
Aux origines, les forgerons étaient capables d’extraire le métal, de le transformer et de le travailler. Après avoir extrait la matière première de la terre, le forgeron la transformait par la chaleur du feu, en utilisant l’air du soufflet et en la trempant dans l’eau. Le forgeron est cet artisan qui réussit à transcender le métal par le quaternaire des éléments.
 
En agissant ainsi, tout forgeron possède le secret de la transformation d’un métal brut en objet culturel : Forger des épées, peut conduire à opprimer les peuples ou, au contraire, à apporter la paix. Concevoir des chaines et des outils agricoles, peut asservir les peuples ou, au contraire, participer au progrès de l’humanité. Façonner des œuvres d’art, peut occasionner la jalousie ou, au contraire, donner un sens spirituel à la vie.
 
TUBALCAIN nous invite donc à considérer que les métaux ne sont ni bons ni mauvais. Ce sont des instruments qui sont entre nos mains pour obéir à des fins beaucoup plus larges et plus fécondes, si toutefois elles sont illuminées par la conscience et la raison universelle.
 
TUBALCAIN nous invite également à considérer le métal comme symbole de l’homme. Symbole des hommes qui sont différents dans leur manière d’être ou de s’exprimer. Symbole des hommes qui doivent travailler à nettoyer leurs scories, leurs préjugés, pour donner le meilleur d’eux même. Symbole des hommes dont on ne rejetterait rien, et qui apprendraient petit à petit à se façonner, à se mettre en forme, à donner un sens et une direction à leur vie selon leur être propre.
 
Pour preuve, quand la pépite de métal passe par le feu, elle renaît à elle-même : de pépite elle devient épée ou faucille. Un nouveau départ s’offre à elle.
 
Là les métaux sont l’homme, la femme. Les métaux ne sont plus extérieurs à nous. Ils expriment la capacité de l’être humain à se faire lui-même, à se transfigurer, à se spiritualiser. Nous sommes donc face à la transformation symbolique de l’initié. Il est comme le métal ; après être passé dans le feu, il devient ardent et rayonnant.
 
TUBALCAIN, notre mot de passe, nous invite donc à travailler le minerai, cette pierre brute, pour la métamorphoser, la spiritualiser en quelque sorte. Il nous invite à être à la fois notre propre forgeron et notre propre métal. C’est là tout l’enjeu de la franc-maçonnerie : il nous faut réussir l’alliage parfait de la nature et de la culture. Il nous revient de vivre le temps sacré en communion avec nos frères en humanité. Et, si nous réussissons tout cela, nous serons dignes du titre de Maître auquel nous aspirons.
 
Alors, passe, ma sœur C\ !
 
J’ai dit

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