Obédience : NC Loge : NC Date : NC


La marche de la Maîtresse Maçonne

« Que peuvent signifier les pas de la marche de la Maîtresse Maçonne », est- il demandé dans le livret d’instruction au 3ème degré.

La réponse indiquée est :

« Tandis que les pas de l'Apprenti et de la Compagnonne se font au ras du sol, ceux de la Maîtresse, enjambant le corps d'Hiram, décrivent une courbe qu'on trace avec un Compas : C'est donc le passage de l'Equerre au compas, du domaine du tangible à celui de l’esprit. Enfin, le passage de la M\ par-dessus le Tombeau fait allusion aux plus grands mystères sur lesquels il convient de méditer en silence ».

Avec ce vaste sujet à traiter, l’occasion m’est donnée mes Sœurs d’étudier la progression gestuelle et spirituelle tout au long des 3 degrés de la Franc Maçonnerie.

1) Découvrons tout d’abord le tableau dans lequel s’exerce cette marche.

La Loge est en deuil. Il règne une atmosphère de tristesse et d’accablement. L'Orient est voilé... Un rideau sépare le Hébir et le Hékal, il figure le voile cosmique au travers duquel le Delta brille en transparence, représentation du GADLU.

Ce rideau nous sépare des maîtres inconnus passés à l’O\ Eternel qui continuent à diriger nos travaux grâce à la tradition fidèlement suivie.

Les V\ M\ sont couvertes. La T\ R\ M\ s'est transformée en narratrice... Les officières sont sur les Colonnes (excepté les Surv\). Il n'y a plus de Tapis de Loge, ni de Piliers, ni d'Autel des Serments... C’est le chaos.

Les « 3 qui dirigent » incarneront des meurtriers...

...sommes-nous encore dans une Loge ?

Le tableau statique de loge a disparu au profit d’un Tableau dynamique et vivant. Nous entrons dans l’action.

Qui suis-je au moment où je vais découvrir cette marche pour la première fois ?

Une Compagnonne, surprise aux abords du temple, qui parait plongée dans une profonde méditation frappe à la porte. J’ai gravi un escalier tournant de 3 marches et un autre de 5 marches. (3 +5).

Pour la seconde fois, de ma vie de Franc Maçonne, j’effectue une entrée bien singulière dans le temple.

La première fois, c’était le jour de l’Initiation, les yeux bandés, les mains enchainées, j’y fus  introduite par la porte basse. La deuxième fois, accompagnée de la sœur Experte, j’entre à reculons. Dans les deux cas cette entrée m’annonce un changement de position, de plan ?

De la profane à l’Initiée, de la compagnonne à la Maîtresse maçonne.

Lors des deux cérémonies, le recul (au 1er degré, le cabinet de réflexion, la descente dans la terre, au 2ème degré, l’entrée à reculons) annonce une progression (passage d’un degré à l’autre, mais surtout, l’avancement sur le chemin) pour toujours se diriger vers la Lumière.

Je dois contempler l’Etoile Flamboyante en m’enfonçant dans l’obscurité.

Que cela signifie t-il ?

La Loge veut me faire comprendre, non pas que je régresse mais que je vais maintenant aller dans le sens opposé.

Sans autre repère que cette étoile, qui ne brille plus que très loin, j’ai changé de position, l’Etoile aussi !

C’est l’entrée dans l’inconnu, mais l’inconnu est ce moi -même ?

C’est le temps de la prise de recul par rapport à mes certitudes.

Le temps de la prise de conscience du chemin parcouru. Considérer le travail accompli et surtout celui qui reste encore à réaliser. C’est le moment d’aller de l’extérieur vers l’intérieur, de passer de la vie ordinaire à la vie spirituelle.

Mon tablier a été arraché et non pas seulement ôté, pour indiquer la violence du passage d’un état à un autre, (rappelons nous encore la force de l’entrée par la porte basse) pour indiquer la violence du passage de la matière à l’esprit.

A la demande de la T\ R\ M\ Intervient alors le retournement de la Compagnonne, je contemple maintenant la mort.

Pour souligner ce moment fort, vient l’épreuve du compas.

Le compas ouvert sur le cœur, mis au regard des sœurs, dans le temple, mesure t-il l’ouverture du cœur de la compagnonne, ou atteste t-il de la légèreté du cœur à l’instar des Egyptiens lors du passage dans l’autre monde ?

C’est le temps de l’examen de conscience.

La compagnonne a-t-elle suffisamment travaillé pour prétendre intégrer la chambre du Milieu ? Ne s’est-elle pas seulement contenter de cheminer le nez au vent ?

Pour me libérer du soupçon du meurtre du maître, qui m’est reproché, je vais devoir prouver mon innocence en enjambant le cadavre gisant à mes pieds.

A mes pieds, l’équerre, de l’autre côté du drap mortuaire, le compas. Ces deux outils, habituellement associés selon un certain ordre sur l’autel des serments, sont désunis, épars. Ceci m’indique que le chantier est interrompu.

Sur le drap mortuaire, je vois une croix latine, celle-ci représente le tracé à plat de la pierre cubique. La compagnonne a poli sa pierre jusqu’à la rendre cubique, carrée. La retrouver sur un cadavre n’est pas encourageant ! À moins que cela signifie que la pierre soit maintenant prête à s’ouvrir à d’autres horizons ?

Description de la marche en elle-même :

Cette marche se fait, nous indique le rituel :

« Etant à l’ordre d’Apprentie, faire les trois pas de l’Apprentie, saluer la T\ R\ M\ et les deux surveillantes ».

« Ensuite se mettre à l’Ordre de compagnonne, exécuter les deux pas de la compagnonne, terminer par le signe pénal ».

On se met alors à l’ordre de Maîtresse et on exécute les 3 pas de la M\ M\.

Observons la progression de notre corps dans ce déplacement qui va nous mener de l’Occident à l’Orient :

- L’apprentie marche en ligne droite, c’est le plus court chemin vers l’Orient, vers la lumière. Cette droite indique que l’apprentie ne doit pas s’écarter de son chemin. Son chemin est tout tracé.

La marche est saccadée, régulière. L’apprentie peut s’arrêter pour comprendre, réfléchir, apprendre toujours dans le silence.

Les deux pieds se réunissant à la fin de chaque pas, en équerre, permettent en même temps qu’ils montrent l’avancée sur le chemin, d’enclencher un mouvement dynamique, signe de sa volonté de progresser.

Tandis que les pas sont glissés tout en bas sur le sol, le signe d’ordre se fait tout en haut du corps, au niveau de l’intellect, main droite placée en équerre sur la gorge pour contenir ses passions.

- La compagnonne fait ses pas, toujours glissés pour ne pas quitter le sol, dans la continuité de la marche de l’apprentie. Elle quitte la ligne droite de son chemin par deux pas faits en équerre. Un à droite, puis un à gauche. Elle revient sur l’axe central après des pérégrinations qui lui permettent d’explorer toute la surface du globe. Elle a acquis la liberté de circuler non seulement sur une ligne droite mais aussi dans un plan.

Les pas sont toujours glissés, le signe d’ordre se situe au niveau du cœur pour la main droite, en direction du ciel pour la main gauche comme pour chercher une ébauche d’élévation.

Le temps de l’apprentissage et du compagnonnage sont le temps de l’équerre, tout nous le rappelle dans les mots gestes et attouchements de ces deux grades.

A partir de ce moment le monde de l’équerre est derrière la compagnonne. Elle a marché 5 pas.

- Viennent alors les 3 pas de la maîtresse.

Ces 3 pas vont conduire la Maîtresse que j’aspire à devenir directement dans le monde du compas. Outil à tracer le cercle.

Les trois pas suivants sont effectués sur un tout autre plan. L’enjambement du cadavre d’Hiram se fait en décrivant 3 arcs de cercle, l’évolution se fait en 3 dimensions.

- Le premier de ces 3 pas, Le sixième, se fait en quittant le sol par le pied droit qui passe en arc de cercle au dessus de la tête du cadavre, pour le dépasser. Je quitte le plan pour amorcer mon élévation.

En franchissant le cadavre, je dépasse ma propre mort, pour renaître. Etre crée de nouveau.

C’est la première fois que je trace un arc de cercle avec mon corps comme si j’utilisais un compas. Je vais devoir relever et reporter des mesures à l’aide de ce nouvel outil. Tracer des plans pour la Loge ?

Je me trouve à cet instant, au midi, sur le coté droit le coté positif. Je ne peux rester à ce stade de la marche. La sœur experte qui me guide m’incite à continuer ma route en enjambant à nouveau le cadavre d’Hiram.

- C’est le septième pas, toujours en arc de cercle, cherchant toujours l’élévation, en direction du septentrion, côté gauche, négatif. Mon pied droit vient soutenir mon pied gauche pour rétablir l’équilibre.

Le rituel nous dit que la Maîtresse maçonne a sept ans et plus. Le « et plus m’indique une suite. La marche n’est pas terminée ».

Enjambant pour la troisième fois, par le huitième pas le cadavre d’Hiram, je reviens dans la ligne initiale de la marche de l’apprentie, la ligne médiane empruntée au début de cette marche.

Cette fois le nombre de pas ne correspond pas à l’âge du degré auquel j’aspire.

J’ai effectué huit pas : vers une élévation ? Vers l’infini, le huit est dessiné come le signe de l’infini.

Cependant je suis maintenant devant le compas, de l’autre cote du drap mortuaire. La lumière n’est pas distincte, un rideau la cache, je la devine.

Ma position a complètement changé. Mon état est transformé.

La marche de la Maîtresse Maçonne se termine par le signe d’horreur : les deux bras tendus le long du corps, en s’élevant, décrivent chacun un demi cercle dans un élan vers le haut pour retomber aussi vite sur le tablier les deux mains posées sur les deux lettres M\ B\ en implorant l’aide du tout puissant.

Nous avons vu plus haut que les deux premiers signes d’ordre démarraient du haut du corps.

Le signe d’ordre du troisième degré : main droite portée horizontalement sur le flanc gauche, doigts étendus et rapprochés, le pouce séparé en équerre se fait au niveau du centre du corps.

Les premiers pas de cette marche s’effectuaient dans le plus grand silence et la plus grande prudence. (Aux degrés précédents les mots sont épelés). Les derniers pas s’effectuent dans une dynamique continue sans aucun arrêt.

Pour la première fois nous entendons distinctement le son de la voix de la nouvelle maîtresse.

Voila donc que s’est opéré un changement radical de posture depuis le démarrage de cette marche.

Je ne suis plus dans le même espace, dans le même plan. J’étais accompagnée depuis le début de mon apprentissage, puis durant mon compagnonnage par des mains secourables.

Me voila seule sur mon chemin, je dois chercher la lumière ailleurs. L’énergie que je déploierai à partir de maintenant va faire de moi, cette main secourable au service des apprenties et des compagnonnes.

Ainsi la chaine continue, nous bâtissons notre temple en construisant des murs à l’aide de nos pierres posées à leur juste place en cherchant à atteindre la voute étoilée.

Le voyage que figure cette marche de la M\ M\ nous montre, qu’en ayant acquis dans les degrés précédents les connaissances de la compagnonne, elle maitrise la géométrie des formes, la précision du tracé de l’équerre et la mesure de la règle.

L’apprentie et la compagnonne utilisent l’équerre et la règle pour tracer des angles droits, un carré en somme. La maîtresse en effectuant ses pas, utilise le compas qui lui permet de tracer le cercle. La voila en présence du carré et du cercle, que va-t-elle en faire ? Ce sera le sujet d’une autre planche.

J’ai dit Très Respectable Maîtresse.

V\ C\


7310-L L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \