Obédience : NC

Loge : Phidias

09/06/2012


La Marche du Maître

Chaque degré dispose d’une marche avec des pas particuliers. Mais il y a une continuité entre les degrés, on ne peut pas imaginer effectuer la marche du Maître sans avoir fait auparavant la marche de l’Apprenti puis celle du Compagnon.

La marche du Maître part des deux colonnes et s'effectue sur un axe, de l'occident vers l'orient, montrant une continuité dans la progression vers la lumière.

1er étape : La marche de l’Apprenti

L’apprenti avance par trois pas en ligne droite, il emprunte ainsi le plus court chemin pour aller vers la lumière, qui se trouve à l’Orient. Il observe, il reproduit, c’est un homme qui apprend. La droite symbolise la nécessité de ne pas s’écarter de son chemin.

L’Apprenti évolue sur une ligne horizontale (une dimension), pour souligner cela, les pas de l’Apprenti sont glissés afin que les pieds ne quittent pas le sol.

2ème étape : La marche du Compagnon

Le Compagnon va faire ses pas dans la continuité de ceux de l’Apprenti, mais il quitte la ligne. Le 4ème pas du Compagnon marque l'action exploratrice de celui qui, pour mieux se connaître lui-même ainsi que le monde (cosmos) qui l'entoure va dans d’autres directions. Par ce pas de coté, en quittant l’axe, le Compagnon passe à un monde à deux dimensions (longueur plus largeur), le plan horizontal.

Il trace avec ses pas une surface. Le 5ème pas, le ramène dans l’axe de l’Etoile flamboyante qui est son guide.

Il a voyagé et a appris.

3ème étape : La marche du Maître

Cette marche est communiquée pendant la cérémonie d’élévation. Durant cette cérémonie, à l'issue de ses cinq pas, le Compagnon, à qui l'on a demandé des preuves de son innocence (gants et tablier intacts, ignorance d'un complot) doit maintenant en donner une nouvelle. S'il n'est pas le meurtrier, il ne doit pas craindre d'enjamber le cadavre étendu à ses pieds.

En ayant enjambé par trois fois le corps du Maître allongé dans son cercueil. Il passe ainsi de l’équerre au compas, changeant de dimension. Il évolue en trois dimensions (symbole de son élévation). A la longueur et largeur, le Maître a rajouté la hauteur. A la ligne, au plan, s’est ajouté le volume.

Il est à ce moment précis entre les branches du compas donc de l’esprit et devient du coup un intercesseur entre le ciel et la terre. C’est le passage du domaine tangible à celui des idées, de l’homme matériel à l’homme spirituel.

L’Apprenti et le Compagnon, ont utilisé l’équerre dans leurs postures et leurs pas, l’équerre qui permet de tracer les angles droit et donc le carré, alors que le maître, lui par ses pas découvre le compas qui permet de tracer le cercle.

La marche représente le dépassement de la crainte de la mort, l’idée d’une nouvelle naissance ou plutôt la naissance du « nouvel homme », c’est-à-dire, le véritable initié.

Elle invite le Maître à dépasser les limites du monde matériel pour aller vers celui de la spéculation métaphysique.

Cette marche est une véritable ordalie, il s’agit de savoir si l’impétrant est innocent du crime qui a été commis. C’est l’aspect judiciaire, avec lequel coexiste une épreuve de nature alchimique, qui implique la pureté de celui qui en sort victorieux. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Maître des cérémonies et l’expert ne doivent en aucun cas faire de démonstration préalable. Le candidat doit être guidé et en cas d’échec, il doit recommencer.

Le succès de l’enjambement du cadavre transforme le suspect en initié.

Cette marche se termine par le signe Pénal suivi du signe d’Horreur avec l’exclamation rituelle.

Avant d’évoquer le signe Pénal et le signe d’Horreur je vais poursuivre en m’attachant particulièrement au nombre de pas que comporte la marche du Maître.

La marche du maître comprend 8 pas (les 3 pas de l’apprenti plus les 2 pas supplémentaires du Compagnon plus les 3 pas de l’enjambement et du retour dans l’axe initial).

Nous ne pouvons que remarquer que, pour la première fois, le nombre de pas effectués ne correspond pas à l’âge exact du degré où nous nous trouvons.

Apprenti, 3 ans et 3 pas.
Compagnon, 5 ans et 5 pas.
Maître, 7 ans et 8 pas.
Pourquoi cet écart ?

N’aurait-on pas pu se contenter de 7 pas, car le chiffre 7 est un chiffre premier important qu’on retrouve partout tant en maçonnerie que dans le monde profane.

Rappelons qu’il faut être 7 Maçons pour rendre la Loge juste et parfaite, que ce sont 7 Maîtres qui accompagnent les Vénérables Maître Expert et Maître des Cérémonies pour la recherche du corps d’Hiram pendant la Cérémonie d’élévation. Sept, c’est le nombre de marches qu’il faut gravir lorsqu’on se trouve sur le deuxième repos de l’escalier en colimaçon qui nous amène à la Chambre du Milieu.

Sept, c’est aussi la longueur du tombeau dans lequel le corps de notre Maître Hiram fut inhumé.

Les exemples abondent mettant en évidence que le chiffre 7 représente une idée de fin de cycle (7 = 4+3 : réunion de la Terre et du Ciel, de la matière et de l’Esprit…).

C’est pourtant bien huit pas, huit pas parce que nous avons « sept ans et plus » selon le rituel d’instruction.

Le et nous fait comprendre qu’il y a une suite et une action continue, c'est-à-dire sans rupture et le « plus » pourrait être ce huitième pas nous amenant aux portes de l’inconnu, dans une autre dimension. C’est l’achèvement d’un cycle et le commencement d’un nouveau. Le nombre 8 est un nombre de passage, de transition, ici, entre ce qui est acquis et ce qui est à acquérir, mais aussi le nombre de la résurrection (La résurrection désigne le fait de revenir à la vie, le mot grec « Anastasis » signifie littéralement « action de se lever, de se mettre debout ». Ce terme est employé fréquemment dans les écritures grecques chrétiennes avec la résurrection des morts.

Le 8ème pas ramène le Maître dans l’axe initial, symbole que la recherche du Maître est sans limite, est infinie.
Le nombre huit symbolise pour les Pythagoriciens l’équilibre final.
Ce nombre est le premier nombre cubique (2 à la puissance 3).

On y retrouve le passage du plan, du carré au volume par la hauteur, donc au cube. En mettant le 8 à l’horizontale, il représente alors le symbole de l’infini auquel le Maître doit s’efforcer de tendre jusqu’à sa mort, jusqu’à son passage à l’Orient Eternel.

Symbole de l’infini et de l’éternité, le 8 est aussi une représentation des énergies terrestres et célestes, qui circulent sans cesse de haut en bas et de bas en haut et se régénèrent.

Comme je l’ai indiqué précédemment, la marche se termine par le signe Pénal suivi du signe d’Horreur avec l’exclamation rituelle.

Le signe pénal

Les trois déplacements successifs se sont effectués à l'ordre de chacun des grades concernés.

Nous pouvons remarquer que la partie supérieure du corps délimitée par la main a ainsi progressivement grandi, accompagnant symboliquement l'évolution du frère vers plus de spiritualité.

L’Apprenti se coupe la gorge ; celle-ci est à la fois le véhicule de la nourriture et l’organe de la parole.

L’Apprenti enlève ainsi en lui l’esclavage des appétits physiques et l’imprudence des vaines paroles. Il apprend les vertus du silence, de la retenue, de la prudence verbale.

Le Compagnon s’arrache le cœur, en ce sens qu’il se défait des excès du sentiment et des liaisons sentimentales qui peuvent annihiler sa volonté. Il se libère de l’esclavage charnel et sentimental, si entaché d’égoïsme effréné ; il bride ainsi ses passions et atteint un équilibre rationnel.

Le Maître enfin se coupe le ventre. PLATON enseignait que tout est hiérarchie dans l’être humain, la tête doit dominer le cœur et celui-ci doit dominer le ventre, symbole de tous les appétits terrestres et de toutes les passions inférieures.

L’évolution des signes se fait de haut en bas ainsi, l’influence spirituelle gagne peu à peu l’initié, tout d’abord par l’intellect, puis vers le cœur pour enfin gagner le centre des énergies et se répandre dans tout notre être.

Le signe d’horreur

La marche du Maître se termine par le signe d’horreur en souvenir de la découverte du cadavre d’Hiram par les Maîtres partis à sa recherche. Ce signe s’exécute les pieds en équerre, les deux bras sont tendus le long du corps et s’élèvent pour décrire chacun un demi-cercle, tandis que la colonne vertébrale se cambre, la tête est rejetée en arrière et l’ensemble du corps forme un arc de cercle. L’élan provoqué par le mouvement rapide des bras vers le haut tend à soulever le corps dans la direction verticale.

Les mains tendues, les doigts séparés on s’écrie : « A. S. M. D. » ; les mains retombent sur le tablier, marquant ainsi l’étonnement, la stupéfaction et l’accablement à la découverte du corps du Maître Hiram.

Ce signe se décompose en deux temps. Dans le premier, il fait appel aux forces supérieures et dans le second à un geste d’effroi, de désespoir. L’expression Mon Dieu est la reconnaissance de l’état d’allégeance d’un vassal à son suzerain, désigné par le nom de Dieu.

Ce signe traduit un sentiment intérieur au travers d’une expression physique. Il s’agit d’un geste de désespoir qui manifeste une souffrance tant morale que physique.

Il se manifeste sous l’effet de la surprise du choc brutal de la découverte du cadavre du Maître enfouit sous un tertre.

Conclusion

Cette marche du Maître est une marche vers soi même et vers le divin, parvenir à une maturité spirituelle, à la libre expression des facultés divines de l’âme, afin que la vie ne soit pas un passage vide de sens spirituel.

Passage difficile de l’obscurité à la lumière, l’étincelle de l’initiation devient un fil de lumière pour le compagnon et un rayon de lumière pour le maître (cf. la relation entre la bougie du Cabinet de réflexion, le Delta Lumineux, l’Etoile Flamboyante et l’Acacia).

La marche du Maître est l’outil qui dirige notre démarche d’être initié. Il faut orienter notre parcourt vers la lumière, puis comme lors de l’ordalie, se remettre en question par rapport à nos devoirs et engagements.

Les différents signes ne font que souligner encore plus fortement ces résolutions.

La dimension intérieure et spirituelle est l’élément moteur de l’élévation, le maître a été relevé (« Le Maître est retrouvé et il reparaît aussi radieux que jamais ! »).

Le Maître est alors un homme achevé, un « Compagnon fini ». Cet homme virtuellement réalisé, médiateur entre le ciel et la terre, est ainsi à même de développer toutes les potentialités qui sont les siennes et dont il a maintenant conscience. Ce n’est plus le même homme, précisément à cause de ce pas vers le haut, de ce pas qui lui a permis d’entrevoir l’absolu avant de redescendre sur le pavé mosaïque, parmi les hommes afin de rassembler ce qui est épars et de porter à son tour la lumière de l’esprit, du principe.

Mais notre âge en tant que Maître Maçon, « 7 ans et plus », nous fait, peut-être comprendre que notre tâche ne fait que commencer…

J’ai dit, T\ V\ M\

S\ V\


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