Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Les Trois degrés d'élévation

En loge bleue, le Franc-maçon subit trois degrés d’élévation. 
Qu’ont-ils apporté au profane que je fus, il y a encore quelques années ?

C’est le sujet de la planche qui m’a été donné et auquel je vais essayer de répondre avec le plus de sincérité possible. Je souhaite vous  faire partager les sentiments que j’ai éprouvés, à chacune de ces trois démarches, qui me conduisirent du Premier Degré au Troisième Degré de ce Parcours Initiatique.

 
1.                  L’Initiation au Premier Degré
C’est l’Initiation au Premier Degré, celle du Grade d’Apprenti, qui m’a ému au plus profond de moi-même.

Mon passage en Cabinet de Réflexion a été pour moi une épreuve dont j’étais loin d’imaginer qu’elle me marquerait aussi profondément, aussi intensément.
En descendant les marches qui menaient au Cabinet de Réflexion, j’avais l’impression de m’enfoncer au plus profond de la terre, les yeux bandés. Cette descente m’a paru interminable.

Je m’interrogeais déjà intérieurement, à savoir jusqu’où mon désir profond d’entrer dans l’Ordre Maçonnique allait me conduire.

Arrivé au terme de mon voyage, le Frère qui m’avait guidé, après m’avoir enlevé mon bandeau, me demanda, avant de se retirer, de réfléchir encore sur ma démarche et de rédiger mon Testament Philosophique.
Resté seul, mes yeux se sont habitués progressivement à la pénombre des lieux.
 Avant de m’asseoir à la table, sur laquelle un flambeau éclairait un crâne, un miroir, du pain, une cruche d’eau et trois coupelles contenant du mercure, du soufre, et du sel, j’ai regardé autour de moi.

Sur les murs noirs, je distinguais un sablier, une faux entrecroisée et un coq surmontant les mots : VIGILANCE et PERSEVERANCE, ainsi qu’une formule hermétique : V.I.T.R.I.O.L.
J’éprouvais une profonde solitude. Compte-tenu de la présence d’une cruche et du pain, j’avais l’impression de me trouver dans un cachot, voire pire, dans une sépulture, tant les symboles de la mort étaient présents,  sentiment renforcé par la présence du sablier, représentant à mes yeux, le temps très court de la Vie Terrestre.

Dépouillé de tous mes métaux, confronté à la mort et à l’obscurité, je n’avais  pour  seul compagnon qu’un miroir qui me renvoyait l’image de moi-même. J’ai alors effectué une véritable introspection et me suis interrogé sur le sens de ma vie.
Dans le profond silence de la méditation, la quête de la Spiritualité m’est apparue comme le Bien le plus précieux pour l’Homme, les contingences terrestres ne devant-être que secondaires et accessoires.

C’est ainsi que j’ai pu, après avoir effectué ce retour aux sources de la Vie, rédiger mon Testament Philosophique.
Je venais d’accomplir ma première épreuve, celle de la Terre.
Les trois Epreuves de l’Air, de l’Eau, et du Feu, auxquelles je fus confronté corde au cou, bras gauche, sein gauche et genou droit découverts, pied gauche en pantoufle et yeux bandés, m’ont conforté dans mon opinion.

C’est cette réflexion sur moi-même qui devait me permettre, avec l’aide de mes mains fraternelles, à parvenir à cette quête de la Spiritualité, par les sentiers de la Vertu, en délaissant les passions humaines.

En effet, comment, sans l’aide d’appuis fraternels, aurais-je pu surmonter le désordre et les obstacles du premier voyage, le cliquetis des armes, qui frappait mes oreilles, lors du second  périple?
Et après le troisième voyage, s’est faite la lumière. J’ai vu ces épées dirigées vers moi, prêtes à me frapper en cas de trahison à l’Ordre Maçonnique, mais aussi prêtes à me protéger, à me défendre dans ma démarche initiatique.

Aussi garderai-je en mémoire ces paroles du Vénérable Maître :
 « Néophyte, ces épées, que vous voyez tournées vers vous, annoncent que tous les Francs-Maçons voleront à votre secours au moment du danger.  Mais elles vous annoncent aussi que, si vous trahissiez votre serment, vous n’échapperiez pas à la vengeance de tous les Frères, répandus sur la surface du globe, qui ont juré de punir le parjure. »
La Chaîne d’Union avec mes Frères et le miroir m’ont rappelé, que je ne pouvais parvenir seul à la Spiritualité, et, que mes Frères seraient là pour m’aider dans ma quête initiatique et me  renvoyer l’image de moi-même.
Je voudrais enfin exprimer la forte émotion qui m’étreignit lorsque le bandeau me fut retiré au cours de la Chaîne d’Union.
La Lumière me fut alors révélée, tel l’enfant venant de naître après avoir séjourné dans le ventre de sa mère.
J’ai ressenti à cet instant, moi aussi, la joie d’être entouré de Frères pour me guider au long de ma vie maçonnique.

Durant ma vie d’Apprenti, j’ai appris à construire le Temple Matériel.
Dans le Temple de notre Loge, j’ai trouvé le principe créateur, l’état primordial.
En travaillant sur la Pierre Brute, je me suis amélioré, je me suis recréé.
Je me suis libéré de tout ce qui, en soi-même, constitue une entrave et souvent un esclavage : les inclinations passionnelles et instinctives, les préjugés, les égoïsmes.

Lors de mon admission au Temple, comme Profane, j’ai mis en œuvre les propos du Vénérable Maître :
 « Sachez, Monsieur, que c’est pour mettre un frein salutaire à nos passions, pour nous élever au-dessus des intérêts mesquins qui tourmentent les Profanes, que nous nous assemblons dans nos Temples. »
A l’issue de mon temps d’Apprenti, où le silence m’était imposé, et qui fut pour moi un privilège : écouter et observer sans répondre, les Maîtres de mon atelier m’ont jugé apte à devenir Compagnon.

2.                  L’élévation au grade de Compagnon
Alors que j’avais effectué trois voyages (trois, le nombre de l’Apprenti), j’ai accompli les cinq voyages rituels de mon élévation au grade de Compagnon.
Au cours du Premier Voyage, j’ai éliminé les erreurs qui entachaient ma conscience afin d’acquérir les nouvelles connaissances nécessaires pour polir la Pierre Cubique.
Lors du Second Voyage, j’ai appris à tracer les Planches de mes futurs travaux et à envisager la construction du Temple.

Dans le Troisième voyage, j’ai pu commencer la construction rationnelle et stable du Temple par perpendiculaires et horizontales.

Dans le Quatrième Voyage, avec l’Equerre, j’ai pu construire mon Temple. Toutes les Pierres Cubiques, rigoureusement d’équerre, s’ajustaient les unes aux autres avec exactitude.
Au Cinquième Voyage, accompli mains libres, j’ai appris que le travail était la grande vocation de l’Homme et la mission fondamentale du Franc-maçon :
« Travailler au perfectionnement de l’Humanité. »

Enfin, avec une certaine émotion, j’ai contemplé le grand symbole du Compagnon : l’Etoile Flamboyante, pentagramme parfait avec, en son centre, la lettre G.
Cinq pointes, cinq, nombre du Compagnon, obtenu de l’addition du chiffre Trois (signe du Divin, de l’Esprit) et du chiffre Deux (Chair).

L’Etoile Flamboyante représente l’harmonie de la structure humaine.
Chacune des pointes a une signification propre : Géométrie, Génération, Gravitation, Génie, Gnose.
La lettre G, au centre, symbolise le Grand Architecte de l’Univers.
En regardant cette Etoile Flamboyante, Lumière invisible, j’ai compris le sens ésotérique du mot V.I.T.R.I.O.L. (visite l’intérieur de la Terre et en rectifiant, tu trouveras la Pierre Occulte) :

L’œuvre cachée est en soi.
J’avais été guidé par mes Frères en tant qu’Apprenti, je devais commencer à marcher seul.
Je devais donc poursuivre et persévérer dans ma Voie Initiatique.
Je devais être une Etoile Flamboyante pour mes Frères et pour les Profanes.
Si c’était un privilège d’écouter sans répondre au grade d’Apprenti, ce fut également un très grand privilège que de pouvoir exprimer ses idées au grade de Compagnon.
Compagnon, je suis passé des œuvres matérielles aux œuvres intellectuelles qui permettent la réalisation des idées, du Temple Intellectuel, la construction humaine grâce au savoir, la réflexion que sont les sens, les ordres d’Architecture, les Arts Libéraux, les grands Initiés, et la glorification du Travail.

Les connaissances nous ont été transmises par de grands Initiés, tels que :
·        SOCRATE, qui a jeté les fondements des sciences morales.
La dialectique avait pour but de « découvrir les points sur lesquels tous les Hommes sont d’accord », comme la Franc-Maçonnerie a vocation à le faire.
Il découvrit l’Unité du Principe Créateur et professait l’immortalité de l’Ame.
Sa maxime :
« Connais-toi toi-même. »
·        MOISE, connu en tant que guide et législateur du Peuple Juif.
Initié aux Connaissances Secrètes des Temples Egyptiens, il y reçut la doctrine monothéiste.
Il remit au Peuple Juif le Décalogue, texte religieux et moral qui proclame, en autre :
« Tu ne tueras point. »
·        JESUS, fondateur du Christianisme, qu’il prêche à l’attention de l’Humanité entière.
Il annonce à l’Occident la Bonne Nouvelle de la Fraternité Humaine :
« Aimez-vous les uns les autres ! »
Le compagnon est pour moi le trait d’Union entre l’Apprenti et le Maître.
Il est, pour le Maître, la récompense de son Travail, et pour l’Apprenti, un repère qui lui rappelle que le chemin Initiatique est progressif.
Et selon les paroles du Vénérable Maître au jeune Compagnon qui vient de prêter serment :
« Mon Frère, veuillez observer la position de l’Equerre et du Compas placés sur le Volume de la loi Sacrée.
Ils symbolisent les progrès que vous avez accompli en Franc-Maçonnerie.
Lorsque vous avez été créé Apprenti, les deux pointes du Compas étaient cachées par l’Equerre. Maintenant, une pointe est découverte pour indiquer que vous vous trouvez à mi-chemin de l’Initiation, plus avancé que l’Apprenti, mais moins que le Maître que vous parviendrez, je l’espère, à devenir par la suite. »

3.                  L’élévation au grade de Maître 
Mon temps de Compagnon effectué, où la parole m’a été rendue, les Maîtres de mon Atelier m’ont jugé digne d’être admis parmi eux.
J’ai vécu, au cours de cette Initiation au troisième degré, une véritable renaissance dont je n’ai perçu le sens profond qu’en revivant moi-même la mort d’Hiram.
J’ai été introduit dans le Temple, à reculons, torse nu, face à l’Etoile Flamboyante. L’obscurité et le silence y régnaient.
J’éprouvais une angoisse spirituelle de plus en plus profonde.
Après que l’on se soit assuré que mon Tablier et mes mains étaient sans tâche, je fus autorisé à me retourner face à l’Orient.
J’apercevais des ombres et de faibles lueurs.
Alors que je distinguais un cercueil, drapé de noir, mon angoisse augmentait.
Je me demandais ce qui allait se produire pendant que le Vénérable me disait :
            « Compagnon, vous nous voyez plongés dans le deuil et les larmes. La lumière qui nous éclairait a disparu. Le meilleur de nos Frères est tombé sous les coups d’infâmes meurtriers et nous sommes, hélas, certains que les ouvriers qui ont commis le crime appartiennent à la classe des Compagnons. Avez-vous eu connaissance d’un complot formé contre notre Ordre et contre ses Membres ? » 
Les trois mauvais Compagnons, infâmes traîtres à notre Ordre Maçonnique représentant l’Ignorance, le Fanatisme et l’Ambition, avaient assassiné le Maître Hiram, choisi par le Roi Salomon, dans le pieux dessein d’élever un Temple à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers.

Après avoir accompli la marche de l’Apprenti et du Compagnon, je suis arrivé à la tête du cercueil. On m’a fait enjamber celui-ci une fois à droite, une fois à gauche puis une nouvelle fois à droite, de manière à me retrouver aux pieds du cadavre.
Notre Frère ne s’étant pas levé devant moi pour crier vengeance et me maudire, j’ai pris la place d’Hiram dans le cercueil.
Je vivais des moments très éprouvants qui me rappelaient ceux que j’avais traversés dans le Cabinet de Réflexion. Mais avec cette particularité que je commettais un sacrilège en m’allongeant dans le cercueil.

J’ai revécu, ensuite, le mystère de la renaissance d’Hiram, à travers les circonstances dans lesquelles son corps, en putréfaction, fût découvert grâce à la présence d’un Acacia (symbole de l’immortalité de l’âme), d’une Equerre et d’un Compas.
Le très Vénérable Maître, aidé des deux surveillants, me montra comment, après avoir tenté en vain de soulever le corps par l’attouchement d’Apprenti, puis de Compagnon, on parvint, par les Cinq Points Parfaits de la Maîtrise, à relever Hiram et à le sortir du tombeau en prononçant, à ses oreilles, les trois syllabes : M..H..B..    
Enfin la lumière est revenue dans le Temple, symbolisant ainsi la résurrection d’Hiram à travers mon élévation à la Maîtrise.
Hiram était ressuscité. Tel était le but de l’Initiation au grade de Maître que je venais de vivre intensément. 

J’étais l’Initié devenu adepte et rayonnant de Lumière.
En interprétant moi-même le mythe d’Hiram, j’ai compris que le Compagnon ne pourra jamais arracher, par la violence, ce qui est le prix du Travail et de la Vertu.

Je me suis rendu compte que le Compagnon ne peut vaincre, avec sa seule volonté, l’inertie cadavérique :
Il doit se métamorphoser lui-même en un nouveau Maître.   
Je suis passé de l’Horizontalité à la Verticalité, de la Mort à la Vie.
Après la désagrégation symbolique de mon corps, sa reconstruction s’est réalisée par la transmission du Mot Sacré :
« L’Esprit est venu l’habiter. »
Mon corps avait retrouvé sa position verticale grâce aux Cinq Points de la Maîtrise, l’échange du Mot Sacré lui avait redonné vie.

De Compagnon, mort intérieurement, je me suis relevé à une vie nouvelle, celle de Maître.
Le très Vénérable Maître dit :
« Célébrons, mes Frères, par des Acclamations de Joie ce jour heureux, qui ramène sur notre Loge attristée la Lumière que nous croyions à jamais perdue. Notre Maître a revu le jour :
Il renait dans la personne de notre très Cher Frère. »
C’est dans cette épreuve de la Mort que j’ai vécu la plénitude de mon Initiation. La mort d’Hiram, c’est la mort symbolique de tout Etre qui aspire à passer d’une Vie qu’il connaît à une Vie meilleure, qui ne peut-être atteinte qu’après le passage de certaines épreuves.
Par la Maîtrise, j’ai fait une approche du Spirituel, de la Spiritualité.
C’est une véritable renaissance qui n’est possible qu’après être passé par la mort symbolique, suivie de la résurrection -- tel le grain de blé mis-en terre qui meurt avant de donner naissance à un nouvel épi.

Le mythe d’Hiram, c’est aussi la transmission du mot de Maître, qui ne peut-être communiqué à qui n’a pas la qualité pour le connaître :
A chacun selon ses  aptitudes, à chacun selon son mérite.
Hiram préfère mourir plutôt que de livrer son secret à des Compagnons qui n’ont su se libérer de leurs passions que sont l’Ambition, le Fanatisme et l’Ignorance.
Je veillerai à ce que l’Esprit d’Hiram soit présent au sein de ma Loge.

De mes trois Initiations successives, j’ai compris que, pour devenir et être Maçon :
-          Je suis passé, en tant qu’Apprenti, par le royaume de l’Obscurité et de la Mort, pour revenir à l’état primordial. J’ai dû m’assurer le concours de Frères expérimentés, sous peine de graves accidents symbolisés par les Voyages.
-         J’ai appris, en tant que Compagnon, à manier les instruments qui permettent de transformer la matière, sous l’effet des forces physiques maniées par l’intelligence.
-         J’ai appris qu’en dehors des forces physiques, il existe des forces d’un ordre plus élevé, symbolisé par le flamboiement de l’Etoile.
-         Je suis passé à nouveau, mais seul et sans avoir besoin de guide, dans le royaume de l’Obscurité et de la Mort, pour m’élever à la Maîtrise.
J’ai fait consciemment ce que j’avais fait inconsciemment dans le Cabinet de Réflexion.
Aujourd’hui, mes Frères, bien que Maître Maçon, il me reste encore beaucoup à apprendre pour parvenir à la Perfection et avancer sur le chemin de la Sagesse et de la Connaissance.

J’ai dit.

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