Elohim
une autre lecture de la Bible
Qui est Elohim ? Est-il Dieu,
ce personnage très mystérieux
dont on dit qu’il aurait créé rien de
moins que l’univers, pas seulement la vie
et l’être humain sur la Terre, mais aussi toutes
les étoiles, toutes les
galaxies, toute matière, bref tout ce qui existe ? Comment
une personne
pourrait-elle avoir tout créé ?
Si Dieu a créé toute matière, il ne
l’a pas fait avec de la matière, mais avec
son esprit immatériel.
Mais qu’est-ce que cet esprit immatériel qui peut
produire de la matière avec
de « l’immatière »?
Qu’est-ce que de « l’immatière
»?
Si cette substance peut tout créer à partir
d’elle-même, elle est forcément une
énergie, la plus puissante de toute.
Mais si cette énergie est suprêmement
organisée, si elle est régie par des lois
fondamentales et parfaites qu’aucune volonté ne
peut changer ou détruire, les
lois de la substance de Dieu déterminent sa
volonté.
Donc Dieu ne peut pas échapper aux lois de sa propre
substance. Autrement dit,
si l’objectivité de Dieu existe, sa
subjectivité n’est pas toute-puissante
puisqu’elle ne peut pas supprimer ses propres lois.
Dieu est une personne toute-puissante qui n’est
même pas capable de se suicider
!
La volonté de Dieu ne pouvant pas échapper aux
lois qui déterminent sa
substance, il est, comme tout être matériel,
soumis à des lois naturelles
supérieures. Si Dieu sait tout, il ne peut pas
s’interroger ni se tromper.
Or le dieu de la Bible s’interroge, réalise
qu’il s’est trompé, et, comme un
artiste, décide de détruire sa
première création pour recommencer !
Comment ne pas voir que Dieu n’est rien d’autre
qu’un être mythologique inventé
par le désir infantile et égocentrique
d’humaniser l’univers infini, de croire
que toute existence provient de l’Homme, que rien
n’est plus grand et plus fort
que l’Homme ?
Elohim, qui détruit
et recommence la création, peut-il être le nom
hébreu de
Dieu qui sait tout et ne peut jamais se tromper ?
Voici
comment il
démontre qu’Elohim n’est pas Dieu :
« Quatorze
principales traductions de la Bible en français sont en
concurrence,
actuellement, sur ce qu'il faut bien appeler le «
marché de la révélation ».
Quatre sont d'obédience catholique: Crampon, Osty,
Maredsous, Jérusalem. Six
émanent du prostestantisme ou de la réforme:
Ostervald, Segond, Darby,
Synodale, Scofield, Monde nouveau. Deux sont juives: Kahn, Chouraqui.
Une est
universitaire: Dhorme. Une autre est oecuménique: T.O.B.
La
plupart de ces traductions, notamment les plus anciennes, ont
été plusieurs
fois révisées et corrigées. Elles
étaient donc imparfaites.
Chacune de ces traductions se singularise par rapport aux autres et
tire la
couverture à soi en prétendant être la
meilleure.
Chacune des quatorze versions présente, avec les autres,
même au sein d'une
confession religieuse commune, des différences souvent
considérables, non pas
sur des détails ou des nuances (par l'emploi des synonymes),
mais sur des
points importants qui entraînent des divergences
théologiques. (...)
« Dès le départ, on est
confronté à ce problème-là,
précisément à propos du «
Dieu créateur ».
La Bible entre directement dans le vif de son sujet. Son
troisième mot est le
nom de l'entité centrale et capitale dont elle va
abondamment relater les
manifestations. Douze versions françaises sont d'accord pour
dire que ce nom
primordial est : DIEU.
Mais la vraie Bible est écrite en hébreu, et
c'est en hébreu qu'elle délivre
son véritable message.
À commencer par le nom autour duquel tout son message
gravite et s'articule. Ce
nom n'est pas DIEU.
C'est ELOHIM.
Examinons le premier verset de
la Bible.
Pour l'intégrer,
sans l'altérer, dans nos structures mentales, qui ne
correspondent pas à celles de la culture
hébraïque, il faut lui faire subir
deux opérations simultanées : transcrire, en
lettres latines, sa lecture
phonétique, et inverser le sens de lecture droite-gauche en
gauche-droite.
Voilà ce que cela donne : « Bereshit bara Elohim
et ha shamaïm vé et ha éretz
». C'est encore de l'hébreu, mais il est
occidentalisé dans la forme.
En voici la traduction, par Dhorme : « Au commencement Elohim
créa les cieux et
la terre », et par
Chouraqui : « Entête Elohîm
créait les ciels et la terre ».
« Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le
mot DIEU, que l'on trouve ici
dans les autres versions, n'est pas la traduction du mot ELOHIM.
Un nom propre ne se traduit d'ailleurs jamais. Enlever ELOHIM et le
remplacer
par DIEU n'est pas innocent. C'est un acte de désinformation
! « En Droit, le
nom est une appellation propre, un attribut incessible, imprescriptible
et
protégé, de la personnalité qu'il
désigne et identifie. Dans douze versions
françaises sur quatorze, l'entité agissante de la
Bible est privée du droit,
élémentaire et fondamental, d'être
identifiée sous son véritable nom. Ce n'est
pas correct. Mais ce qui l'est encore moins, c'est que le lecteur de
l'une ou
l'autre de ces douze versions est privé du droit, lui aussi
élémentaire et
fondamental, de connaître le véritable nom de
l'entité à laquelle il
s'intéresse. Il y a tromperie ! »
Est-ce vraiment si important et si grave ? Après tout,
l'entité nommée ELOHIM
par les rédacteurs hébreux de la Bible ne
peut-elle être valablement appelée
DIEU par la grosse majorité des traducteurs
français de cette même Bible? Cela
ne revient-il pas au même? Sûrement pas! Car les
composants des noms hébreux
sont toujours savamment dosés, d'une manière
précise.
Ils ont même des valeurs numériques. Ils
constituent un code d'accès à la
banque centrale de données qu'est la Bible. Sans la bonne
clef, la bonne
serrure ne s'ouvre pas. Et l'on n'y comprend plus que ce que l'on
préfère
imaginer. « On observe, là-dessus, avec
étonnement, que le nom ELOHIM, qui est
le plus important de la Bible, est le seul à être
radicalement éjecté de la
majorité des traductions françaises, alors que la
multitude des autres
personnages y gardent chacun son nom propre, à peine
occidentalisé, dans
certains cas, pour en faciliter la prononciation.(…)
« Le mot DIEU s'est glissé dans la langue
française, au IXème siècle,
après
avoir fait ses classes en latin. Il était issu d'une famille
nombreuse dont le
lointain ancêtre, DEI, remontait à une souche
indo-européenne. De tout temps,
l'ancêtre DEI a exprimé la lumière du
soleil et les phénomènes naturels qui
s'observent dans et sous le ciel." «
L’aîné de cette famille très
ancienne
est notre mot JOUR. Il s’est modelé pour un usage
courant en partant du latin
DIURNUS, par l’érosion phonétique de ce
mot : DI-OURNOUS, I-OURNOUS, I-OUR,
JOUR. L’usage distingué a gardé la
forme DIURNE. Dans le même temps, la
contraction du mot DIURNUS à sa première syllabe
DI, engendrait le latin DIES,
qui se traduit aussi par JOUR, et que l’on retrouve dans
LUN-DI (jour de la
Lune), MAR-DI (jour de Mars), et ainsi de suite pour toute la semaine,
comme
dans MI-DI, QUOTI-DI-EN, MERI-DI-ONAL. « Le second fils de la
famille DEI a bénéficié
d’une belle promotion. C’est JUPITER,
formé de I-OUR et de PATER, le JOUR PÈRE,
autrement dit le JOUR qui, par la lumière du soleil,
engendre tout ce qui
existe. Plus tard, par une interversion de sens et une extrapolation,
le JOUR
PÈRE deviendra le PÈRE DU JOUR…
« Les Romains ont adopté, sous le nom de Jupiter,
le ZEUS des Grecs.
Dans la foulée, le ZEUS grec, qui se prononçait
ZE-OUS, a glissé jusqu’au DEUS
latin, prononcé DE-OUS. Et c’est ainsi que,
recentré en français sur la racine
DI, déjà relevée dans DI-URNUS et
DI-ES, le vocable DIEU a pris naissance du
latin DEUS. La racine DI subsiste encore dans le latin DIVUS, qui a
donné deux
branches françaises : d’une part DEVIN, DEVINER,
et d’autre part DIVIN,
DIVINITÉ, avec un retour en boucle sur DIVINATION.
« Le DEUS latin est cousin du THEOS grec qui s’est
conservé, en français, dans
ENTHOUSIASME, PANTHEON, ATHEE, POLYTHEISME, MONOTHEISME, PANTHEISME,
APOTHEOSE,
THEOLOGIE, THEOCRATIE, THEOSOPHIE… Or, le THEOS grec, qui se
veut plus savant
que le banal DEUS latin, mais qui a le même sens, se rapporte
lui aussi à ZEUS,
avec un rappel de la racine grecque THAW, qui signifie CONTEMPLER.
Cette racine
THAW prolifère dans des mots tels que THEORIE, THEATRE, etc.
On peut aisément vérifier tout cela par
l’étymologie, une science précieuse qui
permet de connaître le sens premier des mots, au moment de
leur naissance. En
employant le mot THEOS, à l’époque
d’Archimède, puis le mot DEUS, à
l’époque de
Jules César, le Grec et le Romain ne parlaient pas du
même sujet que nous,
lorsque nous utilisons le mot DIEU. Ils évoquaient la figure
allégorique
ZEUS-JUPITER qui, par la mythologie, synthétisait les
données de l’astronomie
de leur temps (tournées plutôt vers
l’astrologie), celles des forces de la
nature, des saisons et des climats, celles des
phénomènes atmosphériques,
météorologiques dirions-nous
aujourd’hui, le tout localisé globalement dans le
CIEL, c’est-à-dire, très
prosaïquement, au-dessus de la terre et des hommes.
« Mais les anciens ne s’en tenaient pas au niveau
des pâquerettes. Leur
ZEUS-JUPITER-THEOS-DEUS les amenait à des
spéculations intellectuelles et
philosophiques. Au IVè siècle avant
Jésus-Christ, Aristote, pour ne citer que
lui, en a tiré un concept qui a fait fortune. On sait
qu’un concept est une
abstraction qui n’a pas, en soi, de
réalité objective. C’est le pur produit
d’un raisonnement. Aristote a pu, ainsi, élaborer
la théorie de l’univers, et
d’un « moteur », lui aussi unique, de ce
grand tout. Mais le brave Aristote a
balancé entre la transcendance et l’immanence.
Dans le cas de figure de la
transcendance, il plaçait son ZEUS-moteur hors de toute
compréhension et de
toute atteinte, dans l’immuable perfection de
l’astronomie et de la géométrie
combinées. Dans le cas de l’immanence, il
insérait son ZEUS-moteur dans la
nature, intrinsèquement, en le confondant avec les lois
physiques qui la
régissent d’une manière rigoureuse et
invariable. Dans les deux cas, le ZEUS
idéal d’Aristote restait le grand inconnu.
« L’imagination, s’étant mise
de la partie sur le vieux fonds Zeus-Jupiter
amélioré par le concept d’Aristote puis
remodelé par une assimilation
mythologique du judaïsme puis du christianisme, a
bientôt fait, de l’ancienne
figure gréco-latine, le DIEU syncrétique dont
nous avons hérité. Un Dieu
fourre-tout issu du mélange de plusieurs systèmes
idéologiques ou religieux. Un
héritage de bric et de broc. Ce Dieu-là est
devenu un auguste vieillard à barbe
blanche, assis, non plus sur l’Olympe, mais sur quelque
strato-cumulus, pour
l’éternité, un Père
Noël, omniprésent, omniscient, omnipotent,
paré de toutes
les qualités et de toutes les vertus, incomparable (et par
conséquent unique),
immatériel et insaisissable (et donc pur esprit),
père, créateur et maître d’un
monde qu’il administre par les lois physiques naturelles et
les lois morales,
bref, l’Être suprême par excellence.
« Cette image s’est infiltrée dans les
théologies et les philosophies. Elle
s’est même implantée dans la Bible !
Elle s’y est introduite par le biais des
traductions. Le vocabulaire gréco-latin, qui a
supplanté l’hébreu, portait ce
Dieu-là dans ses structures intimes, ses gènes
qui (on l’a vu) proviennent
d’expressions liées aux
éléments…
élémentaires. La Bible en est
défigurée ! Ou,
plus exactement, on lui a donné une figure qui
n’est pas la sienne. « Les
ornières du langage sont si profondes, que nous ne pouvons,
aujourd’hui,
évoquer le mystère des causes
premières et des fins dernières, sans employer
notamment en français, ce vocabulaire d’origine
gréco-latine si chargé de
significations particulières. Pour échapper
à cette imprégnation culturelle,
souvent doublée d’un asservissement cultuel, il
faudrait renoncer à ce
vocabulaire, ou, à défaut, en vérifier
systématiquement l’étymologie.
Et c’est toute la difficulté des traductions, la
Bible tenant, en hébreu, un
langage radicalement différent de celui des Grecs et des
Romains, et,
maintenant, du nôtre. Un langage différent pour
raconter une histoire et
délivrer un message totalement étrangers
à la culture gréco-latine.
« Deux siècles avant Jésus-Christ,
quand les Septante ont traduit l’Ancien
Testament en grec, puis, quatre siècles après
Jésus-Christ, quand Jérôme a
traduit la Bible en latin, après que le Nouveau Testament
fût passé de l’hébreu
au grec, le contenu de la Bible a été
transvasé dans des langues qui ne
correspondaient à son génie propre.
« Le premier verset de la Bible se lit ainsi dans la Vulgate
(traduction latine
de Jérôme qui, au XVIè
siècle, a été
réaffirmée texte canonique de
l’Église
catholique) : « In principio creavit Deus caelum et terram
». Nous nous
éloignons du « Bereshit bara Elohim…
» hébreu. « Le latin s’est
répandu en
Gaule par le moyen de la Vulgate, celle-ci prenant une part
déterminante à la
formation de la langue française. Ainsi donc nos
ancêtres les Gaulois ont-ils
appris, du latin de la Vulgate, que Dieu est le créateur.
Avec leur nouvelle
langue (le français naissant) c’est
entré dans leurs structures mentales. Et
c’est encore profondément enraciné dans
les nôtres. « Dès le départ,
Elohim,
l'entité essentielle de la vraie Bible, a
été, si l'on ose dire,
défroquée.
On l'a déguisée avec les oripeaux de
Zeus-Jupiter-Dieu. C'était la rendre
méconnaissable! « Le mot hébreu qui
nomme l'entité première de la Bible est
composé de cinq lettres : aleph, lamed, hé, yod,
mem. Après interversion du
sens de lecture et transcription en caractères latins, cela
donne: ALHIM.
« Du Vème au Xème siècle
après Jésus-Christ, les Massorètes
(des rabbins
dépositaires de la tradition ancestrale) ont
ajouté, au texte hébreu de la
Bible, qui est dépourvu de voyelles, les ponctuations qui en
permettent, depuis
lors, la vocalisation standard. C'est ainsi que, dans le
système massorétique,
ALHIM se prononce ELOHIM.
Cette prononciation-là est retenue par la langue
française tant écrite que
parlée. Elle colle parfaitement à
l'hébreu.
« Le mot ALHIM est formé du radical ALH et du
suffixe IM. Le radical ALH se
prononce ELOHA, et se contracte dans la forme EL. En hébreu,
le suffixe IM
marque toujours le pluriel. Le mot ELOHIM est très
précisément le pluriel du
mot ELOHA, simplifié dans le mot EL. Structurellement ELOHIM
signifie donc «
les ELOHA » ou « les EL ».
Mais, en hébreu, on ne dit ni « les ELOHA
» ni « les EL », on dit tout
simplement ELOHIM. C'est si vrai que si l'on dit, en
français, « les ELOHIM »,
on s'offre un pléonasme...qui a au moins le
mérite de souligner le sens que le
mot possède en lui-même. « Nous voici
donc en présence d'un pluriel qui est
incontournable. (...)
Ce pluriel est connu, depuis toujours, par tous ceux qui ont bien voulu
prendre
l'hébreu en considération.
Mais ce pluriel n'est pas accepté. Il dérange. Il
entraîne trop loin au goût de
certains. Il est écarté, dans la grosse
majorité des traductions, parce qu'il
est incompatible avec le concept de monothéisme que l'on
prétend tirer de la
Bible.
ELOHA, EL et ELOHIM sont évacués ensemble au
profit de DIEU. On se débarrasse
du problème en feignant de l'ignorer, et on conduit les
lecteurs des
traductions ainsi édulcorées dans l'ignorance.
(...)
« ELOHIM est un système complexe. Ce
système est un groupe d'individualités.
Chacune de ces individualités, prise
séparément, se nomme ELOHA ou EL.
L'ensemble nommé ELOHIM constitue, lui-même, une
unité caractérisée (une
personne morale) dont les actes se conjuguent au singulier, comme on le
voit
souvent dans la Bible, à commencer par le
«...Elohim créa... » du début
de la
Genèse. Chaque individualité (ELOHA ou EL) est
étroitement solidaire de chacune
des autres en particulier, et de toutes les autres ensemble (ELOHIM).
Il y a
connivence totale, à tous les niveaux. Au sein d'ELOHIM,
chaque ELOHA-EL a une
origine, une nature, des moyens, des buts, une destinée
identiques à ceux de
l'ensemble. Il exprime, représente et engage l'ensemble, au
point d'être
souvent identifié à lui. C'est l'unité
dans la multiplicité, et la
démultiplication de l'unité. Toutes proportions
gardées, c'est la France et les
Français. À cette différence que, dans
le système ELOHA-EL-ELOHIM, la cohésion
semble sans failles...
« Un ELOHA, un EL, dit le choeur des idées
reçues, c'est un « dieu » (avec une
minuscule), et ELOHIM,
c'est « Dieu » (avec une majuscule). Dans son
assimilation hâtive du contenu de
la Bible abaissé au niveau de la mythologie, le choeur des
idées reçues veut se
tirer d'embarras. Mais il omet de préciser ce qui distingue
un (petit) dieu du
(grand) Dieu. Il ne dit pas davantage comment il passe, des (petits)
dieux pris
dans leur ensemble, au (grand) Dieu unique... Allons ! Il faut chercher
ailleurs.
« Les étymologistes ont observé que,
dans le creuset indo-européen des langues,
où l'hébreu a puisé une part de sa
substance, une voyelle suivie de la lettre «
L » indiquait l'objet éloigné ou
l'être situé à l'écart,
voire à distance. Sur
cette base, bien plus tard, le latin ILLE devint notre pronom de la
troisième
personne IL, et dévia, par le latin ALTER vers AUTRE, et par
ULTRA vers OUTRE.
Cette troisième personne - qui est l'AUTRE - se confronte au
MOI, qui s'affirme
par le JE, et au TOI que l'on aborde par le TU. « Le MOI et
le TOI ont des
relations directes.
Ils distinguent, et excluent presque, l'AUTRE, qui ne se situe pas
d'emblée
dans le cercle de ces relations, parce qu'il est lointain ou/et
différent. Si
l'on remonte cette piste, ELOHA-EL, c'est l'AUTRE, et par
conséquent,
intrinsèquement, ELOHIM, c'est LES AUTRES. Autrement dit,
à une époque
extrêmement reculée, les hommes ont
constaté la présence, sur la Terre, d'une
espèce d'êtres qui, pour eux, étaient
LES AUTRES. Et c'est alors que les
Hébreux ont commencé d'élaborer la
Bible, récit de l'expérience
privilégiée
qu'ils ont eue avec LES AUTRES. Avec ELOHIM...
C'est une première réponse à la
question : d'où vient la Bible ? » L'amour de
l'Autre respecte sa parole. Faute de pouvoir la supprimer, la haine de
l'Autre
déforme sa parole.
Pour tenter de décrypter l'histoire des Elohim, il me semble
que les travaux
d'Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman ( La Bible
dévoilée ) peuvent
apporter des éléments de réponse tout
à fait intéressant. D'après leurs
recherches archéologiques, Yahvé et Elohim
étaient des dieux totémiques
différents et en compétition il y a environ 3000
ans sur le territoire de
Canaan (entre les tribus du nord et celles du Sud).
Elohim est donc le nom,
d’abord générique, par lequel les
premiers Hébreux désignent
l’entité complexe qui les prend à
parti, et dont ils vont noter les
manifestations, pour en transmettre la mémoire. Un jour - et
c’est précisément
l’une de ces manifestations -cette entité leur
fait connaître leur nom
spécifique. C’est une mise au point: - Vous
m’appelez Elohim. Soit. Mais sachez
que, moi, je me nomme IHVH (Yahvé), et que ce nom indique
mieux ma nature. La
révélation du nom IHVH intervient assez tard dans
la chronologie biblique.
douze à treize siècles avant
Jésus-Christ, croit-on. Elle est relatée (au
chapitre III du Livre de l’Exode) dans
l’épisode célèbre du buisson
ardent, au
cours duquel Moïse reçoit la mission de retourner
en Egypte, pour délivrer le
peuple hébreu, et le mettre en marche vers la terre qui lui
est promise. La scène
se passe en plein désert. Lisons-là dans la
version Chouraqui, qui serre le
texte original hébreu au plus près.
Moïse garde un troupeau “au mont de
l’Elohîm, au Horeb “. Notons que cet
endroit où, d’après la Bible, rien
n’y
s’est encore produit, est déjà connu,
0n ne sait pourquoi, comme étant” le mont
de l’Elohîm “... Tout à coup,
Moïse voit un “roncier“ qui
brûle sans se
consumer. De nos jours, personne ne s’étonnerait
d’un dispositif publicitaire
au néon, fût-il isolé en rase campagne.
Mais peut-être le bosquet du mont de
l’Elohim était-il illuminé par autre
chose qu’une puissante batterie de lampes
électriques... Moïse ne connaît pas
d’autre éclairage que celui du feu, et pas
d’autre feu que celui qui brûle.
Intrigué par le “prodige “, il
s’approche. Et,
du sein de la lumière aveuglante, il entend une voix qui
l’interpelle, qui lui
interdit d’approcher davantage, et qui se présente
: “Moi-même, l’Elohîm de ton
père, l’Elohîm d’Abraham,
l’Elohîm d’ls’hac,
l’Elohîm de Ia’acob! “, avant
de
l’envoyer affronter la redoutable puissance de Pharaon.
Moïse est perplexe.
Voyons cet Elohim dont les Hébreux ont gardé le
souvenir ne leur a plus donné
signe de vie depuis quatre cents ans, depuis les
événements relatés, pour nous,
à la fin du Livre de la Genèse. Comment savoir si
la voix qui sort du roncier
est bien celle de l’ancien Elohim? Moïse demande,
à son mystérieux
interlocuteur, de s’identifier d’une
façon plus précise, afin que les
Hébreux,
qu’il devra convaincre de le suivre, reconnaissent celui qui
l’envoie. Et c’est
là (Exode III - 14, 15) que s’inscrit la
révélation déterminante:
“Elohîm dit à Moshè :
Ehiè asher èhiè ! - Je serai qui je
serai. Il dit: “Ainsi
diras-tu aux Bénéi Israël: ‘Je
serai, Ehiè, m ‘a envoyé vers vous
‘. “Elohîm
dit encore à Moshè: “Tu diras ainsi aux
Bénéi Israël: ‘IHVH
(surchargé Adonaï),
l’Elohîm de vos pères,
l’Elohîm d’Abrahâm,
l’Elohîm d’ls‘hac et
l’Elohîm de
Ia‘acob, m ‘a envoyé vers vous
‘. Voilà mon nom en
pérennité, voilà ma
mémoration de cycle en cycle. “.
Treize versions françaises se livrent, sur le nom
révélé, à un festival de
lapalissades surréalistes ou existentielles: “Je
suis celui qui suis “(Crampon,
Jérusalem, Scofield), la même chose, mais en
capitales (Ostervald, Darby,
Maredsous), “Je suis qui je suis! (Osty, Dhorme),
“Je suis celui qui dit : JE
SUIS “(Synodale), “Je suis celui qui est
“(Segond), “Je me révélerai
être ce
que je me révélerai être
“(Monde nouveau - En capitales), “Je suis qui je
serai
“(T.O.B.), “Je suis l’Etre invariable
“(Kalin).
On doute que Moïse, et les Hébreux après
lui, se soient contentés d’une réponse
désinvolte, et on doute que l’entité
Elohim s’y soit abaissée. En
réalité, le
nom que se donne Elohim est notre verbe ETRE, en hébreu
HAYAH, conjugué au
futur : EHIE, je serai, puis IHVH, il sera. Cette forme de projection
dans le
futur peut surprendre. Mais il faut savoir que la pensée
hébraïque ne
fonctionne pas comme la nôtre. Pour décomposer le
temps, nous avons hérité, des
grecs et des latins, la formule linéaire
passé-présent-avenir. La pensée
hébraïque ne distingue que ce qui est
terminé, achevé, et ce qui reste à
faire
ou à finir, le tout étant
simultanément PRESENT. Ainsi, lorsque Elohim dit
“Je
serai “signifie-t-il à Moïse que, tel il
était pour Abraham, Isaac et Jacob des
centaines d’années auparavant, tel il est
resté maintenant, et tel il demeurera
dans l’avenir. C’est l’affirmation
d’une reprise dans la continuité
l’aventure
déjà ancienne des Hébreux avec Elohim
va se poursuivre.
La version Kalin dit, fort pertinemment, que le nom que se donne Elohim
sera
son “attribut dans tous les âges “.
L’attribut complète le nom. Le
tétragramme
IHVH (yod, hé, vav, hé) ne peut être
dissocié du nom Elohim, même s’il est
cité
seul. C’est son principal qualificatif. Il en
découle, incidemment, que tout ce
qui concerne et caractérise Elohim, notamment la
pluralité, appartient à IHVH”
continuité d’Elohim
Le tétragramme IHVH situe donc Elohim dans
l’invariabilité, la permanence et,
dit-on, l’éternité. Le mot ETERNITE est
entré dans la langue française au xiie
siècle, et l’adjectif ETERNEL au XVIe
siècle seulement (c’est une invention
très tardive), par le latin AEVUS, durée, AETAS,
durée de la vie, AETERNUS et
AETERNITAS, qui dure toute la vie. Leur sens s’est
étendu, par la suite, à un
concept absolu ce qui n’a ni commencement ni fin. Un
défi à la pensée Moyennant
quoi, depuis le mouvement de la Réforme, certains
traducteurs ont fait, de
l’adjectif ETERNEL, un substantif qui, se substituant
à IHVH, désigne, dans
leur esprit, DIEU. La Bible, pour sa part, ignore, dans son texte
original, les
mots ETERNITE et ETERNEL. Elle a des formulations, AD OLAM, la
durée qui vient,
et AHAR, ce qui vient après, que Kalin traduit par
“tous les âges “, et
Chouraqui par “pérennité “.
Or, PERENNITE vient du latin ANNUS, aimée, et de
PERENNIS, qui dure toute l’aimée. Le sens de ce
mot s’est plus tard étendu à”
qui dure longtemps, ou toujours “, TOUJOURS,
c’est-à-dire tous les jours. La
discussion sur une différence entre PERENNITE et ETERNITE
est-elle une vaine
finasserie ? Voire... Et l’adjectif ETERNEL, devenu
substantif, peut-il
valablement prendre la place de IHVH ? Là-dessus les
traducteurs sont partagés.
Il y a ceux, en majorité d’inspiration
protestante, qui font de 1 ‘ETERNITE et
de 1 ‘ETERNEL une forteresse linguistique, conceptuelle et
religieuse dans
laquelle se barricadent la pensée, la raison et la foi, et
il y a les autres,
aussi nombreux, qui restent ouverts à l’aventure
de l’esprit que leur propose
la vraie Bible.
Interférences et
confusions :
Dans le Livre de l'Exode (VI-
2,3), où l'on voit, en Egypte, commencer la
libération des Hébreux, on découvre
que IHVH, le nom-attribut d'Elohim, a bien
été révélé
à Moïse, mais qu'il a été
précédé par un autre nom-attribut: EL
SHADDAI. Lisons la version Dhorme: “Elohim parla à
Moïse et lui dit: “Je suis
Iahvé ! Je suis apparu à Abraham, à
Isaac et à Jacob comme El Shaddaï et par
mon nom de Iahvé je n ‘ai pas
été connu d'eux “. Lisons aussi
Chouraqui:
“Elohîm parle (...) Moi, IHVH (surchargé
Adonaï) je me suis fait voir (. ..) en
El Shaddaï. Mais sous mon nom de IHVH (surchargé
Adonaï) je ne me suis pas fait
connaître d'eux “. Les versions Osty et de
Jérusalem font parler Dieu à la
place d'Elohim, mais comme les précédentes, elles
respectent le nom “El Shaddaï
“qui figure bien dans le texte hébreu.
Ce nom est constitué du radical EL, qui forme par ailleurs
ELOHIM, et de
l'épithète SHADDAI qui signifie “
montagnes “(au pluriel). Que viennent faire,
ici, ces montagnes associées à Elohim? N'est-ce
pas une métaphore pour dire
qu'Elohim-Montagnes est difficile d'accès, parce qu'il se
tient de préférence
dans les lieux abrupts et élevés, au propre comme
au figuré ? Dans la réalité
du texte hébreu non déformé par les
traductions, le nom ELOHIM est connoté par
la notion de “ lieux élevés “
apportée par l'attribut SHADDAI. Il prend alors
un sens élargi : “les Autres, ceux des lieux
élevés “. Dix versions
françaises
ignorent cela en traduisant El Shaddaï par “Dieu
tout-puissant “(Maredsous,
Darby, Crampon, Synodale, Monde nouveau, Segond, Scofield),
“Dieu fort, tout
puissant “ (Ostervald), “Dieu puissant “
(T.O.B.), “Divinité souveraine
“(Kahn). La version de Jérusalem (une des quatre
qui restituent El Shaddaï sans
s'autoriser à le traduire) écrit, en note, que
“la traduction commune Dieu
tout-puissant est inexacte “.
Dans le texte hébreu, la première mention de El
Shaddaï figure au Livre de la
Genèse (XVII- 1):”... Iahvé apparut
à Abram et lui dit: “Je suis El
Shaddaï”
(version Dhorme). Là-dessus, il transforme le nom d'Abram en
Abraham et il
établit avec lui et sa future descendance “une
alliance perpétuelle “, un des
actes fondateurs majeurs parmi les événements que
raconte la Bible.
Là, on ne comprend plus ! Normalement, pour ne pas semer la
confusion dans le
cours du récit, le Bible devrait dire que c'est Elohim qui
s'adresse à Abram
pour lui déclarer “Je suis El Shaddaï
“, comme elle le fait d'ailleurs en
Genèse XXXV - 11 où c'est bien Elohim qui dit
à Jacob: “Je suis El Shaddaï “.
C'est simple : il y a, d'abord, Elohim. Puis, à l'usage
d'Abraham Isaac et
Jacob, il y a Elohim - El Shaddaï. Enfin, pour Moïse
et la suite, il y a Elohim
-IHVH. C'est un étalement chronologique progressif de la
révélation. Mais la
Bible défie notre logique. Elle mélange
allègrement les trois noms de son
entité centrale. Veut-on une démonstration
formelle de ce genre de manipulation
? Elle est dans le Livre de la Genèse (IV - 26) : Adam et
Eve viennent d'être
expulsés de l'Eden, et ils procréent. Abel
étant mort, Seth prend sa place, et
il a un fils, Enosh. “Alors on commença d'invoquer
le nom de Iahvé “(version
Dhorme). La version de Jérusalem précise que cet
Enosh “fut le premier à
invoquer le nom de Iahvé “ et la version Chouraqui
: "Alors, le nom de
IHVH-Adonaï commençait à être
crié."
De deux choses l'une : ou bien le nom IHVH était
invoqué (et donc connu) dès
l'époque adamique, puis au temps d'Abraham, ou bien il
n'était pas connu avant
d'être révélé, bien des
siècles plus tard, à Moïse. La Bible se
met ici en
contradiction avec ses propres affirmations ("Je me suis fait voir
à
Abrahâm, à Is'hac et à Ia'acob, en
Él Shadaï. Mais sous mon nom, IHVH
(surchargé Adonaï), je ne me suis pas fait
connaître d'eux."Exode VI - 3
et on peut voir 'Dieu" qui parle à abrahâm dans
Genèse XVIII - 14 :"Une
parole est-elle singulière pour IHVH (surchargé
Adonaï)?"). On ne risque
pas de s'en apercevoir si l'on se fie aux traductions, dans lesquelles
Elohim,
El Shaddaï et IHVH, sont nivelés sous les vocables
DIEU, TOUT-PUISSANT,
ETERNEL, SEIGNEUR. Enjouant sur ce clavier, les traducteurs portent la
confusion à son comble. Ils gomment les
interférences très complexes de la
Bible. C'est une manière, assez banale, d'éviter
les questions embarrassantes.
IHVH est cité (par Dhorme) 149 fois dans l'Ancien Testament
AVANT que ce nom
soit révélé à
Moïse. Il y a manifestement utilisation rétroactive
de ce nom
dans la rédaction ultime du canon hébreu. On le
devrait à une lutte d'influence
entre factions Elohiste, Iaviste, Sacerdotale, les trois sources mises
en
évidence, en 1753, par Jean Astruc, médecin de
Louis XV, dans son ouvrage:
“Conjectures sur les mémoires originaux dont il
paraît que Moïse s'est servi
pour composer le livre de la Genèse “. Les
rédacteurs de la Bible auraient
donc, eux aussi, tenté d'infléchir le message
qu'ils entendaient transmettre.
Cela ne simplifie rien.
ADONAI : un autre pluriel
“Tu ne prononceras pas en vain le nom de Iahvé
“spécifie l’un des commandements
édictés au Sinaï (Exode XX - 7, selon
Dhorme). Par excès de scrupule et de
prudence, les Hébreux, et maintenant les Juifs, ont
décidé de ne jamais
prononcer ce nom-là. N’étant jamais
prononcé, il est devenu imprononçable, et
les diverses calligraphies des traductions (YHWH, Iahvé,
Yahwé, Jehovah, etc)
ainsi que leurs vocalisations, sont arbitraires. Quand leurs yeux
voient, dans
le texte hébreu, le tétragramme IHVH, les Juifs
d’aujourd’hui, comme les
Hébreux d’autrefois, lisent, pensent et disent
ADONAI. Aussi bien, se pliant à
cette coutume, Chouraqui surcharge-t-il, dans sa version, IHVH par le
nom ADONAI,
astuce typographique qui n’existe pas dans le texte
hébreu.
Pourquoi Adonaï ?
C’est le pluriel du mot hébreu ADON, qui signifie
MAITRE. Par
conséquent, avec son pluriel inclus qui ne
nécessite pas d’article, Adonaï,
c’est LES MAITRES. Rappelons-nous
qu’Adonaï n’est, en aucune
façon, la
traduction du nom IHVH, même en hébreu, mais
qu’il est, pour celui-ci, un
vocable de substitution. Par ce vocable (“ les
maîtres “), se confirme le
pluriel inclus d’Elohim (“ les autres “)
appliqué à IHVH, ce qui est normal,
puisqu’aussi bien IHVH et Elohim désignent la
même entité.
Mais alors, pourquoi donc les
traductions françaises ne transcrivent-elles pas
IHVH, voire Elohim, par MAITRES ? Le mot MAIIRE provient de la racine
MAG, qui
a donné MEGA en grec, et MAGNUS en latin, soit “
plus grand, plus fort que les
autres “, d’où sont nés
MAGNIFIQUE, MAJESTE, MAXIMUM, MAJEUR, etc. Le latin
ecclésiastique (celui de la Vulgate) a
préféré traduire ADON par DOMINUS, un
mot issu de la vieille racine DOM, qui signifie MAISON, racine qui
adonné, par
ailleurs, DOMICILE, DOMAINE, DOMESTIQUE et surtout DOMINATEUR. Ainsi le
DOMINUSDOMINATEUR était-il le maître de la maison
et, en particulier, des
esclaves. Il assumait et imposait la PRE-DOM-INANCE de ce qui est en
haut sur
ce qui est en bas, de ce qui couvre sur ce qui est couvert, de ce qui
est fort
sur ce qui est faible. Ce faisant, le latin éliminait le
pluriel d’Adonaï et,
du même coup, évacuait le problème
posé à nouveau par ce pluriel.
Le mot DOMINUS est
tombé en désuétude dans le langage
courant. Il a été
remplacé, au temps de la féodalité,
par SOUVERAIN et SUZERAIN, qui indiquaient
la supériorité d’un individu, et son
autorité, sur les autres. Par fusion avec
la racine latine SENIOR (survivante par ailleurs dans le mot SENILITE),
racine
qui ajoutait, au fait de l’autorité, une
référence à
l’ancienneté dynastique du
pouvoir, SOUVERAIN est devenu SIRE, pour
dégénérer en MESSIRE puis MONSIEUR.
Mais, de son côté, SENIOR a gardé ses
lettres de noblesse en devenant SEIGNEUR,
le vassal nommant ainsi son suzerain, ou son souverain, et il
s’est appliqué,
dans la même foulée, au suzerain-souverain absolu,
le DOMINUS désignant DIEU
dans la traduction latine de la Bible, avec le sens primitif
très net de
prédominance du maître ancien de la maison, sur
tout ce que cette maison
contient.
On en est resté là. Le SEIGNEUR de certains
traducteurs actuels assure, dans
notre vocabulaire, une survivance de réalités
sociologiques qui n’ont plus
cours depuis que la démocratie s’est
imposée. Personne n’a cependant osé
rajeunir les textes en plaçant un PRESIDENT au plus haut
niveau de la chose
biblique... Le langage conventionnel de la religion et de la foi
s’est bloqué.
Il est resté mythologique et féodal.
Si DIEU, le TOUT-PUISSANT,
1’ETERNEL, le SEIGNEUR ne sont que des mots sans
autre portée que celle qu’on veut bien leur
accorder, ils n’en trahissent pas
moins ELOHIM, EL SHADDAI, IHVH, et même ADONAI. Ils le font
d’autant plus
sûrement qu’ils véhiculent des
réalités qui ne concordent pas avec celles de la
vraie Bible. Et cela, qu’on le veuille ou non.
D’un
côté, nous avons un concept
hérité, par la mythologie,
des temps anciens où les hommes subissaient les lois du
CIEL, qu’elles soient
naturelles et immédiates (climatiques, par exemple), ou
qu’elles soient à
longue portée (astrologiques, par appropriation de
l’astronomie).
De l’autre, se
présente l’extraordinaire message de la Bible
: il y a les hommes, et il y a “les autres “
(Elohim), il y a ceux d’en-bas, et
il y a” ceux d’en-haut” (El
Shaddaï), il y a des hommes qui passent, et il y a”
ceux qui ne changent pas, qui sont présentement tels
qu’ils étaient autrefois,
et qui resteront les mêmes dans l’avenir”
(IHVH), il y a les sujets et il y a
“les maîtres “ (Adonaï).
D’un
côté, nous avons une vision du monde, propre
à l’homme situé au centre de sa
sphère, vision qui se perfectionne au fil du temps,
jusqu’à un certain point, et qui produit ses
archétypes.
Je
vous
recommande le livre de Roger Vigneron, intitulé "Elohim, une
autre lecture
de la Bible", publié en 1993 aux éditions La
vague à l'âme.
Vigneron est un journaliste de la presse écrite qui a
décidé d’enquêter sur la
Bible avec une méthode rigoureuse. Il n'as aucun rapport
avec le mouvement
raelien.
Études
qui ont été réalisé sur
ELOHIM
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