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La construction 4-XI
- La
construction est le thème fondamental du symbolisme maçonnique. Qu’en pensez- vous ? Pour
les
observateurs profanes, comme pour ceux qui découvrent la maçonnerie par
l’initiation,
deux grandes valeurs apparaissent prédominer : le rite du
secret et le
symbolisme de la construction. Nous
allons nous
efforcer d’examiner ce qu’il en est, en ce qui concerne ce dernier
thème et
d’en évaluer l’importance. Nous
examinerons
dans un premier temps quelques généralités sur ce symbolisme, puis nous
l’étudierons aux différents stades du parcours maçonnique, pour voir
ensuite la
variété des chantiers qu’engage ce symbole, dans la loge elle-même, à
l’extérieur, ainsi que son importance dans le parcours individuel du
maçon. L’accent
sera
mis enfin sur les considérations personnelles que suggère cette
question. La
première
remarque, que l’on peut faire en préambule, tient à nos origines et à
notre
histoire. Malgré
la
diversité des opinions et des analyses à ce sujet, le passage de la
maçonnerie
opérative à la maçonnerie spéculative entraîne de facto la mutation
d’un
engagement dédié à la construction vers une adaptation spéculative et
symbolique de cet engagement. La
maçonnerie
opérative, avec ses racines antiques et médiévales, a abouti au
XVIIIème
siècle, en Angleterre, à une maçonnerie spéculative dans laquelle le
Grand
Orient a puisé ses racines, avec la spécificité qui est la sienne. Ce
passage a
suscité des analyses et des hypothèses, souvent divergentes, souvent
dominées
par la passion et qui souffrent du manque de documents écrits
susceptibles
d’éclairer telle ou telle thèse. Ce
qui est sûr,
c’est que cette maçonnerie opérative qui puise ses racines dans la nuit
des
temps, comme nous l’avons dit, comportait de nombreux rites
initiatiques. Cette
maçonnerie était aussi spéculative ,par la référence au sacré, à
l’harmonie du
trait et aux secrets jalousement gardés et transmis. La
lettre G , si
importante dès le degré de compagnon, fait notamment référence à la
géométrie,
considérée comme la science des sciences : « que
nul n’entre ici
s’il n’est géomètre », dit Pythagore. Beaucoup
avancent la notion de transition. Une
certaine
décadence de la maçonnerie opérative et l’acceptation progressive de
« non-opératifs » dans les loges, comme soutiens
financiers, et
intellectuels. Avec
la création
des 4 loges de Londres, puis leur regroupement et plus tard la création
de
celle d’Ecosse, la transition se fera peu à peu, même si certaines
loges la refuseront
pendant des décennies. Tout
ceci
explique très largement que la maçonnerie spéculative va s’approprier
le
symbole de la construction, porté par la maçonnerie opérative. Cette
ambivalence de départ va générer une ambivalence sur les symboles en
général et
notamment sur celui de la construction qui fait référence, à la fois, à
la
construction du temple de la loge mais aussi du temple intérieur de
chaque
maçon. Mais
nous
reviendrons sur ces notions d’ambivalence et de polysémie qui
caractérisent la maçonnerie.. On
comprend
donc pourquoi, parmi tous les symboles, qui rythment le parcours
maçonnique, celui
de la construction est omniprésent. Avec
une
importance variable selon les époques, l’histoire maçonnique évoque les
grandes
constructions de l’humanité ou de la bible : des pyramides aux
cathédrales, en passant par la tour de Babel, les temples de Jérusalem,
au
premier rang desquels, le temple de Salomon. Les
pyramides
égyptiennes ont suscité à certaines époques, un fort intérêt de la part
des
francs maçons. Bien
entendu,
c’est le temple de Salomon qui, avec le mythe d’Hiram, occupe une place
prépondérante dans le symbolisme de construction de la franc-maçonnerie. C’est
un
symbolisme qui est également présent dans notre temple personnel. Ce
symbolisme
est tellement présent qu’il fait dire à certains qu’il est
consubstantiel à la
franc-maçonnerie. Cet
aspect
symbolique prépondérant, suscite chez Yves Hivert, la formule de
« constructivisme maçonnique », c’est à dire la
« construction-déconstruction-reconstruction » à la
fois d’un temple
spirituel, d’un homme débout, et du temple de l’humanité, ouvert au
monde dans
son ensemble. Ce
mythe
constructiviste fait appel, à la fois, à la dialectique .philosophique
de
l’élévation de l’homme et à celle, plus empirique, de la construction
du
temple. C’est
encore ici
la dualité entre le travail cognitif du maçon spéculatif et manuel du
maçon
opératif, que nous évoquions plus haut Voyons
maintenant ce qu’il en est aux divers stades de l’itinéraire maçonnique. L’activité
se
déroule en loge, qui est également nommée temple. Ce
terme
pourrait être considéré comme impropre, puisqu’un temple est
normalement dédié
à une divinité. On peut penser que la confusion, voire la contagion
vient de
l’image du temple de Salomon et cette référence constitue une nouvelle
confirmation de l’importance du symbole de construction. Continuons
d’évoquer ce symbole de la construction au travers du parcours
maçonnique en
loge bleue suivant les trois degrés. Notons
qu’en ce
qui concerne l’apprenti, son initiation, son passage de l’ombre à ce
qu’il peut
entrevoir de la lumière, après le cabinet de réflexion, implique une
mort
symbolique, avec la rédaction de son testament de profane. Au
moment où
l’apprenti découvre la lumière, il constate que tout, dans une loge,
évoque la
construction, au travers des outils et de la pierre brute qui est un
des
symboles de son grade. L’apprenti
découvre ainsi tout le travail qui reste à faire. Cette
mort
symbolique entraîne le renoncement à sa vie de profane, un renoncement
qui
s’accompagne d’une invitation à descendre au fond de
lui-même, à
abandonner ses préjugés et jugements de valeur, pour se consacrer à la
tâche
que l’on attend de lui. Le
silence, qui
est exigé de lui, doit lui permettre de se consacrer uniquement à sa
tâche,
sous la conduite du second surveillant, à la compréhension des outils,
matériels ou symboliques. Et bien entendu à la pierre brute qu’il lui
faudra
dégrossir. On peut, à ce sujet, noter l’allégorie selon laquelle , il
est lui-même
la pierre brute. Elle
est par
définition le symbole de la construction, elle en est l’élément de
base, dès
lors qu’elle aura été dégrossie. L’apprenti
n’est
donc pas un acteur de la construction, il s’y prépare et il le sera
quand il
aura appris à dégrossir la pierre et qu’il sera, de ce fait, lui-même
dégrossi. Le
passage au
grade de compagnon est lui aussi lié à la symbolique de la construction.. Désormais
la
pierre brute a été dégrossie et le travail doit se prolonger pour
aboutir à une
pierre cubique. Dans le même temps, le compagnon va découvrir de
nouveaux
outils qui sont des outils de
construction : la règle, le levier, l’équerre et le niveau qui
sont
susceptibles de mener à une œuvre aboutie. Par
ailleurs, le
pas de côté, est une invitation au voyage et à la découverte pour se
perfectionner. Tout
se passe
donc comme si le compagnon était appelé à perfectionner sa technique,
en
découvrant d’autres expériences, d’autres ateliers, étant bien entendu
que
cette invitation à la découverte est aussi un voyage à l’intérieur de
soi. Tous
les autres
symboles du signe concourent à aller dans le sens d’une meilleure
capacité à la
construction : l’étoile flamboyante qui est un signe de
perfection et la
lettre G qui symbolise, entre autre, la géométrie dont nous avons déjà
parlé.
La géométrie est l’art par excellence de la construction universelle. Elle
est aussi
un passage de l’abstrait au concret et une invitation à bien se
connaître : « connais toi,
toi-même et tu connaîtras
l’univers et les dieux». Comme
on le
comprend bien, cette invitation confirme au compagnon qu’il doit se
préoccuper
d’améliorer sa technique par le « pas de côté » mais
en évitant la
dispersion et en maîtrisant son ego. Avec
l’élévation au grade de maître, on entre de plain-pied dans ce qui fait
le
fondement du symbolisme maçonnique : la construction du temple
de Salomon
et le mythe d’Hiram. On
est donc là
au cœur du symbolisme de la construction et du lien symbolique qui
réunit la
maçonnerie opérative et spéculative. Dans
l’élévation
au grade de maître il y a une identification très forte à la légende
d’Hiram. Le
futur maître
revit l‘assassinat et la mort d’Hiram et renaît investi de l’héritage
de sa
mission, de la poursuite de l’œuvre de construction du temple. Cette
cérémonie
donne à la légende une place privilégiée qui en fait le mythe
fondamental de la
franc-maçonnerie spéculative qui établit ainsi un lien avec l’opérative. Hiram,
s’inscrit, au fond, dans la stratégie du bouc- émissaire, dans un
processus de
sacralisation et de sacrifice, nécessaires à l’accomplissement de
l’œuvre de
construction. Hiram
est
lui-même une construction qui l’érige en un modèle qui transcende la
réalité
humaine et qui donne toute sa force et son sens à l’engagement que
prend le
nouveau maître. Au
fond,
l’élévation à la maîtrise emmène le nouveau maître à une reconnaissance
comme
frère à part entière, un peu comme si le cabinet de réflexion, les
voyages de
l’apprenti et du compagnon n’étaient que la « bande
annonce » de
cette cérémonie d’élévation. En
d’autres
termes, la lumière est apparue à l’apprenti, elle éclaire le compagnon,
il faut
espérer qu’elle illuminera le maître. Cette
renaissance, cette marche vers la lumière marquent la construction
simultanée
du temple et du maître, lui-même. On
retrouve ici,
le « constructivisme maçonnique » évoqué plus haut
ainsi que
l’allégorie entre la déconstruction- reconstruction du temple et la
construction progressive et permanente du futur maître et de la voie
qu’il doit
suivre. Tout
ceci marque
bien la prévalence du symbole de la construction et aussi la difficulté
à le
mettre en œuvre. Il
faut la
maîtrise des outils, la prise en compte des difficultés avec les autres
… et
avec soi-même. L’œuvre
que nous
inspire Hiram passe par la nécessité de composer avec les autres mais
aussi
d’être « au clair » avec soi-même. La volonté, par
ailleurs, n’est
pas la moindre des qualités que l’on attend des maîtres. Cette
volonté, cet engagement, c’est d’abord dans la loge, avec ses frères,
qu’il
devra l’exercer. Cela
a déjà été
dit mais le nouvel initié, en pénétrant dans la loge, y découvre des
frères et
une ferveur qui vont le marquer, dorénavant, et contribuer à le
construire dans
une démarche qui ne cessera jamais. Les
francs-maçons baptisent la loge dans laquelle ils se réunissent du nom
d’atelier, en référence, il faut le redire à l’origine opérative mais
ils
utilisent aussi le nom de temple. C’est
une sorte
de glissement sémantique car, comme dit plus haut, par définition, un
temple
est voué à la célébration d’une divinité. Ici, le temple est à
construire et sa
construction conserve la référence permanente à celui de Salomon et à
une
construction mentale et intellectuelle, celle d’une vision partagée de
l’humanité et aussi de soi-même. Il
est difficile
de ne pas voir dans ce qui se dégage du partage avec les autres frères
«
en leurs grades et qualités »...une sorte de
« communion » qui
est une véritable alchimie spirituelle. On
peut
supputer que chaque loge, chaque atelier , a sa propre alchimie et
qu’elle tient
à ce qui est partagé avec les frères, le vénérable maître, l’ordre du
jour…. Bref,
cette
ambiance si particulière, elle aussi, elle se construit pour atteindre
l’égrégore, ce sentiment de vivre quelque chose d’indicible qui flotte
dans la
loge, donnant l’impression que celle-ci est devenue, en quelque sorte,
plus
forte que la somme de l’ensemble de ses membres… Cette
notion
d’égrégore est utilisée aujourd’hui dans la vie profane dans la gestion
des
groupes humains. Les professionnels de la communication tentent de la
recréer
au travers de la dynamique de groupes. C’est
une
construction humaine dont la réalisation échappe un peu à ses acteurs,
dans le
mesure où , elle obéit à des facteurs psychologiques et psychiques qui
tiennent
à ses membres et à un environnement particulier. Même
s’il existe
des égrégores négatives, certaines malheureusement célèbres, comme le
discours
de Hitler à Nuremberg, l’égrégore maçonnique se donne comme objectif
d’œuvrer à
la construction du temple de l’humanité car c’est le chantier
prioritaire à
l’extérieur de la loge. On
peut
également parler d’une autre construction à l’intérieur du temple,
c’est celle
des échanges et de la communication entre les frères et les sœurs au
travers de
la triangulation. Pour
reprendre
les éléments de classification de Jakobson sur le langage cela donne au
débat
une fonction phatique qui ne manque pas de surprendre, surtout celui
qui ,
simple apprenti , écoute et apprend. Quand
on a eu
dans sa vie profane des engagements faits de débats et de
confrontations, il y
a matière à être étonné. J’ai
parlé
d’un chantier à l’extérieur : « notre tâche
n’est pas
achevée »….dit le rituel ... car la mission de la
maçonnerie est
d’œuvrer à « l’amélioration et au perfectionnement de
l’humanité »…. On
peut parler,
ici encore, de construction c’est à dire de l’édification du temple de
l’humanité. Tout
ceci est
d’ailleurs rappelé dans le rituel en loge. La
chaîne
d’union évoque cette volonté d’édification en soulignant qu’elle nous
lie
« dans le temps et dans l’espace ». C’est à dire,
qu’outre la
transmission et la continuité des valeurs, elle évoque l’unité et le
rassemblement de la Franc-maçonnerie. Ce
n’est pas
forcément la partie la plus facile du discours maçonnique. Toutes
les
obédiences se réclament de la fraternité universelle, tout en
maintenant des
clivages qui vont souvent au-delà de simples différences de rituel. Les
constitutions
d’Anderson, elles même, tout en appelant à cette union parlent
également
d’« athées idiots »…. C’est
un peu
comme si nous avions à bâtir le même temple ou un temple commun en
disposant de
plans différents. C’est
une
réflexion toute personnelle mais que je prolonge en disant que notre
devoir est
de savoir dépasser tout cela. J’en
suis
d’autant plus persuadé que la maçonnerie a-dogmatique est un outil
susceptible
d’aider à construire un temple commun, nonobstant les différences
spirituelles
et religieuses….entre « celui qui croit au ciel et
celui qui n’y croit
pas »...comme dirait le poète. Mais
la
symbolique de la construction du temple nous invite à aller au-delà de
ces
différences et à envisager l’amélioration de l’humanité au sens
exhaustif du
terme. Les
fondements
de notre engagement nous y invitent : « la
franc-maçonnerie a pour
devoir de préparer la concorde universelle….elle doit améliorer à la
fois
l’homme et la société ». C‘est
une façon
de faire en sorte que « la lumière qui éclaire le
temple, éclaire tout
l’univers »… J’ai
évoqué en
commençant deux des fondements de la maçonnerie : le symbole
de la
construction qui nous préoccupe ici mais aussi le secret maçonnique. C’est
une sorte
d’injonction paradoxale qui nous est posée : œuvrer à
l’émergence d’une
société plus juste et plus fraternelle en agissant à l’extérieur de la
loge,
tout en préservant le secret auquel nous tenons. La
maçonnerie a
souvent payé très cher la levée de ce secret et notamment aux heures
sombres de
la République lors des années noires de l’occupation. Dire
cela, n’est
pas conclure à une incapacité à agir. Dès
les
origines, la maçonnerie opérative a œuvré avec cette vision de l’aide
mutuelle
en faveur des défavorisés. Alors qu’aucun système de prévoyance ,
ressemblant
de près ou de loin à la sécurité sociale, n’existait, ils ont créé de
toutes
pièces des formes d’organisation où prévalait l’esprit de la
mutualité : « chacun
contribue selon ses moyens...chacun reçoit selon ses besoins »… Le
« tronc
de la veuve » en est aujourd’hui une survivance symbolique…. Mais
revenons
à la réalité d’aujourd’hui et au devoir du maçon de s’investir dans la
construction du temple de l’humanité. C’est
un devoir
et une nécessité car la maçonnerie se condamnerait au repli sur soi et
à
l’étiolement si ses membres perdaient l’envie de se surpasser et de
semer dans
le monde profane. L’édification
de
ce temple passe par l’amélioration, aussi progressive et modeste soit
elle, de
ce monde dans lequel nous vivons. Pour
cela il
faut être prêt à tenir auprès de ses semblables, les engagements et les
promesses élaborés en loge. Cela
commence
par le cercle familial, la vie associative, par des actions de
caractère
modeste, mettant en avant plutôt la valeur de l’exemple, de
l’abnégation que le
caractère ostensible de beaux discours ou des actes spectaculaires qui
servent
davantage l’ego que la mission qui est attendue. Au
fond, il
s’agit d’adopter les moyens qui nous viennent de notre quête
initiatique, la
modestie, l’ouverture aux autres, le respect… Ce
qui est à
rechercher n’est pas le spectaculaire mais l’implication collective et
solidaire.
Deux
images
viennent à mon esprit pour caractériser cet engagement. C’est
d’abord le
beau texte de Joseph Kessel : « ami, si tu
tombes, un ami sort de
l’ombre, à ta place »…. C’est
aussi
l’image souvent choisie par certains auteurs à propos de la maçonnerie,
celle
d’insectes sociaux, qui sont souvent des bâtisseurs, et dont l’activité
ne
cesse jamais. Peu
importe que
l’action de chacun soit peu importante ou spectaculaire….l’efficacité
vient du
nombre et de la volonté. Tout
au long
de cette analyse, le symbole de la construction ,illustré par le maçon,
dans la
loge comme
dans la
société, est indissociable de sa propre évolution personnelle. Il
serait, en
effet, singulièrement paradoxal de vouloir construire une fraternité
maçonnique
ou une société meilleure, sans avoir fait la clarté en soi. Le
franc-maçon
ne peut œuvrer à la construction d’un monde meilleur s’il n’est pas,
lui-même,
le constructeur de sa citadelle, de son propre temple. C’est
cette
dualité, à laquelle nous sommes appelés sans arrêt. Dès
son
initiation, l’apprenti reçoit comme mission de dégrossir la pierre
brute et il
ne pourra y parvenir que s’il comprend qu’il est lui-même la pierre
brute. C’est
le
fondement même de l’humanisme : on ne peut s’ouvrir aux autres
que si on
est ouvert à soi-même et en harmonie avec son propre moi. Le
pire qui
puisse se produire dans le parcours du nouvel initié c’est de ne pas
agir en
ayant, le souci de cette double contrainte. Ce
serait le cas
pour le maçon qui aurait de l’intérêt pour les autres, sans réfléchir à
son
propre cheminement ou inversement, qui ne concevrait l’engagement
maçonnique
que comme l’approfondissement de son parcours personnel. Ce
n’est donc
pas se réfugier chez « soi » comme dans une tour
d’ivoire, pas plus
que de contempler les autres et la société avec une suffisance
narcissique. Lévinas
le
formule d’une autre manière : C'est
seulement en abordant Autrui
que j'assiste à moi-même » Cette
double
injonction, je l’ai sentie, un peu confusément, dès le cabinet de
réflexion
avec le « connais toi, toi-même »,
l’invitation à « descendre »
au fond de soi, puis les voyages, et enfin, l’allégorie de la
construction du temple,
lors de l’élévation. Elle
est venue
percuter, un sentiment né de la lecture d’un conte oriental, au cours
de ma vie
profane, il y a une vingtaine d’année. Le
message qu’il
contient est toujours resté présent dans ma tête et je m’y suis souvent
référé . Je
ne résiste
pas à l’envie de le partager en terminant. Un
sage très
célèbre, vivait en Orient,entouré de disciples, il habitait un beau
palais que
personne n’avait jamais visité. Un
jour un
jeune disciple s’enhardissant lui dit : « Maître,
je voudrais visiter ton palais. –
Tu le peux,
mais comme il n’y a pas de lumière tu devras t’éclairer avec cette
bougie » Le
disciple
partit avec la bougie allumée mais au bout du premier couloir, un
courant d’air
l’éteignit. Il
ressortit
donc sans avoir rien vu. Le
maître lui
dit : « reprends la bougie et surveille la. » Le
disciple
entra à nouveau puis il ressortit avec la bougie allumée. «
Et
alors ? » lui dit le maître. –
Je n’ai
rien vu. J’ai tellement veillé sur la flamme que je n’ai pas pu lever
les yeux –
Et bien, tu
viens de vivre l’expérience de ce qui fait une vie réussie. Il faut
regarder et
s’intéresser au monde sans jamais laisser éteindre la petite lumière
qui brûle
en soi. » Cela
résume bien
la symbolique maçonnique de la construction. Chaque
maçon a
deux temples à construire : celui de l’humanité et le sien
propre. La
bougie, ce
sont les outils, les symboles et la fraternité partagée qui nous
viennent de la
loge. J’ai dit... C\ B\ |
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