Obédience : NC Loge : Le delta du bénin - Orient de Lomé - Togo - Afrique de l'ouest. Date : NC

 La légende d’Hiram

 
« La vie ne vaut d’être vécue que si elle est une légende. Chaque culture possède ses légendes, vraies ou fausses, elles ont bercé nos croyances et continuent de nous hanter ». Cette affirmation est d’Olivier de Fribourg, écrivain et philosophe français.

L’initiation  au troisième degré permet au postulant qui en a été jugé digne de vivre en le jouant lui-même, comme acteur, tout en étant le principal destinataire du message issu de cette épreuve,  le psychodrame de la mort d’Hiram.

Mais cet épisode de la  mort est suivi  par un autre  acte  dont le mystère est plus subtil, celui de la résurrection du Maître  Hiram au travers et en la personne de tout  nouveau Maître  qui  subit cette élévation ou exaltation.

« La légende d’Hiram » tel est le sujet de méditation que nous soumettons à votre réflexion ce soir.

En littérature, les définitions et exemples du mot légende abondent beaucoup, nous vous en donnons quelques uns pour la compréhension du sujet.  Le Dictionnaire Larousse définit le mot légende comme un livre contenant les actes des saints pour toute l'année, appelé ainsi parce qu'à certains jours on désignait la portion qui devait être lue. D’après Jacques de VORAGINE, la légende dorée est une compilation des vies des saints composée dans le XIIIe siècle. Il poursuit en disant : je cite « Ce saint ne fut jamais dans la légende ; c'est-à-dire que c'est un homme qui n'a pas les qualités qu'on lui attribue. On lui garde une place dans la légende, signifie qu’on lui réserve une place parmi les héros ». Fin de citation.

Le Dictionnaire Micro Robert nous apprend que la légende est un récit merveilleux et populaire de quelques événements des temps passés, où les faits historiques sont transformés par l’imagination humaine ou par l’invention des poètes. Par extension, tout récit mythique et traditionnel. L'histoire de Charlemagne, dans les chansons de geste, est devenue une véritable légende. MONTALEMBERT nous dit dans son ouvrage :  « les Moines de l'Occident » :  je cite : « Innombrables sont les légendes qui nous montrent les bêtes fauves obéissant à la voix des moines, réduites à une sorte de domesticité par ces hommes de Dieu, obligées de les servir et de les suivre ». Fin de citation. D’autre part, nous retiendrons que la légende est une histoire déformée et embellie par la manie des hommes. Pour étayer ces définitions : écoutons plutôt ce récit : « Dans une contrée très éloignée, vivait la famille LIBIZANGOMO (Papa, maman, et le chat RASPOUTINE). Ils étaient les seuls à habiter cette planète en toute tranquillité, jusqu’au jour où papa LIBIZANGOMO aperçut une drôle de fumée et une nouvelle et insolite case occupée par une famille inconnue. Qui sont ces gens ? Que font-ils ? Comment vivent-ils ?

Autant de questions auxquelles on peut répondre par la peur et le repris sur soi ou alors par l’acceptation de l’autre et de ses différences ». Cette narration est une légende.

Quant au nom Hiram, l’histoire nous révèle qu’il existe deux principaux personnages de cette appellation.

Premier  Hiram : Roi de Tyr, succéda à son père ABIBAAL roi de Tyr. Il travailla au développement et à la prospérité de sa cité en agrandissant les deux ports et en les reliant par un canal qui traversait la ville. Il érigea de nouveaux temples pour leurs dieux. Son activité ne manqua pas d’attirer l’admiration de ses voisins et contemporains ; les rois successifs d’Israël ; David et Salomon, avec qui il entretient des liens amicaux et commerciaux. Désiré d’offrir un temple pour son dieu, le roi David contacta Hiram pour les préparatifs. La mort l’ayant arraché aux siens, c’est à son fils le roi Salomon que revint la charge de mener à terme ce projet. Il demanda au roi Hiram de lui fournir le bois de cèdre et de lui prêter ses architectes et maçons afin de réaliser son dessein. Le message précisait : je cite : « tu sais bien que mon père David n’a pas pu construire un temple pour le nom de Yahvé, son dieu, à cause de la guerre que les ennemis lui ont faites de tous  côtés, jusqu’à ce que Yahvé les eut mis sous la plante de ses pieds. Maintenant, Yahvé, mon dieu m’a donné la tranquillité aux alentours ; je n’ai ni adversaires, ni contrariété du sors. Je pense donc construire un temple au nom de Yahvé, mon Dieu, selon ce que Yahvé a dit à mon père David… maintenant, ordonne que l’on coupe des arbres du Liban, mes serviteurs seront avec tes serviteurs et je te paierai la location de tes services selon tout ce que tu me fixeras… »…Fin de citation.

Le pacte entre Hiram et Salomon fut honoré et dura vingt ans.

Deuxième Hiram : l’Architecte, et Ingénieur, envoyé par son souverain Hiram, roi de Tyr, apparaît, dans l’histoire biblique, sous le règne de Salomon, roi d’Israël et fils de David. Son nom est évoqué dans la bible au passage de 1 Rois chapitre 7 verset 13. Spécialiste du travail de bronze, « rempli de sagesse, d’intelligence, et de connaissance » ;  il s’occupa, à la demande de Salomon, de la Construction et de la décoration du temple dédié à Yahvé.

Les FM s’identifient symboliquement comme les enfants de la veuve. Cette expression renvoie aussi à Hiram ; la Bible précise en effet qu’il est le fils d’une veuve de la tribu de Nephthali. La présence de père semble récurrente dans les mythologies.

A partir du 18ème siècle, la vie et la mort d’Hiram, l’architecte, enrichies par les légendes, deviennent un mythe initiatique qui inspire les rituels maçonniques. D’après le récit mythique, Hiram ou Hiram ABIF fut assassiné à la fin des travaux du temple vers 1570 avant notre ère par trois mauvais compagnons à qui il a refusé de donner la parole secrète.

Nous attirons l’attention des frères que les vocabulaires légende, mythe, saga, conte, tradition et fable, sont tous des récits transmis oralement avec un fond historique vraisemblable.

Cet exposé, à connotation didactique, tracé à l’attention particulière des jeunes MM :. de notre atelier, tentera d’explorer le chemin qui mène de la mort à la résurrection, à travers cette initiation particulière au  troisième grade,  afin de susciter une réflexion sur le symbolisme qui peut interpeller tout FM dans ses voyages et dans sa quête perpétuelle  à la recherche de la vérité.

Notre morceau d’architecture est structuré en trois chapitres :

Dans un premier chapitre, nous traiterons le contexte dans lequel survient la mort d’Hiram, sa finalité ainsi que l’impact psychologique sur le postulant.

Dans un second chapitre, nous analyserons le mystère de la résurrection avec ses corollaires.

Et en troisième chapitre, nous dégagerons l’enseignement moral de cette légende d’Hiram.

I. LE CONTEXTE DANS LEQUEL SURVIENT LA MORT D’HIRAM

Le FM s’accoutume à l’idée de la mort dès son entrée en maçonnerie. Le vieil homme  dont il doit se dépouiller afin de vivre en initié, en homme nouveau,  paraît déjà comme une invite à mourir à la vie profane !

Il s’efforce donc dans la pénombre du septentrion à faire sa mue afin d’abandonner sa peau de profane progressivement, avant de resplendir au midi sous une lumière vive, dans une enveloppe charnelle mystique nouvelle, due à l’enseignement  qu’il reçoit,  au maniement des outils, à l’interpellation et à la pénétration timide mais perceptible des symboles sur le néophyte qu’il demeure, pendant tout son compagnonnage.

Ce n’est que lors de la cérémonie d’exaltation à la maîtrise que lui est présentée la Mort  physique, relatée et reconstituée à travers l’assassinat du M :. Hiram.

Il entre donc cette fois dans une Loge transformée en  chambre funéraire, où le deuil a plongé dans la tristesse et le désarroi des ouvriers consternés et atterrés qui perçoivent dès lors que le chantier ne verra jamais de fin.

La cérémonie centrale de l'élévation à la maîtrise s'accomplit d'une manière assez différente suivant les rites.

Au REAA, un cercueil se trouve à la place du tapis de loge. D'autres symboles de la mort ornent la Loge : dès fois un crâne est posé sur le plateau du TVM. L'Atelier est tendu de noir, souvent les tentures sont parsemées de larmes blanches ; tout cet ensemble prête au lieu une atmosphère de deuil, de tristesse et d’accablement.

 On n'aperçoit qu'un seul symbole de la vie, une verdoyante branche d'acacia. Le rituel, raconté aux initiables, est fondé sur la légende d'Hiram, base même du grade de Maître.

En réalité cette légende débute au grade d'Apprenti ou cependant son rôle n'est pas apparent.  En guise de rappel, voici le récit du mythe d'Hiram. Le roi Salomon avait confié à Hiram Abif la direction de la construction du temple. Selon la Bible, ce personnage, habile dans le travail des métaux, était le fils d'une veuve ; son souverain, le roi Hiram de Tyr, le mit à la disposition de Salomon qui, appréciant ses multiples connaissances techniques, le chargea de suivre  la construction du temple.

Hiram Abif organisa donc - et il fut le premier à le faire-  les ouvriers, les groupa en trois grades selon leurs capacités et établit leurs salaires d'après ces grades. Chacun d'eux avait ses propres signes de reconnaissance au moyen desquels les ouvriers se légitimaient à l'heure du paiement des salaires. Les apprentis touchaient leur dû au pied de la colonne B :. Les compagnons au pied de la colonne J :. les maîtres enfin recevaient le leur en Chambre du Milieu.

Mais il arriva, lorsque les travaux touchant à leur fin, que certains ouvriers des deux grades inférieurs devinrent envieux des salaires plus élevés que touchaient les maîtres ; aussi, trois compagnons mécontents tentèrent-ils un jour de se procurer la parole de maître afin de recevoir le salaire non mérité correspondant à ce grade. Ils s'attaquèrent au Maître Hiram qui, vaillamment, refusa de leur livrer le secret. Alors l'un des compagnons, posté à la porte du septentrion avec le lourd plomb de son outil, donna un coup à la tête du maître. Hiram réussit à détourner le coup, qui le frappa seulement à l’épaule droite, mais il subit un engourdissement qui lui fit tomber sur le genou droit. Il chercha à s'enfuir, mais à la porte de l’occident, le second conjuré lui demanda la parole de manière menaçante  et ne l'ayant pas davantage obtenue, lui porta un violent coup avec le niveau à la tête, qui est détourné à l’épaule gauche. Sous la violence du coup,  Hiram tomba sur le genou gauche. Tout étourdi, gravement frappé, Hiram se traîna à la porte de l’orient où le troisième compagnon, après lui avoir vainement réclamé le mot, l'abattit d'un coup de maillet au front. Hiram tomba mort et la frayeur s'empara des meurtriers qui cherchèrent à faire disparaître le cadavre du Maître assassiné. Tout d'abord, ils le recouvrirent des décombres qui jonchèrent le lieu du crime pour le transporter plus tard en quelque endroit abandonné où ils l'enterrèrent. Mais lorsque l'on s'aperçut de l'absence d'Hiram, les soupçons se portèrent aussitôt sur les trois compagnons qui ont disparu.

Le roi Salomon envoya, trois fois trois, au total neuf maîtres, à la recherche d'Hiram  Abif ; après avoir longtemps erré, ceux-ci découvrirent la tombe fraîchement creusée sur laquelle les assassins ont placé une branche d'acacia, afin d'en reconnaître aisément l'emplacement lorsqu'ils iraient faire disparaître définitivement le cadavre.

Comme il était à craindre que la parole de maître eût été trahie, le roi ordonna qu'une nouvelle parole soit adoptée, et il fut décidé que les premières paroles prononcées lors de l'exhumation de la dépouille d'Hiram serviraient à cet usage.

C'est ainsi que la parole dont les initiales  M :. B :. se trouvant sur le tablier du MM :. qui échappa à celui qui avait saisi la main du maître assassiné devint le mot du grade de maître.

En vain deux d'entre les maîtres tentèrent-ils de relever le mort au moyen de l'attouchement d'apprenti, puis de compagnon ; ce ne fut qu'à l'aide des cinq p. p. de la maîtrise que le mort fut relevé de son tombeau.

Ici se termine la légende d'Hiram telle qu'elle figure dans la FM symbolique.

Ce récit, en raccourci, nous permet de constater non seulement la cupidité des trois compagnons, mais également leur stupidité, comment arracher un secret à quelqu’un en le frappant de la sorte ? On se rend bien compte que ceux-ci ne pouvaient pas accéder aux grades de maîtres. Ils n’avaient ni la réflexion, ni la mesure de leurs gestes… Cependant, à leur décharge, ce meurtre n’était sans doute pas prémédité. C’était un accident ! Comme quoi la bêtise, l’ignorance, la malhonnêteté, et l’ambition peuvent faire aboutir à un acte irresponsable dont l’issue peut-être fatale et irréversible. Mais les légendes sont faites pour nous faire rêver et changer le cours de l’histoire, en nous amenant, grâce aux valeurs morales qu’elles préconisent, et par des rebondissements, à une fin plus honorable, désirée autant par le cœur et par l’esprit.

Au cours de la cérémonie de l'élévation à la maîtrise, cette légende est racontée aux récipiendaires ; il est encore aujourd'hui d'usage que le compagnon y représente symboliquement le maître Hiram.

Au moyen des trois outils ayant servi au crime, il est abattu et étendu, puis recouvert d'un linceul ; et par l'attouchement parfait de Maître, le Très Vénérable Maître le relève de sa tombe et le ramène à la vie. Cette première forme, la plus ancienne, de l'élévation à la maîtrise, se pratique encore dans de nombreuses Loges.

Il y a lieu de dire encore quelques mots de l'acacia qui joue un rôle important dans la symbolique du grade et auquel il est fait allusion dès la première question du catéchisme de maître. « Etes-vous MM ? » La réponse est « l’acacia m’est connu ». Symbole de pérennité, cet arbre est sacré en Egypte. Ses branches confèrent l'immortalité.

Seul élément coloré et lumineux, visible lors de toute la cérémonie d'élévation au grade de maitre ;  l'acacia peut être définie comme une force vitale qui perdure ; un message de joie et d'espérance, un gage de paix, et de résurrection.

 Dans la Loge de Maître, tous les emblèmes et symboles rappellent la mort et la fragilité des choses ; seul le rameau d'acacia est un symbole de la vie.

En tant qu'allégorie, la légende d'Hiram peut trouver différentes explications suivant le point de vue auquel on se place. Pour la Maçonnerie chrétienne, Hiram représente le Christ crucifié, victime du fanatisme, de l'intolérance et de la vengeance.

Au point de vue politique, il symbolise la liberté, tandis que ses meurtriers sont l'image de l'ignorance, de la crédulité et de l'état de servage qui en résulte. Sur le plan astrologique Hiram est également une allégorie du soleil qui, durant les trois derniers mois de l'année, est en quelque sorte enchaîné.

 On peut attribuer aussi au mythe d’Hiram une signification d’ordre général. Il peut suggérer aussi que ceux qui œuvrent pour le progrès de l’homme ont des adversaires redoutables et doivent résister à leurs menaces. Cette légende apprend aux enfants de la veuve, qui édifient le temple de la fraternité et de la solidarité humaine que leurs tâches comportent  une lutte incessante contre l’ignorance, le fanatisme, et l’ambition déréglée symbolisés par les trois mauvais CC :.

Dans certaines les civilisations, la condition préalable, pour faire un deuil, réside dans la  présence de la dépouille du corps du défunt !

Comme si l’apparente  reconstitution des fragments d’une enveloppe charnelle devenue simple « matière biodégradable », simple poussière,  devenait un satisfecit et remplissait à elle seule les conditions rituelles imposées par les mœurs  sociétales pour un au revoir,  un ultime adieu, tant cette destinée  et les appréhensions de l’après mort  sont communes !   Il semble pourtant que cette condition est une constance de l’interrogation humaine, un  paramètre permanent dans  toutes les mythologies.  Pourquoi ?

Parce qu’elles répondent toutes à un  même objectif, qui est l’un des  messages cruciaux du grade  qui consiste entre autres à « rassembler ce qui est épars ». Il appartient bien entendu à chacun d’entre nous d’explorer toutes les autres voies et interprétations de ce postulat notamment en s’efforçant de rassembler ce qui est épars en soi !

A titre d’exemple, et en particulier dans les civilisations africaines, les dépouilles  paraissent  bien souvent constituer un pont entre le temporel et l’intemporel, comme si ceux qui décédaient allaient explorer et préparer  dans un au-delà la venue de ceux qui les suivront.  Le deuil doit donc se faire avec la présence du corps ou  d’un médiateur, fusse t-il, un simple morceau d'ossement, habit, bague, etc… à l’unique condition qu’il ait  bien appartenu au disparu. Le mort et La Mort étant ainsi honorés, parait-il que les difficultés de l’avenir peuvent être affranchies en partie, amoindries ou du moins aplanies.

La mort reste donc ainsi au centre de la vie comme les cimetières étaient  dans nos villages. En Afrique, en particulier dans la partie méridionale du Togo, nous avions constaté que ; le mort est bien souvent enterré pas loin du village où il résidait, ou derrière son habitation et même quelque fois dans sa propre maison ou dans sa chambre à coucher.

Dans l'ensemble cosmique, en dépit du paradoxe des mots, la mort est une nécessité ; et l'homme, dès qu'il a appris à contempler les choses sous cet angle, saura se soumettre à l'inéluctable loi.

Au fait, est ce que la mort est une mauvaise chose ?

Apparemment oui, avec la douleur de la séparation définitive, le vide laissé par le disparu, le manque de chaleur humaine, et d’assistance qu’apportaient le défunt, et ses corollaires de problèmes qui seront créés à titre posthume. Mais de l’autre côté s’entrevoit autre chose.

Le départ, dans l’au-delà d’un être, est souvent source d’union, de solidarité, de réconciliation, de rassemblement, de rencontre, de partage d’information, de reconnaissance, d’amitié, et parfois de réjouissances festives.

Imaginons, mes frères, comment serait le monde, notre planète exsangue, si nous cohabitons avec nos arrières, arrières grands pères, nos aïeuls.  

Le MM :. traverse la mort comme il enjambe le catapulte et il se tient debout, prêt à aller plus loin, vers de nouveaux horizons particuliers, car éthérés ! Il a sept ans et même plus !

Dans les cérémonies maç. : le récipiendaire au titre de maître s’identifie à Hiram : il doit d’abord mourir pour renaître, s’investir des qualités de maître.  Le secret n’est que devenir intérieur, transformation physique, morale et spirituelle dans un processus d’individuation. En ce sens, il est incommunicable. Ainsi la FM reconnaît en Hiram, un maître fondateur.  C’est alors le lieu d’analyser et même de psychanalyser le phénomène de la résurrection orné des corollaires indispensables à sa réalisation.

 II – LE MYSTERE DE LA RESURRECTION

La résurrection prend des formes diverses dans les différentes civilisations, selon les mythologies et les religions allant dans son acceptation la plus courante jusqu’à               la réincarnation.

Pour le FM qui doit « aller plus loin », il doit s’agir, au-delà de l’illustration descriptive, de la recherche du sens réel du symbolisme de la résurrection. Loin d’être une réanimation, ce nouveau cycle, ce nouveau départ vers une autre réalité, forge l’espérance de sa foi maçonnique. Ce qui lui permet d’appréhender la mort, non comme une fin, mais comme une délivrance afin d’accéder à des niveaux vibratoires et énergétiques supérieurs.

Uniquement à titre de comparaison,  pour une meilleure compréhension de nos propos et sans entrer dans une étude approfondie de la résurrection, on peut tirer de l’Evangile l’analyse suivante :  il y a une différence fondamentale entre Lazare réanimé par le miracle de Jésus invoquant la puissance de son père, lequel  Lazare marche en sortant ré-animé de son tombeau d’une part, et d’autre part   la résurrection du Christ, trois jours après une mort annoncée et préparée par la trahison de Judas afin que ce  grand mystère se produise ! La Pâques ! Non pas pour que Jésus devenu Christ  revienne parmi les vivants continuer à prêcher les enseignements qu’il prodiguait mais bien au delà, pour son entrée dans et vers une vie éternelle marquée par l’Ascension, sa montée dans les cieux !

 La résurrection, dont il est question ici, mes frères, n’est donc pas une pure réincarnation, ni une réanimation, ni une individuation, mais une transformation radicale de notre temple qui propulse le nouveau maître à un niveau moral et spirituel très dense. Ce dégrossissement du comp.:, effectué, serait perceptible, visible, sensible par ses semblables.

Nous devons tous entreprendre tel Sisyphe avec son rocher et sans relâche une navigation permanente entre l’Equerre et le Compas, lieu où doit se trouver le maître maçon en plein labeur !

La recherche de l’excellence, de la limpidité, de la pureté, permet ainsi d’ouvrir les portes au véritable amour fraternel dans tous nos plans mentaux.

Cet amour limpide dont clame le passé GM Alain Pozarnik dans son ouvrage « le Secret de la Rose », je cite : « sagesse universelle, celle qui englobe en une conscience unique tous les savoirs et dépasse,  sans les rejeter,  toutes les raisons ». Fin de citation

 La résurrection peut alors apparaître dans toute sa splendeur comme la résurgence de son être principiel en route vers son éternité et l’ensemble des corollaires qui s’y rattachent participent donc et procèdent à la finalité de l’acte de la Création.

Ceci établit donc que la résurrection dans le mythe d’Hiram fonde une réalité supérieure  qui s’oppose au quotidien profane, le supplante et nous permet d’entrevoir la  finalité     du Grand Œuvre.

 Toutefois on pourrait penser que l’entrée en scène du nouveau maître ne devrait se faire véritablement que lors de la résurrection, lorsqu’il prend la place numérique du Maître Hiram disparu, car on peut difficilement imaginer que le Compagnon qui joue le rôle d’Hiram pendant l’assassinat ait déjà été  vêtu de son décor de Maître !

C’est cette difficulté de mise en scène qui magnifie l’alchimie de la reconstitution          du psychodrame, car en effet il s’agit de faire vivre au postulant sa propre mort physique afin de le libérer du carcan de ses pesanteurs terrestres et lui permettre de poursuivre son voyage en s’élevant, en  fait en élevant sa conscience !

Les mots substitués et la mise en commun des énergies des meilleurs ouvriers du défunt Maître  vont  permettre d’aller plus en avant vers la recherche de la vérité, ce qui nécessite et demande un effort continu mais aussi et d’abord un effort collectif et une perspicacité certaine !

 Il s’agit maintenant de faire passer en avant le « corps subtil » qui doit entreprendre de nouveaux voyages en rapport avec sa destination finale  lumineuse.

Tel le phénix qui renaît de ses cendres, le Maître est plus radieux que jamais, car il a puisé dans l’énergie cosmopolite constituée par la mystique du troisième degré, qui exécutée dans la commune-union  des trois piliers de la Loge, à travers les cinq points parfaits de la maîtrise, vont faire resurgir la vie, et donc redonner corps à l’esprit.

Ainsi peut-on en substance tirer profit d’un enseignement intangible : le savoir et l’érudition sont une condition certes nécessaire, mais non suffisante à la découverte de la Connaissance ! La connaissance ne s’approprie pas par la force ni sans mérite. Et l’immensité du savoir ne suffit pas à la maîtrise autoproclamée de la Connaissance !

C’est bien facile d’arracher par la force  un plan que de se donner le temps de maîtriser la science du trait et savoir le tracer. Faut-il encore pouvoir l’interpréter pour l’appliquer comme il se doit !

III.  L’ENSEIGNEMENT MORAL TIRE DE LA LEGENDE D’HIRAM

Pour les FFMM, la légende d'Hiram a une double signification. Tout d'abord, Hiram est le symbole de l'homme de grande valeur qui, malgré les tentations et les persécutions, remporte la victoire sur ses faiblesses et ses passions et se rapproche de la perfection humaine.

Les assassins d'Hiram sont les vices qui nous empêchent de parvenir à cet état. Or, le vrai Maçon, demeure fort dans la tentation et sait supporter la haine, la calomnie, les offenses, l’hypocrisie, la roublardise,  afin de demeurer fidèle à soi-même et à autrui.

Hiram est le symbole d'homme fidèle au devoir, même si le devoir est inflexible comme la fatalité,  exigeant comme la nécessité,  et impératif comme la destinée, symbole du FM qui préfère mourir plutôt que de faillir à sa tâche dont il est assermenté.

Nul danger, nulle persécution, nulle vengeance ne l'intimide. Ses adversaires envieux pourront certes lui porter des coups douloureux et lui faire beaucoup de tort dans l'opinion des hommes peu informés et non avertis ; mais ils ne pourront rien faire contre le bien, la justice, la logique et la raison dont le FM est le défenseur généreux.

La vérité, quels que soient les barrières qu'on lui appose, finit toujours par triompher ; et Hiram que l'on a cru abattre naît un jour à une vie nouvelle et meilleure. Que ce retour de la justice tarde à se produire, d'autres hommes se lèveront et se feront les défenseurs du droit écrasé et de l'idéal méconnu ; car la force de l'idée est indestructible et la véracité des faits est ineffaçable.

L'idée est immortelle, sa vie se poursuit à travers les générations humaines et les siècles, alors même que les hommes qui l'ont formulée pour la première fois, qui ont lutté et sont morts pour elle, ont été oubliés. Qu’ils reposent en Paix ! Nos braves et très illustres et respectables frères passés à l’Orient Eternel !

Mes frères ! Sachez que l’impunité n’existe pas en FM.

Hiram est de même un symbole de l'idée d'immortalité ; nulle contrainte dogmatique ne nous oblige à l'interpréter d'une manière déterminée ; elle peut satisfaire et réconforter aussi bien celui qui croit à la vie de l'âme dans l'au-delà que celui qui voit dans le concept d'immortalité l'expression de la constance de l'énergie dans ce monde.

Ainsi le cercueil et le tombeau ne sont-ils pas seulement des symboles de la mort, mais dans une mesure égale des symboles de la vie : des symboles du sein maternel duquel naît la vie nouvelle. Dans la mort d'Hiram, nous voyons notre propre renaissance à une vie plus parfaite.

Un Maître Maçon qui connaît et comprend la légende d'Hiram sait, nous semble t-il, que de quelque manière que ce soit, il vivra au-delà de sa mort : puisque rien ne se perd dans l'univers, il y demeure éternellement pour y jouer un rôle aussi important que celui qu'il remplit de son vivant. Le Maître sait que ses actes lui survivront et que ce qu'il a créé de grand et de bon lui conservera la mémoire des hommes.

Car somme toute, en maçonnerie il s’agit du plan de vie, lequel englobe la mort et il s’agit de se construire et non de se projeter dans un personnage modèle fusse t-il vertueux ou glorieux.

C’est à son propre rythme que s’initie le maçon, car il doit transcender les symboles pour s’identifier à eux au gré des circonstances de sa vie ! On n'est pas initié ; on s'initie soi-même !

Si l’aboutissement de cette vie est bien une mort physique,  et si cette mort marque de manière douloureuse la fin d’une étape terrestre,  elle traduit surtout et se veut d’abord la fin d’un cycle.

Il faut donc chercher derrière le crime crapuleux, l’utilité et l’équivalence de la fonction et du rôle  d’assassin au niveau mental ! 

Serait-ce l’émanation des comportements inhibiteurs de notre subconscient, qui remonteraient ainsi à notre imperfection de nature et  même au péché originel ?

Tous ces sentiments fielleux et leurs agrégats  vaniteux existent en nous en des proportions diverses. Mais leur manifestation est plus ou moins prononcée selon les circonstances et selon l’environnement dans lequel nous évoluons.

Il y a donc un effort permanent à faire pour le FM motivé et assidu à son labeur, afin  de dominer ses passions et éviter les réflexes égoïstes qui diminuent sa valeur personnelle.  

Fuir l’ambition démesurée et le fanatisme aveugle qui conduisent à la mort de sa véritable identité, donc de son véritable maître, devient une préoccupation permanente du MM et il parcourt sans cesse le symbolisme des trois degrés, car les symboles qui  les caractérisent l’interpellent différemment  et avec plus de profondeur au fur et à mesure de son avancement, et donc de son élévation.

Nous référant alors à la marche de ce  Grade,  le Maître arrivé à la fin de ses sept pas ou se tenant sur la dernière des sept marches de l’escalier, prêt à  traverser le  voile qui sépare le Hélal du Débir  a-t-il encore besoin de son enveloppe charnelle ?

Le grade de Maître n’est pas un grade de commandement, il apprend à dépasser la mort, notre propre mort  mais elle n’arrête pas pour autant le chantier. Il s’agit d’acquérir sa maturité maçonnique par l'exercice de la domestication et de l’appropriation de la mort. Et cet exercice ne se fait pas sans douleurs ni sans émotion lorsqu’il concerne des vices que nous affectionnons, mais il suscite une espérance que Jean Verdun  restitue en  disant,  je cite :

« L’initiation au Grade de Maître est la métamorphose du Comp :. qui après avoir été soupçonné d’être mauvais Comp :. apporte la preuve de son innocence et se voit appelé à ressusciter en la personne de l’architecte ». Fin de citation.

Le degré de maître s'articule donc autour d'une leçon d'éthique qui met en garde le maçon contre tous les excès, particulièrement les excès de vertus mal contrôlées. Il susurre : "Pesez le bon et le mauvais, trouvez la juste mesure en toute chose, car le plus souvent le  bon chemin est celui du milieu".

En guise de conclusion à tout ce qui précède, nous dirons que le cheminement initiatique, le cycle mort résurrection,  peut être défini comme le cycle vertueux de la recherche de la vérité. Cette alternance qui apparaît, tel un pavé mosaïque, permet au Maître, dans une descente ascensionnelle à travers son subconscient, d’ouvrir la voie à d’autres espaces de son univers intérieur qu’il est loin d’imaginer.

Son corps subtil doit entreprendre de nouveaux voyages à travers lesquels il pourra  tenter de découvrir ses vraies natures divines, au prix de plusieurs sacrifices, surprises et déceptions mais aussi de plusieurs encouragements  et satisfecit bien mérités !

 « La lumière est apparue aux apprentis, elle a éclairé les compagnons, puisse-t-elle illuminer les maîtres ! ».

C'est tout le bonheur que je souhaite à tous les MM :. dans leur recherche de la Parole Perdue. Et comme l’acacia nous est connu, que notre volonté soit imputrescible et que verdoie pour l’éternité notre détermination à répandre partout la Lumière.

Pour terminer, je formule le vœu  et nourris l’espérance  que cette lumière  nous habite tous tout au long de notre parcours maç :. et que le  Véritable Maître ressuscite en nous  et parmi nous.

Notre vie si éphémère qu’elle soit, mérite de la vivre dans le respect de ce qu’elle est, il faut comme le disait Baudelaire : « Tirez l’éternel du provisoire ».

TVM et vous tous mes FF VM en vos grades et  qualités,

J’ai dit !

Le frère Faustin Kétévi


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