Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Les trois compagnons : pourquoi sont-ils mauvais ? L’Homme a en lui le mal de manière innée, c’est sa condition humaine. La Bible cite les sept péchés capitaux : l’orgueil, l’avarice, l’envie, la gourmandise, la luxure, la colère et la paresse. Les règles sociales ont toujours tenté d’y remédier en les interdisant ou en les légitimant par la guerre ou la peine de mort par exemple. De son côté, dans « le Bouc émissaire », René Gérard démontre comment la victime sociale est sacrifiée par la violence collective au nom de l’apaisement social. Les procès apaisent l’ordre public pour trouver un coupable. La victime expiatoire, coupable ou non, est prise comme objet pour rétablir l’ordre. On peut se demander si cette victime ainsi sacrifiée n’entre pas dans le sacré, retirée du monde profane dont elle devient exclue, pour recevoir une valeur symbolique ? De nombreux textes bibliques, mythologiques et historiques nous témoignent de tout cela depuis l’existence de l’homme sur terre. Pour exemples, je citerai : - les relations entre Abel et son
frère Caïn I-Thème traité dans la franc-maçonnerie : A travers la symbolique des Trois Mauvais Compagnons tuant le Maître Hiram, la Franc-maçonnerie traite la question de l'ambivalence du mal en nous. Maître Hiram est l’architecte envoyé par Salomon diriger les travaux du Temple de Jérusalem. Il a réparti les ouvriers participant au chantier en trois groupes, les apprentis, les compagnons et les maîtres. Il est le seul à détenir le mot sacré et le signe du Maître. Or, trois compagnons, voyant qu’ils ne pourraient pas obtenir la maîtrise, ont décidé à la fin des travaux d’obtenir ces mot, signe et points d'attouchement. Hiram leur refuse car ils doivent persévérer pour cela. Il est frappé à trois reprises, le dernier coup lui étant fatal. Il est intéressant d'étudier,1)-dans quels lieux ont-ils frappé le maître, 2)-sur quelles parties du corps, 3)- avec quels outils ? Puis, qui sont ces 3 compagnons ? - et pourquoi cela ? II- Analyse et Portée du Symbole : 1) Analyse : L'action a lieu dans la chambre du milieu, c'est dire au centre du monde, au centre de toutes choses, symbole de l'unité, de la mesure, là où brille l'étoile flamboyante entre l'équerre et le compas, l'invariable milieu. C'est là où est le maître, et l'endroit où tentent de pénétrer les trois compagnons, voulant passer par les trois portes qui y donnent accès. La chambre est scindée en deux, le Debhir, et le Hikal partie non éclairée du temple et dont l'accès est donné par les portes de l'occident et du nord. A- Le 1er compagnon : - Le 1er compagnon attend Hiram à la Porte de l’Occident. Cette porte a deux antinomies : Elle est la rigueur et la miséricorde, la force et la beauté. Elle permet l’accès au Temple, c’est là où le soleil se couche. C’est là où se trouve la sœur couvreuse pour s’assurer que le Temple est à l’abri des profanes pour que commencent les travaux. Elle est aussi l’ouverture du Temple vers le monde extérieur comme le représente les deux extrémités de la houppe dentelée qui longe les trois autres côtés. C’est là où se trouvent l’étoile flamboyante et la lettre G. Lors de son augmentation de salaire, il est demandé au compagnon : « si tu ne vois pas en premier cette noirceur saches que tu as failli à l’œuvre et qu’il te faut recommencer ». Ayant acquis l’harmonisation dans la lumière, au 3ème degré, le compagnon doit se déplacer vers l’Orient à reculons, le regard porté sur l’Etoile flamboyante restée allumée. Elle matérialisera l’entrée du tombeau d’Hiram qui va trouver la mort dans la chambre du milieu, sa descente aux enfers. Les mauvais compagnons n’ont donc pas intériorisé leur formation. Ils sont un échec. Ils ne distinguent pas le noir, ils demeurent dans le noir. - Il utilise la règle pour frapper Hiram. La règle est un des outils de contrôle, symbole de mesures, de précisions indispensables pour que toute construction puisse être équilibrée. Elle contrôle le maniement de tous les autres outils. Elle structure le travail grâce à sa graduation. Elle nous aide à trouver la mesure, l’ordre inhérent à notre action désirée, la discipline, la constance dans notre ligne de conduite. Elle est le symbole de l’harmonie, d’une obéissance librement consentie. Par elle, nous pouvons intégrer les rythmes du Grand Ordre cosmique. - Le coup est porté sur la tête partie droite mais glisse sur l’épaule droite. Cette partie du corps permet l’action et la briser empêche cette action, dans le monde matériel. Il supprime le lien entre la matérialité et la conscience psychique qui permet de gérer tous nos affects. Par la réunion de ces trois éléments nous constatons que les compagnons ne contrôlent plus rien, ni l’harmonisation avec l’étoile flamboyante, ni la règle, ni la conscience psychique. Hiram n’est que blessé et va vers la porte du Nord. B- le 2ème compagnon : - Il frappe Hiram à la Porte du Nord. A cette porte, septentrionale, il n’y a aucune lumière car le soleil éclaire faiblement. C’est l’emplacement des apprenties qui ne peuvent supporter que cette faible lueur. Là, rien ne pousse, le sol est stérile. L’air y est froid. Aucune germination n’est possible. - Il le frappe avec l’équerre. C’est également un des outils de contrôle. C’est une double règle donnant les mesures horizontales et verticales. Elle délimite quatre zones, représentation du carré. Elle délimite le ciel et la terre, l’espace extérieur et l’intériorité. Elle a une dimension cosmologique. Elle présente la forme de la lettre Gamma de l’alphabet grec, la lettre G, symbole des compagnons. Elle permet au compagnon de rechercher en lui-même tout ce dont il capable, avec mesure, ordre, raison, discipline, stabilité, contenance, constance et modération. Elle est le symbole de l’équilibre qui conduit toute œuvre dans son achèvement. - Il le frappe à la nuque, siège de la conscience spirituelle. Elle permet le passage du cœur vers le cerveau où se trouve la spiritualité. C’est lui qui commande le corps, outil d’exécution. Le coup provoque la paralysie et empêche toute liaison entre le jugement, la capacité de gérer la matière, de commander le corps, qui devient alors étranger, comme dissocié. Les trois compagnons ont montré que leur enseignement a été stérile, en état d’échec, ne pouvant maîtriser leurs pulsions. Ils ont encore l’âge d’apprentis. C- le 3ème compagnon : - Il frappe le maître à la Porte du Debhir. Elle permet l’accès à l’Orient, source de Lumière, partie où seul le prêtre avait accès dans le Temple de Salomon-Saint des Saints-. Le Debhir est le point optimum où se trouve la lumière, à l’opposé de l’hikkal, lieu des ténèbres, et correspond à midi plein au moment où le soleil est à son zénith, où les travaux s’ouvrent, là où se trouvent la pierre brute et la pierre taillée cubique, lieu de la connaissance-de perfection. Il n’y a aucune ombre trompeuse. - Il le frappe avec le maillet, outil de façonnage. Il représente la force, la puissance de l’énergie, le pouvoir. Le compagnon l’utilise pour polir sa pierre. C’est la raison pour laquelle il est l’outil de création pour dégrossir la pierre. Il correspond au contrôle de soi, à la présence d’esprit, à la persévérance, au courage, à l’autorité. Mais détourné de sa destination, il peut tuer, détruire pour assouvir sa colère. - Il le frappe sur le front, siège de l’intellect, centre de la spiritualité vers lequel conduit la nuque. Il est l’œil de la Lumière, de la Connaissance. C’est le coup fatal. Hiram meurt. Il est à l’Orient éternel. 2) Portée : a- dualité, antinomie, détournement de l’objet, Les portes : Elles donnent une notion d’espace et de liberté pour ceux qui possèdent le mot secret, pouvant aller de l’orient à l’occident, du nord au midi, du zénith au Debhir, le maître peut se déplacer d’une porte à l’autre parce qu’il possède le mot de passe Geblin, il est libre de circuler, dans l’espace infini des quatre points cardinaux, avec la Connaissance, la Lumière. Il déambule sans marquer les angles. C’est de ces trois portes que proviennent les périls qui menacent Hiram dans la chambre du milieu. Hiram meurt à l’endroit où devrait apparaître le maximum de Lumière. Les outils : On assiste à un détournement des outils de leur destination. De l’idée de contrôle et de mesure, de discipline avec stabilité réflexion intérieure, de force avec énergie et pouvoir, ils deviennent des armes pour tuer, assouvir sa soif de pouvoir, laisser libre court à la folie meurtrière sans capacité de retenue. Passifs, ils ne peuvent avoir que le sens que l'usage leur donne. Les parties du corps : Les mauvais compagnons frappent la partie supérieure du corps, celle qui n’est pas protégée par le tablier. Ils séparent le corps en deux : le bras : outil permettant
à la spiritualité d'engendrer l'action Ce sont ces trois points de rupture qui nous conduisent à devenir des mauvais compagnons. L’architecte du Temple, Hiram est fait de chair et d’os. Il est maître par ce qu'il a appris. Ces trois compagnons montrent une rage de tuer en crescendo. Hiram tente d'esquiver chaque coup. Mais le maître obéit à son engagement librement consenti tout en en sachant les conséquences, bien que l’on ne puisse dire qu’il soit une victime volontaire. Il a son libre arbitre. Après sa mort la matière se décompose pour ne laisser que les os, l’essence du maître. Par les 5 points de la maîtrise, La récipiendaire est relevé par les 5 points de la maîtrise. C’est la transmutation de la compagnonne en maîtresse. b- la transmutation : Qui sont ces trois compagnons et pourquoi ces trois compagnons : Dans cette symbolique du mal existant en nous, nous sommes décrits dans notre état d'origine, irréfléchis, agissant par précipitation, manquant de patience, de réflexion et de maîtrise de soi. Nous voulons brûler les étapes au lieu de persévérer dans les épreuves et recevoir notre juste salaire. Nous sommes des meurtriers en puissance. Ce sont les imperfections de l’être humain que nous devons neutraliser et extirper de nous-mêmes. Les trois principaux vices en nous sont l’ignorance (ne pas savoir utiliser leurs outils-), le fanatisme (aveuglés, ils sont entrés dans un processus où la violence les emporte sans plus aucun discernement), et l’hypocrisie (faire croire qu’ils sont maîtres sans en avoir atteint le niveau - faire croire qu’ils ont acquis la lumière). Ces vices correspondent aussi à l'envie, l'avarice, l'orgueil. On constate la perversion du groupe, chacun appuie l'action de l'autre, trois face au maître qui est seul et non armé qu'ils tuent. Dans un premier temps, on peut dire que ces compagnons, arrivés au niveau des facultés mentales puisqu'ils peuvent lire le plan et façonner la pierre, veulent s'affranchir de l'autorité du maître et dessiner le plan. C'est la révolte des élèves contre leur maître. C'est le çà et le moi contre le surmoi, l'instinct contre la réflexion. Dans un deuxième temps, on constate que les vices de ces compagnons ont leur antinomie : L’Ignorance, le Fanatisme et l’Envie devenant le Savoir, la Tolérance, et le Détachement. Enfin, on montre ces trois compagnons plaçant une branche d'acacia pour repérer l'endroit où est dissimulé le cadavre pour le faire disparaître par la suite. Sont-ils horrifiés, y a-t-il repenti ? Compagnons, les épis de blé symbolisent leur retour à la matière primaire, pourrir et renaître. Or, là ils s'approprient le symbole du Maître, la branche d'acacia, gage du relèvementparce qu'ils se considèrent déjà comme maîtres ou parce qu'ils veulent faire revivre leur maître ? Cette branche donne le point final de cette symbolique. Elle représente la métamorphose de chacune d'entre nous, l'incorruptibilité de notre engagement, la persistance dans notre quête de la vérité, l'immortalité de l'être, sa fécondité des connaissances, la vie prenant sa source dans la mort. Dans le rituel, il est écrit : « ...les trois maîtres...représentent les vertus opposées à ces trois vices : le travail incessant, la tolérance la plus large, la loyauté parfaite. Ils montrent, en même temps, l'efficacité de l'union, de la persévérance et de la discipline librement consentie... »..., « ces mêmes épreuves...doivent nous convaincre que toujours, en tous lieux, dans toutes circonstances, nous devons être prêtes à souffrir, ...plutôt que de révéler nos secrets et de manquer à nos engagements »..., « elles sont encore des emblèmes allégoriques d'une infinité de connaissances qu'une étude peut seule vous procurer ». Ces trois compagnons sont l'opposé. Ils ont un rôle sacrificateur en les décrivant dans l'échec le plus total et ils permettent la symbolique de la transmutation du maître Hiram. Ils sont : - ce que nous sommes à
nos origines, appelé aussi péché
originel Les 5 points d'attouchement complètent ce symbole : le poignet transmet la lumière, le pied droit donne la stabilité et la dynamique, le genou fléchi aide cette dynamique en agissant comme un levier, la poitrine permet l'échange vital, la main gauche sur l'épaule droite permet la transmission. Maçonnes, nous sommes responsables de nos actes et de notre engagement librement consenti. Nous devons maîtriser nos faiblesses avec constance, sublimer le mal existant en nous, le métamorphoser. Les épreuves sont notre richesse et nous devons toujours avoir en mémoire, comme l'œil de Caïn, le souvenir de la trahison de ces trois mauvais compagnons pour continuer notre action. J’ai dit. M\ S\ L\ |
7077-I | L'EDIFICE - contact@ledifice.net | \ |