Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Les Outils du Maître

Selon Paul Caro (Point de vue initiatique n° 64) « l’outil représente la nécessité de l’effort, il exprime l’exigence du travail pour mettre en œuvre toutes les possibilités de la pensée humaine ».

Le premier outil mit à notre disposition est la main, elle est intimement liée à l’homme, la main est le tout premier outil, elle est l’outil moteur de l’intelligence servant d’auxiliaire pour effectuer un travail, elle est le véritable trait d’union entre la matière et l’esprit.

Dans le monde profane l’outil à un aspect pratique et utilitaire, chaque outil depuis la nuit des temps est affecté à un usage précis.

Les outils attribués aux Maîtres maçons sont l’Equerre, le Compas et la Planche à tracer.

Le rituel « Ecossais Ancien et Accepté » mis à notre disposition, tient lieu d’enseignement, il ne présente aucun caractère dogmatique, son expression est celle du langage symbolique, support d’une libre interprétation des choses qui nous entourent.

La plupart des outils mis à notre disposition depuis l’initiation crée une force en nous et met en action certaines concordances, mais aussi oppositions, comme par exemple : la Règle et le Levier ou l’Equerre et le Compas.

Dans son ensemble, ces outils que l’on peut qualifier de méthode sont à considérer de façon symbolique et allégorique dont le but est d’éveiller nos sens à une construction universelle.

A la fin de la cérémonie d’initiation, le Vénérable Maître demande au Frère Expert de faire exécuter le premier travail d’apprenti en frappant avec le maillet et le ciseau par trois fois la pierre brute. Ce geste chargé de symbole propulse le tout nouvel Apprenti du monde profane au monde sacré.

L’emploi judicieux du Maillet et du Ciseau est donc fondamental, le Maillet symbolise l’énergie que l’Apprenti va devoir déployer pour tailler sa Pierre et le Ciseau, le discernement et la précision.

Ce Maillet à de multiples applications, pour l’Apprenti et le Compagnon, il correspond à une dynamique de construction, de transformation.

Lorsqu’il s’applique au Maître le Maillet symbolise sa conduite des travaux pour le collectif.

Le symbole du premier degré est la perpendiculaire qui suggère la verticalité, l’apprenti va devoir effectuer un indispensable travail d’introspection, ce travail va lui permettre d’aller au plus profond de lui-même et ainsi mieux se connaître pour mieux connaître les autres.

Progressivement le travail prend forme, la Pierre est de moins en moins brute, certaines aspérités ont disparus, la pâleur de la lune fait place à quelques timides rayons de soleil.

L’Apprenti devient Compagnon, on lui propose de nouveaux outils : le niveau, symbole de l’horizontalité et de l’égalité, le levier avec lequel il va pouvoir déplacer des montagnes, mais avec raison et mesure.

Ces nouveaux outils vont lui permettre d’appréhender un monde nouveau, il est invité à voyager, tel le Compagnon de métier, il va aller de chantier en chantier, afin de se perfectionner.

La Règle vient compléter cette panoplie en symbolisant la droiture et la rigueur, sorte d’archétype de ce que doit être l’action du Franc-maçon.

La Sagesse, la Force, la Beauté, la lettre G et naturellement l’Etoile flamboyante vont éclairer son chemin.

Au grade d’apprenti l’équerre recouvre de compas, ils sont entrelacés au grade de Compagnon, au grade de Maître, le compas est posé sur l’équerre. Ces trois positions différentes représentent la progression par étape successive où, le spirituel petit à petit acquiert une prééminence sur le matériel.

L’élévation à la Maîtrise vient concrétiser ce travail, le jeune Maître connait déjà les outils qui lui sont attribués, en ayant toujours à l’esprit qu’il est la matière et l’outil, qu’il ne devra pas hésiter à faire un demi-tour sur lui-même pour se remettre en question.

La Planche à tracer est connue du Maître puisqu’elle figure sur le tableau d’apprenti, mais là, d’un coup elle prend une véritable signification, elle symbolise la construction de notre Temple intérieur, progressé vers un idéal, mais toutefois elle serait stérile sans l’Equerre et le Compas.

L’Equerre avec lequel le Maître vérifie et contrôle la rectitude de l’œuvre, le respect des lois et des règlements, l’équerre contrôle le travail du Maçon.

Le compas, est l’outil principal dont les deux branches symbolisent le droit et le devoir, il nous rappelle que tout travail doit être pensé, réfléchi avec intelligence, avec pertinence avant d’être exécuté.

L’équerre et le compas symbolisent aussi la terre et le ciel, le carré et le cercle, la matière et l’infini, l’actif et le passif, l’action et la réflexion on peut dire qu’ils sont opposés, mais complémentaires, l’une soutient l’autre, l’équerre est plutôt statique, alors que le compas est plutôt dynamique.

Par cette dynamique le compas devient sur le plan intellectuel déterminant pour toute l’étendue qui s’offre à l’esprit humain, il enseigne au Maître à limiter ses désirs, à être en harmonie avec lui-même.

Il rappelle l’engagement et les devoirs pris jadis tout à fait librement envers ses frères.

Le Maître, utilise à présent les outils et symboles maintes fois éprouvés par ses prédécesseurs pour élever son Temple intérieur. Avec une conscience plus élargit, il utilisera aussi les outils des degrés précédents.

Toutefois, être Maître, n’est pas un titre, mais plutôt une étape, un palier, le début d’une certaine manière d’être ou la conscience de perfectionnement par le travail doit-être présente à chaque instant.

Le devoir du Maître, est de parfaire sa maîtrise de lui-même, parfaire sa maîtrise de l’égo, du mental et des émotions, il se doit d’observer la culture de l’humilité.

En accédant à la maîtrise le Maître peut prétendre être sur la voie de la Sagesse, il doit être en capacité à dominer ses imperfections, à discipliner ses attentions et ses actions, à donner à ses orientations la relativité requise.

Le Maître se doit de transmettre ce qu’il a reçu. Selon Irène Mainguy, la transmission a le pouvoir de catalyser et d’accroître l’étincelle initiatique. Cette transmission s’effectue par la parole avec le soutien du rituel qui est le support de cette transmission et devient ainsi l’essence même de la vie.

Si l’apprenti et le compagnon ont le droit de se demander ce qu’ils ont récoltés après avoir assisté aux travaux de la Loge, le Maître se doit de faire le bilan de ce qu’il a semé, en Loge naturellement, mais aussi dans le monde profane, ce qui constitue le but ultime de son existence.

En fin de tenue le Vénérable Maître rappel « Que la Lumière qui a éclairé nos Travaux continue de briller en nous pour que nous achevions au dehors l’œuvre commencée dans ce Temple ».

Poursuivre le polissage de sa pierre, donner à la pierre cubique la forme la plus parfaite afin que celle-ci soit digne d’occuper une place d’honneur dans le temple universel est un long travail, qui requiert effort et concentration.

Le Maître doit perpétuer à travers ces outils mis à sa disposition ce travail incessant et en même temps, en tant qu’éternel apprenti poursuivre son propre perfectionnement.

Aucune œuvre, aussi minime soit-elle ne peut être réalisée seul. Le Maître devra poursuivre avec assiduité la fréquentation de son atelier, il participera avec dévouement et enthousiasme à ces travaux de façon active et non passive. Il découvrira au fur et à mesure des tenues la chaleur humaine de ses frères, il s’enrichira de leurs valeurs, de leurs différences, de leurs vérités individuelles.

Le Maître doit être un exemple, l’écoute, n’est pas réservée aux apprentis et aux compagnons, il va ainsi s’enrichir du point de vue des autres et réfléchir à des idées différentes des siennes.

De multiples tâches lui incombent en sa double qualité de Franc-maçon et membre de l’Humanité. Le Maître doit travailler au développement de l’humanité et de l’alliance maçonnique.

L’échine courbée sur sa Planche à tracer, inlassablement, le Maître dressera le plan de son œuvre qui contribuera au triomphe de l’esprit.

Conclusion :

Le cheminement initiatique doit permettre au Maître d’œuvrer de façon vertueuse et d’affronter les impuretés du monde profane. Avec les outils que lui offre le Rite Ecossais Ancien et Accepté, le Maître œuvre pour un monde meilleur, ainsi petit à petit il construit son temple ésotérique qui le révélera à lui-même. Par un comportement exemplaire, le Maître-maçon deviendra peut-être le vecteur d’une société plus juste, plus humaine ou les valeurs ne seront plus celles du dominant sur le dominé.

Même si aujourd’hui j’ai le sentiment d’avoir un peu grandi depuis mon entrée en Franc-maçonnerie et cela grâce à vous mes Frères à votre enseignement et à votre Sagesse, mais aussi grâce à ma « boite à outils » remplit de symboles sur laquelle en grosses lettres j’ai inscris « Initiation », je n’en demeure pas moins apprenti. Je me sens encore bien petit.

Mes maladresses ont toutefois l’avantage de m’enseigner la pondération qui me fait parfois encore défaut, néanmoins, il me semble avoir acquis un certain détachement qui m’aide à accepter les choses, à relativiser certains événements, à être plus indulgent, à considérer les avis sans forcément les censurer.

Pour vraiment conclure, je reviens vers le mémento du Maître : A la question : Dans quel dessein pensez-vous que le degré de Maître a été institué ?

La réponse est : pour combattre les Préjugés, l’Ignorance, le Fanatisme, l’Ambition déréglée afin que règne entre les hommes : Liberté, Egalité, Fraternité.

J’ai dit.

M\ D\

Bibliographie :
PVI n° 64
PVI n° 141 - sept 2006
PVI n°144 - juin 2007
PVI n°160 - juin 2011
La franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes T 3 - Oswald Wirth.
La Symbolique Maçonnique du troisième millénaire - Irène Mainguy.
Instruction Maçonnique aux Maîtres - Edmond Gloton.

7071-Q L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net \