Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Le Maître Maître vient du latin magister, celui qui commande, dirige mais aussi celui qui enseigne et transmet (au sens du terme « Sensei » japonais ou du maitre d'apprentissage que connaissent les maçons opératifs en matière d'arpentage, de géométrie, de sculpture et d'architecture) ou celui encore qui sert de modèle, qui a un rôle capital, qui est le plus important dans son genre. En Franc Maçonnerie, le grade de « Maître » désigne le troisième degré et étape ultime de sa progression au sein de la maçonnerie symbolique. Et c'est avec le grade de maitre, objet de sa dernière augmentation de salaire, que le maçon reçoit la plénitude de ses droits maçonniques, entre autre, l'obligation de s'exprimer de façon claire et non équivoque ou celle de remplir une charge d'officier, lorsqu'il y est invité dans l'intérêt de l'ordre en général et de la respectable loge en particulier. Cette élévation à la maîtrise est selon moi une étape déterminante car à partir de ce degré, il appartiendra au maître maçon d'avancer seul sur le chemin de la connaissance, avec de nouveaux droits bien sur, mais aussi des obligations et astreintes plus fortes : plus que jamais, le comportement en loge et dans le monde profane doit et devra servir de modèle et d'exemple. Je me souviens de mon entrée dans l'Ordre, puis de ma progression. A chaque fois, et c'est là tout le sens du chemin initiatique, j'ai analysé différemment les degrés inférieurs, élargissant mon angle de vue, ma perspective et clarifiant mon niveau de conscience. Plus que la marque d'une qualité définitivement acquise, la réception d'un grade s'accompagne toujours en fait de nouveaux devoirs envers les autres et envers soi même : c'est dire l'importance et la richesse de ce dernier grade maçonnique. Et je me permettrais de citer la triple injonction : « Connais toi toi-même, Connais le monde et Connais tes rapports avec les fins dernières », plus que jamais pressante et omniprésente, à mon sens, au grade de maître. Et c'est bien ce que nous dit, le rituel : « L’apprenti débute dans ses méditations par l’unité et le binaire, pour s’appesantir sur le Ternaire avant de s’attaquer au Quaternaire dont l’étude est réservée au Compagnon. Celui-ci part de quatre pour s’arrêter longtemps à cinq avant d’aborder six et de se préparer à l’étude de sept. Il appartient au Maître d’élucider les mystères du septénaire et d’appliquer la méthode pythagoricienne aux nombres plus élevés. De là son âge initiatique comportant sept ans et plus ». Cette somme de 3 + 4 représente le signe de l’homme complet (avec ses deux principes spirituels de sexe différent), du monde complet, de la création aboutie. Il est aussi l’expression de la parole parfaite et par là de l’unité originelle. De fait, joignant le 3, symbole du Ciel et le quatre, symbole de la terre, le sept, chiffre de la maitrise vise à la prise de conscience de l’un, de l’unité primordiale. L’homme, lui-même par ce chiffre sept qui indique le repos (septième jour de la semaine est un dimanche), la cessation du travail, est invité à se tourner vers Dieu pour se reposer en lui seul. Sept indique aussi le sens d’un changement après un cycle accompli et d’un renouvellement, positif. Et c’est bien là toute la subtilité du devoir de Maître, car en l’occurrence on ne peut s’empêcher de penser à l’aboutissement des trois phases du progrès maçonnique conduisant de l’état d’apprenti à celui de maître et culminant dans la renaissance d’Hiram, le maitre mythique, en le nouveau maître. S’il est notion de changement et de renouvellement, sept comporte donc aussi sa part d’ombre par le simple fait qu’il indique le passage du connu (terre plus ciel) à l’inconnu : un cycle s’est accompli, quel sera le suivant ? Et là encore, c’est probablement la raison pour laquelle l’âge symbolique assigné au maître maçon n’est pas seulement sept ans mais sept ans et plus. Ou nous retrouvons la notion de continuité avec le « et » et d’incomplétude avec le « plus », ce que l’on peut donc appeler le renouvellement perpétuel est toutefois nécessaire au maçon dont faut il le rappeler le travail ne s’arrête jamais, pour l’inciter une fois parvenu à ce troisième degré de maîtrise à ne pas interrompre sa quête qui elle aussi doit durer aussi longtemps que vivra celui qui l’a entreprise. Au passage, Sept est d’ailleurs un entier naturel. C'est-à-dire un nombre positif ou nul permettant fondamentalement de dénombrer des objets comptant chacun pour un. Un entier naturel est donc outre zéro, celui que l’on commence à énumérer : un, deux, trois…et la liste est infinie car chacun d’entre eux à un successeur c'est-à-dire un entier qui lui est immédiatement supérieur…un peu comme la position de chacun des (3, 5 et 7) barreaux ou degrés d’une échelle verticale symbolique ou des marches de l'escalier, qui mène à la chambre du milieu, car là aussi s’il y a un début, il n’y a pas de fin. Les 5 points de perfection complètent cette renaissance de la vie : La jonction des pieds, l’inflexion des genoux, la jonction des mains, le serrement de la main gauche sur l’épaule droite et finalement le Baiser de Paix infusent dans le récipiendaire toutes les vertus de son nouvel état de conscience : l’amour fraternel, le dévouement affectueux, la confiance totale, la collaboration éclairée unissant à la fois les cœurs, les pensées, les volontés dans un idéal partagé. Désormais nous ne faisons plus qu’un, car nous nous comprenons, nous nous entendons ; être Maître, c’est réellement atteindre et ressentir un palier nouveau, un nouveau monde. Mais comme un nouveau né, le nouveau Maitre doit encore grandir. Et savoir :
Et l’ACACIA symbolise cette bataille pour la Vérité ; son bois est dur et solide car un Maître doit être stable et robuste ; mais il est hérissé d’épines, car il est apotropaïque : le pouvoir des pointes qu’il recèle ainsi rejette au loin les forces des ténèbres. Et lorsque « L’acacia m’est connu » : cela signifie à mon sens que je suis en mesure de me défendre et de rejeter au loin tout préjugé, toute erreur. D'ailleurs, les signes des deux premiers degrés et du Maître annoncent « l'Acacia m'est connu » car l'initiation est une bataille continuelle et progressive contre les puissances des ténèbres. L’Apprenti se coupe la gorge ; celle-ci est à la fois le véhicule de la nourriture et l’organe de la parole. L’Apprenti enlève ainsi en lui l’esclavage des appétits physiques et l’imprudence des vaines paroles ; il apprend les vertus du silence, de la retenue, de la prudence verbale. Le Compagnon s’arrache le cœur, en ce sens qu’il se défait des excès du sentiment et des liaisons sentimentales qui peuvent annihiler sa volonté ; il se libère de l’esclavage charnel et sentimental, si entaché d’égoïsme effréné ; il bride ainsi ses passions et atteint un équilibre rationnel. Le Maître enfin se coupe le ventre. PLATON enseignait que tout est hiérarchie dans l’être humain ; la tête doit dominer le cœur et celui-ci doit dominer le ventre, symbole de tous les appétits terrestres et de toutes les passions inférieures. Etre sans désir est le grand secret du Maître, qui peut par la puissance de sa volonté, triompher de toutes les faiblesses. Un Maître se domine entièrement et sans effort. Il a triomphé de ses derniers sursauts d’égoïsme. Ainsi libéré de lui-même, il pourra remplir son devoir social et libérer les autres. Car un Maître agit aussi, toujours en alerte, prêt à l’action. Se placer à l’ordre de Maître, c’est aussi dire : « Me voici. Je suis prêt à agir ». Agir pour sa raison d’être, la raison d’être de notre Ordre. La libération de ’humanité de son état d’indignité et de méchanceté (les trois assassins figurent l'ignorance, l'hypocrisie ou encore le fanatisme et l'envie), Le signe d’horreur d'ailleurs, le révèle. Le monde est rempli de d’injustices ; le meurtre inutile d’HIRAM en est l’affreuse image ; il révolte notre conscience parce que Hiram représente précisément le Savoir, la Tolérance, la Générosité. En ce sens, « Ah ! Seigneur, mon Dieu ! » Peut signifier qu’on appelle à soi toutes les puissances bénéfiques de la Nature, toutes les vertus de bonté humaine, tous les ressorts de la générosité, pour mettre fin au règne des ténèbres, qui égare et asservit les hommes. Le secret essentiel du grade reste donc essentiellement la renaissance du Maître Hiram en chacun des maitres. Lors du rite de passage, nous nous 'identifions à lui. Nous devons d'abord mourir à nous même pour ensuite renaitre en un nouvel Hiram que symbolisera la branche d’acacia déposée sur sa tombe. Les 3 coups symbolisent la mort physique (gorge), émotionnelle (sein gauche) et mentale (front). Débarrassé de ses passions par son constant travail sur lui-même afin de dégrossir la pierre brute, ayant laissé ses métaux à la porte du temple, s’étant efforcé de mieux connaitre le monde du réel, le franc maçon doit pouvoir librement aller vers le monde idéal, c'est-à-dire accéder à la lumière. La Branche d'acacia parce qu'elle symbolise dans la bible, l'innocence, l'incorruptibilité, chaleur et lumière solaire est censée immortaliser celui qui est pourvu de tous ces mérites : le Maître. Et c'est en ce sens que pour moi l'élévation à la maitrise est d'une richesse extraordinaire : Elle permet de fait ce processus d’'individuation. Le secret d'Hiram, la parole recherchée du Maître réside précisément dans cette loi du devenir intérieur, combinant à la fois une transformation spirituelle et la recherche de l'intégrité personnelle. Il s'agit d'un équilibre fin mais indispensable au bien être de chacun de nous. Je voudrais aller plus loin. De par ma formation et profession, je suis aujourd'hui convaincu, grâce à la lecture que je fais du rituel que les dimensions psychologiques et spirituelles se complètent et sont source d'équilibre. Par exemple, d'un point de vue spirituel, une difficulté relationnelle n'a pas beaucoup d'importance (l'aspect spirituel équivaut selon moi à ce qui soutient et dépasse la dimension proprement personnelle de l'existence). Elle ressemble plutôt à un grain de sable dans le mécanisme psychique. Et une vie humaine n'a pas beaucoup plus de concrétude qu'une feuille qui flotte au vent. Pourtant, les nœuds affectifs qui ne sont pas défaits empêchent le mouvement d'ouverture et d'expansion de l'être (l'aspect psychologique correspond pour moi à la biographie de l'individu, notamment ce qui s'est passé dans sa vie sur le plan émotionnel). Et donc une psychologie qui n'a pas de dimension spirituelle devient facilement nombriliste. Alors qu'une spiritualité qui n'engage pas un travail sur soi au niveau psychologique (donc émotionnel) assied ses pratiquants sur un volcan d'impulsions non maitrisées. Et sans le savoir, elle encourage le refoulement. Et c'est bien là selon moi, tout le sens de la mort d'Hiram et du travail infini que représente la maitrise. Je voudrais terminer avec un quatrain d’alexandrins que nous offre Baudelaire dans son poème « élévation » tiré des Fleurs du mal : « Envoles toi bien loin de ces miasmes morbides, Va te purifier dans l'air supérieur, Et bois comme une pure et divine liqueur, Le feu clair qui remplit les espaces limpides ». G\ F\ |
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