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Je suis maitre, comment poursuivre mon chemin

<De la maitrise, il est dit qu’elle confère la plénitude des droits maçonniques  et qu’en quelque sorte le parcours est terminé.

Cependant, je ressens une impression d’inachevé par le fait de la mort d’Hiram.
 En effet, à ce moment crucial du parcours maçonnique, peut-on accepter que l’œuvre en cours, la construction du temple soit définitivement interrompue ? Quand le temple sera-t-il achevé ? Qu’en est-il des compagnons  meurtriers qui courent toujours et restent impunis ?

On ne peut espérer comprendre la signification symbolique des trois mauvais compagnons que si nous remontons aux sources de ce mythe fondateur du grade de Maitre.

Qui était HIRAM ? Qui étaient les trois mauvais compagnons ?

Hiram était l’architecte, pas seulement le concepteur de l’ouvrage et il présidait à la rémunération des employés.
Le mythe laisse aussi entendre que c’était un homme pourvu de toutes les qualités, connaissance, sagesse……

Quant aux mauvais compagnons, on ne sait pas grand-chose d’eux
Ils étaient,  ni des apprentis,  ni des profanes mais ils étaient des hommes dont la  haute compétence de constructeur  était déjà reconnue.
Ils ont pris part  à l’assassinat, chacun avec un outil particulier :

-          Le  premier avec un fil à plomb, symbole de la rectitude. Le deuxième avec un niveau, symbole de l’égalité
-          Le troisième avec un maillet, symbole de la volonté et de l’autorité fraternelle du VM
-   Hiram n’est-il pas le symbole de l’homme de valeur qui malgré les tentations et les persécutions, remporte la victoire sur ses faiblesses et ses passions et se rapproche de la perfection humaine ?
<- N’est-ce pas ainsi que l’on devient maitre, son propre maitre en assimilant symboliquement, matériellement et spirituellement toutes les qualités d’HIRAM ?

- Si nous considérons les mauvais compagnons non plus comme des malfaiteurs mais comme des maléfices psychologiques ou sociologiques et  qu’ils ont agi en abusant de leurs outils/  les assassins d’HIRAM ne sont-ils pas les vices qui nous empêchent de parvenir à cet état de perfection : la jalousie, l’ignorance, ambition et intolérance ?

On le voit aisément : L’exaltation à la Maitrise laisse, ainsi que le mythe de l’assassinat d’Hiram qui en est le support, une impression d’inachèvement.
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 Par ailleurs,  le compagnon aspirant à la Maitrise reçoit au cours de la cérémonie une double injonction :
-D’une part, il lui est demandé de s’identifier au mauvais compagnon et de tuer HIRAM.
- D’autre part, il renait à partir d’HIRAM quand il est relevé par les cinq points parfaits de la maitrise.
Cela ne constitue-t-il pas un premier passage vers une maçonnerie verticale, un passage du matériel au spirituel ?

Toutes ces interrogations nécessitent de poursuivre le cheminement initiatique
Un cheminement complémentaire se dessine à celui qui est déjà parcouru, celui d’un perfectionnement, d’une amélioration
Ainsi j’attends aujourd’hui à me perfectionner en consolidant mes acquis puis en les dépassants.

Pour moi, la loge bleue a été un apprentissage, une école de l’éveil.

Par l’apprentissage spéculatif, le travail effectué en loge m’a appris à cultiver des valeurs morales ainsi qu’une ouverture d’esprit et de tolérance.
J’ai ainsi pu avancer pas à pas vers une plus grande connaissance de la voie initiatique
Mon parcours semble en cela conforme à une rééducation sensorielle : En faisant l’effort de renaitre pour réapprendre, j’ai compris que l’enchainement d’actions inlassablement répétées au travers du rituel m’ont permis d’entrer dans une démarche d’analyse critique des raisonnements et valeurs que je n’avais jamais remis en doute.

  et  pour une autre partie le point de départ de ce perfectionnement, tant dans le champ du symbolique que dans ses fondements psychologiques.

Le caractère progressif de la méthode maçonnique a pour objectif de se parfaire tout en dépassant par le rite la dimension strictement philosophique pour approcher de l’intérieur la question du sens de l’existence. Sur ces points,  les initiations symboliques d’apprenti, de compagnon, puis de maitre m’ont introduite au sein de cette démarche de connaissance de soi et de réflexion sur le sens de l’existence.

Ma recherche est aujourd’hui centrée sur une réalisation plus  spirituelle sachant  que cette réalisation est toujours à venir.
Nous changeons sans cesse physiquement, psychiquement et selon les âges de la vie, cette quête spirituelle change de contenu, s’accélère.
C’est pourquoi l’essentiel glisse peu à peu de but nécessitant le courage d’avancer sans cesse vers des chemins inconnus.

Cette quête commença pour moi dans le cabinet de réflexion lorsque je fus mise en présence de l’être spirituel intérieur qui m ‘habitait depuis toujours mais qu’il m’était alors impossible de  voir car j’étais encore aveuglée par les illusions et les préjugés.
Ce n’est qu’après avoir été éprouvée par les voyages de l’initiation et que le bandeau me fut retiré qu’il m’a été possible d’accéder à un nouvel état mental propice à la prise de conscience de cet être  intérieur.

  cet état de conscience m’a ouvert  les portes d’un monde de symboles qui m’ont mise en état de dépasser le monde des apparences.
En faisant mes premiers pas d’apprentie, des  signes devaient donner à la pierre brute que je travaillais une forme appropriée à ma progression spirituelle et cette première « mort » a consisté à me dépouiller de mes enveloppes les plus grossières

  de perfectibilité, de dépassement de soi, cette quête de spiritualité, je l’ai retrouvée dans le voyage et le dépouillement, dans cette aptitude à  me séparer du superflu pour ne garder que l’essentiel

Jusqu’à   mon élévation à la maitrise, ma démarche a été de retrouver en moi la femme  spirituelle, ayant surmonté ses contradictions intérieures pour s’accorder à son environnement extérieur.

Cette seconde mort est plus profonde car l’initiée meurt à elle -même, à sa propre personnalité
En séparant le subtil de l’épais, la mort initiatique permet de dégager l’esprit de la matière et ainsi  de renaitre à la vie de l’esprit.

<A mon sens, l’initiation à la maitrise ne constitue donc qu’une étape dans la conquête de la Maitrise de soi dans sa dimension spirituelle.
Et c’est dans cette quête spirituelle  que je souhaite initier un nouveau cheminement, une nouvelle aventure avec une plus grande  exigence d’intériorité.

Le grade de Maitre n’est pas une fin, nous devons continuer à travailler davantage malgré les obstacles qui se dressent sur notre chemin afin de bâtir toujours notre Temple intérieur et que nous gardions nos repères entre l’équerre et le compas.
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Rappelons à cet égard le symbolisme des diverses positions successives du compas et de l’équerre sur l’autel des serments. L’équerre, symbole de la matière, est placée au-dessus du compas, symbole de l’esprit, au premier degré /  les deux lumières maçonniques s’entrecroisent au deuxième degré, évocation d’un début de modification dans l’ordre des valeurs/  ébauche d’un retour de la suprématie de l’esprit sur la matière, réalisée au troisième degré.
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Pratiquer le cheminement sur la Voie initiatique nécessite un retour sur soi, un retour en soi permanent, et lorsque que l'on porte ce regard sur le parcours effectué depuis le jour de notre initiation, on constate que l'enseignement symbolique de nos rituels nous donne progressivement les outils :

- 1er degré : début de la connaissance de soi par l'abandon des métaux, travail sur let imperfections de l'esprit et du cœur, sur les préjugés et certitudes. Premiers pas de l’initiée plongée dans les ténèbres de l'ignorance vers la lumière par l'accès à sa conscience.

- 2ème degré : ouverture aux autres, voyages, confrontations des idées, découvertes du monde et des différentes cultures et morales qui le composent. et de leur rattachement à une éthique universelle, celle des droits  de l'homme et de la dignité humaine.
 Prise de conscience que tous les aspects de notre vie dépendent des autres et apprentissage du partage.

- 3éme degré : Accès aux moyens de la connaissance

Ainsi donc, il est clairement établi que c'est le travail initiatique du 1" degré qui consiste à «  dégrossir sa pierre brute » puis qui se poursuit au 2° degré, celui de l'accès aux autres, au monde par l'intégration de sa « pierre taillée » dans l'édifice universel, qui donnera accès à la Chambre du Milieu, afin d'arriver à ce qui me semble l'objectif premier de la démarche initiatique : la connaissance de soi puis la conquête de la Maitrise de Soi dans sa dimension spirituelle.

avec ses convictions (qui ne sont pas des certitudes) et avec sa sensibilité plus ou moins humaniste, plus ou moins spiritualiste mais peu importe, je serai tentée  de dire seul le résultat compte : devenir Maître Hiram et poursuivre l'œuvre commencée dans le Temple.

16  ans dans quel ordre le ferais- je ?

1) interrogation sur mon existence, son sens et son devenir. Besoin de spiritualité inconsciente.
2) initiation  
3)  découverte de la Fraternité initiatique et de  son importance.    
4) ouverture du cœur (démarche vers les autres)
5) Besoin de partager avec mes  SS et mes FF mon acquis initiatique
6) accès à la Maîtrise et élévation de la conscience par une intégration plus      grande du sacré et de la spiritualité
7) Maitrise progressive des passions et détachement progressif de l’avoir au profit de l’être
8) Plus grande sérénité et plus heureuse au quotidien

En plongeant mon regard  sur ce vécu qui n’est que le mien , je pense  qu’il n’y a ni transformation ni amélioration réelle de soi et accès à ce que René GUENON nomme » les états supérieurs de conscience »  que nous sommes susceptibles d’acquérir avec l’accès à la Chambre du Milieu / que par la voie du cœur et que les seules qualités intellectuelles aussi brillantes soient –elles sont insuffisantes pour accéder à la Connaissance

La voie initiatique est un autre univers de référence que le monde profane, qui intègre dans son cheminement d’autres valeurs jamais réunies dans le même vécu :
-          La dimension spirituelle
-          L’adogmatisme
-          L’humanisme
-          La recherche permanente de la Vérité dans l’échange des idées en Loge, et ceci dans un espace sacré
-          Une morale s’appuyant sur une éthique universelle.

Chacun d’entre nous doit prendre conscience de sa capacité d’évolution suivant un projet individuel d’évolution et de perfectionnement,  mais cette initiation ne peut s’effectuer qu’au sein d’un collectif
L’acte initiatique ne peut avoir lieu que dans un espace-temps sacré, crée par un engagement collectif.
C’est la raison d’être et le but des rituels initiatiques que de permettre à un groupe de créer cet espace-temps sacré .

Les rituels sont de véritables outils, qui permettent de rassembler les forces spirituelles,  qui nous sensibilisent à nous-mêmes, aux autres, a notre environnement.
L’initiation doit s’inscrire dans un projet collectif de perfectionnement.et
C’est par le perfectionnement de l’homme que se fera le perfectionnement de l’humanité.
C’est en ce sens, me semble-t-il que le projet initiatique est un projet humaniste.

Je pense également que les objectifs des grades supérieurs doivent prendre certes  une dimension plus intérieure à ceux des loges symboliques mais toujours inscrits dans une perspective communautaire et sociale, à l’image de la loge.
Notre quête individuelle n’est pas différente de celle du groupe que nous formons.

Lors de l’ouverture de nos travaux ou lors de moments comme celui-ci, je mesure le privilège que nous avons de pouvoir nous extraire de ce monde si dur et de venir nous transformer, nous améliorer, nous ressourcer dans l’amour fraternel de nos temples.
Nous pouvons y apprendre l’écoute et l’échange des idées sans juger.

Certes la poursuite du chemin initiatique,  et par là-même de notre amélioration  constitue un long voyage qui comporte écueils, difficultés mais aussi joie.
Nous savons chacun pour vivre au quotidien combien ce cheminement intime et long est difficile, douloureux, combien il implique de remise en questions, de retour sur soi et en soi, de trébuchement.
Nous voyons à chaque instant, malgré nos 7 ans et plus, l'importance de notre égo, et la  difficulté à nous détacher de bien des passions.
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Le travail du Franc-maçon ne s’arrête jamais et est comparable à un explorateur qui serait dans un monde inconnu, qui avancerait toujours vers l’horizon, ce dernier s’éloignant  toujours et pensant arriver au but, tout est à refaire
Cette allégorie illustre bien l’adage que nous sommes de perpétuels apprentis.
Nous avons toujours quelque chose à apprendre face à l’océan de symboles qui est devant nous et qui sans arrêt nous renvoie à des interrogations constructives nous permettant de nous améliorer toujours
 
Le but du maitre dans sa démarche n’est –elle pas en définitive un développement personnel constant pour une participation significative à la construction du Temple Idéal de L’Humanité.

J’ai dit.

M\ R\

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