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Qu’était le Maître Hiram ?

Il était Tyrien, et fils d’une veuve de la tribu de Nephtalie. Hiram est donc Tyrien, fils d’une veuve, une veuve qui elle est bien juive. Plus on lit la Bible et notre rituel, plus on a le sentiment profond et sans cesse vérifié que dans un texte comme dans l’autre, rien, aucun mot, n’est du au hasard. Logique et évident pour ce qui concerne le V\ S\ L\, volonté révélée du G\ A\ D\ L\ U\, Livre inspiré, Le Livre.

Pour ce qui concerne notre Rituel, la critique est plus aisée, on détecte parfois des ajouts, des contradictions ; on est en droit de se demander si tel ou tel passage, tel ou tel mot, telle situation, ...n’a pas été ajouté, pour rattraper une anomalie, un défaut, améliorer l’aspect théâtral de la cérémonie, sans parler des erreurs dues à la tradition orale initiale ou encore aux différents mélanges entre les rituels.

On peut alors s’étonner que tous nos rituels présentent Hiram de la même façon : tyrien et fils d’une veuve d’une tribu. Mais alors, pourquoi n’y a-t-il aucune explication, aucun développement, aucun complément à cette affirmation ? Si cette double affirmation est une constante, si elle n’est explicitée nulle part, ne serait-elle pas en soi un symbole ?

(1ere partie : d’Adam au Temple)

Hiram est l’Architecte, le bâtisseur (opératif) du Temple. Pour nous, ce Temple est « L’image sensible de ce Temple spirituel que nous devons nous efforcer d’élever dans nos coeurs, afin que la divine présence y vienne résider » précise notre rituel. Ce Temple, dont celui de Salomon est la préparation, cet archétype qui doit nous permettre, par sa symbolique, son analogie (horizontale et verticale) de comprendre que le monde inférieur est à l’image du monde supérieur, nous permettre d’être en harmonie avec le monde, d’approcher (!) la pensée divine.

Comment en est-on arrivé à la construction du Temple de Salomon ? Mgr Germain de St Denis, évêque de l’église orthodoxe de France, lors d’une conférence le 27/2/85, nous a livré quelques faits de la Tradition.

Trois fils d’Adam sont Cain, Abel, Seth. 3 aspects de l’évolution du monde magie, sacrifice, liturgie. Président à la naissance de 3 courants instrumental martyre sacerdotal (rituel).

Trois fils de Noé Sem, Cham, Japhet qui signifient le nom, le brûlé, l’élargissement qui introduit la couche raciale Dieu personnel Magie conquête de l’espace.

Puis   Découverte de « L’esprit des Peuples » => Babel => dispersion des Nations. Par ces 3 faits « mythes », nous sommes placés devant la lente complexification de l’humanité à travers 3 couches : religieuse - raciale – nationale.

Puis Triade Rois Saül ; Prêtres Aaron ; Prophètes Moïse.

Point final, fait unique de cette histoire : la construction du Temple par le Roi Salomon. Or, Salomon, qui construit le Temple, n’est ni prêtre ni prophète ! Il appelle...le roi de Tyr roi païen,  à son aide, avec les incirconsis ! C’est donc dans le Temple de Salomon que culmine le symbolisme de la plénitude ou TOUS entrent : distincts et égaux.

(2eme partie : Pourquoi Hiram ?)

Évidemment, les choix de Dieu sont bien étranges pour accomplir le destin de l’humanité. Quelques exemples pour s’en convaincre :
* Un couple stérile (Abraham et Sarah) d’où sortira un peuple entier.
* Un bègue (Moïse) pour en faire l’avocat de sa cause.
* une femme (Déborah) pour la transformer en chef militaire.
* un hors la loi (Jephté) pour qu’il soit le juge de son peuple.
* des bergers (Saül et David) pour en faire des rois.
* Hiram etc.

Dieu manifeste ainsi, sans notre consentement, par un acte unilatéral, son Alliance avec son peuple : nul n’en est exclu.

Dans I Rois 7,13 : Le roi Salomon envoya chercher Hiram de Tyr. C’était le fils d’une veuve de la tribu de Nephtali, mais son père était un tyrien, qui travaillait le bronze. Il est lui-même artisan d’airain, il fait les colonnes, la mer de fonte, 10 bassins, etc. Il intervient donc en fait après le gros oeuvre, pour la « décoration ».

Dans II Chroniques, 2,12 : Maintenant donc j’envoie un homme habile, doué d’intelligence, Houram-Abi (Hiram est mon père) ; il est fils d’une femme d’entre les filles de Dan, mais son père est Tyrien.

On lit encore dans II Chroniques 4,16. Tous ces objets, Houram-Abiw (Houram est son père) les fit pour Salomon, pour la maison de Yahvé, en bronze luisant.

Dans Chroniques, Houram est de beaucoup plus fort ! Abi est traduit par « Maitre », dans le sens où on l’entendait au Moyen Âge. Cela sous David-Salomon. A cette époque, grâce à ces deux grands rois, l’influence d’Israël est croissante et importante. Seuls échappent à l’empire les ports phéniciens et Tyr (entre Euphrate et Égypte) Hiram de Tyr, lui-aussi, est un grand constructeur (il a construit sur la mer), il possède une partie de Chypre, et ouvre des comptoirs jusque sur la côte espagnole. Il possède l’hégémonie du commerce en Méditerranée.

Pour construire le Temple, Salomon s’endette considérablement auprès d’Hiram. De plus, Salomon, finalement, dilapide l’héritage de David et laissera un royaume très affaibli : il va jusqu’à céder des territoires pour rembourser ses dettes. « Ruines Salomoniennes » à opposer à Salomon le bâtisseur ».

On notera dans ce contexte :
* que le livre des Rois est rédigé d’après des sources écrites.
* les Chroniques sont rédigées beaucoup plus tard, plusieurs siècles après les événements => tradition orale surtout.

On constate déjà, entre les deux récits, la création d’une légende hiramique. Plus le temps passe, plus Hiram prend de l’importance dans l’histoire. Il est de plus en plus fort, il connaît finalement tout, il préside à tout : la transmission orale a amplifié le personnage.

On ne peut s’empêcher de comparer le récit des « dons » et des qualités d’ Hiram avec celui d’Exode 31 (ouvriers du sanctuaire) : Yahvé parla à Moïse en ces termes : Vois ; j’ai appelé nommément Béçabléel, fils d’Ouri, fils de Hour, de la tribu de Juda. Je l’ai rempli de l’esprit de Dieu : habilité, adresse et savoir-faire pour tout travail, pour concevoir des oeuvres d’art, pour travailler l’or, l’argent et le bronze, pour tailler la pierre à sertir et pour tailler le bois, pour exécuter tout travail. Et voici que moi je lui ai adjoint Oholiab, fils d’Ahisamak, de la tribu de Dan.

(Voir à ce propos cérémonie du passage des Voiles à l’Arche). Hiram fils d’une veuve de la tribu de Nephtali (Rois), puis d’une femme d’entre les filles de Dan (Chroniques), comme « Oholiab », fils d’Ashisamak, de la tribu de Dan. La légende a sans doute transformé Nephtali en Dan, Pourquoi ? Nephtali : 6eme fils de Jacob ; Dan : 7eme (?!) fils de Jacob. La tribu a la région à l’ouest du Jourdain de  région de Çoréa et Eshtaol dans la plaine et du lac de Gennesareth Shétila où l’on adorait un dieu du soleil : Dan ! Pas de grand héros Héros : Samson. Nephtali : étymologie = « combattant », Dan Étymologie = « Juge ».

Pour mémoire : Les temples de Bethel et de Dan sont encore mentionnés dans les récits de ce temps, le premier lié au souvenir de Jacob, le second datant de l’installation dans le pays de la tribu de Dan (voir Gen XXVIII, 22  XXXV, 6 Jg XVIII, 27-31). Jéroboam y érigera des veaux d’or (1Rois XII 28,29). Le Temple de Dân fut détruit lorsque la tribu de Nephtali vaincue fut exilée par Teylat-Pilesser en 732, 2Rois  XV, 29  et celui de Bethel probablement 10 ans + tard. Rappel en passant : sanctuaires = tente d’assignation Silo temples Bethel Dan.

Période de la construction : c’est une période de mutation : sédentarisation su peuple, mutation de l’économie de bergers nomades-fermiers et artisans mais la tribu demeure le + important facteur politique et social bien que : nouveau mode de vie : la pêche apparaît exploitation individuelle qui remplace l’exploitation des troupeaux par la tribu élevage-céréales­fruits­artisanat­commerce­industrie­.

Le temple est un des plus importants facteurs de mutation. L’ancienne tradition patriarcale survit et se heurte à la volonté centralisatrice du pouvoir royal. Le pays est divisé en 13 régions, 13 conseillers autour du roi (12 tribus + les prêtres). La construction dure 13 ans (13 générations de Salomon à Jésus). Les colporteurs d’Israël ne sont pas portés vers la mer, contrairement à leurs collègues des cités phéniciennes. Le pays n’a que deux ou trois ports surs, et pas une seule rivière navigable. Le poisson est rare, on le trouve sur les marchés dont le  + important est à Jérusalem, à la porte des Poissons, tenu par des Syriens. Viandes et poissons sont des aliments de luxe, réservés aux fêtes, sabbat, aux grandes occasions et aux sacrifices. Les tribus de Dan, Asher, Zebullon, installées sur les rives du lac de Galilée, monopolisent le droit de pêche.

La Bible parle rarement de la pêche, sinon indirectement, tout au long de l’ancien testament, et en images symboliques (Ezechiel XXVI 4, 5, 14 Is XIX Qo IX Eclesiaste  habaquq...). Dans le nouveau Testament, en revanche, pêches miraculeuses. La Pêche est un symbole d’évolution 1ère autour de Jésus : des pêcheurs Simon Pêcheur-Simon « Pierre » chgt de nom pour accomplir (voir Hiram-gabaon).

La Pêche est symbole de l’évolution de l’ancien au nouveau Testament Hiram : il est la clef de passage de l AT ou NT. Cependant, ce qui caractérise ces évolutions, c’est le respect profond de la Tradition. La société hébraïque primitive est une fédération de tribus semi-nomades, et d’agriculteurs en quête d’établissement, que cimentent les traditions communes et le même culte d’YHWH. De cette origine, d’ailleurs, provient l‘ambivalence de tout symbole Désert = lieu privilégié de la présence de YHWH terre d’horreur et de désolation, où règnent non plus YHWH mais soif et peur. Le peuple vit avec, de la terre : « Va-t-en de la terre,  de cette  patrie, de la maison de ton père » 1, 2, 3 et non pas 3  2  1. C’est en ces termes que débute l’aventure prophétique. (Départ, rupture d’un homme d’avec le milieu social dont il dépend, rupture d’avec son lieu de naissance, et plus difficilement et plus nécessairement, d’avec la maison de son père, en ce temps où l’identité d’un homme dépend de celle de son père) 1 tribu = # clans (mishpaha). Chaque clan est formé de maisons de pères : Beit ab ces chefs d’unités, ces « souverains » gouvernent la tribu (+ fonctions politiques et judiciaires).

A noter aussi : pays aride => eau primordiale (citernes, irrigation, tunnels, etc...) eau = salut ; eau = symbole de vie ; eau = esprit. Dan : pêche, eau.

La famille : Très importante. Elle comprend des personnes issues d’un même père : au sens le plus large, elle comprend la nation toute entière sortie de la cuisse de Jacob, chacune des 12 tribus mères de ses fils, chacun des clans qui composent ces tribus, mishpaha, et enfin chacune des « maisons d’un père », beit ab, dont les clans sont formés (voir Dt XXIX, 17 Jos VII, 14 1 S X, 12 Ex VI, 14 Nb III 14).

Cette « maison d’un père » constitue l’unité la plus restreinte de la famille, encore qu’elle ressemble de très peu à ce que nous entendons de nos jours par ce terme. Elle subsiste en large rassemblement de cellules familiales, qui se réorganisent à la mort de l’ancêtre en autant de « maisons d’un père » qu’il avait de fils. Mais la mishpaha, dans sons sens le plus large, perpétue la mémoire du patriarche dont elle porte le nom d’âge en âge : l’important n’est jamais dans sa puissance et le nombre de ses membres mais dans sa lignée. Afin de protéger cette famille, ses biens, et maintenir la veuve au sein de la famille du défunt, l’antique droit israélite avait instauré la coutume du Lévirat, qui, rappelons-le, comme en témoigne Ruth 4, pouvait s’étendre à un cercle de parenté plus large que celui des frères du défunt. On note dans le cas précis d’Hiram, une mésalliance : est-ce parce-qu’il  y a une alliance plus importante, primordiale, une alliance avec Dieu ?

On notera à ce propos et en complément que la Bible n’a pas de mot pour désigner le célibataire : le destin normal, c’est l’institution du mariage. Jérémie peut recevoir l’ordre de ne pas prendre femme et de ne pas avoir d’enfant, pour mieux se consacrer à sa mission prophétique : ce cas est évidemment particulier. Le mariage est important car il commande la naissance d’une progéniture et modifie le statut de la femme qui s’agrège par son union au clan de son mari : il consacre son transfert d’une famille à l’autre. Enfin et surtout : (article « Veuve » du Dictionnaire Encyclopédique de la Bible) : D’après l’ancien droit oriental, une femme devient « veuve » (almanah) quand son mari est décédé et qu’elle est sans fils ni beau-fils adulte pour l’entretenir, ni beau-frère pour s’unir à elle selon la coutume du lévirat. Le terme de veuve indique donc une situation juridique bien précise pour laquelle il n’existe pas d’équivalent dans les langues modernes. La situation précaire de la veuve résulte de son isolement : par le mariage, on l’a vu, elle s’est séparée de sa famille d’origine et, réduite à la condition de veuve, elle n’a plus de lien avec la famille de son mari défunt. Bien sur elle peut retourner dans la famille de son père (Gen 38, 11), mais celle-ci n’a pas d’obligation d’entretien à son égard, sauf dans le cas de la fille d’un prêtre (Lv 22, 13). Un remariage était donc souvent une nécessité, mais il n’était pas toujours possible, parfois même interdit : le grand prêtre (Lv, 21, 14) et par la suite un simple prêtre (Ez 44, 22) ne pouvaient épouser une veuve. Aussi comprend-on que la loi protégeait les veuves (Ex 21, 22 ; Dt 10, 18 ; 14, 29 ; 16, 11. 14 ; 24, 17. 19-21 ; 26, 12s ; 27, 19) et que les prophètes devaient toujours à nouveau prendre leur défense (Is 1, 17. 23 ; 12, 2 ; Jr 7, 6 ; 22, 3 ; Ez 22, 7 ; Za 7, 10 ; Ml 3, 5). La misère à laquelle une veuve pouvait être réduite est décrite en 1R 17, 12 et l’on voit ainsi ce que suggérait la comparaison de Jérusalem ou de Babylone avec une veuve.

On ne pouvait mieux souligner que quelqu’un devait son succès à ses capacités propres qu’en le présentant comme « le fils d’une veuve ». Si la veuve ne se résolvait pas à pratiquer la prostitution ou à vivre en concubinage, il ne lui restait souvent d’autre solution que de chercher refuge...dans le Temple !

On remarquera également au passage dans 1 Rois 17 que le prophète Elie, en visite chez la veuve de Sarepta...ressuscite son fils. Ou bien encore dans 2 Rois 4, Elie secourt une veuve, pour...sauver son fils de l’esclavage. Enfin, Jésus ressuscite le fils de la veuve de Naïn en Luc7, 11 !

Salomon (et d’abord David)  est l’ami de Hiram, roi de Tyr Etrange amitié entre l’incirconcis et le circoncis. Or, on s’aperçoit que Juda et David, deux ancêtres du Christ, ont tous deux des amis étrangers du nom d’Hira et Hiram, tous deux liés, comme par hasard, à des veuves... On lit en effet dans Genese (38). Or, en ce temps-là, Juda quittant ses frères, descendit et se dirigea vers un homme d’Adoullam qui s’appelait Hira. Là, Juda vit la fille  d’un Cananéen qui s’appelait Choua ; il la prit et alla vers elle. Elle conçut et enfanta un fils, qu’elle appela du nom d’Er. Elle conçut de nouveau et enfanta un fils, qu ‘elle appela du nom d’Onan. Une fois encore elle enfanta un fils, qu’elle appela du nom de Chéla. Elle était à Kézib quand elle l’enfanta. Juda prit une femme pour Er, son premier né ; elle s’appelait Tamar. Er, le premier né de Juda, déplut à Yahvé, et Yahvé le fit mourir. Juda dit à Onân : « va vers la femme de ton frère et remplis envers elle ton devoir de beau-frère : suscite une descendance à ton frère ». Onân savait que la descendance ne serait pas à lui ; aussi, lorsqu’il allait vers la femme de son frère, il se souillait à terre pour ne pas donner de descendance à son frère. Ce qu’il faisait deplut à Yahvé, qui le fit mourir, lui aussi. Juda dit à Tamar, sa bru : « demeure veuve dans la maison de ton père jusqu'à ce que Chéla, mon fils, soit devenu grand » ; car il se disait : « il ne faut pas qu’il meure, lui-aussi, comme ses frères ». Tamar s’en alla donc demeurer dans la maison de ton père.

Bien des jours s’écoulèrent, et la fille de Choua, la femme de Juda mourut. Quant Juda se fut consolé, il monta, lui et Hira, son ami d’Adoullam, vers les tondeurs de son petit bétail, à Timna. On informa Tamar en ces termes : « voici que ton beau-père monte à Timna pour tondre son petit bétail ». Alors elle ota de dessus elle ses  habits de veuve, se couvrit d’un voile et, ainsi enveloppée, elle s’assit à l’entrée Enaim, qui est sur le chemin de Timna. Car elle voyait que Chela était devenu grand et qu’elle ne lui avait pas été donnée pour femme. Juda l’apercevant, la prit pour une prostituée, car elle avait couvert son visage. Il se dirigea vers elle, sur le chemin et dit : « Laisse-moi aller vers toi » Car il ne savait pas que c’était sa bru. Elle dit « Que me donneras-tu pour venir avec moi ? »  « J’enverrai dit-il, un chevreau du troupeau ». Elle dit : « Me donneras-tu un gage, en attendant que tu l’envoies ? » Il dit : « Quel gage te donnerai-je ? » Elle dit « Ton anneau à cachet, ton cordon, ton baton que tu as à la main ». Il les lui donna et alla vers elle, et elle devient enceinte de lui. Elle se leva et partit. Elle ota son voile de dessus, elle reprit ses habits de veuve. Juda envoya le chevreau par l’entremise d’Adoullam, pour reprendre le gage des mains de la femme, mais il ne la trouva pas. Il demanda aux gens du lieu : « où est la prostittuée sacrée qui était à Enaïm sur le chemin ? » Ils dirent « Il n’y a pas eu ici de prostituée sacrée » Il revint auprès de Juda et dit « Je ne l’ai pas trouvé » ; et même les gens du lieu ont dit « il n’y a pas eu ici de prostituée sacrée ». Juda dit : « qu’elle garde ce qu’elle a ! N’allons pas nous exposer au mépris. J’ai bien envoyé ce chevreau, et toi, tu ne l’as pas trouvée » Or, environ trois mois après, on informe Juda en ces termes : « Tamar, ta bru, s’est prostituée, et voilà même qu’elle est enceinte de ses prostitutions. Faites-la sortir, dit Juda, et qu’elle soit brûlée ! »

Comme on la faisait sortir, elle envoya dire à son beau-père : « l’homme à qui sont ces objets, c’est de lui que je suis enceinte ». Puis elle dit : « examine bien à qui sont l’anneau à cachet, le cordon et le baton que voilà ». Juda examina et dit « elle est plus juste que moi ; car il est vrai que je ne l’ai pas donnée à Chéla mon fils ». Et désormais il ne la connut plus. Or, au temps où elle enfantait, voilà qu’il y avait des jumeaux dans son sein. Et pendant qu’elle enfantait, l’un d’eux présenta une main ; l’accoucheuse prit la main et y attacha un fil écarlate en disant : « celui-ci est sorti en premier ». Or, comme il retirait sa main, voilà que sortit son frère. L’accoucheuse dit : « comme tu t’es ouvert une brèche ! » et on l’appela du nom de Pèreç. Ensuite sortit son frère, qui avait à la main le fil écarlate : « et on l’appela du nom de Zèrah ».

Cette histoire nous confirme le fait que veuve est un statut, un état particulier, généralement et normalement passager, grâce au Lévirat, et nous éclaire sur la condition des veuves à cette époque, obligés parfois de ruser pour rentrer dans leur droit. Mais aussi : Cette veuve donne donc deux fils à Juda, deux jumeaux, Pérèç et Zérah. Pérèç, (peres en hébreu) signifie brèche : celui-ci avait ouvert une brèche à sa naissance pour naître avant son jumeau (peruchim-pharisien séparer). Zérah « rayonnement », éclat, est sans doute la forme abrégée de Zerahyâh : Yahvé a brillé ! Avec son jumeau Pérèç, donc : par la brèche-la séparation, la différence-, Yahvé à brillé. Fils de Juda, et de la veuve Tamar, ce fils de la veuve est donc un ancêtre de David (et de Jésus) par son fils Heçron.

Quant à Hiram, grâce à lui (et malgré lui), la veuve a pu rentrer dans son droit... Dans cet épisode, on voit bien qu’Hira, habitant d’Adoullam, (ville de Canaan) est partie prenante dans les origines de la tribu de Juda : c’est chez lui que Juda dencend après s’être séparé de ses frères. Hiram (hîràm) est une abréviation d’ahîràm, qui signifie...« mon frère est exalté » (ou élevé). Salomon est synonyme de paix et sagesse. Hiram est synonyme de liberté Salomon : Paix ; Harmonie ; Divin ; Connaissance ; Celui qui prie ; Le sacré ; Dieu qui se révèle ; La descente de Dieu. Hiram : Liberté ; Tolérance ; Humain ; Connaissance par l’Art ; Celui qui construit ; Le progrès vers la perfection ; Le Divin retrouvé ; La montée de l’homme.

Pour conclure, nous dirons que le Temple de Salomon est parallèle au Temple d’Ezechiel et à la  Nouvelle Jérusalem de l’Apocalypse. Le Temple Achevé est le monde accompli, la fin des temps présents, le commencement d’un siècle nouveau et éternel. Le Temple en construction est l’histoire de l’humanité dans laquelle nous sommes tous engagés comme bâtisseurs. Hiram nous rappelle que tous, croyants et incrédules, nous sommes appelés à rebâtir le monde.

Il y a d’ailleurs une légende dans le Talmud : Lorsque le Temple fut terminé, le roi Salomon fit périr Hiram et tous les ouvriers afin qu’ils ne puissent entreprendre une autre construction en l’honneur d’un Dieu païen après avoir construit le Temple de  l’Éternel.

Hiram : le mot lui-même est un symbole, on l’a vu, de même que « Fils de la Veuve », symboles qui ont été oubliés, au point que l’on note dans de nombreux textes maçonniques anciens une confusion avec Adoniram (« Seigneur d’Hiram »). Adoniram, mentionné dans I Rois V14 commandait les ouvriers de Salomon sur le Mont Liban et fut lapidé par la foule sous Roboam. En Maconnerie, Hiram est présent dès 1723 (1ere édition Anderson), avant la reconnaissance du grade de Maître, et dans la cérémonie secrète d’installation du « maître », c’est à dire du chef de loge. Hiram est souvent présenté comme le fils du roi de Tyr dans les anciens manuscrits des Old Charges (Cook en 1420 en particulier). La Tour de Babel, Noé, Bezalel (qui meurt en emportant  les secrets), plus tard Hiram. On note le parallélisme entre la légende de Bezalel présentée par le manuscrit Graham (1726) et la légende d’Hiram actuelle. La légende d’Hiram se présente selon le schéma traditionnel de la Passion, avec amalgame de plusieurs éléments mythiques dispersés dans plusieurs légendes.
           
On soulignera que cette évolution vers Hiram, le bâtisseur, témoigne, ou a suscité, l’intérêt des bâtisseurs de cathédrales. Dans tous les cas, ce processus est conforme à la Tradition orale qui évolue en opérant des amalgames.

Comme nous le rappelait déjà notre première instruction, ces quelques indications n’épuisent pas le sens des symboles que nous présente ce tableau : je souhaite simplement que la phrase : Hiram était Tyrien, et fils d’une veuve de la Tribu de Nephtalie, évoque à présent un peu plus sans doute qu’il y a dix minutes, afin de nous permettre de mieux suivre sa voie...

V\ A\


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