Obédience : NC Loge : Rudyard Kipling - Orient de Fréjus 08/04/2009

 

L’acacia m’est connu

Il nous est demandé ce soir de nous pencher sur cette phrase du rituel du 3ème degré que nous donnons en réponse à la question « Etes-vous Maître Maçon ? » par « L’acacia m’est connu ».

Cette simple tournure de phrase marque le fait que nous sommes censés avoir subi, vécu et appréhendé le psychodrame qu’est la mort rituelle de notre Maître Hiram Abif. C’est de la mort qu’il s’agit tout au long de ce rituel du 3ème degré qui fait que le compagnon va naître une troisième fois à la vie. C’est par l’acacia que les compagnons vont retrouver la trace du Maître.

Qu’est-ce que l’acacia ? Que représente t’il ? Que symbolise t’il ?

Dans notre rituel du 3ème, il est dit que « la connaissance repose à l’ombre de l’acacia », qu’il « annonce une sépulture », qu’il est un « arbre funéraire ». Placé en tête de la tombe, il est accompagné d’une équerre et d’un compas, l’équerre en tête de la tombe et le compas au pied. Nous disons communément aussi que le Maître Maçon se trouve entre l’Equerre et le Compas, qu’il est devenu Maître Maçon en passant de l’Equerre au Compas sur la tombe de notre respectable Maître Hiram et lorsqu’il est relevé, le Très Vénérable Maître dit « Célébrons cet heureux jour qui ramène sur notre Loge attristée la Lumière que nous croyions perdue à jamais ! Notre Maître reparaît dans la personne de notre très cher frère ». Le lien premier entre la branche d’acacia et la tombe d’Hiram est qu’elle devait servir « aux traîtres pour reconnaître l’endroit où ils avaient caché le corps d’Hiram ».

L’acacia est le symbole du Maître, le symbole qu’utilisaient les Egyptiens de l’antiquité, et en particulier les femmes qui officiaient au sein de « la Demeure de l’Acacia » que l’on pourrait assimiler rapidement, à leur mode de vie, aux recluses de l’église catholique. Elles remplissaient un rôle rituel d’une importance essentielle et considérable puisqu’elles préparaient la résurrection d’Osiris, prototype symbolique d’Hiram. Leur rituel indiquait que le corps devait être transformé en corps de lumière, que nous pourrions comprendre comme celui qui revient illuminé par la connaissance divine, celui qui est proche de la lumière.

Dans ce cas, l’acacia protège le tombeau d’Osiris, de même qu’il protège le tombeau d’Hiram. C’était aussi dans un coffre d’acacia qu’étaient réunies, une fois retrouvées, les parties du corps d’Osiris.

C’est aussi dans les textes des pyramides qu’est proclamée la renaissance et la victoire sur la mort : « Je suis Horus qui sortit de l’acacia », autrement dit Horus, fils d’Osiris, issu des rites accomplis dans la « Demeure de l’Acacia », signifiant que la vie est issue de la mort, et dans notre symbolique maçonnique, un Maître pourra remplacer un autre Maître, car c’est dans la résurrection que réside l’esprit du Maître.

On retrouve également dans l’ancien Testament des références à cet arbre.

L’Arche d’Alliance, la Table d’Offrande et l’Autel des Holocaustes étaient faits de bois d’acacia, et recouvert d’or pour l’Arche d’Alliance.

Ce bois tourmenté et noueux pousse aussi dans le désert et fleuri en hiver, affirmant ainsi la pérennité de la vie. Son bois est réputé imputrescible.
L’acacia symbolise la pureté de l’ordre maçonnique que rien ne peut altérer, son écorce repoussant les insectes qui ne lui veulent pas du bien. Ses feuilles, inclinées la nuit, se redressent à l’apparition du soleil, de même que le maçon se redresse tandis que la connaissance s’insinue en ce dernier.

Cette élévation vers le soleil, vers la lumière, symbolise l’élévation spirituelle au fur et à mesure que l’assimilation des connaissances maçonniques se fait dans l’esprit du maçon.

Il y a quatre étapes dans le processus de compréhension des connaissances maçonniques :

Tout d’abord le profane est ignorant, puis il a décelé un phénomène lors de son initiation au premier degré mais n’a pas su le comprendre dans sa globalité puisqu’il lui manque un certain nombre de connaissances symboliques qu’il obtiendra dans le temps avec ses passages dans les degrés supérieurs, et c’est pourquoi il affirme « mes Frères me reconnaissent comme tel ».

Ensuite, lors de son passage au degré de compagnon, il a compris la présence que le phénomène révélait, il le voit dans sa course en déviant légèrement de son axe, puis en y revenant car son pas n’est pas encore maîtrisé, alors il dit : « j’ai vu l’étoile flamboyante ».

Enfin il a saisi la réalité dans sa globalité en accédant à la maîtrise.

C’est ce passage, cette élévation du deuxième au troisième degré qui fait de lui un maçon accompli car il apprend à connaître l’acacia.

Le compagnon est accompli car il a vu l’étoile flamboyante et il est passé à travers pour se retrouver en chambre du milieu dans laquelle il entre à reculons sans jamais quitter l’étoile à 5 branches des yeux.

Il a maîtrisé le binaire en se construisant. Il se retrouve donc en chambre du milieu, au centre de celle-ci et passe du binaire au ternaire, du plan au volume dans l’exécution des 3 pas au dessus de la tombe du Maître.

A la mort d’Hiram, le triptyque Roi Salomon - Hiram roi de Tyr - Hiram Abif a été rompu et c’est pourquoi nous disons que nous reconstituons le ternaire lorsque nous relevons le nouveau Maître qui remplacera Hiram.

Nous ne sommes donc plus sur le plan mais dans le volume. Et pour que le Compagnon puisse travailler sur le centre, sur son centre, nous le faisons mourir pour lui permettre de renaître à un niveau supérieur de connaissance.

La maîtrise de ce degré passe donc forcément par la connaissance de l’acacia « l’acacia m’est connu » et donc par la connaissance du mythe hiramique, du fait de l’imputrescibilité et par conséquent, de l’immortalité.

En renaissant, nous renaissons dans l’esprit d’Hiram, nous reconstituons le ternaire qui avait été cassé par la mort prématurée de notre Maître. Sa mort avait été accepté par notre Maître, elle avait rompu le ternaire qui permettait la construction, et pour reprendre les travaux, il faut reconstituer ce Ternaire en remplaçant Hiram par un autre frère, et nous comprenons bien que ce ne peut être n’importe quel homme, car le travail à accomplir n’est pas un simple chantier de construction mais un travail A La Gloire Du Grand Architecte De L’Univers, un travail au plan divin.

En accédant à la maîtrise nous réalisons la présence inaliénable de son être intérieur dont nous n’avions pas conscience auparavant même si nous pouvions le pressentir.

Le maître prend ainsi conscience de sa présence entre les deux mondes, le monde intermédiaire, celui de l’initié, car il est l’homme qui a reçu la lumière. Il prend conscience de sa place entre le monde de la vie matérielle et celui de la vie spirituelle, divine et éternelle.

L’initiation a pour but de former des hommes conscients de leur double appartenance, des hommes conscient de cette vérité, si tant est que nous puissions parler ici de vérité.

Nous nous réjouissons dans les ténèbres de savoir que l’être n’est pas vraiment mort puisqu’il survit au fond de la caverne et qu’en unissant nos efforts nous pourrons encore dresser cet acacia en nous et ainsi atteindre l’éternité.

Maître, il est à la fois Force, Sagesse et Beauté. Il est porteur de lumière dans le monde des hommes. Il est lumiere dans le monde du sans forme, dans l’au-delà du physique.

Il prend conscience que toutes les réponses aux questions qu’il se pose sont en lui, il retrouve le sens de l’éternité, de l’unité car c’est bien de la recherche de fusion avec le Tout Puissant qui le fait avancer sur ces chemins tortueux, il se repositionne dans le monde, « au centre ».

La mort a toujours été au centre des préoccupations des hommes. Déjà, Platon affirmait « la vie d’un philosophe n’est qu’une longue méditation sur la mort qui l’attend ». Peut-être qu’en observant simplement la nature, dans son ensemble, après avoir découvert les mystère cachés de la nature et de la science, pouvons nous travailler à accepter plus facilement notre inéluctable destinée.

Comprenons le symbole de l’acacia, dressé sur la tombe comme un totem, un menhir, une antenne pointée vers le ciel nous permettant d’être en communication directe avec un autre monde. Nous ne renaissons pas au monde du divin, nous renaissons à un monde de connaissance plus proche du divin.

Il ne nous reste plus qu’à retrouver la parole perdue pour espérer approcher encore plus près de l’ineffable.

Connaître l’acacia, c’est se rendre éternel, c’est être dans l’esprit d’Hiram, c’est être en possession des Plans Divins.

Nous sommes donc passés de la matière au spirituel, nous travaillons sur la matière et non plus dans la matière et au centre du cercle, en son propre centre, nous spiritualisons la matière, nous retrouvons l’être suprême au centre de son, être.

« Ce que la chenille appelle la mort, le Maître l’appelle le papillon ».

J’ai dit.

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