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L’Acacia m’est connu

Etes-vous Franc-Maçon ? Mes Frères me reconnaissent pour tel. A quel degré de l’instruction êtes-vous parvenu ? J'ai vu l'Etoile Flamboyante. Etes-vous Maître ? L'acacia m'est connu.

Ces réponses issues des rituels des trois premiers grades témoignent du cheminement progressif du franc-maçon.

Dans sa première réponse, l'Apprenti affiche une certaine passivité. Ce n'est pas lui qui se déclare Franc-Maçon, mais ce sont ses Frères qui le reconnaissent pour tel et qui parlent pour lui. Etant donné qu'il n'a pas droit à la parole, il ne peut donner aucune autre réponse.

Dans sa deuxième réponse, « J'ai vu l'Etoile Flamboyante », le Compagnon demeure passif, mais désormais il se compare à un Cherchant qui a trouvé un repère, tel un voyageur qui, sortant des ténèbres, trouve son chemin en scrutant les étoiles. Mais il n'est pas le seul maître de son voyage. Il doit suivre un guide qui lui montre le chemin de la Connaissance et de la Vraie Lumière. Il ne peut voyager sans avoir vu l'Etoile Flamboyante, sans avoir deviné quel est ce reflet dans ce miroir, quel est ce Temple qu’il construit…

Dans sa troisième réponse, « L'acacia m'est connu », le Maître affirme avec force qu’il est sur le chemin de la Connaissance. Désormais, il prend position pour lui-même. Est-il arrivé au bout de son chemin ? Certainement pas, mais cette fois, il possède suffisamment d'éléments afin de décider seul de la direction à prendre. L'acacia sera pour lui plus qu'une étoile qui lui montre le chemin. Grâce à la branche d’acacia, les Maîtres trouveront l'endroit où repose Hiram bien qu’aucun chemin n’y mène. C’est l’acacia qui nous mène sur le chemin de la Connaissance.

La nature des végétaux cités dans ces trois grades suit une progression identique. Au premier, la grenade donne des grains enfermés, qui font corps avec la matière. Au grade de Compagnon, les épis de blé doivent retourner à la « materia prima » pour pourrir et renaître. Au grade de Maître le rameau d’acacia est gage de résurrection. Ses feuilles persistantes témoignent de la perpétuité de la vie et suggèrent par-là l’espoir en l’immortalité mais aussi la richesse des connaissances obtenues par le travail, l’incorruptibilité de la vérité, la diversité des mondes connu et inconnu. L’acacia annonce une métamorphose, celle de chacun selon son chemin.

Acacia vient du grec « akantha », terme générique aux espèces de piquant végétal du Proche-Orient. Il est formé de « akanos », épine et de « anthos », fleur. « Akanos » a aussi donné « akakia », signifiant épine pour le peuple des Pharaons. Chez les Egyptiens, l’Acacia signifie « ce qui donne la félicité ». Considéré comme un arbre sacré, Thot, le Dieu détenteur de la Connaissance et inventeur de l’écriture, recopiait sur ses feuilles les noms des Pharaons pour leur souhaiter prospérité et longue vie.

Lorsque l’humanité découvrit l’abstraction et que les mêmes mots signifièrent à la fois les objets ou leurs qualités attribuées, « akakia » symbolisa l’innocence, l’intégrité, l’antidote au vice, le gage de la bonne fortune qui par ses vertus protège l’homme.

L’arbre appelé acacia en France est le faux-acacia ou robinier au tronc droit et aux feuilles caduques. L'acacia de la Bible, le « Shittim », est d’une espèce différente. C’est un arbre au tronc tourmenté et noueux, au bois serré et dur, dont les branches sont garnies de grandes épines. A leurs jonctions poussent de minuscules feuilles comme une dentelle lilliputienne. Arbre du désert, l'acacia résiste à la dessiccation. Son écorce déchiquetée lui confère un aspect décharné et contraste avec sa verdure persistante qui manifeste une vie qui refuse de s'éteindre malgré les apparences. Ces rameaux verdoyants sont les témoignages de la vie et du renouveau permanent qui anime l’arbre. La dureté de son bois imputrescible est garant de la pérénité des ouvrages qu’il compose. C’est de toutes ces propriétés que l’arbre puise son caractère d'emblème de l'espoir en l'immortalité. Il est le symbole parfait de la pérennité des temples intérieurs que nous nous acharnons à bâtir.

L'acacia était pour nos Anciens un merveilleux emblème solaire car ils interprétaient la signification profonde de ses feuilles s’ouvrant à la lumière du jour et se fermant au couchant. Son bois imputrescible servit pour la construction de l'Arche d’Alliance. Sa fleur inspira les alchimistes en entrant dans la composition de potions magiques chassant le mal et attirant le bien.

C’est un symbole universel transmis dans beaucoup de traditions avant de venir au cœur de notre rituel.

Mais sans l'acacia révélateur, comment savoir où fouiller le sol ?

Hiram repose sous un tas de décombres d’environ 9 pieds cubes. Les Maîtres retrouvent le corps du Maître enfoui car ils ont su discerner la vérité cachée sous l'amas des préjugés et des faux semblants grâce au rameau d’acacia fiché en terre. Ayant rapidement pris racine, sortant du tombeau, il témoigne que la vie prend sa source dans la mort et que la recherche de la Sagesse est une quête essentielle. L’acacia devient le symbole de ce qui est précieux, rare et caché donc recherché. Il abrite et signale le détenteur de la Parole Perdue. Reconnaître l'acacia, c'est donc posséder les symboles initiatiques conduisant aux secrets de la Maîtrise.

Le symbolisme de l’acacia signifie que la mort d’Hiram comme celle d’Osiris surnommé le Maître de l’acacia ou du Christ ne signifie pas la destruction totale de leur être mais annonce un renouvellement ou une métamorphose.

Le Frère Eugène Goblet d’Alviella a écrit : « La chair à beau quitter les os, la sève n’est jamais tarie dans la branche d’acacia ».

Il y a une analogie entre le rameau d’acacia qui prend racine dans la terre fraîchement retournée et le nouveau Maître qui, lors de son Elévation, prend racine sur ses connaissances fraîchement acquises. Il devient de plus en plus solide au fur et à mesure de sa progression sur le chemin de la Connaissance. L’acacia symbolise la transition entre le travail accompli sur le plan du savoir et celui en pleine progression sur le plan de la Connaissance, vers la Lumière qui irrigue le jeune Maître : la Connaissance repose à l’ombre de l’acacia.

Le Maître peut alors déclarer : l’acacia m’est connu. Il a triomphé de la mort en mourant une première fois et en ressuscitant transformé, en prenant conscience du sens de l’éternité.

Le cœur de tout maçon doit être pur afin qu’il poursuive son œuvre à l’extérieur comme à l’intérieur du Temple. L’aspect imputrescible du bois d’acacia caractérise l’incorruptibilité que le maître doit développer en lui. Il ne doit pas se laisser atteindre par les piqures des épines de l’arbre comme il ne doit pas s’effondrer devant les épreuves que la vie dresse devant lui.

Le corps d’Hiram repose entre le Levier et la Règle, entre l’Equerre et le Compas, à l’abri de la branche d’acacia. Ils ne laissent aucun doute sur la présence du Respectable Maître Hiram, car ces outils sont indispensables à l’approche de la Connaissance.

La Règle nous rappelle la droiture de l’action et la précision dans la mesure. Le Levier symbolise la maîtrise de l’énergie dans l’action, la force dans l’adversité, la ténacité à atteindre l’objectif. L’Equerre figure la Sagesse et la rectitude dans l’action. Le Compas symbolise la Justice et la recherche de la perfection.

Le passage de l’Equerre au Compas, du domaine de la matière à celui de l’esprit est le passage de la terre au ciel. C’est l’occasion de méditer sur le grand mystère de la connaissance, l’achèvement terrestre de toute destinée humaine.

L’acacia symbolise pour le Franc-Maçon le passage des ténèbres à la Lumière, vers une Vie Nouvelle qui lui est donnée symboliquement au cours de la cérémonie d’Elévation lorsque le Très Vénérable Maître aidé de ses deux surveillants le relève par les Cinq Points Parfaits de la Maîtrise et lui transmet le Mot Sacré substitué. Passant de l’horizontalité à la verticalité, le futur Maître va continuer l’œuvre d’Hiram défunt en pérennisant son action par la reconstruction du Temple détruit.

Cette Vie Nouvelle, à l’ombre de l’acacia, entre l’Equerre et le Compas, illumine le Maître maçon en lui rappelant que s’il s’égare, il doit se retrouver entre ces deux outils symboles de la Sagesse et de la Justice. Elle lui rappelle aussi d’un point de vue moral, ses engagements envers lui-même, le Grand Architecte de l’Univers et ses Frères.

Cette Elévation régénère le Franc-Maçon en lui inculquant les qualités de Sagesse, de Force et de Beauté.

La Sagesse est la capacité à vaincre ses passions, à prendre la mesure des événements. C’est améliorer sans cesse sa maîtrise de soi. La Force est l’action maîtrisée, le mouvement associé à la réflexion. La Beauté orne nos actions les rendant plus harmonieux. Elle donne l’aspiration nécessaire pour continuer à œuvrer au bien commun.

La pratique régulière de ces qualités donne plus de joie dans le partage, un sentiment d’accomplissement. Elles contribuent à une plus grande sérénité, à une vision et des décisions plus claires, mesurées et assumées.

Comme le bois d’acacia aux nombreuses vertus, le jeune Maître doit se vêtir d’incorruptibilité, il doit être fidèle à ses engagements de droiture, de rectitude et de pureté, aidé en cela de l’Equerre et du Compas. Le Maître maçon doit déployer tout son zèle pour que règne la Sagesse et la Justice dans sa conduite. Il doit agir avec fermeté et rigueur pour que la charpente de son Temple intérieur soit aussi solide et durable que le bois d’acacia. Il ne doit pas se laisser abattre par les blessures des épines qui figurent les épreuves d’une vie.

L’affirmation l’acacia m’est connu confirme la certitude de la Connaissance des mystères de la Maçonnerie. Connaître l’acacia, c’est posséder les enseignements conduisant à la découverte des secrets de Maître. Pour découvrir ce secret, l’Apprenti devenu Compagnon doit faire (re)vivre le Maître.

Arbre funéraire, l’acacia annonce à la fois une sépulture mais en même temps il annonce la vie par son feuillage vert. La couleur verte, dans le sacré, est attribuée à l’élément eau comme emblème de la régénération. La végétation ne peut se produire que par l’action combinée de deux éléments l’eau et la terre, la couleur verte indique leur union féconde. Le vert est associé au renouveau, il est la couleur de l’espérance, celle des prophètes et de Saint Jean l’Evangéliste annonciateur de l’Esprit.

La descente aux enfers, la mort, précède toute idée de vie et de renaissance. Il faut que le grain pourrisse et meure en terre pour que de cette putréfaction jaillisse la plante. C’est une mort partielle au bout de laquelle il y a la vie et la renaissance. La branche d’acacia est un symbole de vie et d’espoir. La vie ne disparaît jamais mais se transforme et réapparaît sous une autre forme. C’est le symbole du renouvellement perpétuel de la vie.

Le rituel du 3ème degré décrit la revivification de l’être défunt. Hiram est relevé par les trois officiers sur lesquels reposent les fondements de la Loge, et grâce à la parole, à la puissance du Mot Sacré substitué, il réapparaît dans le nouveau Maître.

Connaître l’acacia, c’est posséder les notions initiatiques conduisant à la découverte des secrets de Maître. Pour assimiler ce secret, l’initié doit faire vivre en lui la Sagesse qui mène à la Connaissance. La tombe d’Hiram est le creuset dans lequel s’accomplit la métamorphose. La formule rituelle l’acacia m’est connu revient à proclamer l’immortalité. C’est le symbole du monde supérieur de l’âme, de son accomplissement.

L'Acacia est l'analogue de l'Aubépine, des croix égyptienne et chrétienne et de la lettre hébraïque « Vau », qui veut dire Lien. L’acacia est le symbole du Lien qui unit le Visible (le rameau) à l'Invisible (le corps d’Hiram et son esprit), notre vie à la suivante, en un mot, c'est le gage de l'immortalité. Comme l’acacia fait le pont entre l’homme et le divin, la matière et l’esprit, détenteur de l’acacia, le Maître est maintenant relié à l’Univers.

Dans la vie profane, l’acacia m’est connu car la cérémonie du passage de Compagnon à Maître m’inspire et me guide au quotidien.

Ce rameau d’acacia, symbolise parfaitement cette renaissance, cet esprit de Justice et de Sagesse qui doivent guider le Maître maçon. Il est l’emblème de la Connaissance du Maître. Ce travail permanent dans la Lumière contribue à construire son Temple, en empruntant le chemin de la Sagesse qui mène à la Connaissance.

J’ai dit Très Vénérable Maître.


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