Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
L’Acacia m’est connu La cérémonie d’Elévation vient de se terminer. Les Officiers et tous les M\ M\ sont fatigués. Comme à l’accoutumée ils ont fait de leur mieux pour rendre une copie la plus parfaite possible. La tension se relâche et il est tard. Il y a encore beaucoup de Travail avant de clore les Travaux. Et voilà qu’en plus, le Vénérable demande aux surveillants de se préparer pour la lecture de l’Instruction au Grade de Maître. On aurait préféré qu’il oublie et pourtant… Bien sûr ici tout est symboles et la première question posée est :
Réponse :
Ce questionnement, ainsi que la réponse, a été fait 2 fois. Une première fois lors de l’Ouverture au grade de Maître, première question après s’être assuré que seuls les M\ M\ participaient aux Travaux, et une seconde au tout début de l’Instruction. On perçoit de suite que l’emploi de ce terme est lourd de sens car on se souvient immédiatement des premières questions de 2 grades précédents : Au 1er grade : - Frère 1er Surveillant
êtes-vous Maçon ? A n’en pas douter, cela n’est sûrement pas qu’un décor floral placé en cet endroit. Alors essayons d’être un peu curieux et reprenons au début de la cérémonie. Le Compagnon entre en Loge à reculons, sans ses outils avec lesquels il a pourtant travaillé sur la pierre polie. Il voit son passé Maçonnique s’éloigner. Il est trop sûr de lui ; Il va même marcher sur l’outil symbole de la Loi Terrestre, l’Equerre. Il est toujours dominé par son ego. Il n’a pas eu assez de Force morale pour résister aux principaux vices qui sont l’Envie, l’Avarice et l’Orgueil. Il n’a pas pu échapper à l’ignorance, au fanatisme et à la superstition. Son Etre Intérieur (ou 2ème corps), dans lequel vit un principe unificateur dans une mystérieuse profondeur qui nous échappe, a été dominé par les attaques de son Ego qui se révolte tant au niveau corps que de l’âme et de l’Esprit ou si l’on préfère du corps de l’affect et de l’intellect. Le futur M\ M\ enjambe le cadavre de sa vision ordinaire du monde et de lui-même et reçoit les 3 coups représentant sa mort physique, sentimentale et psychique. Pourtant, sous le drap noir, sous la dépouille du vieil homme l’Etre Intérieur, cette petite flamme est toujours là bien vivante et s’accroche par la main gauche du C\ à l’éternelle vie de l’Acacia qui demeure toujours vert. Le futur Maître prend conscience de cette vitalité de la branche d’acacia toujours verte en lui. Dans notre Temple vide, la Parole a été perdue, éclipsée par les basses émotions et la petitesse des idées d’un mental isolé de sa source d’inspiration. Seule la branche d’acacia indique encore ce lieu tout au fond de nous où la conscience qui a été spiritualisée sommeille en attendant que nous produisions l’impulsion de vie nécessaire à sa renaissance. Cette direction indiquée par l’acacia motive nos espoirs et soutient nos efforts en guidant notre recherche. Nous sommes heureux de savoir que l’Etre Intérieur n’est pas mort, qu’il survit au fond du tombeau et qu’en unissant nos efforts nous pourrons encore le dresser en nous. Et puisqu’il est possible de ressusciter la victime de nous-mêmes en nous-mêmes, nous sommes prêts à pardonner l’impardonnable. Ce pardon accordé par l’Etre à son Ego libère son agressivité et l’ouvre à la conscience de l’Etre. Mais le pardon n’implique pas l’oubli et l’Etre Intérieur demeurera à l’avenir vigilant et ferme pour que le crime ne puisse pas être à nouveau perpétré. Et aussi un peu de botanique et d’Histoire (si le cœur vous en dit) : Pourquoi l’acacia ? Pourquoi cet arbre, d’apparence anodine, de la famille des « légumineuses –mimosées » est-il indissociable d’HIRAM et à quelle occasion est-il entré en Franc Maçonnerie ? Notons tout d’abord que dès l’Antiquité, l’acacia a affirmé des particularités remarquables, dans toutes les civilisations, qui ne peuvent que nous interpeller. Sur un plan purement étymologique, l’acacia dériva à l’origine du mot grec AKANTHA, comme tout piquant végétal, puis s’émancipa en AKAKIA ou épine d’Egypte lorsque l’humanité, dans son développement intellectuel enrichit et diversifia son vocabulaire. Lorsque les hommes découvrirent l’abstraction, et que les mêmes mots signifièrent à la fois les objets et leurs qualités réelles ou attribuées, AKAKIA symbolisa l’innocence, l’ingénuité, l’antidote du vice, de la disposition au mal, le gage de la bonne fortune qui par ses vertus protège l’homme. A-KAKIA s’opposait ainsi à KAKIA ou faux laurier, qui représentait le vice, le déshonneur, la disposition au mal, que nous pouvons traduire ici par l’ignorance, le fanatisme et l’ambition. Chez les Egyptiens, l’Acacia, « ished », qui signifie « ce qui donne la félicité » était considéré comme un arbre sacré sur les feuilles duquel Thot et la déesse de l’écriture étaient réputés transcrire les noms du Pharaon pour lui souhaiter prospérité et longue vie. Il était révéré chez les arabes et de nombreuses tribus, de Ghaftan, de Koreïsch, de Sakem en avaient fait une idole. Mais à son arrivée Mahomet fit couper l’arbre de la tribu de Corest jusqu’à la racine et tuer la prêtresse de cette divinité. Les Egyptiens, comme les anciens arabes consacrèrent l’acacia, emblème solaire, au Dieu du jour et en firent usage dans les sacrifices qu’ils lui offraient. Dans notre rituel, le drame d’HIRAM est également envisagé comme rite solaire, manifestant la continuité des cycles de mort et de renaissance… Héritiers de la TRADITION il ne faut pas oublier que l’Arche d’alliance, la Table, l’Autel des holocaustes ou l’Arche de NOE étaient faits de bois d’acacia, recouvert d’or ou d’airain et que la couronne du Christ était tressée d’épines d’acacia. Dans son « Histoire comparée des anciennes religions », le hollandais Cornélius Tiele décrit une arche portée par quatre prêtres égyptiens sur laquelle on lisait « Osiris s’élance » et d’où émergeait un acacia. C’était la représentation de la vie éternelle symbolisée par la semence enfouie en terre et qui revit dans l’arbre. Comment la maçonnerie moderne fut elle amenée à adopter l’acacia ? Certains rituels du XVIIIème siècle n’y font aucune allusion et divers auteurs purent même affirmer qu’à l’origine ce symbole était étranger à la maçonnerie. Les anciens rituels ne parlent pas de l’acacia mais il apparaît déjà sur certaines planches reproduisant le tableau de Loge où figure une branche d’acacia placée sur un monticule ou un cercueil. Plus tardivement apparurent des explications écrites sur l’acacia. Le « Recueil précieux de la Maçonnerie Adonhiramite » explique que l’acacia est là pour rappeler la mémoire de la croix du Sauveur, elle-même faite de ce bois dont la Palestine est remplie. Il semble bien acquis que l’Acacia est né avec la Maçonnerie spéculative. Si l’acacia est le symbole de l’innocence, rappelons que les Loges d’alors s’intitulaient « lieu très éclairé, asile de la vertu, ou règnent la paix l’innocence et l’égalité ». Mimosa du désert, l'acacia résiste à la corruption ; sa verdure persistante manifeste une vie qui refuse de s'éteindre, d'où son caractère d'emblème d'espoir en l'immortalité. Dans de nombreuses traditions l’acacia est associé à l’immortalité ou aux symboles divins : en Inde par exemple la louche sacrificielle attribuée à Brahmâ (sruk) est en bois d’acacia ; pour les Bambaras, le premier rhombe fut fabriqué dans le même bois, percé d’un trou en son centre dans lequel on plaçait un bâtonnet pointu de figuier et par frottement rapide on arrivait à faire du feu. Dans le Pentateuque, on nous apprend que l’Arche d’Alliance a été créée avec ce même matériau. Dans la pensée judéo-chrétienne cet arbuste en bois dur, imputrescible est un symbole solaire de renaissance et d’immortalité. L'Acacia est l'analogue de l'Aubépine, de la Croix égyptienne et chrétienne et de la lettre hébraïque Vau, qui veut dire Lien. C'est le symbole du Lien qui unit le Visible à l'Invisible, notre vie à la suivante ; en un mot, c'est le gage de l'immortalité. Le corps d'Hiram est en putréfaction ; mais sur lui s'élève la branche morte, couleur de l'Espérance, qui indique que tout n'est pas fini. La Maçonnerie se doit dans le rituel du Maître d’utiliser le mimosa et non le robinier, faux acacia. Le symbolisme des fleurs fait du mimosa l’emblème de la sécurité, de la certitude. Certitude pour nous que la mort symbolique d’HIRAM, comme celle d’OSIRIS ou du CHRIST pour d’autres, ne signifie pas la destruction totale de l’Etre mais annonce un renouvellement, une métamorphose. Se relevant du cercueil où il était plongé dans les ténèbres l’initié tel Osiris s’élance vers le soleil et la Lumière annoncés par les fleurs dorées du mimosa. Arrivé au terme de ce Travail, j’emprunterai, en guise de conclusion, cette phrase de Goblet d’Alvilla : « La chair à beau quitter les os, la sève n’est jamais tarie dans la branche d’acacia ». R\ A\ |
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