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L'Acacia

Pour reconnaître l’endroit où ils avaient enterré Hiram après le meurtre, les trois mauvais compagnons plantèrent sur la butte qui dissimulait son cadavre une branche d'acacia.

Les Maîtres entreprennent la recherche de son corps et, lors de leur troisième voyage, découvrent le tertre et la branche d'acacia qui accompagne le sage dans son dernier voyage et leur signale le lieu où s’opère sa décomposition.

La brindille a gardé toute sa verdeur sous le soleil d’Orient ; elle sera le symbole de la maîtrise afin de marquer ceux qui siègent en Chambre du Milieu. Son importance est d'autant plus grande qu'il s'agit de toutes les maîtrises : celle du travail, de la recherche, du savoir, et la plus importante de toutes : la maîtrise de soi.

Ce symbole maçonnique d’origine biblique a une relation avec le divin. Arbre au destin particulier de lier l'homme et la divinité, à être un pont entre le matériel et l'immatériel, entre la vie d’ici et la vie au-delà, Il est considéré comme sacré car inattaquable par la maladie et les parasites ; son bois très robuste fut utilisé pour construire le Sanctuaire de l’Eternel sur ordre de Yahvé nous dit L’Exode. Betsal-el, qui signifie en hébreu « à l’ombre de Dieu », reçut de Moïse l’instruction de réaliser L’Arche d’Alliance, sa charpente, les Tables de la Loi Divine, les autels, le Tabernacle, les objets cultuels en bois d’acacia.

La croix du Christ était faite de ce bois incorruptible et sa couronne était tressée d’épines d’acacia dont la forme triangulaire n’est pas sans rappeler la Trinité, symbole de la divinité.
Les Egyptiens et les Arabes consacraient cette plante funéraire aux dieux, les Chinois et les Egyptiens l’utilisaient pour embaumer et ensevelir leurs morts.
Enfin, le rameau d’acacia porté par les initiés se nommait chez les Jubéens Houzza, sans doute l’origine de notre vivat écossais. Sa place semble donc tout naturellement indiquée auprès d'un cercueil ou d'un tombeau.

En outre, il existe au pied du Sinaï, un village qui s’appelle Abel Sethim. Abel est bien sûr, le frère assassiné par Caïn, mais le mot a pour deuxième sens : affliction, deuil, larmes.
Et Sethim signifie acacia ou arbre indestructible, mais aussi épines. Le nom de ce hameau se traduit donc par « vallée de larmes » ; il est situé en plaine de Moab où attendaient les Hébreux pendant que Moïse était sur la montagne. Est-ce le fruit du hasard si nous retrouvons ici notre Moabon, notre fils de…, notre mot sacré ?

Il existe deux variétés d’acacia : le blanc qui symbolise la putréfaction car il n’a pas de résistance et pourrit facilement ; le noir, plus solide et imputrescible symbolise la résurrection car même abattu, au bout de trois ans, il a déjà repoussé. Il représente la survivance des énergies que la mort ne saurait détruire car elle n’est qu’épreuve, passage, purification et sublimation.

L’arbre de nos régions n’a rien à voir avec celui de la légende. Le végétal utilisé n'est pas le véritable acacia, mais le robinier, Robinia Pseudo-acacia, dit faux acacia, légumineux européen qui n’existe pas en Orient.
Le véritable acacia appartient à la famille des mimosacées qui se compose de tous les arbres apparentés aux mimosas bien connus pour leur spectaculaire floraison hivernale. Très vigoureux et résistant, ses nombreuses racines s’accommodent de la plupart des sols et une situation bien ensoleillée abondera sa floraison formée de grappes de fleurs blanches très odorantes.
Son bois dont l’écorce repousse tout insecte malfaisant, aurait l’étrange pouvoir, lorsqu’il est blessé, de reconstituer sa matière.
L’acacia intégré aux cultures apporte au sol des substances qui en améliorent la fertilité et le rendement. Ses racines secrètent une toxine qui ôte l’envie à d’autres plantes de s’installer. Il garde ainsi pour lui seul à la fois la surface la plus large et profonde possible pour installer ses racines et l’exposition la plus vaste aux rayons du soleil au lever duquel ses feuilles s’ouvrent pour se fermer au crépuscule.
L’arbre de la Tradition vraie est celui qui possède des fleurs jaunes, emblèmes de la lumière, et des épines fortes et droites qui en irradient les rayons.

En grec, « Kakia » signifie mauvaise nature, déshonneur, mal, mais en faisant précéder le mot d’un « a », on obtient « A-kakia » qui signifie innocence, simplicité, candeur par opposition au vice.

Dans cette sépulture, la dépouille d’Hiram n’est pas un état, c’est une mutation. Rien n'est immobile, tout est soumis à l'altération du temps, à la transformation et au renouvellement de toutes choses.
La couleur du rameau verdoyant qu’Hiram nourrit de sa propre sève, s’oppose à la mort par l’idée de pérennité qu’elle suscite dans sa partie aérienne, et la nature de l’arbre réputé imputrescible renforce cette espérance. Il symbolise l’éternel espoir de l’indestructibilité de la vie au milieu de la mort qui, loin d’être une fin, est un commencement, une étape initiatique indispensable à toute régénération spirituelle, car il faut bien mourir à une forme de vie pour renaître à une autre forme qui succède à la mort. Gage de résurrection, l'acacia dont la robustesse passe les épreuves du temps, peut donc être considéré comme un symbole d’immortalité, de la survivance de l’âme apte à se métamorphoser et se réincarner au-delà de la mort apparente qui ne serait alors qu’illusion.

Essayons de transposer ses vertus sur le plan symbolique à l’initié qui ne devrait avoir de cesse d’améliorer l’état de son temple.

Le maître est censé posséder des qualités similaires à celles du végétal et doit donc agir avec fermeté pour que la charpente de son temple intérieur soit aussi forte que le bois d’acacia dont les épines ne sauraient être un obstacle à son dépassement.

·                    solidité, robustesse, résistance aux agressions extérieures due à un bon enracinement dans ce qui constitue son individualité propre, la connaissance de soi et la nécessité d'aller au plus intime de lui-même (visite l’intérieur de la terre) ;
·                    incorruptibilité, rigueur, pureté des idéaux de l’Ordre maçonnique qui, tout comme l’arbre, repousse les vices ;
·                    recherche de la vérité, de l’équité, étude de la morale ;
·                    richesse de la pensée liée à un travail d'approfondissement de ses connaissances ;
·                    Simplicité, candeur, innocence, terme qui figurait dans l’intitulé des loges du 18e siècle : « lieu très éclairé, asile de la vertu où règnent la Paix, l’Innocence et l’Egalité » ;
·                    recherche de la beauté liée à un certain épanouissement de la personnalité.

Devenir Maître n’est pas un titre, c’est aller plus loin. La maîtrise nous pousse vers d’autres horizons.
Si cinq ans est une durée fixe, 7 ans et plus n'est pas une durée figée. Cette ouverture nous invite à rechercher au-delà de ce qui nous est transmis et suggère qu'il y a une autre dimension, une inconnue à découvrir, une autre possibilité d'être soi, de voir autrement autre chose, de se renouveler à la lumière de l’acacia qui sera pour l’initié plus qu'une étoile qui montre le chemin pour atteindre Daath, la Séphiroth invisible qui signifie Connaissance.

Les atomes et les molécules, en se rencontrant, forment de nouveaux corps. Comme lors d’un accouplement, la connaissance élimine au fur et à mesure les secrets et exhume le maître maçon de son ignorance, des ténèbres, et lui donne la vie.

Vertical, l'arbre est le lien entre la terre, matrice ténébreuse féminine, et le ciel, monde de clarté masculin. Tout comme l’arbre, le maître essaye de réaliser les potentialités qui sont en lui afin de s’élever vers la lumière et réaliser ainsi une ascension intérieure. En harmonie entre le clair et l'obscur, le haut et le bas, il intègre le naturel et ressent cette force agissante qui se répand en lui. C’est une véritable prise de conscience, l’acacia lui est connu, il est en communion avec l’univers.

Depuis que la vie s’est animée sur notre planète, toute l’histoire du vivant n’est que la résultante de rencontres diverses, de nos corps, de nos sens et de nos âmes, qui enrichissent cette évolution à laquelle nous aurons activement participé lors de notre passage sur terre.

Si l’on rapproche le mot acacia du terme sanskrit âkâsha qui signifie chez les Occidentaux « éther », sorte de courant magnétique, de fluide dans l’infini, imperceptible à nos sens, qui pénétrerait l’extérieur et l’intérieur des choses et des êtres, on comprendra aisément que ce 5e élément primordial, spatio-temporel, confère au maître une dimension cosmique lui permettant de passer du connaissant à la Connaissance qui – c’est bien connu – repose à l’ombre de l’acacia.

L’énergie ne se perd jamais, elle va resurgir dans un nouveau cycle et un nouveau maître. L’acacia refleurira, la renaissance permettra de récupérer la parole perdue. C’est aussi fondamental que le cycle du soleil.

J’ai dit

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