Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
L’Acacia m'est connu Lors de l’ouverture des travaux au troisième degré à l’interrogation du TVM :. Sur sa qualité de Maitre, le 2nd Surveillant doit répondre : « L’acacia m’est connu ». Cette réponse est à présenter dans la continuité des réponses d’appartenance aux degrés précédents : « Êtes-vous FM ? » « Mes FF me reconnaissent comme tel » « Etes vous CC ? » « J’ai vu l’Etoile Flamboyante » « Etes-vous MM ? » « L’ACACIA m’est connu » Des réponses qui indiquent le passage progressif du Franc Maçon de la passivité à la responsabilité. L’AA qui ne dispose pas de la parole répond que la connaissance vient de ses FF. La pierre brute est un élément non pas inerte mais vivant. Pierre qui a un cœur, une conscience, une âme. Concernant le CC qui est mis en état d’évoluer, le chemin est orienté, il prend une part plus active dans le cheminement vers l’essentiel. Il se donne une preuve d’amour envers lui-même en s’offrant de la liberté et envers l’autre dans le don gratuit. Le FF MM lui parle de connaissance, un degré d’autonomie dans la prise de décision et l’orientation de sa quête. Les choses ne seront plus comme avant, non pas parce quelles ont changé mais parce que le Maçon a changé par un regard nouvellement éclairé qu’il porte sur le monde. Cependant la formule peut nous étonner. Pourquoi l’acacia m’est connu ? Pourquoi utiliser la forme passive ? Pourquoi ne pas dire : je connais l’acacia ? Avec cette affirmation totale, on exprime que l’on détient une représentation complète de l’acacia, une réalité qui serait ici le réel. En revanche dire l’acacia m’est connu indiquerais plutôt que la réalité n’est pas le réel. Qu’il convient d’éprouver encore intimement ce qu’est l’acacia et peut être plus tard sortirons nous de l’ignorance et accèderons nous à une totalité de cette connaissance. En effet n’est-il pas dit en tenue funèbre « qu’à l’heure de l’Initiation suprême, devant le mystère de la nuit sacrée il faut nous incliner humblement, conscients de l’étendue de notre ignorance et de l’infinitude de ce qui dépasse notre savoir ? » Voila à mon sens l’idée de la formule à la forme passive de « l’acacia m’est connu » : nous nous sommes mis sur le chemin de l’Acacia. Mais cet acacia qui est-il ? Parmi les arbres que l’on retrouve dans les différentes traditions dans l’histoire des hommes, l’acacia occupe une place importante. S’il est présent dans les traditions extrêmes orientales de Chine et d’Inde, il l’est aussi et surtout dans le monde de la Bible. L’acacia des rivages de la Méditerranée est un arbre du désert, au tronc tourmenté et noueux, d’un bois serré et dur, et dont les branches sont recouvertes d’épines. Il est avec ses fleurs dorées et ses feuilles persistantes qui s’ouvrent et se ferment avec les rayons du soleil, un symbole solaire. L’arbre au feuillage toujours vert porte la vie, il est le vert de l’espérance, du renouveau et de la régénération. Rameau verdoyant qui représente la survivance des énergies que la mort ne saurait détruire. Les prêtres de l’ancienne Egypte portaient au cours de processions une arche sainte sur laquelle on pouvait lire : Osiris s’élance, et d’où émergeait un acacia. Représentation de la vie éternelle symbolisée par la graine enfouie en terre et qui revit dans l’arbre. Continuité des cycles de mort et de renaissance. L’acacia accompagne aussi le peuple hébreu, il est cité plusieurs fois dans l’Exode. L’Arche d’alliance est ainsi constituée d’un matériau fait de trois enceintes : d’or, d’acacia et encore d’or. L’acacia garde le pacte de Dieu dans l’or et lui-même est gardé par l’or. Des enceintes incorruptibles et imputrescibles, pérennité et immortalité du pacte. Avec l’Eglise, l’acacia sera présent par la couronne du Christ ressuscité le troisième jour. Une couronne faite en bois immortel signe une autre souveraineté. L’Acacia bois imputrescible et éternel de cette région aride porte le sacré en lui. Il symbolise le pacte entre l’homme et le divin, il est le symbole de l’indestructibilité de la vie. Cette voie de l’immortalité révélée par l’acacia transmise par plusieurs traditions est parvenue à la voie initiatique de la FM et participe de la légende d’Hiram. Ainsi parvenu au troisième degré, le Franc Maçon va tenter d’apprivoiser la peur suprême qu’est la mort par la répétition rituelle du meurtre d’Hiram. Le Maitre est mort, terrassé par les forces destructrices et négatives des trois mauvais compagnons que sont ignorance, fanatisme et ambition. Ainsi les hommes perdent au troisième degré HIRAM l’architecte, ils perdent le lien à la Grande Architecture, au Principe. Or la vocation des Maitres est la construction, la création. Si tout dans la nature doit périr, c’est bien la permanence de la Vie qui est la règle. La tradition doit veiller au remplacement du disparu. Il faut relever le corps et assurer la continuité de la construction. Hiram, image de l’homme accompli sacrifie son existence à ses devoirs et se voit ramené à la vie. Hiram renait mais ne ressuscite pas. Il est revenu à la vie par personne interposée, l’un remplace l’autre. Hiram doit devenir un avec le nouveau Maitre et permettre à celui-ci de ne plus être l’homme déterminé par les pulsions qui le dépassent mais devenir l’homme maitre de son destin. DUO SUNT IN HOMINE. Deux sont en l’homme est une doctrine universelle. PAUL dans l’épitre aux Ephésiens nous dit aussi : » Afin de créer en lui-même avec les deux, un seul homme nouveau, établissant ainsi la paix ».Refaire son unité totale, de son ego et son je véritable, trouver l’unité en soi, afin que cette mort symbolique soit une naissance à l’esprit, une naissance volontaire à son être véritable. Notre travail porte sur notre manière de se corriger. C’est bien l’œuvre qui construit l’homme. « A force de construire, on se construit soi-même » dit Paul VALERY. L’essentiel était là, la mort exemplaire dans le respect du devoir, la mort et la réincarnation de son esprit en chacun des nouveaux Maitres. L’esprit d’Hiram vit en chacun de nous pour que nous prenions conscience de notre part de création, de divin, et ne pas rompre la chaine des Initiés. « La Connaissance repose à l’ombre de l’acacia » nous est-il dit. Ainsi le camouflage de la sépulture par les meurtriers se révélera être aussi l’indice de la découverte par un des neuf Maitres partis à sa recherche. L’Equerre et le Compas indispensables à l’approche de la Connaissance sont présents, ils ne laissent aucun doute sur la présence du corps. Le symbole de cette branche d’acacia qui marque la place de l’homme et le désigne est éloquent. L’arbre annonce bien la sépulture et la douleur, mais son feuillage vert laisse espérer en la vie. Le rameau qui ne pourrit pas protège le Maitre, elle en est le substitut. Le rameau fleurit parce que la vie l’habite, Hiram se relève parce que la vie ne l’a jamais quitté. « La chair a beau quitter les os, la sève n’est jamais tarie dans l’acacia » nous dit Goblet d’Alvilla. L’aspect initiatique du drame d’Hiram associé au symbole de l’acacia implique bien la mort mais aussi la vie et la renaissance. L’immortalité de l’acacia appliquée à l’initiation maçonnique nous enseigne que la Connaissance est indestructible car elle persiste au delà de l’individualité qu’elle dépasse. L’objet du relèvement est d’indiquer que tous les secrets sont en lui, sont en nous. L’accomplissement est associé à la croissance de l’acacia. L’acacia est comme le rameau d’olivier que la colombe rapporte à Noé, il montre que l’alliance est active ; la vie est là et peut repartir. Le passage de l’horizontalité à la verticalité, de la maitrise des passions à la maitrise de soi, est le passage de la Terre à l’Etoile, l’acacia arbre de vie, devient arbre du monde. Ainsi le Franc Maçon tente d’apprivoiser la peur suprême qu’est la mort par la répétition rituelle du meurtre d’Hiram. Le Maitre accède ainsi à son identité profonde, et dans sa quête de sens et d’éternité, va réaliser son unité. Dans la tombe, lieu de l’éveil au monde invisible, au monde de la vibration de la vie et de sa création dans la Lumière, se réalise la mort renaissance, la mort à soi-même, la renaissance à autre chose ; c’est la clef du mystère : la capacité de métamorphose de l’Initié. Le FM au REAA, par autonomie de la pensée, activation et élévation de la quête intérieure, est bien acteur de sa quête, acteur de sa spiritualisation. Saisir le rameau tendu vers le ciel tout en désignant la tombe signe bien un passage de témoin, il donne le lien de vie au nouveau Maitre. La rencontre avec la mort était en opposition avec le projet de construction engagé depuis l’Initiation. C’était un échec, comment alors devenir vraiment et pleinement Maitre, comment basculer de l’avoir à l’être pour mieux savoir faire ? Il fallait reconsidérer à nouveau l’apparente opposition entre la vie et la mort, ne pas s’effrayer de ce qui ne parait ne plus être. S’interroger sur cet instant de doute, un instant de conscience sur l’immensité de l’œuvre, sur la distance qui nous sépare du but, puis franchir le pas qui porte à l’infini, de l’autre coté de la mort, ni fin ni commencement, juste le point où il faut passer le relais. L’acacia est ce lien entre le mort et le vivant, entre l’homme et le divin, entre l’esquisse et la réalisation, entre l’image et la ressemblance. Vivant et grandi, le MM, AA chercheur de son centre, place du meilleur de lui-même en lui même, refuge de son être intérieur, peut aujourd’hui dans sa conquête de lui-même planter à cet endroit l’acacia. Lui-même alors acacia, devient balise pour les hommes et ainsi montre ainsi la possibilité de l’Initiation. J’ai dit T\ M\ |
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