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L'Acacia m'est connu


Introduction

Alors que certaines étoiles ou planètes n’existent plus depuis des millions d’années, leur lumière parvient encore jusqu’à nous. La lumière des maîtres qui nous ont précédés a traversée la nuit des temps, comme pour les étoiles leur lumière  nous éclaire encore.

L’architecte du Temple de Salomon est enterré nuitamment par ces assassins, lesquels plantent sur le tertre un rameau d’acacia pour repérer le lieu. Son corps est retrouvé plus tard grâce à cet indice.

Dans l’élévation au troisième degré, le nouveau maître est censé être un autre Hiram.
A la question «êtes vous maître ? » Il prononce la phrase rituellique, il répond : « l’acacia m’est connu. »

La légende d’Hiram se rattache aux thèmes de la descente aux enfers, de la résurrection, de la re-naissance, de la vie éternelle.

L’acacia dans la légende d’Hiram et la Bible.
Demeure cependant une question, celle du choix de l’acacia. En effet le choix du végétal  est il important dans le mythe d’Hiram ? Certains  récits prétendent que c’est rameau de tamarin …
Comme pour de nombreux autres éléments la référence vient de la Bible.

L’acacia d’Hiram n’est pas le faux acacia de nos contrées. Pourtant l’acacia maçonnico-biblique pose un problème, s’agit ‘il du cassier, plante aromatique plusieurs fois citée dans la Bible (Exode 30.24), (Ezéchiel 27.19) dont l’extrait de la pulpe entre dans la composition des huiles d’onction  (exode 30.24). Cette huile étant utilisée dans les embaumements égyptiens pour protéger le corps de la décomposition.
 
Les différentes versions de la légende d’Hiram, celle de Plantagenet et celle décrite dans les constitutions d’Aderson de 1738 (deuxième édition) nous montrent cependant une contradiction peut être d’une importance relative, mais qui mérite toutefois une attention particulière. En effet, la branche d’acacia ou de cassier fut elle plantée sur le tertre par l’un des trois mauvais compagnons en signe de sépulture, ou bien le  fut elle par l’un des trois maîtres chargés de retrouver le corps de l’architecte ?
On nous dit qu’un rameau de cassier fut planté à la tête de la tombe par les frères  qui partirent ensuite aviser le Roi Salomon de leur funeste trouvaille.
Nous serions plutôt amenés à penser qu’il s’agirait d’une branche d’acacia plantée là par les maîtres. En effet comment imaginer la délicatesse des mauvais compagnons allant jusqu’à honorer la sépulture de leur victime. Quelle vertu pouvait encore guider une main assassine, pour donner à l’enterrement de l’architecte les honneurs de la sépulture ? 

La légende d’Hiram racontée par Gérard de Nerval dans son ouvrage  voyages en Orient  (Histoire de la Reine du matin et de Soliman, Prince des Génies. Chapitre 12 Macbenach) les trois mauvais compagnons :
-         Méthousael (marteau)
-         Le Syrien Phanor maçon (ciseau)
-         Le phénicien Amrou compagnon charpentier (compas),

Portent Hiram en terre, l’auteur nous dit :
« Ceux-ci allèrent plus loin et creusèrent un trou dans la terre qui recouvrit le corps de l'artiste. Après quoi Méthousaël, arrachant une jeune tige d’acacia, la planta dans le sol fraîchement labouré sous lequel reposait la victime ». 

Le végétal en question :

D’autre part l’acacia étant le végétal le plus commun de cette région, il en existe une variété très importante. Le plus répandu étant  l’acacia seyal  (sittâh ou shittim) à fleurs jaunes et à aiguillons géminés très aigus. L’acacia seyal  a un bois très léger et très dur qui se conserve longtemps et devient noir en vieillissant. C’est de cet arbre que l’on extrait la gomme arabique.
La bible des Septantes traduit l’hébreu Sittâh par Aseptos, c’est à dire par imputrescible. Aussi l’acacia est symbole d’incorruptibilité et d’immortalité.
L’arche d’alliance, la table des parfums sont fait en bois de sittâh recouverts d’or (Exode 37.15.28).

La boucle de l’initiation.
La dernière partie de la cérémonie d’élévation met bien l’accent sur le fait que l’architecte ne meurt pas mais qu’il re-nait et vit dans chacun des maîtres. C’est pourquoi, nos racines maçonniques étant bien en terre, l’arbre y prend racine comme  pour élever sa ramure vers la lumière, vers la vie et l’espérance. La mort d’Hiram, nous apporte espérance tout comme le Christianisme à travers le concept de résurrection et de vie éternelle.

Mais l’essentiel est sans aucun doute bien ailleurs.  Cet essentiel est dans la persévérance et la continuité, du travail.  Celui ci ne peut s’accomplir  sans un autre voyage. Le maçon ne devient maître que parce qu’il est esclave de rien. En homme libre il avec sa liberté de conscience il cherche toujours la perfection et la recherche de la vérité comme ci celle ci se trouvait au bout d’un chemin, d’une trajectoire dans les univers du sacré, du profane, du matériel et du spirituel ! . Mais où peut il la trouver cette vérité ? Mais où le conduisent cette quête de la connaissance ?  Sinon vers un ultime voyage d’où la Lumière jaillira dans toute sa splendeur. Enfin le Grand œuvre s’accomplissant il connaîtra cette transformation en être parfait.
Le voyage à intérieur prend fin alors ; la Pierre Occulte est là à portée de main, inaccessible à l’état l’humain encore de nature matérielle. Le souffre, le sel, et le pain du cabinet de réflexion, les décors et les symboles que le profane découvre en cet instant qui précède l’initiation l’invitent au V.I.T.R.I.O.L, ce grand voyage dont il ne connaît pas la fin.


C’est l’Alpha de l’initiation, le début de la construction de l’être, et comme dans les évangiles, il atteindra la perfection dans l’oméga.


Le profane apprend à mourir à travers l’initiation, il renaît en homme nouveau pour s’accomplir mais aussi pour accomplir les Desseins du Grand Architecte.  Il travail à dégrossir la Pierre brute tout comme les hommes de la préhistoire l’on fait pour se doter d’outils en taillant le silex.

Alors tout semble se passer comme si le franc-maçon était encore à l’ère du magdalénien. N’est ce pas Platon qui nous le rappelle avec le mythe de la caverne ? Nous savons tous fort heureusement pour nous qu’un avenir plus heureux s’ouvre à l’humanité avec la découverte de la fusion des métaux ? Le passage de la pierre taillée à la pierre polie puis à l’âge du  Bronze nous fourni tous les matériaux dont Hiram avait besoin pour la construction du temple de Salomon.

L’humanité en passant à l’âge du bronze avec la découverte de la fusion des métaux n’aura cessée d’évoluer durant ses milliers d’années. Le passage à l’époque moderne aura t’elle entraînée des progrès de la nature humaine ?  En quoi la perfectibilité de l’homme se sera manifestée ?  A l’ère de la fission est ce une humanité différente de celle d’il y a des millions d’années ?


Comme la lumière des étoiles nous parvient du fond de l’univers, la lumière des Maîtres qui nous ont précédés nous parvient de la nuit des temps et des profondeurs de la nature humaine.
Un voyage qu’il s’agit d’accomplir, un voyage de l’intérieur vers l’extérieur, un voyage de la mort vers la vie, comme  pour nous montrer que celle ci ne se termine pas avec la mort.

Goethe nous montre en fait que l’homme n’est qu’un passager du temps. « Meurt et devient ». 

Les maîtres se rassemblent en chambre du milieu, cette sorte de caverne ou se trame l’éternelle conspiration reconstructive, cet antre de Mithra où la lumière disparue renaît afin de reparaître plus brillante, ce tombeau du passé où l’avenir est en gestation, ce lieu intérieur et caché, inaccessible sauf aux initiés dignes des suprêmes révélations, ce sanctuaire connu des seuls Maîtres c’est la chambre du milieu.

Le Maître se trouve symboliquement au milieu du temple, entre le ciel et la terre comme l’arbre de l’acacia. L’initiation le conduit à passer de l’état de rameau, élément séparé de l’ensemble, à l’enracinement  qui produit à son tour un futur arbre.

L’Arbre de vie,
Dire que l’acacia nous soit connu, c’est dire que nous avons conscience de la vie véritable et que nous savons nous détacher des choses matérielles comme la chaire se  détache des os. C’est le rameau d’acacia qui nous le révèle sur le tertre de notre ignorance de notre fanatisme et de l’ambition. Ce rameau inséparable de l’équerre et du compas, instruments de mesures qui nous conduisent à rechercher la plus stricte équité dans nos actes et la plus méticuleuse rigueur de nos pensées.

Le Maître maçon doit développer sa connaissance du bien et du mal, de ce qui est bon pour l’homme. Il ne peut atteindre la perfection esthétique de l’œuvre  à laquelle il travail sans se situer dans une éthique. Il ne peut s’élever vers ce qui lui est supérieur qu’en acceptant d’idée qu’il n’y a rien sans doute après la mort, mais qu’il est devenu lui-même matériau entre les mains du Créateur.

« L’Eternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l'arbre de la vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal. » genèse 2.9
Si dans le jardin de l’Eden poussent côte à côte l’arbre de vie et l’arbre de la connaissance, on comprend mal comment Dieu ne voulait pas qu’Adam connut le bien et le mal. (C’est une objection des manichéens.)
En mettant en scène les trois mauvais compagnons, la légende d’Hiram  reproduit cette Genèse qui préside à la construction Théo-  Architecturale de l’Humanité ?
Nous lisons dans l’Ecclésiaste que Dieu avait donné à nos premiers parents l’intelligence et qu’il leur avait montré le bien du mal. Sans cette connaissance ils auraient été incapables de pêcher donc de discerner le bien du mal.

L’arbre de vie décrit par les commentateurs de la Bible que celui ci n’est pas le même que l’arbre de la connaissance du bien et du mal. La vertu qu’avait le premier de prolonger la vie était t- elle naturelle ou surnaturelle ? Nous nous contentons de remarquer que selon Salomon, la sagesse est l’arbre de vie pour tous ceux qui l’embrassent (Prov C3V18)

L’Eternel  Dieu dit : Voici, l'homme est devenu comme l'un de nous, pour la connaissance du bien et du mal.
Empêchons-le maintenant d'avancer sa main, de prendre de l'arbre de vie, d'en manger, et de vivre éternellement(genèse 3.22)

C'est ainsi qu'il chassa Adam ; et il mit à l'orient du jardin d’Eden les chérubins qui agitent une épée flamboyante, pour garder le chemin de l'arbre de vie…
N’y retrouve t-on pas ici le V.°. M .°. ?

(Alors que le mot «mort » apparaît 833 fois dans la bible, le mot «vie » quant à lui n’apparaît que 576 fois, le mot «lumière » apparaît 171fois)

«  L’arbre est l’effort incessant que fait la terre pour parler avec le ciel »
R. Tagore

La régénération

Comme les feuilles tombent de l’arbre, à chaque automne, avec le déclin des saisons, l’arbre ne meurt pas pour autant. Il renaît, retrouve sa vitalité  au printemps suivant. Les feuilles tombées produisent un humus fertilisant. « Humus, matière terreuse constituée de débris animaux et végétaux en décomposition. »  à partit duquel la vie végétale peut se reproduire. Du mot humus nous pouvons tirer le mot humain qui se rapporte à l’homme, sensible à la pitié, secourable, bienfaisant.

La signification du mot sacré trouve son sens ici, a travers l’initiation, le nouveau compagnon ne devient maître que parce qu’il à vécu le mort d’Hiram. Le maître maçon doit saisir ce que symbolise le cadavre d’Hiram, ainsi il ne peut mépriser ce qui est humain et accomplir son œuvre pour  rester maître de lui.

Le maître ne peut se contenter de mourir symboliquement, il ne serait alors lui-même qu’un symbole, alors que le maçon devrait être le symbole de ce qui doit être.
Hiram doit pouvoir revivre en chacun de nous
Est ce un nouveau rite de purification qui doit lui permettre d’Etre ?
En effet :
No - Nombres
Chapitre : 19      Verset : 11
Celui qui touchera un mort, un corps humain quelconque, sera impur pendant sept jours.
No - Nombres
Chapitre : 19      Verset : 16
Quiconque touchera, dans les champs, un homme tué par l'épée, ou un mort, ou des ossements humains, ou un sépulcre, sera impur pendant sept jours

En connaissant l’acacia, le maître saura œuvrer à la pureté de l’œuvre, loin de la corruption du monde profane et des vices qui caractérisent les trois mauvais compagnons, il écartera le voile qui obscurcit le Débir  pour opérer une transmutation du mal en bien et de l’ignorance en savoir.

J’ai dit…

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