GLFS | Loge : NC | 21/02/2005 |
L’Acacia Comment l’humain des premiers âges n’aurait-il pas eu une vénération reconnaissante, une admiration profonde pour cet être énorme qui survivait, non seulement à lui, mais à ses descendants. Car l’arbre vit très vieux, plus vieux qu’aucun être. Il existe des essences qui, dépassant le millénaire, semblent à vue humaine immortelles. Cet ancêtre, l’ancêtre par excellence, est aussi de tous les vivants, le plus grand, le plus majestueux. L’arbre est vraiment la première créature terrestre. C’est aussi le vivant le plus proche du ciel qu’il unit à la terre, le canal qui permet à l’homme de passer de la matière obscure et souterraine d’où il est issu, à l’énergie lumineuse qui l’anime et vers quoi il tend. Oui, l’arbre est le centre, le commencement, la montagne originelle, l’image à la fois du monde créé et du monde cosmique, axe vertical de la manifestation qui les relie. C’est aussi l’arbre de la connaissance qui vient d’en haut, tout le symbolisme de l’arbre renversé qui prend vie par ses racines qui se trouvent dans le ciel : l’ordre cosmique renversé, le caché manifesté (voir l’arcane XII du Tarot « le pendu » et le symbolisme de l’arbre des Séphiroth ). Présentation générale de l’acacia Qu’en est-il exactement de cette plante ? Comment se présente-t-elle ? Comment le rituel nous interpelle-t-il pour lui conférer une signification maçonnique ? Quelle dimension plus ésotérique pouvons-nous dégager de ce symbole ? Une première approche étymologique permet de dire que le mot « acacia » pourrait venir du grec « akè », signifiant pointe, bout aigu d’un instrument de métal ; il peut aussi venir du « akantha » signifiant épine, piquant, végétal et par extension arbre comportant des épines. Une autre interprétation décompose le mot en « a » privatif et « kakos » signifiant mal, vice. Acacia signifierait alors absence de mal, innocence, pureté. Enfin le mot « acacia » peut être rapprocher du terme sanskrit « âkâsha » qui signifie chez les Occidentaux « éther », cinquième élément de notre univers spatio-temporel. Cet « éther » serait un fluide cosmique très subtil, trame fine et indestructible qui imprégnerait l’espace, les choses et les êtres. Imperceptible aux sens et parcouru par des courants d’énergie magnétique, il se condenserait sous différentes formes. L’arbre que l’on appelle « acacia » est une plante aux épines redoutables et aux feuilles persistantes et qui se redressent au soleil levant et se ferment au couchant. Les fleurs couvertes de duvet or rappellent le disque radiant du soleil ; ces multiples petites sphères jaunes très odorantes, rassemblées en grappes forment un bel ensemble de puissance et de beauté (qui pourrait représenter la Loge). . Les aspects maçonniques de l’acacia Dans le rituel d’Elévation au grade de Maître, la branche d’acacia apparaît sur la sépulture d’Hiram et symbolise le seul vestige de sa vie disparue. Cette présence de l’acacia est le signe qui attire l’attention des Maîtres à la recherche d’Hiram, car il est dit que « la Connaissance repose à l’ombre de l’acacia ». L’acacia qui ombrage la tombe d’Hiram est accompagné de l’équerre et du compas, deux outils qui ne laissent aucun doute sur la présence du Maître Hiram car ils sont indispensables à l’approche de la Connaissance. Il apparaît dans le rituel que le rameau d’acacia, support végétal à rapprocher du rameau d’or des Mystères antiques ou des palmes de la tradition chrétienne, représente l’Arbre Sacré de la Maîtrise et condense en lui seul plusieurs dimensions incluses dans la réponse de la Maîtresse maçonne : « L’acacia m’est connu », à la question de la Première Surveillante : « Etes-vous Maîtresse Maçonne ? ». Comme le suggère l’analogie avec le bois d’acacia aux nombreuses vertus, la Maîtresse maçonne doit se vêtir d’incorruptibilité, être fidèle aux idéaux de l’Ordre. Aidée de l’équerre et du compas ouverts en direction de l’Occident, donc du monde profane, la Maîtresse doit déployer tout son zèle pour cultiver en elle la mesure, l’équité, le positivisme, l’innocuité, la générosité, mais aussi la fermeté et la rigueur afin de « porter au-dehors l’œuvre commencée dans le Temple ». L’aspect initiatique du drame d’Hiram associé au symbole de l’acacia implique certes l’idée de mort, mais aussi et surtout l’idée de vie, de renaissance et par-delà, l’idée d’immortalité et de pérennité. Arbre funéraire, l’acacia annonce une sépulture, mais en même temps annonce la vie par son feuillage vert. Car l’acacia est de nature double comme le dit René Guénon : « Arbre de mort » par sa partie souterraine, « Arbre de vie » par sa partie aérienne. La descente aux enfers, la mort, en effet, précède toute idée de vie et de renaissance. Il faut que le grain pourrisse et meure en terre pour que de cette putréfaction jaillisse la plante, par une métamorphose. Mort partielle donc, au bout de laquelle il y a la vie, la renaissance. La branche d’acacia est donc davantage un symbole de vie, de renouveau, un symbole solaire comme le suggère ses fleurs en formes de petite sphères jaune or, emblème de lumière éclatante et d’espoir. L’acacia est ici gage de résurrection, d’immortalité. Si nous appliquons ce concept d’immortalité à la tradition maçonnique, nous pouvons dire que la Connaissance est indestructible car elle persiste au-delà de l’individualité qu’elle dépasse. Le Maître Maçon renouvelant Hiram est relié à la chaîne évolutive de l’humanité et de la Franc-maçonnerie dont il est un maillon responsable. C’est ainsi que tous les Maçons du monde, affranchis d’une mort symbolique, assurent tous ensemble, les morts comme les vivants, la pérennité de l’œuvre. L’Akâsha comme support de l’âme Nous voyons dans le rituel d’élévation à la Maîtrise que « la branche d’acacia est posée symboliquement au centre du drap mortuaire ». Pour bien comprendre la relation acacia-centre, il faudrait comme le suggère René Guénon, se reporter à la doctrine hindoue qui donne au cœur, en tant que centre vital de l’être, le nom de « cité divine », expression qui nous fait penser au Sanctuaire ou Demeure de Yahvé (ou Arche d’Alliance) fait en bois d’acacia. L’éther est en fait non pas le cinquième élément de notre univers, mais l’élément primordial. Principe des quatre autres éléments sensibles, il est en réalité le principe divin, ou la vibration, qui occupe, virtuellement du moins, le centre de tout être. Ce centre, cette partie éthérée serait le siège de l’âme dite immortelle. Des auteurs comme Plantagenet ont vu dans l’acacia le symbole de l’âme : « Nous professons, écrit-il, que l’acacia est le symbole de l’éternel espoir, de la survivance de l’âme, de l’indestructibilité de la vie considérée dans son principe et dans son expansion ». Cette âme de l’homme serait reliée à l’âme universelle faisant toutes les deux, fonction de médiation. Olivier Lodge parlant des lois de l’Univers physique et de l’éther dit que réellement, deux particules physiques ne se touchent jamais entièrement. Elles sont séparées l’une de l’autre par cet éther que Lodge appelle le « ciment de la matière ». Eliphas Levi ajoute que cette substance unique est l’éther dans l’infini, dans les êtres organisés elle est lumière ou fluide magnétique, et dans l’homme elle forme le corps astral ou le médiateur plastique qui unit l’élément immatériel de l’être à son élément matériel. Au terme de cette réflexion sur l’acacia, nous pouvons dire que ce symbole – comme beaucoup de symboles d’ailleurs – reste toujours mystérieux et que nous en avons à peine soulevé le voile. Cependant, nous pouvons pressentir que l’acacia est le symbole du monde spirituel, du monde de l’âme peut-être, le symbole vivant d’un accomplissement, régénéré, revivifié à chaque fois. Il appelle à l’éveil au monde de l’invisible qui, par une métamorphose subtile se révèle dans le secret (dans la cavité) du coeur. Toujours vert, l’acacia est le messager d’une espérance renouvelée à chaque fois par notre travail d’alchimistes. Ses fleurs sont les promesses de tous les possibles qui se créent et se nouent ici et maintenant. L’acacia symbolise ce fluide qui est partout, simultanément à l’extérieur et à l’intérieur des choses, sans que rien ne l’affecte jamais, cette énergie impassible, inaltérable et immatérielle qui relie tout et « réunit ce qui est épars ». B\ B\ |
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