Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Liberté, Égalité, Fraternité Cette phrase est la dernière prononcée par le Vénérable Maître pour l’ouverture des travaux du rituel écossais applicable à notre Loge. Après que les frères se soient exécutés, il dit d’ailleurs : « Mes frères, nous ne sommes plus dans le monde profane, nous avons laissé nos métaux à la porte du temple ; élevons nos cœurs en fraternité et que nos regards se tournent vers la lumière ». Le même rituel est réalisé à la fin des travaux, exactement dans les mêmes formes. Il précède le serment de secret. Cette étape est donc indispensable au passage du monde profane au monde sacré. Elle est constituée d’une phase où tous les frères de la Loge, après avoir fait le signe pénal, frappent ensemble trois fois dans leurs mains puis, étendant le bras droit horizontalement devant eux avec la main formant une équerre avec le pouce, prononcent l’acclamation : « houzzai » à trois reprises et la devise : « Liberté, Egalité, Fraternité ». A moi mes frères est l’expression du Vénérable qui invite tous les frères de la Loge à faire ensemble la même action. La loge agit alors comme une seule et même entité. Cette expression évoque pour moi l’unicité du geste et de la parole. Il est à noter que dans la plupart des religions, les actions collectives qui doivent être menées sont en premier lieu faites par le « prêtre » ou l’officiant, les « disciples » se contentant de répéter. Dans la franc-maçonnerie, l’action est unique. Le Vénérable Maître participe en même temps que les autres frères. Le signe est le signe pénal. Il introduit les deux autres phases. La batterie qui est composée de trois coups égaux frappés de la paume de la main droite contre celle de la main gauche. L’acclamation écossaise est elle-même composée de trois éléments : -La position que conservent les frères pendant l’acclamation écossaise, le bras étendu horizontalement et la main droite en équerre. -Le « houzzai » qui serait l’ancienne forme anglaise de « hourra », orthographiée aussi « huzza » ou « hussah ». -Et enfin les mots : Liberté, Egalité, Fraternité qui forment la devise dont s’inspire le franc-maçon dans son comportement dans le Temple et dans son action dans le monde profane. Cette devise orne l’Orient de notre Loge. C’est aussi la devise fondamentale de la République et le concept premier de la déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen. Ce concept est le fondement même de toute démocratie dans le monde. A l’exception du signe pénal composé de deux phases : la main droite qui tranche symboliquement la gorge par un mouvement horizontal de la gauche vers la droite, puis qui rejoint le long du corps verticalement vers le bas, le nombre trois est toujours présent dans cette phrase et dans les actes des frères qui suivent son injonction : -Le signe, la batterie et l’acclamation constituent les trois phases de cette partie du rituel. -La batterie est composée de trois coups, qui sont égaux en rythme. Ce rythme est la condition essentielle de la vie : au niveau cardiaque il doit être égal pour que celle-ci se déroule harmonieusement. En musique, à de rares expressions près, il est la clé de voûte de la position de tous les instruments et donc de leur participation à l’œuvre par essence collective. -La position des frères pendant l’acclamation écossaise est composé de trois équerres: celle formée par les pieds, celle formée par le pouce et les quatre autres doigts de la main et enfin celle formée par le bras tendu horizontalement et le corps vertical. -L’acclamation « houzzai » est répétée aussi trois fois, d’une manière égale. -L’acclamation suivante est composée des trois mots : Liberté, Egalité, Fraternité. La liberté n’est jamais définitivement acquise. Elle doit faire l’objet de notre part d’une vigilance constante pour qu’elle continue d’éclairer le monde à l’image de la statue de Bartholdi à l’entrée du port de New York La liberté préexiste par rapport à la société. L’individu, seul comme l’hermite, est par essence libre. (Remarque : La notion de liberté telle que nous la connaissons prend tout son sens et sa grandeur dans le cadre social. Une des maximes de la République dit à ce propos que la liberté n’a pour limite que celle d’autrui. Une autre plus populaire dit « qu’être libre c’est accepter ses chaînes. ») La liberté s’exprime pleinement dans la franc-maçonnerie : en dehors de l’obligation de secret vis à vis des frères et de la loge, le franc-maçon est libre de continuer ou non la démarche qu’il a entreprise. Cette liberté est nécessaire à la bonne expression en loge. Elle est la garante d’une accession sans limite à la connaissance qu’elle qu’en soit sa forme. Elle préserve d’un enseignement dogmatique et donc paradoxalement unilatéral. Placé en premier dans la maxime, « liberté » exprime effectivement l’unité : Le chiffre « un » est le symbole même de l’homme debout, au point que certains anthropologues, selon le dictionnaire des symboles, font de la verticalité un signe distinctif de l’homme. L’homme actif est aussi fréquemment représenté par un objet vertical : la pierre dressée ou « menhir », le phallus érigé ou encore le bâton vertical. Dans la franc-maçonnerie, le bijou du second surveillant est une perpendiculaire donc un axe vertical, tout comme la représentation du chiffre « un ». Chargé de l’éducation des apprentis, il paraît normal qu’il soit associé à la liberté, première étape du chemin vers la lumière. Le rituel de l’apprenti précise en effet que « l’homme libre est celui qui, après être mort aux préjugés du vulgaire, s’est vu renaître à la vie nouvelle que confère l’initiation ». L’expression de cette mort est présente dans le cabinet de réflexion, siège de l’épreuve de la terre qui précède l’épreuve de l’air. L’égalité, elle, nécessite au minimum deux éléments. Le concept d’égalité est obligatoirement dépendant de la comparaison : on ne peut être égal que par rapport à quelque chose ou à quelqu’un. Autant la liberté peut exister dans la nature, autant l’égalité est une construction purement intellectuelle donc humaine. Les animaux ne se préoccupent pas de cette considération : c’est au contraire souvent la hiérarchie qui est la garante de la survie de l’espèce (CF la sélection naturelle). L’homme, lui, a pris comme principe fondamental dans les déclarations des droits de l’HOMME - cette fois-ci en majuscules - l’égalité en DROIT. Dans la nature, la seule égalité qui existe est celle de tout être vivant face à la certitude de la mort. Les êtres vivants ne sont pas naturellement égaux. Ils sont complémentaires ou interdépendants. La plupart du temps, ils constituent un ensemble cohérent. La chaîne alimentaire en est la parfaite illustration. Comme elle, la Chaîne d’Union continue d’exister, malgré la disparition de certains de ses maillons. Ceux-ci sont remplacés par d’autres. Ce mot « égalité » exprime pour moi la dualité. Le nombre deux est un symbole d’opposition, de conflit, de réflexion. Il indique d’ailleurs l’équilibre réalisé ou des menaces latentes. Il peut être aussi bien le germe d’une évolution créatrice que d’une involution désastreuse. Il est la première des divisions : le blanc et le noir, le yin et le yang, le masculin et le féminin, la matière et l’esprit. Le « deux » exprime donc un antagonisme qui peut être de haine autant que d’amour, une opposition qui peut devenir contraire et incompatible aussi bien que complémentaire et féconde. Si l’on excepte les manifestations marginales du narcissisme ou de l’automutilation et du suicide, la dualité est souvent le support de l’amour (le couple) ou de la haine (l’ennemi). Il est à noter que le symbole mathématique de l’égalité est constitué de deux traits horizontaux et parallèles. Cette horizontalité est aussi présente dans le bijou du premier surveillant qui est constitué d’un niveau. Le rituel dit d’ailleurs que le niveau symbolise pour le maçon le nivellement des inégalités, tâche à laquelle il doit s’employer. (Remarque : L’égalité me paraît être une notion tout à fait subjective et intellectuelle. Lorsqu’on oppose, par exemple, le hasard et la métempsycose, on oublie que quelle que soit la croyance, les êtres sont égaux. Par essence, le hasard met tout le monde sur un pied d’égalité. La métempsychose aussi, dans la mesure ou bien que chacun ait un Karma qui lui est propre, celui-ci entre dans un cadre plus vaste que l’individu ne contrôle pas. Cette absence de contrôle imposée à tous est, en quelque sorte, une marque d’égalité.) La fraternité est le troisième mot
de la maxime. Sans lui, les deux premiers ne seraient qu’une
simple juxtaposition. Il exprime la trinité.
Comme le nombre « trois » réunit les
nombres « un » et « deux », au
premier abord inconciliables, voire opposés ; la
fraternité réunit dans sa signification la
liberté et l’égalité. La
liberté seule n’induit pas la
fraternité. Dans sa conception la plus absolue, elle est
inconciliable avec la notion d’égalité.
L’égalité n’induit pas non
plus la fraternité. On peut même
considérer que l’égalité,
évidemment d’autant plus si elle est contrainte,
altère la liberté. Trois éléments en rapport avec l’alchimie étant présents dans le cabinet de réflexion (le sel, le souffre et le mercure), je me permettrais une petite digression « alchimique ». La philosophie hermétique des Alchimistes professe l’unité de substance à la base de toutes ses démonstrations. Il existe un principe universel répandu dans tous les corps quelle que soit leur composition. En simplifiant, c’est la connaissance de ce principe universel et sa mise en action qui constituent le secret du grand œuvre. Cette force porte différents noms selon l’environnement culturel et religieux qui l’accompagne : Le Telesme d’Hermès, l’Aour des Kabbalistes, le Rouah Elohim de Moïse ou encore le Mercure universel des Alchimistes. La fraternité peut ainsi être rapprochée, à mon sens, de ce Mercure qui comme elle, a la propriété de lier les éléments sans les altérer. D’un point de vue maçonnique, la
fraternité est représentée par
l’ensemble des maçons, la loge elle-même
considérée comme une seule entité.
Comme l’équerre du Vénérable
est la synthèse des bijoux des premier et
deuxième surveillant, la fraternité est la
synthèse de la liberté et de
l’égalité. Je pense que l’on
peut voir une certaine correspondance entre les trois mots de la devise
républicaine et les éléments symboles
des trois voyages effectués dans le temple, lors de
l’initiation : Je rapprocherais pour ma part la fraternité du feu. C’est devant le pupitre du Vénérable, représentant, entre autres, la sagesse qu’il faut pour maîtriser le feu que se termine la troisième épreuve de l’initiation. Son bijou intègre dans sa forme les bijoux des premier et deuxième surveillant, comme le triangle est la synthèse de la perpendiculaire et de l’horizontale. Ne parle-t-on aussi d’ailleurs de « chaleur fraternelle » dans le langage courant. C’est cette impression de chaleur fraternelle qui a été l’un des deux éléments les plus marquants de mes impressions d’initiation, avec en premier lieu, le sentiment d’être soutenu tout au long des épreuves. Il s’agissait, en fait, de deux manifestations du même concept. Il est à remarquer que nombre de bâtiments publics, comme l’Assemblée Nationale par exemple, comportent outre la devise républicaine, un triangle représenté pointe en haut. Il existe aussi, à mon sens, une correspondance entre le triangle que constitue l’équerre du blason maçonnique et les trois mots : « liberté, égalité, fraternité ». Ce triangle, pointe en haut, est la manifestation positive de la réunion du « un » et du « deux » évoqué précédemment. C’est le Delta Rayonnant de la Loge, bien qu’il n’ait pas les mêmes proportions que le triangle que compose le bijou du Vénérable Maître. Le triangle représenté pointe en bas en est, lui, la représentation négative. Il est à noter que ce triangle est fréquemment le signe d’un danger, comme dans le code de la route, par exemple, alors que le triangle représenté pointe en haut est symbole dans de nombreuses religions de la spiritualité. Le triangle des trois mots : « liberté, égalité, fraternité » représente la trinité. Cette trinité, présente tout au long de cette partie du rituel qui commence et termine les travaux maçonniques nous permet de garder toujours en mémoire les trois « petites » lumières de la franc-maçonnerie, quels que soient leurs noms selon la phase des travaux : Sagesse, Force et Beauté ou Paix, Amour et Joie. M\ L\M\ |
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