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Les Métaux

Dépouillée de tout métaux, bijoux, monnaie, carte bleue… ainsi j’étais au sortir du cabinet de réflexion…je me sentais nue, … pas l’habitude…
J’étais comme libérée de mes entraves, des pensées qui me liaient à mes compagnons métalliques avec lesquels je ne sortais jamais sans…

Alors ce dépouillement se voulait-il uniquement physique ?  Quel message autre que le factuel visible devais je donc être amenée à découvrir, ainsi plus légère et différente sans aucun obstacle ou chaîne entravant ma quête intrinsèque ?

Or Ici tout est symbole. Cherche et tu trouveras.

Voilà ma clef, énoncée à la fin du premier voyage de mon initiation. Il me faut dématérialiser mes pensées en agir car comme l’explique Goethe, « le comportement humain est un miroir dans lequel chacun montre son image ».

Voilà pourquoi, ces métaux symboles de souvenirs, de pensées, de liens avec le monde profane, de paraître, d’avoir et de caste ont pour moi pris le chemin d’un autre sens, un sens caché enfoui que je suis ou du moins que j’essaie de suivre avec comme intercesseur mon processus d’individuation.
Abscisse et ordonnées, voilà je pense les axes du chemin intérieur que je dois vivre via le prisme de l’équerre, symbole du jugement et de la droiture et du compas, symbole de la pondération de l’Esprit et de la Sagesse. Impossible d’essayer d’appréhender une approche esseulée, car l’approche des métaux est une dyade interconnectée.
La difficulté réside en l’acceptation de ses propres zones d’ombre, en progressant avec carte ou plus justement pavé mosaïque en tête, afin de rectifier notre « soi » en le tournant vers soi afin d’approcher vers l’unité du Tout, vers la lumière humble mais lumineuse de la vertu. Notre objectif ultime atteindre cette humilité, que M. Aymé nomme l’antichambre de toutes les perfections.
Je peux donc ainsi attribuer à l’abscisse les 4 formes de capital de P. Bourdieu (économique, culturel, social, symbolique) et donc y développer la symbolique que revêt leur sens et attribuer enfin à l’axe des ordonnées l’aspect abscons, ascète que ces notions revêtent.  Nous pourrons donc obtenir un tracé.

Mais quel type d’itinéraire va présenter ce tracé ? Là réside toute la question.

Mon ascension via cet itinéraire ainsi obtenu, véritable catabase jonchée des 4 formes de capital profane, pourra être lue comme mon cheminement intrinsèque, comme la résultante de la progression de mon individuation, ou plus exactement ma transformation intérieure, ma « sublimation ». Elle sera mon alchimie, ma transmutation intérieure, mon escalator de la sagesse. Du plomb, simple et impur métal, je vais tendre vers ce qu’en chimie on nomme la sublimation, le passage vers le matériau noble, l’or. Mais de l’or en matière ici il n’en sera pas question, il sera de l’or en symbolique, le joyau de toutes les vertus : l’humilité.
Confucius n’a-t-il ne dit pas à son sujet d’ailleurs, qu’elle était le fondement solide de toutes les vertus. Sans elle, aucune autre vertu n’est possible, elle est la lumière cachée de la magnificence des autres visibles mais cependant non ostentatoires.

Ainsi donc, cette mutation ne s’inscrira pas dans les traductions des symboles profanes : c’est dans cet esprit, que le capital économique de Bourdieu, me permettra de mieux venir en aide, dénudée de mon capital social, départie de toutes formes d’orgueil autrement dit en toute humilité, en toute simplicité. Pour Jung, l’humilité est un agir important. Il implique de prendre conscience de ses zones d’ombre et de pouvoir ainsi en conscience les appliquer dans sa vie. Celui qui parvient à se connaitre devient de facto humble et pour ce faire, le pavé maçonnique prend tout son sens à l’aulne du Miroir afin de se voir « soi » à travers soi dans Autrui.
Or c’est bien là que réside la plus ardue des équations, se départir de ces 4 formes de capital de Bourdieu tout en les utilisant en toute discrétion afin de pouvoir donner, sans juger, sans préjugé, en toute humilité comme le rappelle la Constitution Internationale symbole de nos devoirs maçonniques et ensemble des lois de l’Ordre. Mais cette règle doit également se vivre dans le monde profane et pas seulement au moment d’entrer en loge, d’où la complexité de ce parcours, d’où la beauté de cette réussite morale pourtant si humble.

Donner sans recevoir, échanger sans rien attendre en retour mais percevoir la bienveillance de tous, la fraternité, l’œuvre, le trésor de notre travail intérieur qui n’est possible que seul mais de facto implique simultanément Autrui car comme l’énonce P. Freire, « les Hommes s’éduquent ensemble par l’intermédiaire du monde ».
Or, Autrui est mon monde et comme le souligne en écho Merleau-Ponty, je vais avec Autrui.
Cette réflexivité, cette ascension précédemment énoncée, peut varier dans sa progression, régresser, s’élever telle une exponentielle ou bien stagner… tout dépendra de mon travail intérieur, tout dépendra de mon « soi », de ma capacité à maintenir dans un juste équilibre l’équation ainsi visée. Mais la grandeur de l’humilité réside en son pouvoir unique de donner vie à l’incommensurable, d’éclairer l’essentiel, le sens de la vie. Mais c’est un travail difficile et qui nécessite du courage comme le souligne Jung car la vie est un critère de la vérité de l’esprit.

Ici tout est symbole frappe et on t’ouvrira.

Le chemin de la justice, de la droiture me sont est à présent ouvert et visible si mon cheminement, ma démarche réflexive a été digne. Si je me sens dans une situation difficile et que j’ai besoin de m’améliorer, que je veux « devenir » comme le dit Jung, on « est bien obligé de se consulter » soi-même.
En effet la véritable valeur est dans les qualités et non dans le paraitre, voilà pourquoi on nous apprend à voir, à avoir sans nos métaux. Là résulte le juste équilibre pour maintenir « lumineuse et droite la flamme de l’Amour Unique et de l’Esprit Humain » (Rituel initiatique) ; car les métaux sont les symboles d’une matérialité de l’être, de ces affects parfois pugnaces et teintés d’apriori et de vacuité.

C’est sans mes métaux, comme tout récipiendaire, que j’ai été initiée lors de mon entrée en FM, afin de me détacher du futile, de la vanité et de tous les préjugés. Je dois œuvrer sur mon perfectionnement moral en luttant contre les obstacles liés à mon intersubjectivité aveuglante. C’est pourquoi, les métaux sont déposés à la porte de la loge, et ce afin de se libérer spirituellement de toute entrave et emprise matérielle du monde profane :  se vider de ses agirs et pensées matérialistes pour se remplir, se nourrir de vérité en feed-back car comme le souligne Jung, l’humilité est le courage de regarder sa propre vérité.  


Nous devons voir et nous diriger vers la lumière, agent créateur, et ce dans la plus pure et parfaite humilité de l’être : frère parmi les frères. C’est pourquoi, elle irradie simultanément, presque ubiquitairement au moment de la chaîne d’union.
En effet, « Les actes de bienfaisance d’un Franc- Maçon ne doivent jamais être des actes d’ostentation ou de vanité ; ils sont pour nous l’accomplissement d’un devoir et doivent rester secrets. » (Dixit le rituel initiatique). Aussi cette ascèse au départ volontaire doit se transfigurer en une discipline naturelle de la dyade corps esprit afin de tendre vers cette alchimie spirituelle, vers cette perfection de la nature, pas à pas sur le chemin sacré du Pavé Mosaïque.

Mais, même si c’est inéluctablement, un travail intrinsèque au tréfonds de notre nadir personnel, sans la dimension collective, mes Frères et Sœurs sans vous, la réussite d’une telle visée est stricto sensu impossible.

Ici tout est symbole. Demande et on te répondra.

Car, comme l’écrit Isha Schwaller de Lubicz dans Her-Bak « Pois Chiche » :
« Toute connaissance vient du dedans ;
on n’est donc initié que par soi-même,
mais le Maître donne les clés. »


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