Obédience : NC Loge : NC 27/03/2008

La Marche du Compagnon


Ma démarche dans les lignes qui vont suivre consistera à trouver les éléments de réponse aux préoccupations suivantes :
·  Signification et articulation de la marche du compagnon.
·  Symbolisme de la marche du compagnon
·  Enseignements personnels tirés à l’issue de cette planche 

I. GENERALITES SUR LA MARCHE

a.   DEFINITION DE LA MARCHE

En parcourant le dictionnaire « Le petit ROBERT », on découvre plusieurs sens donnés à ce mot ; en ce qui me concerne, je n’ai retenu que les aspects qui me semblent apporter une meilleure perception de la  marche sur le plan maçonnique, en l’occurrence pour ce qui est de la marche du compagnon   :

- Endroit où se pose le pied, voire surface plane sur laquelle on pose le pied en franchissant d’un pas l’espace qui sépare deux plans horizontaux de hauteur différente.

- Action de marcher, voire cheminement, trajet, progression.

- En DOUALLA :

La marche se dit « LONDO » qui se traduit également par voyage. C'est-à-dire l'ensemble de petits pas qui sont mis bout à bout, les uns derrière les autres, afin de constituer un corpus, une unité cohérente. Cette idée semble recouper la définition communément admise pour le concept de l'initiation. D'après mes lectures, s'initier c'est faire un pas. Et par ailleurs  ne dit-on pas que l'initiation au Rite Ecossais Ancien et Accepté est graduelle et progressive. En somme un ensemble de petits pas, échelonnés dans le temps, que doit effectuer l'adepte ; tout un voyage, un bien long voyage.

Le voyageur se dit « MOUDANGWADI » et pourrait avoir pour traductions : le cherchant, le fouinant, le furetant… Un peu ce que tous ici, nous sommes : des cherchants, des fouines et des furets, dans la forêt de symboles, de mythes et de signes qui défilent sous nos pas durant notre parcours maçonnique.

b. CAS DE LA MARCHE RITUELLE                                                                                                                       

La marche du Franc-maçon, c’est la façon rituelle d'entrer dans le temple ; le plus souvent en relation étroite avec l’âge du titulaire. Cette marche est enseignée au nouvel initié ou au nouveau promu dès le jour de la cérémonie de réception ou d’augmentation de salaire par le frère Expert.

c. CIRCONSTANCES DANS LESQUELLES LA MARCHE RITUELLE EST EXECUTEE

L’entrée, en faisant la marche et en clôturant par un triple signe adressé successivement au VM et au deux Surveillants est obligatoire pour tout Frère demandant l’entrée du temple après l’ouverture des travaux.

d.  ARTICULATION DE LA MARCHE DU COMPAGNON

La marche du compagnon comporte d’abord la marche de l’Apprenti, puis l’exécution d’un pas vers la droite suivie d’un second pas qui le ramène dans la ligne initiale. Le compagnon  va donc se déplacer et réaliser les trois pas de l’Apprenti en partant de l’occident, puis à 45° vers le midi et enfin toujours à 45° vers le Septentrion. La marche, au second degré est plus ferme, plus hardie et exprime la volonté d'obtenir une lumière plus vive.

Aux grades symboliques, le nombre de pas correspond à l’âge. Ainsi je parlerai de la marche du compagnon proprement dite et un peu du nombre du compagnon : Cinq.

II -  SYMBOLISME DE LA MARCHE DU COMPAGNON

La marche du compagnon représente le « quinaire ». Le rituel du deuxième degré symbolique nous dit qu’il symbolise aussi l’escalier tournant, du temple de Salomon, qui donne accès à la chambre du milieu.

Le quinaire. Le pas de côte écrit Wirth c’est « pour indiquer qu’un compagnon n’est pas tenu de suivre immuablement la même direction. Afin de poursuive immuablement la vérité partout où elle se cache, il lui est permis de s’écarter de la route normalement tracée. Mais l’exploration du mystère ne doit pas le désorienter, tout écart momentané d’imagination doit être suivi d’un prompt retour à la rectitude rationnelle ».

L’escalier tournant. Ces pas font aussi allusion à la montée de l’escalier tournant, par des spirales qui m’indiquent que c’est en moi-même, et en me retournant sur moi-même, que je pourrais découvrir mon être essentiel.

En effet, l’escalier tournant, en dehors de sa signification scientifique extérieure ou exotérique, révèle au compagnon quelque chose de différent et d’unique: l’ascension en spirale de l’esprit dans la tour de la conscience et, à son sommet, la vive et lumineuse étoile qui rayonne pour le monde.

Le Nombre 5. La marche, au second degré se compose de 5 pas. Le chiffre 5 est le chiffre du Compagnon, l’âge du Compagnon. Le rituel du grade de Compagnon est axé sur le nombre Cinq, nombre sacré du grade. Le cinq est le milieu des neufs premiers nombres, et en tant que tel il était considéré par les Pythagoriciens comme un signe d’union. Il est le nombre de l’équilibre et de l’harmonie, la quintessence, c’est-à-dire l’âme même des choses. Dès lors comment dissocier la marche du compagnon et le nombre Cinq ?

III. ENSEIGNEMENTS PERSONNELS

Apprenti, la marche a été rectiligne et elle s’est faite à l’aide de l’équerre parce que j’ai été mis dans la voie droite, parce que initié. Cette marche me rappelle les difficultés rencontrées et la nécessité de ne pas m’écarter de mon chemin.

Compagnon je vais faire mes pas dans la continuité de ceux de l’apprenti. Ainsi en plus des 3 pas, je dois faire un quatrième pas en avant vers le côté droit en avançant du pied droit, puis ramener en équerre mon pied gauche.

Ce quatrième pas, dit pas de côté, m’invite à agir, à voyager. Je sors de la voie tracée initialement en ligne droite, par les trois pas d’apprenti. Ce voyage peut être regardé simultanément sous trois angles : le premier est celui des cinq voyages avec la découverte des cartouches m’invitant à approfondir les différents aspects de la connaissance, le deuxième celui où je voyage à l’extérieur, quand je rends visite à d’autres loges pour m’instruire, et enfin le troisième, plus important est le voyage intérieur. Le quatrième pas du compagnon marque donc l’action exploratrice de celui qui va dans toutes les directions de l’espace (Orient, Occident, Midi, Septentrion, Nadir et Zénith). Ainsi je vais mieux me connaître moi et l’univers qui m’entoure.

 Mais avant d’entamer tout voyage, je dois me munir de mes provisions de voyage. C’est ainsi qu’en tant que Compagnon, je dois savoir me servir judicieusement de mes cinq sens, afin de me garder des erreurs et de l'ignorance; je dois m'appliquer aux cinq sciences fondamentales qui sont la grammaire, la géométrie, les mathématiques, la logique et l'astronomie; elles me seront le guide le plus sûr dans toutes mes actions. De même, les cinq ordres de l'architecture doivent m’être familiers, à savoir le style toscan, dorien, ionien, corinthien ainsi que le style composite. Je dois faire miennes et accepter comme référentielles les philosophies enseignées par les cinq Grands Initiés : Moïse, Solon, Pythagore, Socrate, et Koung-Fou-Tseu (Confucius).

Le cinquième pas va me permettre de revenir dans l’axe initial, que je ne dois jamais perdre de vue, en déplaçant mon pied gauche en avant vers la gauche et ramener mon pied droit toujours en équerre.

Ces 5 pas, qui me rappellent la lettre « P » comme « Persévérance » qui est la constance dans l’action, dans l’effort et dans la pensée. Elle est associée à la vigilance, qui figure dans le cabinet de réflexion. Elle est la qualité nécessaire pour passer de l’état de cherchant à celui de souffrant. Elle est indispensable à celui qui, placé devant un escalier, désire vraiment en gravir toutes les marches. Sans cesse, l’Initié a le devoir de travailler sur lui-même, sans se laisser aller à la lassitude ou au découragement. Et si je devais m’égarer et perdre momentanément cette persévérance, le 5ème pas me rappellera alors à l’ordre afin que je retrouve mon chemin… 

Par ce cinquième pas je retourne dans l’axe des trois premiers et je me rappelle ainsi que la voie de la recherche de la vérité et de la lumière emprunte le plus court chemin, celui de la voie droite à la quelle tout maçon est censé s’identifier. Ainsi je peux me permettre des écarts passagers du côté de l’imagination (côté gauche) mais je dois revenir du côté de la raison (côté droit).

Je poursuis le même but que l’apprenti, je marche vers la lumière céleste qui se trouve symbolisée à l’Orient par la présence du Delta lumineux, mais dans mon parcourt, je suis la lumière des fenêtres qui éclairent mon chemin.  

En effet je dispose de 3 fenêtres ouvertes sur le tableau de loge (elles ne sont plus grillagées), la lumière se diffuse selon la course du soleil en 3 directions : L’occident, le midi et l’Orient… Avec mon âge de 5 ans et mes 5 pas je me approche de l’Orient plus que ne peux le faire l’apprenti. Ce message semble aussi indiquer que la lueur d’une fenêtre peut attirer mon regard et mon attention mais qu’il me faudra toujours revenir vers la vraie lumière et me replacer dans l’axe de la rectitude

 La recherche de la quintessence me rappelle le cinquième pas pour me ramener à la rectitude rationnelle 

La marche, au second degré se compose de 5 pas. Le chiffre 5 est le chiffre du compagnon. Les pas de l'Apprenti sont prudents, hésitants et dirigés vers l'Orient. Dans le grade de Compagnon, s'ils sont faits dans la même direction, ils apparaissent cependant plus fermes, plus hardis et expriment la volonté d'obtenir une lumière plus vive. Mais je ne dois pas me contenter de marcher dans cette seule direction; je dois connaître le monde dans son ensemble, comme le suggère la présence des deux sphères terrestre et céleste, étudier le bien et le mal, la lumière et les ténèbres, vertu et le vice, la vie et la mort. De chaque valeur positive, je dois cherche le complément négatif et grâce à mon intelligence, ramener à l'unité les termes contraires. Ces deux derniers pas représentent la lutte et la victoire du Compagnon.

Apprenti je poursuis ma démarche volontaire d’initié en passant compagnon. Cette démarche peut être considérée comme synonyme de comportement, de mode de vie. Pour Furetière commencer à marcher c’est laisser une trace. On peut considérer ainsi que l’on reconnaît un compagnon à sa marche, qui laisse une trace, définie par sa conduite, laissée derrière lui.

Il faut garder à l’esprit que nous sommes des bâtisseurs. Sur ce plan en tant que apprenti j’ai travaillé grâce aux enseignements que j’ai reçus, au dégrossissement de moi-même, j’ai appris les bases. Je dois m’employer les fondations de mon enseignement, j’ai appris les bases. Je pense que Compagnon, je dois bâtir l’édifice. Ainsi, en Compagnon Franc-maçon, je dois m’employer à ce que mes propres fondations soient rectilignes, en pleine harmonie avec la droiture, c'est à dire obtenir une base de connaissance sur moi-même qui soit la plus proche de l'axe vertical.

En passant compagnon je suis passé de la perpendiculaire au niveau…. Cela ne peut se faire que si les fondations sont irréprochables. Je suis passé de la ligne droite (axe Ouest/Est) au plan (axe Nord/Sud). A partir de cet instant, l’emploi de la deuxième dimension est nécessaire pour commencer l'édification des murs et ainsi assembler les pierres selon les angles et non plus de manière linéaire.

La perpendiculaire ne donne que la verticale, le niveau lui peut indiquer et donner l'horizontale et la verticale (les deux dimensions acquises au degré de compagnon). 

En tant que Compagnon, je dois être, dans mon vécu quotidien, un exemple pour mes Frères Apprentis. Il en résulte que je ne dois pas me baser uniquement sur le temps de présence ou l’assiduité pour passer d’un degré à un autre, mais bien sur une fraternité sans faille, le travail responsable et les connaissances acquises.

Tandis que l'Apprenti peut travailler isolément et sur soi-même, le Compagnon accomplit son œuvre au sein même de la collectivité; c'est à proprement parler un travail social qui m’incombe, encore que je demeure tenu de poursuivre mon travail d'Apprenti à la pierre brute.

L'Apprenti s'est donné pour but la connaissance de soi; le Compagnon a pour tache la construction de soi, tache qui doit être dignement couronnée par le perfectionnement de soi. Je sais que l'idéal ne sera jamais atteint, mais je persévérerai néanmoins dans la voie sur laquelle je me suis engagée, donnant ainsi aux Apprentis l'exemple de la vertu maçonnique. Aussi est-il de mon devoir de me distinguer effectivement de ceux-ci par mon zèle dans l'accomplissement de l'œuvre commune et par l'effort habile que j’apporte à sa réalisation. C’est ainsi que je pourrai dire que j’ai mérité mon salaire.

Le silence ne m’est plus imposé lors des travaux de Loge : je ne dois utiliser cependant mon droit d’intervention qu’à bon escient ! Car comme dit la sagesse : « Celui qui parle ne sait pas, celui qui sait ne parle pas ».

Je suis invité aussi à rendre d’innombrables visites, à représenter ma Loge-mère dans les Loges-sœurs, les Obédiences amies : ce n’est que par ces voyages – que je peux désormais effectuer seul, non accompagné d’un Maître ! – que je pourrais comprendre vraiment la totale liberté d’opinion que la Franc-maçonnerie laisse, non seulement aux tiers, mais aussi à ses membres.

Cette liberté est la raison pour laquelle notre Ordre est divisé en Obédiences pouvant parfois présenter certaines différences et j’apprendrais à découvrir les autres rituels et les différents Rites. Mais, par-delà ces particularités, je devrais ressentir très vite les liens puissants de fraternité, les sentiments extrêmement profonds d’égalité, d’affection et de solidarité qui nous unissent.

Je ne dois à aucun prix négliger une chose : c'est de cultiver mon cœur, de poursuivre l'ennoblissement de mes sentiments. Il ne faut pas que la raison et la science prennent le pas sur les nobles aspirations du cœur. La Franc-maçonnerie exige que je sois capable de pitié, de compassion pour celui qui est dans la détresse morale, physique ou matérielle. Je dois cultiver en mon cœur le généreux désir d'aider mon semblable dans la mesure de mes forces. Ainsi affinerai-je mon caractère de pierre cubique harmonisée dans ses lignes que je symbolise, pourra-t-elle dès lors aussi prendre place dans la construction idéale du Temple de l'Humanité.

V\M\ et vous tous mes FF\ en vos grades et qualités,

A travers cette modeste planche, ma démarche se veut le reflet de la marche vers la lumière puisqu'elle est l'aboutissement qui passe par le dépassement de soi en qualité d'apprenti, vers une ouverture au monde qui est mon étape de compagnon. Je sais également que l’étape de compagnon n'est qu'une étape qui m'emmènera vers d'autres étapes, en un mot j'ai gravi quelques marches qui mènent vers la lumière c'est-à-dire la connaissance,  mais je continue à tailler ma pierre pour conforter ma place dans la construction de l'édifice. Et s’il arrivait de m’égarer tout comme la parabole de l’enfant prodige relaté dans Luc : 15, je dois me rappeler du cinquième pas pour me ramener à la rectitude rationnelle. 

Que la « flamboyance » de l’Etoile soit toujours pour moi le symbole de l’amour et du feu qui a été allumé dans mon cœur d’Initié ! Que la Sagesse puisse toujours m’instruire, la Force me soutenir et la Beauté décorer mon cœur !

J’ai dit

Au\ ELL\ 


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