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Sphère terrestre et Sphère Céleste

« Ny andon’ny lanitra sy ny tsiron’ny tany anie ho aminareo ». Ce vœu, issu de notre tradition culturelle, est un appel aux ressources inépuisables de la terre et du ciel pour le maintien et le développement de la vie, individuelle ou collective. Transposé dans notre vie maçonnique, il démontre l’immensité du champ de notre quête de la vérité et de la lumière. L’interprétation ou l’harmonie entre ces deux mondes, constitue pour le franc-maçon un immense espace de réflexion. Faisant partie des outils symboliques et traditionnels du compagnon franc-maçon, ces deux éléments sont représentés en loge  travaillant au 2ème degré lors de la cérémonie d’augmentation de salaire par la sphère terrestre et la sphère céleste placées à l’orient.

Tel est en effet, ce midi, le thème de notre planche : la sphère terrestre et la sphère céleste.

Pour arriver au bout de cette réflexion, permettez moi de faire, avant tout, un bref retour sur le parcours initiatique du nouvel apprenti, afin de le situer par rapport à sa démarche et à l’évolution de son environnement pour arriver enfin en loge de compagnon où ces deux sphères lui sont apparues pour la première fois.

« Né de la poussière, tu redeviendras poussière » dixit l’évangile. Le cycle de vie de l’homme s’articule autour de la terre. Elle accueille l’Homme dans son intégrité physique. C’est par elle également qu’il est éprouvé en premier lieu dans sa phase d’initiation et sa quête de la lumière. Dans cette épreuve de la terre, il est invité à effectuer trois voyages. Le premier voyage se rapporte à l’air, le second à l’eau et le troisième au feu. Tous ces éléments ont concouru à la purification de l’apprenti durant cette épreuve. Ces épreuves sont destinées à lui montrer la route qui conduit à la lumière. Une démarche dont la finalité est de dégrossir la pierre brute, en la travaillant avec des outils symboliques, notamment le maillet et le ciseau. Avec ces outils, l’apprenti travaillera sur lui-même, il taillera lui-même sa pierre et parviendra à la rendre parfaite à son gré. Elle deviendra la pierre cubique, le chef d’œuvre, aboutissement de son travail. En ayant recours à l’équerre dont la propriété est de rendre les corps carrés.

L’équerre représente en un sens l’action de l’homme sur la matière et dans un autre sens, l’action de l’homme sur lui-même. La matière étant symbolisée par la sphère terrestre. Quand à l’opposée de la matière, la pensée, ou l’esprit est dans l’ésotérisme maçonnique symbolisée par la sphère céleste. La pansée qui, intellectuellement, est à l’image du compas. Un autre outil symbolique associé habituellement à l’équerre. Tous les deux (l’équerre et le compas) forment d’ailleurs, avec le volume de la loi sacrée, « les trios grandes lumières » de la franc-maçonnerie du REAA. Ils symbolisent respectivement, la Loi cosmique, la Terre et le Ciel.

Puisque nous parlons de sphère terrestre et de sphère céleste, une certaine similitude les apparente en effet à l’équerre et au compas. Si le travaille du maçon sur terre est d’abord sur la matière et qui commence au grade d’apprenti. Sa recherche sans limite de la vérité et de la lumière le pousse à aller plus loin, à explorer l’univers en travaillant sur sa pensée et sur son esprit.

Mais cet univers, le perçoit-il donc de la même manière depuis toujours ?
Pour apporter y une petite lumière, je me permettrais de faire un voyage dans le temps à ce sujet.

Les Chinois, les Babyloniens et les Egyptiens ont peuplé les cieux de dieux dont l’une des préoccupations consistait à remplir des panthéons infinis. Des siècles après, les Grecs se sont rendus compte que l’Homme est à même de déchiffrer l’Univers.

A son tour, Pythagore pensa que l’Univers est composé de 10 sphères concentriques aux trajectoires circulaires s’ajustant parfaitement autour d’un feu central. Aristote et Ptolémée y ajoutent d’autres sphères et placent la Terre au centre de l’Univers. Une théorie qui a duré près de 15 siècles.

Quant à Nicolas Copernic, en situant le soleil au centre de l’Univers, il déplaça la terre au rang de planète. Cette théorie a bouleversé l’histoire de l’homme, en lui faisant comprendre qu’il n’est plus le nombril de l’Univers. Quelques années plus tard, un astronome danois, Brahe, démontre que l’orbite des planètes est ovale et réduit ainsi à néant la conception des sphères. Et enfin, à notre ère, la science et l’astrophysique nous précisent que le soleil n’est pas le centre de l’univers.

Et que découvririons nous encore demain, à ce rythme ??

Pour le franc-maçon, dans tous les cas, le temple est l’image de l’univers. Ce temple est la réalisation matérielle du tableau de loge. Et si nous nous référons au tableau de loge de compagnon, les deux sphères sont placées sur les deux colonnes. La sphère terrestre sur la colonne J :. et la sphère céleste sur la colonne B :. Par contre, dans la disposition réelle en loge bleue au grade de compagnon, lors de la cérémonie d’augmentation du salaire, les deux sphères sont placées sur le plateau du V :. M :.  La sphère terrestre du coté septentrion, et la sphère céleste à l’occident.

A mon avis, ceci reflète beaucoup plus nos convictions dans la mesure où l’apprenti, siégeant au septentrion et travaillant sur lui-même, sur la matière peut être symboliquement se retrouver dans la représentation de la sphère terrestre. Cette dimension, spatiale et temporelle constitue son champ d’action. Pour le compagnon, placé à l’occident, la sphère céleste souligne que c’est l’univers tout entier qui s’offre à ses investigations et qui représente désormais le domaine dans lequel il a à travailler pour réaliser sa pierre cubique.

Pour le profane, le ciel et ses brillantes étoiles sont signes de l’immensité de l’univers, mais également un formidable moyen d ‘orientation. Pour le nouveau compagnon que je suis, après avoir purifié mon esprit par d’intense travail intérieur, s’ouvre le vaste domaine de la pensée. Un travail long et fastidieux pour parfaire ma propre connaissance par l’observation, le raisonnement et la méditation.

A la lumière de mon âge maçonnique, ma démarche permet un écart passager d’imagination suivi d’un prompt retour à la rectitude rationnelle. Mais lors de la réalisation de la présente planche, je me rends compte que l’écart a été trop long, et qu’il est encore temps pour moi d’approfondir la démarche classique de l’apprenti, mettre un pas devant l’autre et de recommencer…..

V\ M\ , j’ai dit.

E\ R\

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