Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Métamorphose des sens A la gloire du Grand Architecte de l’Univers, vénérable maître et vous tous mes frères en vos grades et qualités, je dois reconnaître que j’ai choisi ce sujet à forte résonnance pour moi, sans vraiment savoir comment j’allais le traiter, je peux vous avouer que j’ai eu beaucoup de difficultés pour accoucher de ce travail. D’une part, je n’ai trouvé que peu d’écrits concernant « La métamorphose des sens », du moins en ces termes. C’est donc un travail qui s’est fondé sur le ressenti personnel d’un processus de dépassement, de transformation de la démarche initiatique, mais qui m’a demandé de nombreuses lectures. Avant toute chose, il s’est agi de retranscrire ce processus de façon claire et compréhensible. Ce travail tient à respecter et prendre en compte le grade d’apprenti afin de leur apporter aussi un éclairage sur les notions de : - Métamorphose La métamorphose : Etymologiquement, ce mot est composée du grec : Méta « qui dépasse », et de : morphosis « forme » désignant un mouvement général qui aboutit à un changement de forme (transformation de sa propre essence). Le chemin de la « Métanoïa » est celui d’une transformation de soi-même, permettant à chacun d’être en mesure de s’incorporer dans un édifice commun. Dans une autre perspective logico sémantique, il est possible de percevoir en « métamorphose » deux interprétations : celle d’une modification des apparences ou celle de déformation, en tout cas une mutation profonde touchant plutôt au comportement des entités concernées. La modification des apparences peut être un état naturel évolutif tel que la transformation du papillon passant de l’état larvaire à l’état adulte sous la forme du papillon, comme l’homme qui de nourrisson devient adolescent, puis adulte et enfin vieillard, avec chaque fois une modification des cellules, de l’apparence, de la forme mais aussi de l’esprit. Ces transformations permettent à chacun de se projeter dans un « devenir autre ». Cette métamorphose inhérente à l’humanité peut être allégorie, compliquée, perturbée par la maladie, la solitude, la réclusion, ou la dépendance ; rappel insolent de notre impermanence. D’une certaine manière, on peut perdre ou gagner en humanité. Par ailleurs, si cette métamorphose des sens nous amène à donner du poids à notre démarche spirituelle, gardons-nous d’une transformation obsessionnelle qui pourrait nous éloigner de nos proches. Déformation ou « reformation » spirituelle : Cette forme de métamorphose remet en question les frontières entre matière et esprit, il y a davantage de liens entre esprit et matière, qui sortirait transformée grâce à la puissance de l’esprit et amènerait le corps à se transfigurer. Bede GRIFFITHS disait : « Il n’y a pas de transcendance parfaite sans immanence, et inversement… » Je ne vais pas aborder un travail de description ou de définition des 5 sens dans le cadre de la Franc-maçonnerie car ceci correspond à une approche d’un autre grade que celui des apprentis mais je préfère le relier avec chacun des voyages effectués par tous lors de notre initiation. En effet depuis mon engagement, j’ai l’impression que chacun de mes sens s’est modifié en profondeur tout au long de mon chemin initiatique, cela ayant des répercussions dans ma vie de profane. Par ordre croissant, je vais souligner tous les caractères évolutifs de chacun de mes sens (en commençant par l’odorat, en passant par le goût, la vue, le toucher et pour terminer par l’ouïe). L’odorat : Je l’associe au premier voyage « la terre » de l’apprenti et son passage dans le cabinet de réflexion, dans la caverne. Celui-ci permet d’analyser les substances chimiques volatiles (odeurs), de sentir et ressentir : pour connaître autrement les choses, les faits. C’est l’accès à un état physique qui transcende l’odeur par une compréhension différente par anticipation. Ainsi, est-on plus sensible aux vibrations, à quelque chose d’impalpable. Mais à l’inverse je peux aussi réagir vivement et « ne pas sentir cette personne » : forme de détestation s’appuyant sur des sens en éveil. Le goût : C’est un sens qui permet d’identifier les substances chimiques sous forme de solution en passant par l’organe de la langue. Ce sens est associé à l’eau, élément du troisième voyage de l’apprenti. Goûter les choses revient à les manger en recherchant le déséquilibre ou l’harmonie entre aliments salés, sucrés, amers ou acides non visible. Prendre goût à : c’est une attirance, un désir, une dépendance. Ce sens s’est affirmé par un goût prononcé et une appétence pour la lecture, le silence, la méditation, la prière, le recueillement, la rencontre, le travail, la réflexion… Le goût aux multiples états d’Etre, découvertes de l’inconnu, du non visible. La vue : Ce sens permet d’observer et d’analyser l’environnement à distance au moyen de rayonnements lumineux à travers un organe qui est l’œil. Ce sens correspond au feu, quatrième voyage de l’apprenti (rayonnement lumineux). Ce sens aide à percevoir les éléments matériels, les couleurs et les formes. La métamorphose de ce sens amène à développer ses facultés : avoir des points de vue, des visions. Avoir une vision et s’approcher des mystères, c’est deviner avant de savoir et d’une certaine manière s’approcher du Divin pour le croyant. Avoir une vue des choses permet de relativiser ces mêmes choses, les voir sous différents angles sous de multiples facettes. Le toucher : Sens tactile, le toucher donne des informations par le contact, l’exploration, la reconnaissance. Sens correspondant à l’Air, cet élément fait partie du deuxième voyage de l’apprenti lors de son initiation. Le toucher est le premier sens qui se développe chez le fœtus humain, le potentiel érogène du toucher lui confère une place centrale dans la vie humaine. Etre touché : comme être sensible, ou expérimenter la puissance de son âme. Ce peut être aussi une forme de dépassement : « être touché par la grâce » : comme une forme d’appel de quelque chose d’impalpable. Le toucher permet la fraternité par les mains dans la chaîne d’union, jusqu’à recevoir cette chose impalpable l’Egrégore, symbiose collective qui donne de la force. Autre moment fort du toucher lors de l’initiation, l’instant où le maitre nous touche avec l’épée flamboyante pour créer, pour constituer et recevoir le nouveau frère. Enfin, l’ouïe : Dans les textes de la tradition, l’ouïe correspond à l’Ether. Ce sens permet de percevoir les sons, comme d’entendre le silence, entendre autrement, comprendre sans mot. L’ouïe fine : est celle qui permet de comprendre l’imperceptible comme par exemple l’harmonie dans la musique. La métamorphose des cinq sens apporte un grand désir de sortir de toutes les formes intérieures et extérieures, conscientes et inconscientes, de toutes les formes de contraintes que ce soit : les instincts, les émotions ou les idées. C’est le désir du souffle (pneuma), le désir de l’expérimenter, la capacité de faire de sa propre vie humaine une conscience d’Etre. Ce que nous cherchons, nous le sommes déjà, ce que nous demandons nous est déjà donné, la poursuite de notre démarche spirituelle et initiatique permet d’avoir la sensation d’être guidé, d’être accompagné vers une certaine conscience d’être à travers l’évolution de nos cinq sens. La métamorphose en franc-maçonnerie : Elle agit grâce à la tradition initiatique ritualisée selon des rites sinon immortels du moins immuables. Il nous faut passer par VITRIOL (Visita interiora terrae rectificando invenies occultum lapidem)pour accéder à la connaissance de soi et de l’autre. C’est-à-dire un voyage intérieur, qui seul permet la connaissance de soi donc la maîtrise de son égo, n’est-ce-pas le sens du rituel quand il dit « tailler la pierre brute ». C’est un ordre séculier dont la finalité est la libération de l’homme par la voie initiatique. Pour être mis sur la voie, il faut que l’individu soit qualifié pour recevoir l’influence spirituelle dont nous sommes seulement les gardiens et les défenseurs, cette influence spirituelle est renforcée à la fois par l’assiduité aux tenues et par la pratique de notre rite le REAA ce qui nous permet de passer de chercheur à cherchant. Etre cherchant c’est partir du principe que l’homme par nature est un être inachevé et ne peut s’accomplir qu’en recourant à un autre que soi. N’est-ce pas la lumière où plus particulièrement pour les francs-maçons, les trois grandes lumières qui deviennent outil de transformation en étant les symboles de la manifestation de la transcendance, se confrontant à notre partie d’ombre. Elles deviennent d’une certaine manière le symbole de la purification (Catharsis). Mes frères apprentis et compagnons, notre chemin est une forme de combat entre ténèbres (inertie matérielle) et élan spirituel vers la lumière, c’est un conflit permanent et latent. « Sauve-moi de la matière et des ténèbres... » supplie la Pisti Sophia (traité gnostique grec) et inversement PLATON dans la Lettre VII écrit : « Soudain une lumière, comme un feu jaillissant surgira dans l’âme… ». Ce cheminement maçonnique me donne à contempler l’invisible à travers le visible, apporte ce morceau d’univers qui m’est confié, avec un peu d’ordre, de beauté, d’amour et tout notre environnement visible et invisible peut en profiter. C’est au travers du sacré que l’homme dépasse cette immensité de l’univers. La devise qui est au-dessus de la porte de notre temple le rappelle : « Ordo ab chao » donc une cosmologie : discipline du silence, un lien sacré selon l’axe du monde. Rappelons-nous que nous sommes une parcelle de l’univers, ce qui nous permettra de poursuivre l’œuvre à l’extérieur, celle commencée dans le temple. Il faut passer de soi à soi pour pouvoir passer ensuite à l’autre en replaçant l’inconscient individuel et l’inconscient collectif au centre de notre démarche. C’est Michel BARAT ancien Grand Maître de la GLDF qui évoquait même l’acquisition « d’un nouveau regard » sur le monde. Notre démarche est une qualification de l’être, la réceptivité « Karmique » de chacun, recherche d’une transcendance poussée par la conscience de notre incomplétude. Cheminement personnel : Je pratique quotidiennement la méditation, en faisant le vide et en évoquant soit un mantra (incantation), soit un dhikr (invocation soufie). Cette répétition est à la fois spirituelle et corporelle car c’est le corps qui psalmodie. Cette pratique me permet de ressentir chaque matin mon corps, mon cœur, mon esprit, mon Etre en lui donnant dès le matin une place avec tous ses sens et ses silences. Je respire en sa présence. Je crois que la méditation n’est pas éloignée de la prière, elle est une autre forme de recueillement. Suivre une voie initiatique revient à poursuivre année après année un chemin vers le cœur de l’essentiel. Pour conclure, une phrase sur la métamorphose de René GUENON : « En réalité c’est la forme qui n’est rien et l’informel qui est tout, le Nirvana, bien loin d’être l’anéantissement comme l’ont prétendu certains philosophes, est au contraire la plénitude de l’être… » V\ M\ et vous tous mes f\. J’ai dit… D\ B\ |
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