Obédience : NC Loge : NC Date : NC
   
La Perception des Sens au Grade de Compagnon

Lors de la cérémonie d’initiation, le vénérable maître informe le récipiendaire des desseins de la franc-maçonnerie et précise : « nous travaillons ensemble et sans relâche à notre amélioration ; nous cherchons à accoutumer notre cœur à ne se livrer qu’à de belles affections, notre esprit à ne concevoir que des idées soli-des de valeur et de vertu. Ce n’est qu’en réglant ainsi ses inclinations sur les principes de la morale, que l’on parvient à donner à son âme ce juste équilibre de force et de sensibilité qui constitue la sagesse, c'est-à-dire la science de la vie ».

Un des buts de la franc-maçonnerie est donc de donner à son âme ce juste équilibre de force et de sensibilité. Donner à son âme de la sensibilité nécessite alors une relation avec le domaine des sens. Car par sensibilité on peut comprendre : « fonction du système nerveux qui assure, grâce aux organes sensoriels, la détection et la perception de modifications physiques ou chimiques survenant au niveau du corps ou de son Environnement ».

En effet les modifications de nature physique sont perçues par la vue, l’ouie et le Toucher. Le goût et l’odorat, eux, donnent à l’organisme des informations de nature chimique. Toutes ces informations  vont donc remonter à notre intelligence, qui elle, va discerner, trier les impressions qui agissent sur notre être. Ces impressions qui agissent sur notre être forment notre personnalité, notre mode de fonctionnement, notre ego, notre âme. Ainsi, pour procéder à l’amélioration de soi-même, car cela est aussi un des buts de la franc-maçonnerie, et donc essayer de s’approcher de la perfection, l’intelligence va décortiquer les informations véhiculées par les sens et en retour va s’apercevoir que les sens ont besoin d’être guidés et redressés.

Le maillet de l’expérience, du travail constant, va guider nos sens sur la voie de l’amélioration de soi, afin de ne pas suivre de mauvaises voies. Le ciseau de l’entendement, de l’intelligence va redresser les sens pour qu’ils deviennent plus affinés, pour ne pas les laisser retomber aux préjugés du vulgaire. L’amélioration de soi-même passe aussi évidemment par une connaissance de soi-même afin de faire disparaître avec le ciseau de la morale toutes les aspérités que l’on reconnaît en soi.

Nous ne pouvons continuer ce discours sans faire référence à Socrate. D’après Yvon Garlan (auteur de : « La sagesse, un art de l’homme, le miracle grec »), c’est lors d’un voyage à Delphes, que l’illumination survint à Socrate lorsqu’il vit écrit sur le temple : « Connais-toi toi-même ». Yvon Darlan ajoute : « cette sentence n’avait pour objet que de rappeler à l’homme qu’il n’était qu’un homme : elle signifiait, dans l’esprit de Socrate, qu’il n’était pour l’homme de connaissance que de lui-même. La méthode de Socrate suppose que toutes les choses de l’âme peuvent être pénétrées et définies par le moyen de l’intelligence, que tous les recoins de l’âme peuvent être éclairés par le faisceau lumineux de la raison dialoguée. » Fin de citation.

Mais, cette connaissance de lui-même, n’amène-t-elle pas l’homme à la connaissance de l’univers ? Cet univers d’ailleurs représenté symboliquement dans la loge et aussi par les sphères terrestres et célestes lors de la réception du compagnon ! Ou inversement la connaissance de ce qui est au dessus de l’homme ne l’incite-t-elle pas à se connaître lui-même ? Du microcosme au macrocosme le voyage est infini !

Lors de la réception du compagnon, le vénérable maître précise après le 1er voyage : « dès l’antiquité la plus ancienne fut constatée une correspondance et une proportion d’une haute portée symbolique entre les sens physiques et les sens ou facultés de l’âme ». En effet, ne dit-on pas que les yeux sont le reflet de l’âme ? Qui n’a pas entendu parler du 3ième œil ? Les musiciens utilisent souvent l’oreille interne ! Les expressions relatives au cœur donc à l’âme sont nombreuses : regarder avec les yeux du cœur, sentir et ressentir avec le cœur, être touché au plus profond de son cœur… Les sens agissent bien d’une certaine façon sur les facultés de l’âme.

Les sens n’ont-ils pas été des outils indispensables pour les maçons opératifs, les bâtisseurs de cathédrales ? Les bâtisseurs utilisaient sûrement leurs sens pour tailler les matériaux, les pierres aux dimensions auxquelles elles étaient destinées. Ils regardaient les pierres, les touchaient, les écoutaient sonner et vibrer au choc du ciseau, les sentaient au propre comme au figuré, tout cela afin de choisir librement les bons matériaux destinés à la construction des édifices sacrés. Mais ces bâtisseurs de cathédrales, qui ont construit des chefs d’œuvre, notamment à l’aide du nombre d’or, n’ont-ils pas cherché à solliciter nos sens, notre individu, notre âme et ainsi nous élever vers le divin ? Mais ce nombre d’or, ou proportion divine, ne sollicite-t-il pas inconsciemment nos sens intérieurs cachés ? Et eux-mêmes, ces maîtres d’œuvre, n’ont-ils pas exploité des sens cachés au plus profond de leur être ? Des sens sans organes physiques mais doués de facultés innées immenses.

Le sens de l’équilibre, qui au premier degré nous sert à tenir debout et nous déplacer, peut se rattacher symboliquement à l’esprit : la recherche de ce juste équilibre de force et de sensibilité qui nous renvoie à la sagesse, ou bien la recherche de l’harmonie, de la beauté dans la construction constante de notre temple intérieur.

Le sens de gravitation ou de gravité, qui nous fait prendre conscience de l’attraction terrestre en outre et nous donne une illustration de la perpendiculaire, mais nous trace aussi le chemin de l’élévation vers le ciel, vers le divin.

Le sens d’orientation, qui nous aide à trouver notre chemin en général, mais symboliquement nous guide vers l’orient, la lumière, la vérité.

Le sens de l’intuition peut nous aider éventuellement à découvrir dans le monde profane les futurs maçons spéculatifs de demain.

Le sens de la beauté, de l’amour, du cœur, indispensable dans notre chemin maçonnique, d’une part pour sa construction personnelle et puis pour rayonner en dehors de la loge et ainsi achever l’œuvre commencée dans le temple. Mais ces sens cachés peuvent-ils être en étroite relation même symbolique avec les organes de nos sens visibles ? Ne dit-on pas que dans l’oreille se trouve le centre de l’équilibre ? Le contact ou le toucher avec la terre illustre parfaitement le sens de gravitation. Au premier degré le sens d’orientation nécessite bien l’usage de la vue. N’utilise-t-on pas l’expression : « avoir le nez pour… » Autant que celle-ci : « avoir l’intuition de… » ? Les expressions suivantes : « faire avec goût… » Ou : « faire avec amour » ne sont-elles pas semblables ?

Lors de la réception du compagnon, le premier voyage amène le compagnon au pied de la colonnette beauté où se trouve le nom des cinq sens et le vénérable maître précise : « maintenant en qualité de compagnon, il faut que vous appreniez à tailler les matériaux aux dimensions de la place qu’ils occuperont, selon les plans tracés par les maîtres, et à leur donner le poli qui contribuera à la beauté de tout l’édifice ». En effet rien ne sert de tailler une pierre qui n’est pas adaptée aux dimensions de sa destination !
Ces dimensions requises pour insérer cette pierre, en l’occurrence le compagnon, sont symboliques et représentent des dimensions morales.

Ainsi, pour tailler cette pierre, les sens visibles et cachés peuvent jouer le rôle d’outils spéculatifs. Cette pierre devra être équilibrée et ainsi tendre vers la sagesse, elle devra être orientée toujours vers la lumière, être intuitive pour pouvoir ressentir un frère dans le besoin, rayonnante d’amour grâce à son poli, mais de toute manière rester les pieds sur terre. Les sens sont bien des outils indispensables pour notre progression maçonnique, et nous obligent à une constante humilité face Au Grand Architecte De l’Univers.

J’ai dit,

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