Les cinq pas
de la marche de compagnon
Le sujet de ce
soir est « les 5 pas de la marche de compagnon
». Chaque degré a sa marche, correspondant
à un aspect spirituel et initiatique du rituel. Pour le
grade d’apprenti, il consiste en trois pas, faits en ligne,
le pied gauche dans l’alignement de l’est, le pied
droit en équerre. Le pied gauche avance et le pied droit
suit le mouvement en gardant le contact avec le sol. Le tout en
étant à l’ordre de grade
d’apprenti. Pour le grade de compagnon, on fait les
trois pas de l’apprenti en étant à
l’ordre du degré d’apprenti, on
salue en faisant le signe pénal, puis on accompli les deux
pas supplémentaires qui caractérisent la marche
de compagnon: un pas vers la droite et en avant, en partant donc du
pied droit. Un pas en avant vers la gauche, donc en partant du pied
gauche. Et le tout à l’ordre de compagnon, main
gauche levée paume en avant, main droite les doigts
repliés sur la poitrine comme si on voulait arracher son
coeur.
Que peut-on en penser ? Il est intéressant de voir que la
marche de compagnon n’est pas une nouvelle marche,
c’est un ajout à la marche de
l’apprenti, un complément, un
développement, marquant ainsi que le compagnon
bâti sur ce qu’il a déjà
construit et appris dans le degré d’apprenti et en
utilisant cela pour aller plus loin. Et les deux pas
supplémentaires rapprochent le maçon toujours
plus près de l’orient. Il est
intéressant de voir aussi que, si l’apprenti
marche de manière rectiligne, de manière
unidirectionnelle, le compagnon, lui, marche alternativement
à gauche et à droite, traçant ainsi un
plan, toujours les pieds collés au sol, indiquant par la
que, quoique capable d’imagination et de
créativité, il reste encore quelque part
lié à sa condition première, et
incapable de dépasser pour l’instant ce stade. Et
aussi il y a usage des deux pieds comme point de départ,
alternativement droit et gauche, côté passif,
côté actif, et toujours en biais.
Il est intéressant aussi de noter que le premier pas
supplémentaire du compagnon est fait en
déplaçant le pied droit, le coté droit
étant le coté actif et intellectuel, et que le
2ème pas ramène le compagnon vers la gauche, en
déplaçant le pied gauche, coté du
sentiment, indiquant ainsi que le compagnon est sensé
établir l’équilibre entre la
connaissance intellectuelle et l’affectivité,
entre la raison et le sentiment. Car la vraie maîtrise
nécessite l’équilibre entre ces deux
aspects.
Le compagnon est sensé voyager et apprendre, comparer et
connaître la marche de compagnon décrit une
surface plus grande et plus significative que celle de
l’apprenti. En classe de compagnon on apprend les 5 arts
libéraux, et un certain nombre de choses nouvelles et une
certaine autonomie, tout cela le coté marche en
biais le symbolisme. Ce n’est pas la démarche
droite et sans imagination déjà connue, mais un
pas plus interrogatif. Il est amusant d’ailleurs de voir que
la marche de compagnon décrit un point
d’interrogation sur le sol, le point
d’interrogation du compagnon qui n’est plus
apprenti mais qui n’est cependant pas encore
maître. N’emploie t’ont pas
l’expression « aller à droite
et à gauche » pour indiquer la
recherche et le voyage ? Alors que l’apprenti se contente de
faire ses premier pas en maçonnerie, le compagnon, lui,
commence déjà à explorer son nouvel
univers maçonnique ! Des frères m’ont
dit, parlant des trois degrés des loges bleues, que on est
initié apprenti, que l’on passe compagnon, et que
l’on est élevé maître. Tout
ceci indique bien que le 1er degré est vraiment une
introduction, donnant juste la lumière perceptible
par l’initié, ceci étant bien indique
par les trois pas droits et nets de l’apprenti.
Cela indique aussi que l’on passe compagnon:
progrès certes, mais le terme
«passer» indique une continuité, comme
il y a continuité de la marche de compagnon à
partir de celle d’apprenti. Alors que le terme « élevé
» pour le maître semble devoir indiquer quelque
chose de diffèrent. Si nous dépassons le simple
aspect matériel de la marche de compagnon pour essayer
d’y voir ses implications philosophiques nous voyons
qu’elle est bien basée sur ce chiffre 5 qui
désigne l’étoile flamboyante, la lettre
G, et tout le symbolisme du quinaire avec toutes ses
conséquences et significations numériques et
ésotériques. L’homme qui regarde vers
le ciel, bras et jambes écartées, dessine un
pentagramme symbolique.
Le chiffre 5 est le chiffre de l’homme, de la
liberté humaine, de la conscience individuelle.
C’est le nombre nuptial pour les pythagoriciens,
l’union du premier pair, 2 et du premier impair, 3.
L’utilisation répétée du
chiffre 5, y compris dans la marche de compagnon mets bien
l’accent et la lumière sur l’aspect
liberté du compagnon qui croit commencer à
comprendre la maçonnerie et sa rituélie.
J’ai bien dit « croit comprendre
», car la réalité semble reculer
toujours à mesure qu’elle semble être
plus proche.
En deuxième partie de ma planche, il me semble
nécessaire de revenir sur le signe d’ordre de
compagnon tels que décrit plus haut. Car la marche ne
consiste pas seulement en une marche sur le sol, mais aussi en des
signes qui l’accompagnent. Que peut-on dire du signe
d’ordre de compagnon ? Il comporte deux parties : main vers
le haut, paume en avant, indiquant sa pureté
d’intention et son intérêt
pour le monde spirituel. La paume en avant, main
levée est un signe universel de paix et de
fraternité. Elle se fait de la main gauche, main du coeur,
main de l’affectivité. Et indique que pour le
compagnon comme pour tout maçon digne de ce nom, la paix, la
fraternité et la compréhension
tolérante doivent être le maître mot. Et
le signe pénal, mains sur le coeur indiquant qu’on
préférerait se l’arracher que faillir.
Elle se fait de la main droite, main de la volonté, de la
décision, de la conscience. Entre la partie apprenti et la
partie compagnon, on salut en faisant le signe pénal, donc
il s’agit bien dans le cas de la marche comme du signe
d’ordre d’un acte fait en deux temps.
Partie apprenti, partie compagnon. Et cette marche et signe
d’ordre en deux temps récapitule ainsi les deux
premiers degrés de notre rite. En conclusion, je dirais que
chaque élément du rituel quoique
isolé, récapitule quelque peu
l’ensemble de l’enseignement du degré :
le symbole est toujours plus clair bien souvent, que bien des discours
! Si le compagnon est celui qui est sur la voie de la connaissance de
soi, de l’autre et de l’Univers, en attendant la
vraie maîtrise, le symbolisme de sa marche de compagnon en
est bien sa synthèse symbolique ! Pour clore, je dirais que
je me suis exclusivement appliqué au REAA tel que nous le
pratiquons, sans s’inquiéter des autres rites ou
cela peut être différents, voir inverse !
Voila,
j’ai dit, V\ M\
S\ M\
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