Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Le compagnon de la règle a l’équerre V\ M\, frères dignitaires et vous tous mes frères en vos grades et qualités, j’ai le privilège de vous présenter à l’orient de ce temple une planche : le compagnon de la règle à l’équerre. Le travail qui m’a été demandé de vous présenter en ce jour met en relief, selon moi plusieurs aspects. D’emblée, nous constatons qu’à travers l’intitulé, nous avons l’idée d’un chemin, d’une voie, de la nécessité de passer par la Règle afin d’aboutir à l’Equerre dans la tradition des compagnons. Ainsi je vous propose d’articuler mon travail en passant par la symbolique de la règle, puis celle de l’équerre et enfin, de découvrir ce qui peut naître de l’interrelation de ces deux symboles. Symbolisme de la règle La Règle se dit en latin regula soit : règle, norme, précepte et signifie pour le maçon, la régularité dans l’application des principes maçonniques à la vie courante, tant initiatique que profane. Son symbolisme est multiple, et nous le retrouvons sur différents plans : social, naturel et initiatique. Sur le plan social, l’existence de la règle dans notre société n’est pas à démontrer. Comme nous le savons, elle permet de définir les rapports entre les hommes d’une part et les organisations d’autre part, car là où elle est absente, apparaît le chaos, la loi de la jungle. Ainsi nous pouvons dire qu’elle a une fonction protectrice, car elle permet à tout un chacun de vivre et de s’épanouir dans l’ordre établie. Sur le plan naturel, nous retrouvons son indéniable cohérence par la succession des jours d’après le cycle lunaire, des mois selon la rotation du soleil, et l’organisation du monde de l’échelle cosmique à l’échelle corpusculaire. Elle est la parfaite manifestation de la Mâat, principe de justice et d’harmonie qui régit, règle la naissance et le développement de toute forme de vie. Sur le plan initiatique, la Règle se retrouve dans toutes les traditions des bâtisseurs. Au sein de notre respectable institution, le premier degré de compréhension de la Règle est le règlement général. Par son application, elle apporte une sérénité à nos travaux et de surcroît, protège le V\ M\, car elle lui permet de s’abriter sous l’autorité de celui qui l’a dictée en l’occurrence la Grande Loge Symbolique et est aussi pour tous maçons le même référent. Les Francs-Maçons d’aujourd’hui, comme ceux d’hier et ceux de demain se trouvent tous assujettis à l’autorité cognitive de la Règle. Néanmoins, elle doit être parfois flexible contre les faiblesses de la nature humaine et les aléas de l’existence. D’autrefois elle doit être implacable, car dans la voie initiatique chacun reste responsable de ces actes ou attitudes, avec tout ce qui peut en découler. L’initiation au 2ème degré est significative. L’apprenti, après avoir reçu le maillet et le ciseau et commencé à battre en rythme sur la pierre brute, ce terrible emblème de lui-même, pénètre dans le temple avec la Règle de 24 pouces en main gauche dont l’extrémité supérieure appuyée sur l’épaule gauche. Les 2èmes, 3èmes, et 4èmes voyages se font aussi à l’aide de la Règle. Une évidence s’impose, nous ne pouvons omettre l’importance de la Règle dans la construction du temple, à fortiori de nous-même. Mais, qu’elle est cette Règle ? Avant d’y répondre référons nous à la Tradition des bâtisseurs. Quel homme ou quelle femme peut rester insensible devant une belle cathédrale, une mosquée une pyramide hors de toutes considérations religieuses ? Pour pouvoir communier avec le divin, ne faut-il pas construire l’édifice qui nous mettra en résonance harmonique avec Lui ? Pour que tout soit en harmonie, rien ne doit être laissé au hasard ; le lieu d’implantation de l’édifice, son orientation, la place et la forme des ouvertures, la hiérarchie des emplacements…, tout est porteur de sens. L’édifice achevé devient alors le lieu d’enseignement par excellence ; tout ce que l’homme en quête du sacré doit connaître lui est enseigné par la cathédrale, souvent décrite comme « la bible des pauvres ». Ainsi les hautes conceptions de la théologie et de la science parviennent jusqu’aux plus humbles. L’acte de bâtir est la formulation du mystère, la matérialisation du Sacré afin de ressentir sa présence. Ce sentiment de quiétude, de joie, de beauté est la résultante de la Règle : la géométrie sacrée, expression de la Loi des Nombres. Par définition le Nombre est une entité abstraite, dans le sens « absence de Trait », donc invisible ; aussi pour qu’elle puisse exprimer sa plénitude ici-bas, elle a besoin du Trait, d’une enveloppe : la figure géométrique. Ainsi toute figure sert de support matériel au Nombre. Dans toutes les constructions sacrées, la présence du mystère est rendue perceptible par l’architecture, fondée sur la mise en œuvre des Nombres, et des rapports afin de faire une place à la Lumière dans la pierre. La Règle des bâtisseurs est l’application de la géométrie sacrée, science de la formulation et de la construction de tout ce qui touche au sacré. Son objet est de formuler l’informulable, d’inscrire l’immatériel, l’immuable, l’intangible dans une forme qui le révèle sans le trahir. Symbolisme de l’équerre L’Equerre se dit en latin norma, signifiant règle, modèle. Ce même terme tire son origine du latin quadrare signifiant rendre carré. L’Equerre sert à établir ou à vérifier des angles droits. Elle est le symbole de la rectitude par excellence. Pythagore définissait son angle comme étant l’angle d’équité. C’est la rectitude de l’initié dans sa vie maçonnique et profane. Une rectitude triple, qui doit inspirer ses pensées, ses paroles et ses actions ; une rectitude à laquelle se rattachent l’honnêteté, la sincérité, la franchise, l’intégrité. Autant d’exigences réciproques qui, entre frères, dans la Loge, s’impose au cours des travaux ; autant d’exigences qui, dans l’existence quotidienne, distinguent le maçon de l’homme ordinaire. Poussons avec Jules BOUCHER l’interprétation de ce symbole, qui dans sa symbolique maçonnique, fait observer que la tradition pythagoricienne associe l’équerre au gnomon. Le gnomon est un mot grec possédant des sens très différents. Comme substantif, il signifie régulateur ou règle, aiguille de cadran solaire ou le cadran lui-même. Comme adjectif, il veut dire : qui connaît, qui comprend. L’Equerre est bien le symbole de la Gnose, de la Connaissance, et effectivement, dans l’alphabet grec la lettre G exprime cette même Connaissance figurée par un gamma, soit une équerre. Règle et équerre en interrelation Si nous avons pu dire en introduction de cette planche que l’intitulé fait apparaître l’idée d’un chemin, d’une voie, de la nécessité de passer par la règle afin d’aboutir à l’équerre dans la tradition des compagnons, il traduit aussi parfaitement sa marche. En effet la règle symbolise les 3 pas de l’apprenti et l’équerre les 2 pas du compagnon. La somme nous ramène au Nombre 5 premier mariage des Nombres, union du ternaire et du binaire selon la Loi des Nombres. Ce Nombre Cinq, est l’expression du pentagramme, l’étoile flamboyante, symbole de la Vie par excellence. Selon la genèse, la Vie est apparu au 5ème jour ; la cinquième lettre de l’alphabet hébraïque est le Hé, le souffle de Vie. Cette capacité à la reproduction est démontrée par la relation étroite entre le pentagramme, et le pentagone. En effet si l’on rejoint les pointes d’un pentagramme en traçant un trait, on obtient un pentagone, si l’on prolonge les côtés du pentagone ainsi obtenu d’un trait à droite et à gauche on obtient un nouveau pentagramme. Nous pouvons multiplier cette reproduction à l’infini en manifestant des figures géométriques différentes mais de même essence. Rappelons-nous mes frères que le mot de passe est schibboleth qui veut dire nombreux comme les épis de blé. La particularité de cette marche rituelle est de manifester le passage du grade d’apprenti à celui du compagnon, et sous l’angle de la Connaissance le passage du Trois au Cinq. Par la loi des analogies, caractéristique du symbolisme, l’équerre à pour vocation de rendre carré, inéluctablement apparaît le Nombre Quatre. Ainsi cette marche manifeste de façon caché la définition du triangle rectangle de Pythagore. Cette célèbre suite, Trois, Quatre et Cinq est aussi la corde d’arpentage des bâtisseurs égyptiens afin de délimiter un espace de rectitude où sera élevé le temple, le lieu où la terre sera sacralisée par la pratique des rites. Le symbolisme de l’équerre, permet de passer du Trois au Cinq par l’angle droit. Ce dernier à pour fonction d’élever la verticale afin de relier la terre au ciel, ou bien de faire sortir de la terre, et nous nous retrouvons en pleine symbolique alchimique: l’œuvre au blanc. Notre rituel nous rappelle cette injonction : c’est par la conscience que l’on est relié au divin. Ainsi il nous est demandé, à nous chercheurs, maçons en particulier de vivre en conscience. Alors, nous pourrions Devenir, et cela par l’application de notre libre arbitre qui sous-tend la maîtrise de soi, afin que nous ne soyons plus des automates, des hommes ballottés par leurs sentiments, leurs pulsions. En effet les cinq sens sont les véritables portes nous reliant avec nous même et au monde extérieur, ce sont les outils de la conscience. L’apprenti purifie tous ses sens, le compagnon les utilise pour construire. Par le développement et l’expérimentation consciente de chaque sens : la vue, l’ouie, le goût, l’odorat et le toucher l’initié pendra conscience de sa place dans la création d’une part et d’autre part, les organes de perceptions seront le support de perceptions immatérielles, un éveil à la sensibilité, l’intuition, la voie du cœur, particularité distinctive à son signe d’ordre. L’application consciente de tous ces sens, telle est la rude tâche de l’initié, lui permettra de vivre le présent, car le temps est UN et éternel. Le passé, le présent et le futur coexistent, seule la conscience se déplace. Deux anecdotes me permettront illustrer cette nécessité de vivre en conscience. La première extraite de la tradition chrétienne : Les disciples demandèrent au maître Jésus de définir satan celui que l’on appelle le malin. Et il leurs répondit : « si une chose est, elle est. Si elle n’est pas, elle n’est pas, ou si elle n’est plus, elle n’est plus. Croire qu’elle est alors qu’elle n’est pas ou elle n’est plus, c’est là que se trouvent le mal. Satan est le mental dé axé de la pensée divine ». La deuxième, extraite de la tradition orientale : « Des disciples demandèrent à leur Maître, le secret de la Sagesse. C’est simple leur répondit-il : quand je marche, je marche, quand je mange, je mange et quand je prie, je prie. Mais, s’exclamèrent les disciples, c’est ce que nous faisons tous ! Hélas non ! répliqua le Sage, quand vous marchez vous pensez à toute autre chose qu’à votre marche, quand vous mangez, vous pensez à ce que vous ferez après votre repas, ou encore à ce que vous faisiez avant, et quand vous priez, vous pensez davantage à vous qu’au Divin ». Vénérable Maître et vous mes frères j’ai dit. J\ M\ A\ |
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