GLDF Loge : Mykérinos - Orient de Créteil Date : NC

Le cheminement initiatique
de Compagnon

Le chemin n’est pas si éloigné rappelez-vous un homme vient vous quérir et vous enferme dans un local, plus tard vous serez qu’il se nomme cabinet de réflexion, là vous découvrez des tas de symboles d’inscription et vous devez faire vos testaments philosophique et individuel, vous allez être initié, vous êtes venus pour vous améliorer, augmenter votre savoir, découvrir et la première chose que l’on vous fait subir c’est un retour sur vous-même au plus profond de vous, la cérémonie d’initiation poursuivra ce travail sur soi.
Le travail en ce qui concerne l’apprentissage est négatif, vous devez vous départir de tous vos préjugés, de toutes ces idées que l’éducation la civilisation vous ont apportées. Par l’épreuve du miroir vous découvrez que vous pouvez être votre pire ennemi.
Il est tant de positiver de travailler pour passer du stade négatif à un travail positif, de démolisseur, devenir constructeur.

Quand le second surveillant vous juge digne et apte, pour une augmentation de salaire, il en fait part au VM qui en informera les Maîtres de la loge pour que l’apprenti présente un travail personnel et subisse un tuilage rigoureux.

A la suite de cette démarche, si les maîtres de la loge ont exprimé un vote favorable, le VM vous donnera une première marque de confiance. Le mot de passe de son nouveau grade « schiboulette » la bonne prononciation de ce mot permettait de passer le Jourdain suivant le livre des Juges ( Schiboulette devait être prononcé par les habitants de Galaad pour pouvoir traverser le Jourdain, ils le prononçaient en disant « si », alors que les Ephraïmites prononçaient « schi », c’était un moyen de lutter contre l’infiltration des ce derniers), une autre signification est épis de blé ; plus exactement « nombreux comme les épis de blé », cette traduction relie le blé à l’idée de multiplicité ; un autre sens est aussi donné au blé c’est la renaissance, au niveau de compagnon les deux sens sont étroitement reliés. N’oublions pas la signification étymologique de compagnon celui qui partage le pain.

Tous les mots ont leur importance, ainsi le mot d’élévation au second degré me choque, il n’y a pas élévation mais comme le dit le mot « schiboulette » mais  passage.

L’association de l’épi et traversée d’un cours d’eau accentue l’idée du passage d’un état à un autre. La rive de l’apprenti symbolise un état de nature encore confuse, pour se rendre à la rive du compagnon symbole de la terre déjà spiritualisée.
Le symbolisme du cours d’eau évoque l’écoulement des eaux, lesquelles comme la vie terrestre ne repassent jamais deux fois au même endroit, le futur compagnon ne descendra ni ne remontera le cours de l’eau, il le franchira avec plus ou moins de difficulté montrant ainsi que par son travail il a mérité de passer d’un état à un autre.

Le travail du compagnon consiste à passer de la connaissance de soi à la connaissance universelle. Passage du savoir-faire au savoir être

Il y a passage d’un état à un autre, il n’y a pas d’élévation le compagnon ne quitte pas le sol, ses pieds glissent sur le sol, ils dévient sur la droite mais reviennent rapidement dans le droit chemin. La liberté de circulation, d’agir est maintenue seule la parole peut-être prise, le silence est rompu, ce que peuvent regretter certains frères qui au début pouvaient se trouver frustrer de ne pouvoir s’exprimer, mais qui n’osent plus maintenant exprimer des idées, des faits qu’ils ne jugent pas dignes d’élocution.

Comment faire le travail paraît considérable surtout en employant le mot connaissance et non savoir ; le savoir s’acquiert par l’enseignement, la connaissance par les différentes phases des initiations, les maîtres doivent démontrer au postulant qu’ils ont en eux la connaissance,

Dans tous les contes, les légendes et bien entendu les mythes pour arriver à des fins différentes : s’aimer, découvrir la toison d’or ou pour tendre vers un idéal le héros doit passer par des épreuves, dans certaines civilisations il existe des rites de passage pour arriver à l’âge adulte, en maçonnerie ces épreuves sont constituées par les voyages, avec comme principe absolu, le premier définit l’endroit d’où l’on vient, le dernier l’endroit où l’on va, entre les deux plus ou moins de voyages qui constituent l’enseignement du grade.

Les voyages du compagnon se déroulent à l’extérieur dans la vie des autres. Ce sont des voyages où l’on se forme dans le contact avec autrui, par rapport aux voyages de l’apprenti qui sont eux intérieurs.

Dans tous les voyages un outil à un rôle passif, l’autre actif, pour bien démontrer leur complémentarité. Les outils passifs le maillet dirigé par la main, la règle qui représente la loi, le fil à plomb nos racines. Les outils actifs le ciseau qui modèle, le levier qui permet de déplacer le niveau pour l’équilibre

Le1er voyage rappelle tout l’enseignement du premier degré. Les 5 sens pour mieux se contrôler, et la maxime sur le fronton du temple de Delphes « Connais-toi toi-même, et tu connaîtras l’univers des Dieux », les outils symbolisent la construction de soi. Nous devons prendre conscience de nos imperfections de nos manques, le manuel d’instruction dit que nous ne devons pas  « nous mentir à nous même »

Le 2ème voyage : Par l’apprentissage des réalisations matérielles, le futur compagnon va développer son intelligence concrète, ce qui lui permettra de développer une volonté inébranlable, de ne pas dévier dans sa démarche et surtout de s’élever sur les hauteurs en s’appuyant sur la terre.  

Le 3ème voyage va permettre au contraire du précédent de découvrir les subtilités de l’intelligence abstraite, la notion de logos, de sciences des nombres, la géométrie pour les différents symboles, la musique pour pouvoir se satisfaire du silence, en considérant le silence comme un son d’où le dialogue entre un maître et son disciple qui parcourait le désert « Maître, je n’entends rien ! Non, écoute le silence lui répond le Maître »

L’astronomie pour  l’utilisation des points cardinaux qui facilite la façon de se déplacer, de s’orienter.

Ce voyage permet de rechercher la vérité dans les profondeurs, de montrer que chacun peut arriver à ce résultat, mais en gardant la notion de modestie, apprendre à connaître ce n’est pas pour dominer l’autre, mais pour l’orienter le former. Les outils, le fil à plomb, le niveau accompagnent ces deux notion de profondeur et de modestie.

Le 4ème voyage par les acquis des précédents voyages associe ces différentes formes d’intelligence pour découvrir le monde.

L’équerre main gauche, main droite signe de l’apprenti, nous pensions avoir acquis les moyens la façon de construire, mais l’équerre nous rappelle la rectitude construire mais avec rectitude, retour vers l’humilité ; apprentissage des différentes philosophies avec l’aide des grands initiés qui ont en commun leur façon de vouloir construire leur temple, par la méthode de l’initiation, pas d’enseignement au sens scolaire mais apprentissage par des moyens qui activent la façon de penser, d’échanger, de se connaître, de ne pas accepter pour vérité ce que vous n’avez pas vérifié.

Les différents hommes cités appartiennent à des époques et des pays différents, mais en commun ils ont transmis un message qui interpelle, un message non dogmatique, qui vous pose problème mais vous seul pouvez le résoudre.
Ce voyage se fait avec l’équerre en main gauche pour la rectitude, mais aussi au signe de l’apprenti, pour bien vous rappeler que vous devez rester les pieds sur terre, ce n’est pas parce que vous évoluez dans le chemin de la connaissance que vous devez vous éloigner de la terre des préoccupations quotidiennes ; le but n’est pas de faire de vous un ermite seul dans son monde, mais un homme actif dans la cité. Le maçon doit agir avec les hommes pour les hommes.

Le 5ème voyage Dont le but est de propager dans le monde en respectant les us et coutumes le savoir qui doit conduire à la connaissance.

Nous devons coopérer à l’exécution du grand œuvre en concourant à réaliser l’ordre cosmique.

La notion de travail est différente de celle que pourrait croire un apprenti, pour lui le travail est synonyme d’introspection, pour le compagnon il s’agit d’un travail exotérique qui doit lui permettre de rayonner vers l’extérieur en appliquant les richesses acquises par les différents travaux de loge.
Ces 5 voyages  montrent la progression initiatique du compagnon du connais-toi toi-même à la notion de travail qui signifie partager les tâches, nous sommes passés par tous les stades de l’évolution pour connaître, découvrir l’autre : l’extérieur, le monde et l’univers.
Découverte des ordres d’architecture, de l’évolution de l’esprit humain, des différentes formes de pensée de leur évolution, et de la notion de travail.
Compagnon signifie partager le pain, le pain nourriture matériel, par rapport à la notion du travail décrit au 5ème voyage, début de nourriture spirituelle, l’équerre et le compas se chevauche

Après les voyages le compagnon va se diriger vers l’étoile à 5 branches, qui en son centre contient la lettre G.

Il est important au cours de la cérémonie de sensibiliser le futur compagnon à ce symbole

Depuis notre initiation, l’alchimie est présente, dans le cabinet de réflexion, dans l’initiation avec entre autre la rose que l’on doit donner à l’être le plus cher (qui est-il cet être si ce n’est soi) ; après ses voyages le compagnon se dirige vers l’étoile à 5 branches avec en son centre la lettre G, que représente l’alchimie, le retour au principe à l’unité en synthétisant l’ensemble de nos connaissances vers l’absolu, le UN.

Cette étoile à 5 branches avec en son centre la lettre G. N’est-elle pas le but de la réalisation du compagnon, ne se dirige-t-il pas vers ce point G (toute similitude avec un autre point G est illusoire encore que ?).

L’étoile à 5 branches avec en son centre la lettre G représente pour moi, le principal de la démarche initiatique du compagnon, c’est la première approche où le spirituel domine le matériel, chaque compagnon mettra dans la symbolique de cette étoile une partie de lui même ; il se préparera à ce qui lui arrivera plus tard.

A la question êtes-vous FM, l’apprenti répondait :

« Mes frères me reconnaissent pour tel » 

Le compagnon répondra « j’ai vu l’étoile flamboyante », d’où passage de la reconnaissance des autres à la connaissance d’un élément qui lui permet d’afficher sa situation, il y a une évolution, une première indépendance qui s’affirme, nous ne sommes pas encore dans le savoir, mais dans son cheminement, le compagnon est dans une phase intermédiaire entre le besoin de l’aide d’autrui et l’indépendance du maître.

Etudions les évolutions dans le signe d’ordre et la marche

Au degré d’apprenti, le signe marquait une séparation entre l’intellect et le matériel.

Au degré de compagnon, le signe est plus significatif dans l’évolution, la main gauche va recevoir l’énergie, c’est pourquoi la main doit être positionnée en légère extension, sinon elle ne pourrait capter.
La main droite sur le cœur va la transmettre.

Le compagnon arrive à maîtriser ses deux membres supérieurs, comme pour les voyages il allie le spirituel et le matériel.
Si nous analysons la marche du compagnon, au départ, il reste bien en ligne le pas glissant sur le pavé mosaïque à la manière de l’apprenti, mais son pied droit glisse vers la droite, il s’éloigne du tracé voulu par ses maîtres, qui lui font ramener ce pied dans l’axe. Son évolution ne lui permet pas encore toute la liberté de circulation, c’est un adolescent qui a une certaine autonomie, mais qui doit rendre des comptes, obéir, respecter l’ordre établi.

Par la bavette de son tablier rabattue, les frères lui montrent qu’il est moins susceptible de se débattre vis-à-vis des problèmes extérieurs son travail lui a permis de maîtriser ses gestes, donc d’avoir moins besoin de protection. Mais un compagnon n’a pas encore la possibilité, la liberté d’agir seul, un surveillant, un maître le surveille, le conseille, lui préconise des voyages qu’il doit effectuer seul s’il le désire ou avec d’autres compagnons.

Cette bavette rabattue représente un triangle pointe en bas symbole de l’eau de l’âme de la sensibilité par rapport au triangle pointe en haut (le delta), symbole du feu de l’esprit et de l’activité.
Si l’apprenti devait toujours se montrer actif pour vaincre et lutter contre les forces extérieures, ses idées préconçues, le compagnon peut les digérer et les asservir, le compagnon doit se rendre passif et réceptif avec discernement

Les pas, le signe, la démarche vers les autres autant d’éléments d’enrichissements, mais un autre fait est aussi important, quand le VM dit :

« Mon frère vous avez la parole »

 Cette parole tellement attendue au début, et si redoutée maintenant. Oui mes frères compagnons, vous pouvez vous exprimer, poser des questions aux impétrants, sur une planche, mais vous êtes compagnon et vous n’avez pas encore à vous exprimer sur la gestion de la loge, pas de conseil d’administration,  c’est comme la marche un pas à droite mais vite vous devez revenir dans le droit chemin, c’est une liberté surveillée.

Liberté surveillée, parole et pas mais vite vous devez vous ranger à la règle. Vous apprendrez rapidement que la démarche maçonnique est une perpétuelle remise en question, vous croyez arriver à un sommet et bien vite la réalité vous montre que vous n’êtes qu’au début d’une nouvelle ascension.

Au cours de sa prestation de serment, le compagnon renouvelle son vœu de ne pas trahir le secret, mais en plus il se doit de ne pas informer les apprentis sur des sujets qu’ils n’ont pas encore la possibilité de comprendre.
Ne pas oublier qu’en tant que compagnon il  ne recevra jamais qu’en proportion de que ce qu’il donnera.

L’apprenti travaille sur lui-même donc ce travail est égoïste, le travail du compagnon va se caractériser par l’ouverture sur le monde

Certains rituels prévoient le départ du compagnon, avec une symbolique riche où chaque officier remet aux futurs voyageurs des objets indispensables à sa survie, le compagnon quitte le temple malgré la volonté du VM de le retenir, le fils quitte le père, pour son expérience personnel c’est une première approche de ce qui arrivera plus tard.

Dans d’autres obédiences le départ sera pour le compagnon l’acquisition d’une nouvelle identité. En premier nom il gardera son patronyme mais en deuxième suivant ses aptitudes ou sa spécificité un surnom lui sera donné, comme pour les compagnons du tour de France.

Le grade de compagnon est bien souvent considéré comme une étape, la cérémonie n’a pas l’impact de celle de l’initiation, elle est plus subtil à l’évocation des sens du premier degré, nous assistons là à une phase d’ouverture sur le monde extérieur d’éveil aux merveilles du monde et de l’univers, de méthode pour construire, apprendre, s’intégrer dans un monde où l’on aperçoit bien souvent que le reflet de la réalité (Platon).

Le premier degré vous a demandé beaucoup de travail, vous avez du abandonner certaines certitudes, le degré de compagnon va vous faire rayonner dans le monde en admirant ses constructions et de nouvelles méthodes de pensée, vous devrez en respectant votre serment aider les apprentis dans leur progression et vous comporter en dehors du temple avec le même pouvoir d’échange et d’écoute des autres, en favorisant ce qui rapproche même si toute différence est un moyen de mieux se respecter.

J’ai dit.

J\P\ L\


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