Obédience : NC Loge : NC 06/2021

  
La truelle en main, l'essentiel outil du temple


On dit qu'il y a de cela fort longtemps, il n'y avait nul besoin de Truelle et de mortier pour garantir l'unité d'un édifice.

Les pierres étaient taillées et assemblées avec perfection.

Historiquement, ça serait au XIVème ou au début du XVème siècle qu'aurait été mis au point (par un maçon nommé Clément Arrieux) cet outil pour étaler le torchis ou le liant afin d'assembler les pierres.

Étymologiquement, Truelle vient du bas latin « truella », variante du latin « Trulla » qui dans un certain sens défini un vase à puiser le vin.

Trulla est un diminutif de « Trua » qui vient de l'indo-européen commun « Twer » qui signifie « Tourner ».

La Truelle est un outil de pose. Elle est composée d'une lame triangulaire en acier. Elle a
Deux angles pointus et Un arrondi. Elle a un manche recourbé en fer et est terminé, généralement, par une poignée en bois.

Elle permet au maçon d'appliquer sur son édifice le mortier ou le ciment. Pour information, le mortier est composé de Trois éléments : de sable, de ciment et d'eau.

Néanmoins, je ne pourrais vous indiquer le nombre du dosage !

La Truelle sert à gâcher le mortier, c'est à dire à le façonner.

Elle est la cuillère des agapes. Un soir lors des agapes, j'ai cassé ma cuillère. Un frère s’était alors empressé de m'en ramener une autre.

Ayant constaté la fragilité des cuillères en plastiques, j'ai préféré finir mon délicieux dessert à la main !

A l'image des caractéristiques pratiques de la Truelle, sa symbolique nous indique le but qu'il faut atteindre.

L'unité ! Par la réunion en pleine connaissance de cause, des « uns » & des « autres ».
Il s'agit de rassembler ce qui est épars.

Deux principes peuvent êtres dans leurs différences, complémentaires et ainsi donner (ou redonner) vie au principe commun !

Sa forme triangulaire ne peut faire penser qu'au nombre trois ! Qu'est-ce que le trois si ce n'est qu'un bond en avant vers l'équilibre !

De plus les différents éléments composants le mortier me font penser au ternaire alchimique : Sel, Soufre et Mercure.

Le symbole du soufre d'ailleurs ressemble à une Truelle. Lors d'une réunion d'apprentis, j'ai pu le voir d'un sacré point de vue !

La Truelle nous indique aussi le moyen de parvenir à cette Unité.

La Truelle doit servir au façonnage dans l’âme de sentiments nobles et vertueux pour ensuite être employés !

Une vertu c'est une qualité qui rend propre à produire certains effets.

Il y a comme base, la Tolérance, le respect de ce qui de soi, diffère ! Vertu ouvrant le dialogue et facilitant la communication. La Tolérance s'ouvre à la connaissance !

Il y a la Fraternité, qui désigne tout membre de l’espèce humaine. Elle est l'expression des idéaux qui nous unissent. La fraternité, c'est le moi qui s'offre au nous pour l'élévation de tous ! L'union fait la Force !

Il y a la bienfaisance, qui est faire le bien aux autres ! Face au mal qui peut ronger les êtres.

Face à la haine, cette illusion, qui mène tous ceux qui la poursuivent à leur perte.

Cette haine qui n'a pas de complices et qui n'a que des victimes. Il nous faut faire de bonnes et belles œuvres en toutes circonstances !

Puisque nous travaillons au Rite de Memphis – Misraïm (dont nous connaissons tous les origines), permettez-moi un petit détour par l'ancienne Égypte !

Je souhaiterais mettre en rapport la Truelle du Franc Maçon et l'Ankh des anciens égyptiens.

La crux ansata (en latin), est un hiéroglyphe égyptien signifiant « VIE ».

Ce symbole est tracé par un trait vertical, un trait horizontal couronné par une boucle naissant en leur point de rencontre.

Les traits verticaux et horizontaux pourraient correspondre à la lame triangulaire de la truelle.

La boucle à son manche. (D’ailleurs, c'est souvent tenue par la boucle qu'est représentée l'Ankh entre les mains des divinités égyptiennes...).

Différentes significations sont données à cet idéogramme :

Il y' a la métaphore de la courroie de sandale.

L'écriture des mots ankh et courroie est la même (il est possible que la prononciation diffère).

Cette boucle de sandale permet de garder le pied fixé à la sandale par l'orteil (Sans ça, impossible de marcher avec !).

Le mot « he » qui est l'action de nouer est en lien avec le mot heka qui est « l'art de relier les aspects distincts du monde dans une unité sympathique. »*
Une autre hypothèse veut que ce symbole soit inspiré de la forme d'une vertèbre bovine. Faisant penser à la lettre Aleph ! ( La lettre une !)

L'Ankh pourrait aussi symboliser l'union de la Haute & Basse Égypte. Le trait vertical représenterait la vallée du Nil, la boucle le Delta et le trait horizontal représenterait le nœud d'Isis réunissant le tout.

La clé ansée est en lien avec la vie, la fécondité. C'est l'union du féminin au masculin.
D'Isis & d'Osiris.

Ce symbole était porté en amulette, seul, ou associé à deux autres hiéroglyphes : celui du sceptre ouas signifiant « force » et celui symbolisant la « santé ».

C'est un outil rituel étroitement lié à Hathor, déesse de l'amour universel, de la beauté, de la maternité et de la joie.

Hathor en grec « Athyr », signifie « Maison d'Horus ».

Ainsi, la Truelle et l'Ankh pourraient caractériser tous deux d'une manière et d'une autre, un principe d'unification.

(J’ai assimilé la Truelle et l'Ankh en dessinant deux idéogrammes. En plus des traits de chaque outil, j'ai ajouté des traits « d'union ». Les deux symboles ont des points communs, reliés différemment).

Je souhaiterais vous lire une pensée de Marc Aurèle :

« Toutes choses sont liées entre elles par un enchantement sacré et il n'y en a aucune qui soit étrangère à l'autre, car tous les êtres ont été combinés pour former un ensemble dont dépend la beauté de l'Univers. Il n'y a qu'un seul Monde qui comprend tout, un seul Dieu qui est partout, une seule matière éternelle, une seule Loi qui est la Raison commune à tous les êtres. » **

Les individualités sont le constituant d'une universalité.

L'usage de la Truelle se manifeste lors de chaque tenue.

A travers le rituel, qui est un lien, un ciment nous unissant.

Il met en place entre nous un ordre et une harmonie.

Une fois dépouillés de nos métaux et ayant pénétré dans le Temple, le rituel nous lie les uns aux autres en un temps et en un lieu sacralisé.

Le langage du rituel n'est pas anodin. Il codifie chaque parole, chaque geste pour nous conduire dans un sens d'ouverture intérieur.

Le langage est un système de communication. Il nous permet d'exprimer une pensée, de transmettre une idée.

Apprendre une langue c'est s'ouvrir une porte vers un nouveau monde.

Petite parenthèse :

 L'autre jour j'ai entendu un ministre élever la voix pour dire : « on laisse filer le langage et c'est tout l'édifice qui s'écroule ! » …

Mais reprenons le fil de mon propos sur l'usage de la Truelle en tenue.
Comment ne pas faire le lien entre la Truelle et la chaîne d'union, lors de laquelle le
Vénérable Maître nous dit :

« Fortifions dans nos cœurs l'amour de notre prochain et le sentiment de nos devoirs, comme nous nous vouons, au service de la vérité, une et immuable. Que nos assemblés soient de plus en plus affermies par l'union fraternelles et la volonté d’être utiles à nos semblables. Qu'elles soient à jamais un séjour de paix et de vertu, et que la chaîne d'union fraternelles soit désormais si forte entre nous que rien ne puisse jamais l'ébranler. »

Il termine en disant :

« Quittons la chaîne sans jamais la rompre »

Nous effectuons ce moment de communion en nous dégantant et en nous tenant par les mains.
Les mains sont nues pour qu'ainsi le courant passe bien entre nous.

La main qui donne est « au-dessus » de celle qui reçoit !
La main droite est émettrice et la gauche réceptive.

C'est le Vénérable Maître qui donne l'impulsion à la transmission.
Nous formons ainsi une boucle fermée, symbole d'une fraternité universelle, d’une humanité réunifiée.

C'est avec la main droite que nous avons, comme tant d'autres Frères avant nous, prêtés serment !

La main est l'outil primordial de tout être humain.

De ses mains l'homme a créé tous les outils possibles et imaginables afin de les mettre au service de sa volonté. On fait usage de ses mains pour prendre, pour tenir, pour donner, écrire et transmettre.

Le toucher permet le contact, crée la liaison.

Finalement, le chantier est d'abord en soi et l'outil est déjà sur soi !

La Truelle est l'outil essentiel, vital pour quiconque veut se construire intérieurement et contribuer à la construction de l'édifice social de l'humanité.

Il nous faut neutraliser les aspérités des pierres par l'actif & le passif et les assembler les unes aux autres.

L'accomplissement du travail c'est l'accomplissement du devoir de chacun envers soi-même et envers toute l'humanité.

Le devoir de lutter contre la fatalité et de s'élever par la seule force de la volonté.

Le devoir de prendre l'outil en main.

Le devoir de mettre la clé dans la serrure, de la tourner pour ouvrir la porte.

Car même s'il y a des murs, il peut y avoir des portes !

Qu'importe notre couleur, notre grade, qu'importe nos différences (QUE UN PORTE
NOS DIFFERENCES ! ), la Truelle est notre harmonisatrice !

C'est elle qui rend notre destin commun !

Elle doit être l'Alpha et l’oméga de chacune de nos actions !

La Truelle est mon devoir,
Mon devoir de bâtir des cachots pour les vices,
Mon devoir d'ériger des autels à la vertu,
Mon devoir de vaincre la fatalité, de souffler sur la lueur de l'espérance et de m'élever vers la lumière de l'éternelle Vérité !

Je veux terminer en vous lisant les mots de Constant Chevillon (H)au(T) (S)ujet de la
Charité !

« Pourquoi haïr les hommes ? Ils sont peut-être dans l'erreur, ils ne sont pas l’erreur ; s'ils font le mal, ils ne sont pas le mal.
Tout homme, quelle que soit son attitude, reste un esprit engangué dans la matière, l'un de nos frères. C'est l'erreur qu'il faut détruire et détester, mais il faut aimer tous les hommes et même, sans pactiser avec eux et approuver leurs actes, les méchants...
La Charité consiste précisément à combattre les tendances mauvaises des uns, à éclairer les autres, pour conduire enfin la race dans la voie du vrai bien et de l'unique lumière...
La Charité, elle est juste, sans rigueur, elle est miséricordieuse, sans faiblesse, elle est équitable et par-dessus tout altruiste... »***

J'ai dit !


6008-5 L'EDIFICE  -  contact@ledifice.net AMEB