Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
Les voyages de la compagnonne Vénérable maîtresse et vous toutes mes sœurs (et vous tous mes frères) en vos grades et qualités. Le voyage du compagnon opératif correspondait à 5 années de travail : Les compagnons de métier dit opératifs se distinguent des autres artisans parce qu’ils sont des professionnels hors pairs, d’une compétence au dessus de la moyenne, compétences qu’ils acquièrent durant les années qu’ils passent à voyager de maitres en maîtres de ville en ville. Ils possèdent des coutumes très particulières avec des rites initiatiques secrets qui tissent entre eux, des liens fraternels et un sens de la solidarité très prononcée. De même en loge la compagnonne spéculative effectue 5 voyages lors de l’augmentation de salaire : La notion de voyage est récurrente dans notre cheminement, le voyage c’est d’abord un éloignement qui porte à l’abandon des repères et certitudes habituels. C’est ensuite un moyen d’apprendre et de se parfaire dans son métier d’homme, de femme au contact de nouvelles dimensions géographiques et humaines. C’est enfin l’occasion d’une exploration des espaces intérieurs inconnus de moi en moi dont le cheminement n’est pas sans me rappeler le symbolisme du Pavé Mosaïque où seule l’initiée aura cette faculté de se glisser sur les lignes étroites entre les dalles blanches et noires. Le voyage c’est l’épreuve de l’homme, c’est un moyen de son émancipation, une occasion de faire ses preuves, de découvrir d’autres aspects du monde et de soi-même. Le rituel du rite Écossais ancien et accepté impose 5 voyages initiatiques au terme desquels il sera présenté 5 cartouches portant chacun 5 inscriptions : Mais avant d’aller vers ces voyages sachez que c’et avec persévérance que j’ai triomphé de la sœur couvreuse qui voulait me faire retourner en arrière, j’ai pu prouver que j’étais bien passée de la perpendiculaire au niveau avec l’assistance de l’équerre et du mot de passe. Les voyages symboliques de la vie maçonnique se passent dans l’espace et le temps et ce calendrier maçonnique ne vise que l’amélioration de l’individu, la construction du temple intérieur. Cet apprentissage voulu nous amène vers une introspection, des efforts sur soi, un désir de perfection. Ce travail, au sein de l’atelier, sous l’œil bienveillant de la loge et sous le symbole de la voute étoilée, doit nous permettre de porter à l’extérieur la sagesse acquise que nous devons vivre de façon cohérente avec notre discrète vie profane. Les chemins pour y arriver sont multiples, mais le fil conducteur m’a été donné par les voyages initiatiques que j’ai effectués depuis que je suis en loge. Après l’immobilité silencieuse de l’apprentissage, devenue compagnonne, je suis invitée à prendre la route dans la grande tradition du compagnonnage des métiers. Mon propos d’aujourd’hui n’est pas de m’attarder sur les épreuves de mon acceptation comme apprentie maçonne mais sur les 5 voyages depuis mon augmentation de salaire, voyages qui m’ont appris à me servir des outils indispensables à la transformation de ma pierre brute en pierre cubique, afin que je puisse harmonieusement m’intégrer dans l’œuvre collective. Le grade de compagnonne est intiment lié au nombre 5, directement lié à l’Etoile à cinq branches. Le but du rituel est d’allumer cette étoile pour qu’elle devienne l’étoile flamboyante. Lors du 1er voyage je suis entrée accompagnée du maillet et du ciseau dans la main gauche qui par l’experte ont glissé dans ma main droite pour que je puisse me mettre à l’ordre. Ces outils m’ont aidé symboliquement à faire disparaitre les aspérités du bloc de pierre que je suis, le ciseau m’aide à affiner mon caractère, à être plus réceptive à l’instruction, le maillet quant à lui est l’énergie, la volonté qui me permet d’utiliser les connaissances acquises pour une application plus juste et rationnelle. Puis je quitte l’ordre de l’apprentie car dès mon entrée on m’a remis la règle à 24 divisions qui restera sur l’épaule gauche durant les 4 premiers voyages : La règle est là pour contrôler le maniement de tous les autres outils qui seront à ma disposition. Avec ses 24 divisions c’est l’outil idéal pour vérifier la justesse des proportions, elle me montre la rectitude de la morale et de la droiture de l’idéal que j’ai choisi et cela pour chaque 24 heures vécues. Elle m’enseigne que je dois être droite physiquement et moralement, juste dans mes relations avec mes semblables. Utilisée à bon escient la règle doit m’amener à trouver la mesure et la discipline au quotidien, à faire attention à tout ce que je fais et à être constante dans ma ligne de conduite que je me suis librement choisie pour l’édification de mon temple intérieur. Chaque voyage comporte 3 tours et ce n’et qu’au 2ème tour que l’experte me fait découvrir le cartouche : A la fin de ce 1er voyage, observant sur la colonne beauté, le cartouche des sens (qui sont la vue, l’ouïe, l’odorat, le gout et enfin le toucher) il m’a permis d’entrer en relation avec les autres afin de mieux les connaitre, de quitter l’ombre du septentrion et de m’ouvrir au monde. Il existe une correspondance entre les 5 sens traditionnels et certaines facultés de l’esprit humain : ils me prescrivent de continuer à ouvrir mon esprit et utiliser pleinement mes sens naturels comme pour m’imprégner du monde extérieur, ces derniers nous permettent de ressentir au-dedans de nous, tout ce qu’il y a au dehors. Ce premier voyage me rappelle que mon 1er devoir de franc-maçonne est de travailler sur moi-même et d’être à l’écoute des autres… Un nouvel outil accompagne la règle c’est le compas qui m’est attribué afin de me permettre d’entamer le 2ème voyage. C’est, adossé sur le plateau de la trésorière, que je découvre le deuxième cartouche des ordres architecturaux. Ce deuxième voyage va me permettre de construire toutes les figures géométriques. Le compas circonscrit un espace précis modulable en fonction du degré d’ouverture de son angle, son ouverture variable me donne une image de mon moi et de mon non moi, à l’intérieur les composantes de mon idéal spirituel, mon moi accessible, à l’extérieur ce qui m’échappe et m’est imposé. Sur le plan symbolique la règle est la droiture et la justesse et le compas la prudence et le discernement ; Compas et règle sont les outils indissociables de la géométrie et sans rectitude de la règle, point de construction possible. Tout cela pour traduire que moi compagnonne je dois, bien sur, être droite mais aussi tenir compte des réalités afin de ne pas placer trop haut le but de mon voyage, l’esprit n’a pas de limite, la matière nous en impose, aussi il faudra veiller à toujours concilier : l’absolu et le relatif. Ce deuxième voyage initiatique invite la compagnonne en devenir que je suis à cultiver les 5 ordres d’architecture. Dorique - ionique – corinthien- composite et toscan Personnellement ces ordres démontrent que les croyances et les idées changent et passent alors que les lois de l’équilibre et de la géométrie restent à jamais. Elles sont la vraie tradition de notre construction personnelle car elles ont l’avantage d’unir les êtres qui recherchent dans l’harmonie du monde, le modèle de leur équilibre intérieur. J’ajouterai que je suis en devenir l’une des colonnes vivantes solidement appuyée sur terre qui m’a donné naissance pour m’élever vers les hauteurs pour devenir l’une des colonnes inébranlables de notre Temple. Le troisième voyage sera effectué avec la règle et le levier, le levier est le symbole de la force incommensurable, il aide à tenir les engagements et rappelle que penser librement sans préjugé et sans dogme est une obligation pour toute maçonne. Ce troisième voyage débouche sur la colonnette Sagesse, plateau de la seconde surveillante, par la révélation des arts libéraux : Grammaire rhétorique, arithmétique, géométrie astronomie et musique. Les trois premiers rendent sa liberté à l’ex apprentie qui en était privée, elle retrouve la parole mais ne doit s’en servir qu’en essayant de l’exercer par l’élégance, l’intérêt et la cohérence du discours, les voyages vont être pour la compagnonne l’occasion de communiquer et s’enrichir au contact des autres et de leur savoir. Les 4 derniers : l’arithmétique, la géométrie l’astronomie et la musique sont aussi des invitations aux voyages et aux découvertes, c’est une invitation à partager et c’est ainsi qu’en tendant ma main j’ouvrirai mes sens, j’ouvrirai mon cœur. Ce quadrivium va permettre de construire, de bâtir en commençant par la maîtrise du calcul et la maitrise du trait. Mais la maçonne que je suis doit agir avec prudence et sagesse car je n’écrirai rien, je ne dirai rien que je n’aurais reconnu pour vrai. Ainsi grâce à ces piliers que sont la sagesse, la force et la beauté je peux être utile à l’élaboration de l’œuvre collective. Le troisième voyage accompli je suis menée vers mon quatrième voyage munit toujours de la règle à laquelle on y rajoute l’Équerre qui sert à tracer des angles droits et réunit l’horizontal et la verticale pour obtenir l’aplomb. L’équerre donne la rectitude dans l’action et symbolise la justice. Dans le raisonnement, l’équerre donne de l’ordonnancement dans les idées afin que l’édifice tienne en place. L’équerre sert à vérifier si le travail réalisé est conforme à l’objectif fixé. Pour la Compagnonne le compas sa pointe gauche levée sur l’équerre représente l’équilibre entre la matière et l’esprit. La compagnonne n’est plus dans les ténèbres et s’achemine vers la sincérité et le discernement. Ce quatrième voyage révèle, et ceci à l’orient, les sphères terrestres et célestes, microcosme et macrocosme symboles s’il en est des voyages et de l’immensité du domaine a exploré. Cette petite planète que j’ai la chance de parcourir et où il me reste tant à découvrir, me permet de m’aventurer sur le chemin de la vérité en faisant en sorte que les bases du raisonnement soient parfaitement ordonnées et que je ne sois pas aveuglée par des éléments subjectifs et sentimentaux. Leurs utilisations sont nécessaires à mon insertion dans l’édifice en construction car je dois maintenant me joindre à ceux qui travaillent sur le chantier commun. Au cours de ce voyage il m’est proposé de découvrir les Bienfaiteurs de l’Humanité : Moise, Socrate Pythagore Jésus et Mohammed : Ces grands initiés qui se sont consacrés au progrès de l’humanité montrent le chemin à suivre vers la sagesse et l’amour du prochain. Ce cartouche est une invitation à approfondir toutes les traditions de manière à ce que je puisse perdre tous préjugés, toutes compréhensions limitées et restrictives qui empêchent de progresser dans la voie de la lumière et de la connaissance universelle. Ces grands initiés ont donné aux hommes des indications pour obtenir le bonheur de l’âme mais il est important de savoir quels sont leurs cheminements et le contenu de leur message ; là les sens jouent un grand rôle car il est nécessaire de toucher, sentir, entendre ce qu’ils ont à nous dire, et si leurs noms sont adossés au plateau de la première surveillante c’est parce qu’il incombe à cette dernière de guider la Compagnonne dans sa quête sur le chemin de cette lumière. Le cinquième et dernier voyage fut celui qui me rendit perplexe, là plus d’outil dans les mains, plus de symboles révélés, plus de thèmes présentés, plus de champs d’investigation ouvert, rien qu’une déambulation Bien sur, elle avait un sens qui suivait le soleil partant de l’occident pour gagner l’orient par le septentrion et revenir par le midi puis l’experte m’arrête au septentrion et me montre les outils qui sont au sol de chaque côté du tapis de loge (certains au midi la règle et le levier représentant la loi morale et l’action puissante pour le bien de tous et d’autres outils au septentrion : le fil à plomb, le niveau et l’équerre : la recherche de la vérité en soi, l’égalité entre tous et la rectitude) et me dit « Contemplez ces outils et méditez » aujourd’hui je comprends qu’ils m’aident à faire mon œuvre : une initiée parfaite que j’essaie de devenir pour la réalisation de l’ordre cosmique mais là J’ai les mains libres ! Les mains libres c’est une chose mais n’oublions pas que les mains sont le prolongement du corps donc ce qui veut dire que l’initiée qui effectue son 5ème voyage est une initiée libre, ouverte à tout, prête à travailler à son perfectionnement avec tous les outils qu’elle pourra avoir en sa possession et qu’elle est entrain de regarder ! A ce jour j’ai utilisé les outils en ma possession et je puis dire : Le voyage ouvre l’esprit il permet de découvrir le monde et d’autre mondes, d’autres cultures, d’autres personnes, d’autres odeurs, d’autres gouts. On ne revient jamais complètement la même ni complètement différente d’un voyage. Depuis que je suis avec vous, il y a du changement que vous avez réussi à initier chez moi mais je m’aperçois que j’ai encore énormément de travail pour être comme vous et ce n’est pas une basse flatterie. Etre Maîtresse ce n’est pas simplement porté un tablier et les décorations, c’est avoir l’attitude, que vous, que nous, avons en loge, mais que nous devons avoir aussi dans la vie profane, c’est laisser ses passions et ses avis subjectifs en dehors des débats, donner un avis en ne rejetant pas celui de l’autre, au contraire, essayer de le comprendre, dépassionner les débats, ne pas avoir raison à tout prix, et surtout accepter les autres comme ils sont, avec leurs défauts et leurs qualités. Rejetons cette phrase qui dit l’habit fait le moine, non l’habit ne fait pas le moine, ne donnons pas un avis sur quelqu’un en fonction de ses amis ou de ses habits, faisons nous notre propre avis. Souvenons nous que rien n’est tout blanc ou tout noir. C’est au plateau de la vénérable maitresse que je découvre le dernier cartouche avec la mention GLOIRE AU TRAVAIL. Cet emplacement pour que je me souvienne que je travaille de midi à minuit, lorsque le soleil va de l’orient à l’occident mais aussi pour me rappeler que je devrais travailler sans relâche, que ce travail initiatique demandera beaucoup d’efforts, de temps et d’humilité pour continuer à mieux me connaître ! À parfaire le travail sur moi que j’ai entrepris au début de mon apprentissage. La fin du cinquième voyage est marquée par la découverte de L’Etoile Flamboyante guide de la compagnonne qui sort des ténèbres de l’apprentissage et qui parcourt le chemin qui mène à la lumière, elle est éclairée à l’orient à la place du delta lumineux, elle siège près de la vénérable maîtresse et l’on peut lire en son centre la lettre G qui suscite bien des réflexions sur sa signification, symbole peut être de la démarche de la compagnonne. Ce 6ème point au centre du pentagramme me fait penser à un début de spirale qui s’enroule et se déroule, rayonnement dirigé vers l’extérieur mais qui prend sa source au centre de mon moi : l’étoile est mon miroir ! J’ai vite compris et plus lentement accepté que personne ne m’indiquerait la direction à prendre, je suis seule maitre pour entreprendre un dialogue avec moi et j’ai appris à écouter mon cœur, j’ai appris à accepter les contradictions afin de dépasser mon égo, j’ai bien changé depuis mon entrée en loge au deuxième degré et je suis consciente qu’il faut être très vigilante car mon chemin est difficile pour que rayonne plus mon étoile et poursuivre en dehors l’œuvre commencée dans le temple. Au moment de la consécration de la compagnonne que je suis, Je comprends mieux ces 5 coups de maillets ayant été frappés sur l’épée flamboyante tenue au dessus de ma tête, lorsque la vénérable m’a rabattit alors la bavette de mon tablier blanc pour m’inciter à voyager. Alors oui, J’y ai découvert 5 sens, 5 ordres et 7 arts, j’y ai reçu pèle mêle l’étoile flamboyante à cinq branches et la lettre G, une symbolique universelle, j’ai gravi 5 marches et fait 5 pas et cette fois-ci pas en ligne droite. Alors que tout cela se bousculait dans ma tête, il était temps pour moi de prendre la route, d’explorer cette sphère céleste que j’avais brièvement aperçue lors de mon 4ème voyage. Enfin, je dirai que ces 5 voyages me rappellent de poursuivre l’ennoblissement de mes sentiments sans pour autant que la raison et la science prennent le pas sur les nobles aspirations de mon cœur. Ma quête du savoir ne devra jamais altérer ma compassion, ainsi, j’affinerai mon caractère et la pierre cubique harmonisée en ses lignes que je symbolise pourra dès lors prendre place à l’aide du levier dans la construction idéale du temple de l’humanité. Je dois continuer à former un plan de conduite pour l’avenir et savoir choisir les outils appropriés aux taches qui s’offrent à moi. Cette œuvre se met en place par l’amour du travail bien fait grâce à l’aide de toutes et tous. Ces périples m’ont permis d’aller de chantier en chantier les outils à la main, apprendre en m’ouvrant plus aux autres, en considérant la réalité extérieure sous des aspects différents. Je ne passerai pas sous silence cette occasion qui s’offre de voyager de loge en loge dans les obédiences amies, ces visites, que je peux effectuer seule mais qui sont si agréables à plusieurs, elles continueront de m’enrichir en découvrant les autres rituels et cultiver les liens d’amitié, de fraternité, de solidarité et de tolérance qui unissent les francs maçonnes et francs mâcons. Je finirai par vous dire que cette philosophie du voyage est mise en exergue dans la marche de la compagnonne qui après 3 pas de l’apprentie fait un pas de coté comme une invitation à voyager pour approfondir les différents aspects de la connaissance, pour s’instruire au contact des autres et accomplir ce voyage intérieur nécessaire à la maitrise de soi. Puis le dernier pas me ramène dans la voie initiale et me rappelle que les écarts dans ma recherche de la vérité ne doivent pas me désorienter, et que je resterai toujours une éternelle apprentie, car jamais je n’aurai fini d’apprendre. Pour conclure, je retiendrais ce qui se disait aux compagnons opératifs : « Va de chantiers en chantiers, que la main qui tient les outils s’affermisse, apprends des meilleurs ouvriers, ouvres-toi aux autres techniques, soit conscient de tes lacunes et faiblesses ; en bref va t’enrichir et te perfectionner dans ton métier et reviens nous montrer la preuve de ta maitrise pour la présentation de ton chef d’œuvre ». J’ai dit Vénérable Maîtresse F\ B\ |
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