Obédience : NC Loge : EOS 07/03/2001


La Flamme dans le Rituel Maçonnique au 1er Degré

I - L’entrée au Temple :

Quand nous entrons dans le temple, il est faiblement éclairé par la flamme d’une chandelle qui brille à l’orient, sur le plateau du Vén\M\.
D’un point de vue profane, cette flamme nous communique la chaleur de sa présence par la vue de la lumière mouvante et chaude qu’elle produit, grâce à cette petite flamme, nous n’entrons pas dans un local froid et sans vie mais dans un temple accueillant qui sommeille en nous attendant. La flamme représente le foyer allumé :
Nous entrons chez nous…
Plaçons nous maintenant du point de vue M\ :

La flamme symbolise la conscience de chaque FF\ :
Après chaque tenue,  nous l’emportons avec nous, régénérée, dans le monde profane.
Cette flamme se nomme volonté de comprendre, désir d’apprendre, recherche d’harmonie, foi dans l’humanité, respect de l’autre et de ses différences, amour d’autrui, amour de la vie.
C’est la flamme de la F\M\universelle qui vit, hors du temps, dans chaque loge et qui est aussi présente dans le monde profane à travers chaque FF\ de la grande chaîne d’union M\ autour du monde.

La flamme symbolise la vie.
Le temple est construit sur le modèle de l’Univers et l’Univers est né par le feu qui a généré la chaleur et la lumière qui ont permis, à leur tour, la vie.
De même que la vie humaine s’est développée sur la Terre et s’y développera tant qu’autour de notre planète la chaleur sera entretenue par le soleil (la flamme externe) et par le magma en fusion au centre de la terre (la flamme interne) ; de même notre vie de F\M\ se développera tant que vivra la flamme du temple (la flamme externe) et que vivra notre flamme interne qui en est issue.
De même que les parties terrestres éloignées du soleil se refroidissent puis se régénèrent au gré du cycle des saisons, de même les FF\ éloignés du temple régénèrent leur flamme au gré du cycle des tenues.

La flamme symbolise la spiritualité :
 Le temple est construit dans le respect des lois naturelles de l’univers et la flamme est le symbole par excellence de la dictature de ces lois dont elle est une preuve permanente.
L’homme a presque tout violé sur terre sauf la flamme. Il a pu certes, la domestiquer, l’asservir mais, s’il manque un instant de précaution à son égard, elle le brûle, elle s’échappe, grandit et devient dévastatrice.
La flamme est mouvement, c’est une réaction en cours, inconsistante et sans volume précis. Son immobilité apparente est illusoire car elle se déplace sur le support qu’elle consume sans relâche, c’est une dynamique permanente.

Elle est mystérieuse et imprévisible, insondable dans son essence, indéchiffrable.
Ajoutons à cela qu’elle produit la lumière et nous sommes en présence du symbole idéal pour évoquer puissamment la réalisation de l’être et son élévation à la spiritualité. Ce symbolisme a d’ailleurs été amplement pratiqué en tous lieux et dans toutes les civilisations profanes.
Nous sommes donc en présence d’un symbole des plus évocateurs dès notre entrée au temple. Cette « petite  flamme» est infinie dans le temps car elle remonte à l’origine de la matière et de la vie. Elle est aussi infinie dans l’espace où nous la trouvons aussi loin que nous puissions sonder les étoiles et les galaxies.
Cette flamme est à la fois une et à la fois multitude car sa multiplication n’a pour limite que les supports qu’elle consume en les transformant en chaleur (gaz), en lumière et en cendres. Sur le plan du rituel, elle constitue trois symboles à la fois: symbole de vie de la F\M\et de notre vie de FF\, symbole de la création de l’univers et de ses lois, symbole de l’élévation de l’être à la spiritualité.
C’est par elle que débute le rituel M\de nos travaux au 1er degré.

II - L’ouverture des travaux au 1er degré :

Tous rassemblés, nous avons abandonnés nos métaux à l’extérieur du temple, nous nous reconnaissons et nous sommes à couvert.
Les travaux  n’ont pas encore commencé que nos pensées sont déjà à l’unisson, grâce à cette « petite flamme ».
Face à l’Est, nous l’avons tous fixée avec les yeux de nos flammes sœurs intérieures.
Le Vén\M\ décide alors d’ouvrir les travaux. Avec précaution et méthodiquement, il va répandre cette flamme dans le temple selon un rituel précis et établi :
Il fait en sorte que la flamme se transmette sur le chandelier à trois branche : tout d’abord une flamme au milieu, puis une à droite puis une à gauche. Nous entrons alors dans la phase où :

Trois la dirigent -
La loge sort un peu de la pénombre tandis que le vénérable fait en sorte que cette flamme se transmette encore sur le plateau du 2ème puis du 1er  surveillant. Nous entrons alors dans la phase où :

Cinq l’éclairent  -
La loge continue à sortir de la pénombre tandis que Vén\, 1er et 2ème surveillants font en sorte que leur flamme respective se transmette dans l’ordre aux trois petites lumières de la F\M\ :

Sagesse, Force et Beauté reprennent vie, tour à tour, dans le temple –
Au fur et à mesure, le temple s’est éclairé, la lune le soleil et le delta brillent tandis que le Vén\ fait en sorte que la flamme se transmette également au plateau du Secr\ et de l’Or\. Nous entrons enfin dans la phase où :

Sept la rendent juste et parfaite –
La loge se trouve alors en pleine lumière et peut fonctionner de nouveau.
Par cette « petite flamme », flamme des FF\, flamme de la vie, flamme de la spiritualité, La F\M\a redonné force et vigueur à un de ses ateliers qui se remet aussitôt à l’ouvrage. Quant à nous, les FF\ de cet atelier, nous régénérons nos flammes intérieures pour continuer notre quête.
Depuis quand cette flamme est-elle en chacun de nous ? En tous cas depuis notre initiation.

III - L’initiation :

En effet, cette « petite flamme » se trouve dans le cabinet de réflexion quand y entre le récipiendaire.
Pour nous, elle a le même rôle symbolique qu’au temple mais le candidat ne le sait pas ; pour lui, c’est la seule compagnie active, pour ne pas dire vivante, en cet endroit.
Elle est le symbole de l’origine universelle qui, peu à peu, apporte sa chaleur et sa lumière au visiteur profane, éloignant son anxiété et l’invitant à découvrir, un par un à l’aide de la lumière dosée qu’elle diffuse, les autres objets placés devant lui. Si les intentions du profane sont  pures, cette flamme devient la flamme de sa conscience pour l’aider dans sa première démarche de « M\ sans tablier » : c’est à dire recherche de la vérité dans le cabinet de réflexion.
La simple volonté du profane de comprendre ce qui l’entoure a permis à la flamme de pénétrer son cœur.

Ce n’est donc plus tout à fait un profane que nous devons voir entrer au temple les yeux bandés, ni  nu, ni vêtu car il est déjà habité par cette flamme que nous avions répandue jusqu’au cabinet de réflexion et qu’il ramène avec lui pour les mêmes raisons que nous autres, ses futurs frères : désir d’apprendre, recherche d’harmonie, foi dans l’humanité, respect de l’autre et de ses différences, amour d’autrui, amour de la vie.

Aussi bien lors de l’ouverture des travaux que lors de l’initiation le symbole de la flamme de vie nous aide à effectuer une véritable re – création :

Re - création de l’Univers sous l’emprise exclusive de la Sagesse, de la Force et de la Beauté.

Re - création du profane en FF\.

La flamme peut être aussi le contraire. En effet, elle intervient encore à trois reprises pendant l’initiation, comme symbole, cette fois du feu destructeur ou du feu purificateur :

Pendant le deuxième voyage, l’épreuve du feu destructeur de l’âme qui se livre aux passions comme la haine ou la colère.
Lors du 1er degré de lumière, l’urne funéraire contenant les noms des FF\qui ont trahi leur serment et qui est présentée au candidat.
La destruction par le feu du testament philosophique du récipiendaire.

Ces feux ne résultent pas d’une transmission de notre « petite  flamme ». C’est pourquoi ils sont allumés puis éteints sans cérémonie. Il s’agit d’un symbolisme classique que nous rencontrons tout au long de l’histoire du monde profane.
Destruction, transformation ou sublimation de la matière par le feu sont des thèmes qui ont préoccupé les hommes depuis longtemps… La flamme s’associe au bien comme au mal. Ce qui est destruction sur terre n’est que transformation dans l’Univers, ce qui est une fin sur terre n’est qu’une étape dans l’Univers et le symbole de cette flamme qui continue à vivre en nous après chaque tenue nous montre qu’une tenue terminée n’est qu’une étape dans notre vie M\.
Nous arrivons donc à la clôture de nos travaux…

IV - La clôture des travaux :

Quand la Tenue arrive à son terme, avec ou sans initiation, Le Vén\M\ et ses officiers ferment les travaux de la même manière avec précaution et méthodiquement, selon un rituel précis et établi, en éteignant, sans les souffler, une à une, les flammes sœurs de notre « petite flamme » répandues dans le temple :
D’abord la Sagesse puis la Force puis la Beauté puis celles des plateaux respectifs des 1er et 2ème Surv\ ainsi que du Secr\ et de l’Or\.
La lune, le soleil, le delta et le Temple replongent progressivement dans l’obscurité  jusqu’à ce que le Vén\M\ ait éteint également les trois flammes du chandelier placé à l’Orient.
Seule, la « petite flamme » reste allumée ainsi que ses sœurs en nous-mêmes.
Nous nous retrouverons réunis lors de la prochaine tenue et ainsi de suite…

Le temple obéit aux lois de l’Univers et le rythme des saisons en est issu, les Tenues de St Jean d’hiver et d’été marquent le début et la fin du cycle annuel de nos Tenues en respectant les dates charnières du déclin du jour ou de la nuit. La chaleur du Soleil et de la Terre dégagée par les feux respectifs de ces deux astres étant la cause directe de ce cycle, le symbole de la flamme va de soi pour évoquer ce phénomène.

V - La Tenue de Saint - Jean d’hiver :

Les jours vont redevenir plus longs, les nuits plus courtes et la chaleur fera de nouveau s’épanouir la vie sur Terre. Tout se passe comme si l’Univers avait décidé d’offrir à la Terre un cadeau bienfaiteur, une preuve d’amour. Ce sentiment nous exhorte à répercuter cet amour, parmi nous et autour de nous.
Dans ce but, notre « petite flamme » est alors répandue différemment dans le Temple :
Depuis les trois flammes du chandelier à trois branches, la flamme de droite donnera une flamme symbole « d’amour – Beauté » sur le plateau du 2ème Surv\, la flamme de gauche donnera une flamme symbole « d’amour – Force » sur le plateau du 1er Surv\, la flamme du milieu une flamme symbole « d’amour – Sagesse » sur le plateau du Secr\ et une flamme symbole « d’amour – Sagesse » sur le plateau de l’Or\.
Ce sont ces « flammes – amour » qui allument ensuite respectivement les candélabres des trois petites lumières.
Au fur et à mesure, la lune, le soleil, le delta et le temple se sont illuminés.

A la clôture des travaux, aucune de ces flammes ne sera éteinte.
Les « flammes – amour » doivent continuer à briller pour que leur rayonnement atteigne aussi le monde profane et pas seulement les FF\.
En quittant le Temple, les FF\ trouveront sur le parvis un sapin avec 3 flammes sur trois bougies disposées en forme de triangle. Ces 3 flammes sur le sapin ne sont pas symboliques en elles - mêmes. Elles ont été allumées sans cérémonie par le F\ Couvr\ pour matérialiser le symbole du triangle.

Ce rayonnement d’amour diffusé au monde profane par notre « petite flamme » et ses flammes sœurs durera symboliquement jusqu’à la Saint Jean d’été. A l’occasion de cette tenue commémorative, une suite logique est donnée au symbolisme de la tenue de Saint Jean d’hiver :

VI – La tenue de Saint - Jean d’été :

Les jours vont devenir plus courts et les nuits plus longues, la chaleur va diminuer progressivement pour faire place au froid. La vie va peu à peu se recroqueviller sur elle-même. C’est comme si la Terre se préparait à mourir. Et cela nous amène à faire un bilan de nos actes, à sonder notre conscience. 
En entrant dans le Temple, nous avons retrouvé, en plus de notre « petite flamme » les « flammes – amour » laissées sur les candélabres des trois petites lumières lors de notre sortie de Tenue de Saint Jean – d’hiver. Ces flammes ont brillé symboliquement durant toute la saison des jours croissants pour que Sagesse, Force et Beauté rayonnent sur le monde profane.

Pour aller au fond de nous-mêmes et nous trouver avec la seule flamme de notre conscience, il nous faut l’obscurité du cabinet de réflexion.

La flamme de la Beauté va retourner sur le plateau du 2ème Surv\
La flamme de la Force va retourner sur le plateau du 1er Surv\
La flamme de la Sagesse va retourner à l’Orient sur le chandelier à trois branches qu’elle allumera successivement au milieu puis à gauche, puis à droite.
La lune le soleil, le delta et le Temple se sont éteints progressivement pendant ce temps.
Par la suite les flammes des plateaux des 1er et 2ème surveillants vont passer de main à main sur leur colonne respective pour revenir à l’orient où elle seront éteintes par le Vén\qui éteindra ensuite celles du chandelier à trois branches.

Ainsi, nous retrouvons-nous dans la pénombre avec notre « petite flamme » symbole de notre conscience, de notre vie M\et de notre amour fraternel.

C’est pourquoi elle ne doit jamais s’éteindre, nous l’emportons avec nous dans « le Temple que nous sommes nous mêmes » comme il est dit dans le rituel de cette
Saint - Jean. C’est pourquoi nous veillons aussi à la régénérer par la participation régulière à nos Tenues.

Conclusion :

Le symbole est utilisé dans le rituel pour la puissance évocatrice du concept, de la pensée ou de l’idée qu’il doit véhiculer parmi nous.

La flamme est sans doute la figure la plus représentative, la plus suggestive et la plus synthétique de la vie et de tout ce qui l’accompagne en tant que création de l’Univers.

A la fois concrète et abstraite, elle touche les deux pôles de l’homme : le rationnel et l’irrationnel.

Elle nous apporte une compréhension subjective qui nous fait dépasser le seuil de notre propre mental.

Si nous observons le symbole de la flamme avec toute l’attention qu’il mérite, il a un effet expansif sur notre conscient par rapport au langage et à la réflexion logique et objective qui ont plutôt tendance à réduire notre conscient.

Pour ma part, je n’y ai d’abord pas prêté cette attention et je n’ai donc pas tout de suite perçu toute la puissance évocatrice de ce symbole car mon esprit de chrétien auquel on a inculqué le symbole des flammes de l’enfer, du démon et de la damnation, avait un a priori tout à fait autre, vous vous en doutez…
D’autre part j’avais vu assez de cierges à l’église, ces chandeliers n’étaient donc pas aptes à susciter ma curiosité a priori.

Comme bien des FF\j’ai eu plus de sympathie et d’attirance pour la lumière et je suis tombé dans le piège de la facilité comme d’autres y sont tombés : à savoir, d’en faire un symbole universel polyvalent et incontournable.

Pendant un moment, J’ai même considéré la flamme avant tout comme un symbole de lumière, ce qui m’a considérablement gêné dans ma compréhension du rituel.

Puis, c’est le rituel lui même qui m’a aidé peu à peu à remettre toutes ces idées à leur place, par exemple par la notion de degrés de lumière. Trop de lumière éblouit et peut même rendre aveugle.

L’homme perçoit la lumière par les yeux or, son premier réflexe de concentration est de fermer les yeux. La lumière du soleil nous cache les étoiles etc…

La flamme d’une bougie éclaire une chose à la fois et on doit l’approcher de cette chose pour pouvoir l’analyser en profondeur sans être distrait par son environnement.
Autres exemples : le cabinet de réflexion et le pavé mosaïque qui nous rappellent que le chemin de la vérité passe aussi par les ténèbres et que la vie est faite de dualité.

D’autre part, des êtres ont droit à la vie sans connaître la lumière comme les chauves souris par exemple.
La lumière éternelle comme paradis est une allégorie moins sympathique quand on pense aux papillons de nuit et autres insectes qui, attirés par sa lumière, viennent se brûler contre l’ampoule,…

Est-ce que les aveugles sont interdits de M\ ?
Comment perçoivent-ils notre rituel ?
Les aveugles, par le développement exceptionnel d’autres perceptions que la vue, se révèlent tout à fait capables de tailler leur pierre brute.

La lumière est un résultat, la flamme produit, entre autre, la lumière mais surtout la chaleur qui donne la vie.

Nos yeux voient mais aussi nous trompent. Faute de capteurs adéquats, nous ne percevons pas l’électricité, le magnétisme, la radioactivité ou les ondes hertziennes.
De même que notre ouïe ne capte pas les infra sons ou les ultra sons, nos yeux ne voient pas tout le spectre lumineux.
La flamme et la lumière sont intimement liées mais je me garde désormais d’un mysticisme trop tentant à l’égard de la lumière.

L’interprétation des symboles est l’affaire de chacun mais la rigueur dans le respect du rituel est l’affaire de tous.
En tant que responsable de la colonne d’harmonie au sein de notre Atelier, je terminerai par une image propre à ma tâche :
Le rituel me fait penser à une pièce musicale dans son ensemble, où les symboles et les allégories représentent les notes qui en composent la mélodie.
Nous ne pouvons exécuter cette pièce musicale ensemble, sans l’observation rigoureuse des règles du solfège.
Cependant, nous avons toute liberté quant à l’interprétation de sa mélodie.
  
J\C\ J\


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