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Le Septentrion

C’est un sujet qui s’adresse tout particulièrement à moi en ma qualité d’apprenti maçon, puisque mes frères, c’est le lieu ou je siège depuis mon initiation ; lieu que je quitte un bref instant pour rompre le silence et vous exposer mon travail.

J’aborderai ma démarche en vous parlant du  septentrion, tel un repère dans les ténèbres, un phare pour le cherchant, un  guide pour le croyant.


En me plongeant par curiosité dans le dictionnaire, je trouve que le mot septentrion, en latin « septentriones », représente les sept étoiles qui forment la constellation  de « la petite ours »

Rien de bien parlant pour moi sauf le fait que l’étoile du nord ou étoile polaire fait partie de ces sept étoiles qui composent cette constellation.
Elle est avant tout un repère céleste facilement retrouvé par les voyageurs pour éviter de se perdre.
Cette découverte change alors tout dans mon approche puisque l’étoile du nord indique une direction, aide à l’orientation voire à la découverte…

Les rois mages en ont eu grandement besoin pour s’orienter et aller à la découverte du Verbe qui s’est fait homme.

Une passerelle s’établit alors avec mon rituel où il est inscrit au chapitre de l’instruction : « cherchez, vous trouverez… »
Au septentrion ou tout simplement dans le nord, la pénombre règne.  Cette pénombre se devine sur le tableau de loge de part l’absence de fenêtre au septentrion. 
Installé en loge sur la colonne du Nord, j’ai alors bien besoin de l’éclat de cette étoile pour me diriger, m’orienter, et mieux encore découvrir mon environnement.
J’ai d’autant plus besoin de cette suggestion lumineuse pour m’orienter qu’un silence assourdissant demeure  en  ce lieu.

Je poursuis ma réflexion en me posant la question suivante. Pourquoi la  pénombre  et le silence sont requis pour faire des progrès en maçonnerie ?

La lumière qui éclaire faiblement le septentrion est celle de  la Lune.  Astre peu lumineux qui  réfléchit la lumière du soleil pour ainsi présider à l’obscurité de la nuit.

Peu lumineuse cette lune, mais malgré tout pour le Maçon c’est une des trois lumières de la loge, avec le soleil et le Très Vénérable.
Lors de ma cérémonie d’Initiation, après avoir demandé et reçu la lumière, j’apprends que c’est au septentrion que je dois me tenir car je ne peux soutenir qu’une faible lumière.

Pourquoi alors m’avoir accorder la Lumière pour ensuite me maintenir dans le lieu le plus sombre de l’Atelier?

Sûrement pour me mettre à l’abri d’une trop forte lumière qui risquerait de m’aveugler, voire de me brûler.
Pourquoi tant de précaution à mon égard, tant d’égard envers l’apprenti que je suis ?
Sûrement aussi pour m’inciter à une quête plutôt progressive de la lumière.
Sûrement enfin, car une lumière peu intense dans la nuit est un meilleur guide qu’une lumière éclatante à midi.

Mais de quelle lumière s’agit-il au juste?

De la mienne avant tout. Celle qui existait déjà dans mon cœur de croyant profane et qui faisait de moi un candidat potentiel à l’initiation maçonnique.  Celle qu’il me faut attiser pour mieux voir ce qui se passe en moi, mieux voir les aspérités projetées sur mon être dans ma vie profane.
Mieux voir ces imperfections pour mieux me connaître, mieux me connaître pour mieux  les combattre, mieux les combattre pour m’élever dans la vertu. Quitter le paraître pour épouser l’être, quitter le matériel pour acquérir l’immatériel, quitter le superficiel pour atteindre le spirituel. Je me dois de le faire avec le reflet de ma propre lumière.
 Le silence dans lequel je suis également plongé, ce silence qui m’est imposé au septentrion m’aide dans cette quête progressive de ma propre lumière. 
Dans cette quête de soi dans la pénombre et le silence, la finalité première n’est pas de TOUT comprendre mais de MIEUX comprendre. Comprendre c’est accepter, accepter c’est  grandir. Ainsi, jours après jours, laborieusement, le Maçon que je suis dégrossit sa pierre brute.

C’est dans ce sens que ma démarche est unique ; elle est entièrement mienne.

Je terminerai par cette ultime question. Suis-je pour autant seul dans l’obscurité et le mutisme ?


Surement pas car un FM  existe et grandit uniquement dans l’œil de son Frère.

Pour ce, mes Frères apprentis sont présents. Nous apprenons ensemble à travailler la pierre avec les outils qui sont les nôtres. Chacun lit les symboles au travers de sa propre lumière et nous partageons au pied de la colonne J.

C’est également au pied de cette colonne que nous recevons notre salaire. Un salaire pourquoi ?

Pour m’encourager à continuer, à travailler inlassablement ma pierre brute, pour réaliser mon projet final ; celui d’être une pierre utile à l’édifice qui est le notre...une pierre utile à l’humanité.
Le second surveillant est aussi placé au septentrion à quelques pas.

Dans la loge il est le reflet de la lumière du Vénérable sur les apprentis. Son signe distinctif est la perpendiculaire, témoin de sa capacité à nous enseigner la rectitude, la droiture et à nous aider à nous élever. Il est notre instructeur, il nous guide, nous oriente tel l’étoile du nord.

Pour conclure, chacun d’entre nous mes frères  avons vécu ce passage obligé par le septentrion, une preuve de plus de l’universalité de notre démarche pourtant si singulière et si personnelle.
Ce socle commun, ce ciment qui nous unie, la beauté de l’édifice dont chacun d’entre nous représente une pierre passe par le septentrion, haut lieu du travail de la pierre, de sa pierre. 

J’ai dit,

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