Obédience : NC Loge : NC Date : NC


Le Carré long


Le carré long était pour les mathématiciens, par opposition au carré parfait, forme  unique de rectangle ou les côtés sont égaux, la dénomination de la forme géométrique appelée aujourd'hui rectangle. Ce terme n’existait pas lors de la formation du vocabulaire opératif.

Tournons-nous vers le rituel du premier degré et analysons ce qui y est écrit  :

«Quelle est la forme de votre loge ?»
«Un carré long»

Il existe trois techniques pour tracer géométriquement un carré long, sachant que la géométrie est une démarche qui procède par la méthode et la rigueur, à l’instar du comportement du M\ :

C’est  un quadrilatère d’un rapport de 1 sur 2,ou encore deux carrés placés à côté l’un de l’autre, ou encore un demi carré,

On l’obtient également par l'apposition par leur hypoténuse, soit une longueur de cinq unités, de deux triangles de Pythagore dont les autres côtés sont respectivement de trois et de quatre unités,

Enfin on le construit à l’aide de j, le nombre d’or. On trace sur le côté inférieur d'un carré parfait un segment allant du centre de ce côté à l'angle supérieur gauche. On rabat ce segment à gauche sur la base inférieure du carré, celle-ci devient alors la longueur d’un rectangle dont la largeur reste le côté du carré initial. Cette base est égale à (1+√5)/2. Par souci de compréhension on peut relever que le grand côté est 1.618 fois plus grand que le petit côté, c’est à dire que le rapport entre sa longueur et sa largeur est égale au nombre d’or. Comme le disait Platon : « Il est impossible de bien combiner deux choses sans une troisième. Il faut un lien qui les assemble », telle est la nature de la divine proportion.
Plus longue que le simple carré, cette dernière figure n’atteint cependant pas la dimension du double carré, elle représente ainsi un équilibre eurythmique entre ces deux entités. Le carré long est donc ici le carré initial, que l'homme par son travail à façonné et transformé en un objet esthétique et harmonieux, tout comme l'apprenti passe de la pierre brute à la pierre cubique.

Cette méthode permet également à partir d’un rectangle doré, de tracer une spirale logarithmique, dite spirale de Fibonacci ou spirale dorée, formée de quarts de cercle successifs et qui, suggère avec bonheur l’infiniment grand comme l’infiniment petit.

De tous temps, symbolisme et proportion ont joué un rôle important voire omniprésent, chaque signe étant le support d’un concept imperceptible et subjectif mais également le moyen de le rendre concret. L’art dans la géométrie à une mission au sens le plus élevé du mot, il nous révèle  l’idéal, c’est à dire la réalité subjective qui est en nous  et que nous voudrions pouvoir objectiver.

Revenons maintenant à ce qui nous est dit dans le rituel :

« Quelles sont ses dimensions ? »
« De l’Orient à l’Occident, du Midi au Septentrion et du Zénith au Nadir »

«Que signifie ceci ?»
«Que la F\ M\ est universelle»

Comme le font entrevoir les demandes et les réponses du rituel, la forme même de la loge, l'espace ou se déroulent les tenues de nos ateliers est déterminée et, ses dimensions nous rappellent que la F\M\ est universelle, que les valeurs qu'elle porte sont universelles.
La forme de temple est déterminée et ses dimensions se confondent avec l’univers, il est la représentation du cosmos tout en ne l’étant pas ; mais la loge, base de la vie initiatique du F\ M\ , devient à l’ouverture des travaux, un volume cosmique qui a pour base les quatre points cardinaux et dont le centre est l’axe du monde.

Cette description formelle de toute loge maçonnique qu’elle soit de taille modeste ou importante permet la compréhension d’une idée plus large ou l’univers forme alors une grande loge travaillant sous le maillet du G\A\D\L’U\

La maçonnerie par symbolisme touche aux harmonies de la structure du monde, donc à la mesure  de l’univers dans ses formes (par la géométrie) et dans les rapports qu’entretiennent entre eux ses composants (par l’arithmétique).

Les principes maçonniques sont identiques quelle que soit la latitude ; l’histoire de l’Ordre, la tradition, le rituel et le symbolisme unissent étroitement, intimement même devrais je dire, tous les M\ de la terre.
La F\ M\en tant qu’idée et ascèse de vie, commune à toute l’humanité ne peut être récupérée par aucune nation ni aucun peuple, à fortiori par aucune caste pour en faire un privilège personnel. Elle contribue activement à la construction d’un monde meilleur en rassemblant des hommes de bonne volonté autours d’idées qui les ennoblissent.

La loge est une image réduite de la société humaine qui par sa préoccupation métaphysique de recherche de l’Absolu, tout en conciliant l’antinomie apparente entre l’individu et l’absolu, doit conduire, un jour, au triomphe de la perfection, de la solidarité, de l’amour fraternel et de toutes les valeurs humanistes et humanitaires.

Plus le M\ travaille, plus il progresse, plus il obtient de réponses, plus il franchit de degrés, plus il perçoit d'autres portes qui se présentent à lui, une réponse engendre encore plus de questions et la recherche infinie de la perfection est sa quête du Graal.

Revenons  à notre carré long et à ce que représente cette figure géométrique qui reprend la planimétrie du Temple de Salomon qui figurait déjà les quatre régions de l’univers et reprenait les proportions du corps de l’homme.

La géométrie est une discipline de la mesure qui se base sur la rigueur, le tracé est juste ou faux et il ne saurait y avoir de place pour l’à peu près.
A ce titre, la F\M\ est un ordre, elle est similaire à un sacerdoce, l’inconduite d’un seul F\ ternit l’Ordre dans son ensemble. Entrer en F\M\ c’est intégrer une société de personnes liées par des vœux solennels et un serment.

La géométrie démarche méthodique et rigoriste doit être une application des connaissances maçonniques dans l’approche symbolique de nos mystères et je ne peux qu’affirmer que nous devons cette référence aux compagnons bâtisseurs.

A la suite de mon initiation maçonnique, la géométrie m’a rattrapé au détour de mes recherches symboliques. En effet, après que je l’eusse allègrement abandonné au sortir d’une ultime et pénible – je crois me souvenir – épreuve lycéenne, elle est revenue par la grande porte, celle du sacré.

Je ne viens pas en loge en tant que F\ pour assister, mais pour participer au travail d’une communauté, héritière des maçons opératifs dont j’ai appris à me servir symboliquement et virtuellement des outils qu’ils nous ont laissé pour construire mon temple de chair.

Dans ce carré long, j’ai ressenti la liberté d’être moi, de communiquer  librement au travers de mon travail intérieur et non à travers une doctrine ou une méthode à suivre. J’ai trouvé une porte permettant d’entrer et de sortir pour écouter et discuter - écouter surtout en ces mois d’apprentissage – porte ouverte sur la liberté de l’esprit, aucun de mes F\ n’étant là pour imposer une quelconque certitude.
Le jour de mon initiation, j’ai entamé un voyage pour découvrir un monde nouveau pour me découvrir également. Je me suis engagé, comme vous tous mes F\ dans une quête de connaissances, de croissance et d’élévation spirituelle.

Me confronter à votre miroir me permet de me muer chaque jour un peu plus en bâtisseur de mon temple intérieur. Nous vivons aujourd’hui dans un monde matériel qui a perdu une grande part de sa dimension spirituelle, tout y a un prix mais presque plus rien n’y a de valeur. Cette fuite en avant ne résout rien et l’homme seul n’a besoin de spectateurs que pour applaudir à son superficiel et futile génie, masquant ainsi le sentiment de l’inutilité objective de sa vie et de sa raison d’être ici-bas.

L’enseignement maçonnique me permet de trouver ma place dans le monde en m’incitant à rechercher en moi ce que je suis et  cette construction toute personnelle, cette introspection est une œuvre longue, infinie comme nous le rappelle la voûte étoilée qui constelle le plafond du carré long.

Je crois avoir compris que le profane  ne meurt pas au sens ordinaire du terme, il s’efface petit à petit, au fur et à mesure que le M\ par son travail sur sa pierre grandit. Personne ne peut construire pour nous, pas plus que nous tous ne sommes là pour construire pour les autres.

Galilée disait déjà : « On ne peut rien enseigner à autrui ; on ne peut que l’aider à le découvrir lui-même ».

J’ai Dit

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