Obédience : NC Loge : NC Mai 2003

Les fenêtres du tableau de loge

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Tableau de loge 18ème siècle

Sur notre tapis de loge sont indiquées les trois fenêtres situées :
La première à l’orient
La seconde au midi
La troisième à l’occident.
Bien que ce symbole ne soit pas un symbole majeur, il mérite toute notre attention.
La position des fenêtres orient midi occident correspond à une symbolique que nous connaissons bien et nous y reviendrons.

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Rapportons-nous dans le passé de notre tradition et regardons ce tableau daté de 1742. C’est un des  premiers répertoriés au siècle des Lumières, et nous remarquons que les fenêtres sont dessinées de façon banale, trois rectangles grillagés, quelques traits hachurés et sans style. Aujourd’hui, en maçonnerie moderne, on trouve des fenêtres en ogive de style romain etc.…

Nous pouvons voir également aujourd’hui des déviations qui nous éloignent de l’idée première de la symbolique des fenêtres sur notre tableau de loge.
Seul l’esprit de la fenêtre « Ouverture d’un endroit clos vers l’extérieur » était la symbolique retenue et nous allons essayer de la démontrer, car il me paraît qu’une autre interprétation serait peut être contraire à l’esprit des anciens.

Rapportons-nous dans la loge, dans l’espace sacré qui nous rassemble.

L’apprentie de par sa position ne doit recevoir la lumière qu’avec parcimonie c’est pourquoi elle n’a pas de fenêtre qui lui envoie la lumière directe de l’extérieur sur sa colonne, car il n’y a symboliquement jamais de fenêtres au Nord sur le mur du temple ni au Nord sur le tableau de loge.

C’est là qu’on peut voir l’une des problématiques des fenêtres. Ici dans le temple nous avons trois fenêtres.  Or, les trois fenêtres sur le tableau de loge sont à mon sens les seules à devoir s’y trouver, toutes fenêtres additionnelles posées sur un mur tout comme nous pouvons le voir dans notre temple par exemple ou ailleurs, ne seraient qu’une déviation du rituel et ne serviraient en fait qu’à dévier le sens symbolique de notre tapis de loge.

Nous confondons souvent toutes les lumières !
Il y a d’une part les flambeaux, ou étoiles, ou piliers, bref des bougies allumées durant nos travaux (et même avant ou après les travaux ; pas EDF au 18è siècle !), quand le temple est consacré… D’autre part il y a la lumière du Delta, Lumière Céleste, « flamme spirituelle » « qui ne doit jamais s’éteindre en nous », « qui apparaît aux apprenties, qui éclaire les compagnonnes et qui illumine les maîtresses ».

La lumière Divine ne se reçoit pas diffuse ou tronquée ! Quel symboliste accepterait que cette lumière passe à travers un grillage ?

Or nos fenêtres, sur le tableau de loge (parfois même sur les murs !!!) sont grillagées. (On explique même parfois que cela filtre la lumière !!!) La présence de fenêtres n’a alors rien à voir avec la météorologie réelle, elle signale symboliquement à l’orient au  midi à l’occident le chemin du Soleil, du lever au coucher, soit le temps de nos travaux.

Je vous rappelle que les tableaux de loge ancestraux de la Maçonnerie étaient les mêmes au premier et au deuxième grade, il n’y a donc pas ces spéculations de déviations sur les formes et positions de fenêtre du premier et deuxième degré. La symbolique reste la même.

Notre tradition a une souche orientale et l’architecture des pays du soleil comporte un élément qui montre la deuxième problématique des fenêtres du tableau de loge.

Le claustra, le moucharabieh est une cloison percée qui permet de voir sans être vu. Notre loge, je le rappelle est un lieu « fort et couvert…» Quel est l’intérêt d’avoir même symboliquement un moucharabieh ?
Nous venons en franc-Maçonnerie de notre plein gré, pour chercher la lumière que nous devons porter au dehors.

Le grillage n’atténue rien pour celles qui sont dans le temple. Il exprime symboliquement la possibilité pour les membres de la loge autorisée (Compagnonnes et maîtresses) de regarder au-dehors, l’apprentie devant se protéger. Dans le même ordre d’idées, compagnonnes et maîtresses voyagent, visitent d’autres chantiers, mais pas les apprenties…

Enfin certains points peuvent être étudiés en relation avec l’architecture sacrée du temple de Jérusalem, mais n’oublions pas mes sœurs que nous sommes au premier degré…

Bien sûr, certaines sœurs diront que les fenêtres sur les murs du temple y ont leur place… Je vous rappelle que la vénérable Maîtresse et les deux surveillantes sont appelées les trois lumières de la loge, est-ce à dire qu’elles doivent entrer par les fenêtres et non par la porte du temple ?

« Ici tout est symbole »

Notre rôle de maîtresse maçonne est bien sûr de s’inspirer et de tirer enseignement de ce qu’ont dit nos prédécesseurs, mais aussi, et surtout de se forger notre propre opinion, la compilation de ce qu’ont dit certains écrivains n’est pas forcément de la réalité mais l’expression de leurs pensées personnelles, notre rôle dans l’étude symbolique de la Maçonnerie est de continuer notre initiation, pas de chausser les mocassins des autres. « Cherchez et vous trouverez »

J’ai dit !
S\ L\

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     1745-manuscrit « tarade»                                        1770-manuscrit GLDF.
                                                        
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-extrait des rituels dits « du Duc de Chartres » (1784) 1830- le « tuileur de vuillaume »

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Gravure fin 17e siècle nous montre que seul les symboles rituels du tableau de loge faisaient partie du décorum des loges pendant les travaux.


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