Obédience : NC | Loge : NC | Date : NC |
A chaque tenue, le rituel nous rappelle que nous travaillons de midi à minuit. Nous ouvrons nos travaux à midi, au moment où la lumière est à son optimum, c’est à dire lorsque le soleil est à son zénith. Nous clôturons invariablement nos travaux à minuit, au moment où la lune exerce son pouvoir de réflexion sur la voute céleste, c’est-à-dire lorsque les ténèbres de la nuit viennent dissiper la lumière du jour. Lors du Solstice d’été, il est midi, le soleil a atteint son point le plus élevé. Pour les ouvriers que nous sommes, c’est le moment d’aller au champ. A l’inverse, lors du Solstice d’hiver, il est minuit, les ténèbres nous entourent. Toutefois, même si nous ne le voyons pas, le soleil spirituel est toujours bien présent. Pour le franc-maçon, ce n’est pas le temps du simple repos. Les ouvriers, dans le silence et la solitude, doivent poursuivre leur travail. Ils doivent préparer ce qui est en devenir. Les ténèbres, voilà un mot fréquemment employé dans notre langage maçonnique. Il peut recouvrir au moins trois sens : ü Négativement, les ténèbres peuvent désigner le contraire de la Lumière maçonnique. ü Positivement, elles évoquent l’obscurité nécessaire à la réflexion pour celui ou celle qui va subir la première épreuve de l’Initiation dans le Cabinet de réflexion. ü Positivement toujours, les ténèbres expriment un changement d’état. Elles renvoient à l’initiation elle-même avec le passage des ténèbres à la Lumière : « Pourquoi un profane demande-t-il à être reçu Franc-maçon ? Parce qu’il est libre et de bonnes mœurs qu’il est dans les ténèbres et qu’il cherche la Lumière ». Avec le Solstice d’hiver, la lumière est faible, la graine est enfouie ; elle va germer. C’est pour nous tous, le rappel du Cabinet de réflexion. C’est le rappel de cet instant où nous sommes isolés dans un lieu sombre. Cet instant où dans les ténèbres de la terre, nous sommes descendus en nous-mêmes. Durant cet isolement, nous avons été confrontés à quatre facteurs ambiants : le silence, la solitude, l’immobilité et l’obscurité. Ces facteurs ont vocation à nous confronter avec nous-même, à nous inviter à rechercher en nous-même la Lumière principielle. Arrêtons-nous quelques instants sur le concept de « solitude initiatique ». Cette solitude est d’abord choisie. Ce n’est pas une fuite du monde. Elle n’est pas source d’angoisse comme peut l’être la solitude subie pour quelque raison que ce soit. La solitude choisie est une source de paix. Elle est adoptée dans une orientation spirituelle. L’Homme qui médite seul n’est pas un fuyard ; il marche vers quelque-chose de plus grand que lui. La solitude initiatique est ensuite prise en totale liberté. C’est donc une promesse d’évolution. Il ne s’agit pas d’une prison ou d’une clôture. Il s’agit d’une opportunité de recueillement et d’ouverture à plus grand que soi. Ainsi, la solitude que nous avons découverte dans le Cabinet de réflexion permet un rapprochement, avec ce qui, en nous, nous contient et nous dépasse. Cette solitude initiatique ne consiste pas à réfléchir pour passer le temps ou pour s’amuser avec des concepts abstraits. Elle a vocation à nous permettre de donner du sens à notre vie, à vivre vraiment, à faire que notre vie soit une vie utile. Alors, au moment où nous célébrons le solstice d’hiver remémorons-nous ce temps de solitude que nous avons connu dans les ténèbres du Cabinet de réflexion. A quoi pensions nous en observant le crane, le Coq, le mot VITRIOL, le sablier, la sentence « Vigilance et persévérance » ou encore la bougie ? Cette petite bougie, cette toute petite lumière principielle, qui est là pour nous éclairer dans l’obscurité du Cabinet de réflexion et sans laquelle il serait impossible d’entreprendre tout voyage intérieur. Au moment où nous célébrons le solstice d’hiver, pensons à laisser toujours vivantes la flamme de la solitude initiatique dans nos vies maçonnique et profane. Considérons-la, comme une opportunité quotidienne d’éveil et de réveil de notre volonté d’élévation intérieure. Lors de la cérémonie du Solstice d’hiver, au milieu des ténèbres, la Lumière demeure toujours bien présente. Après des moments d’incertitude, le Maître Ancien nous l’a apportée. Il nous a apporté, ici, au sein de notre Atelier, la flamme qu’il a pu soustraire aux ténèbres. Ainsi, ce qui est fêté lors du Solstice d’hiver, c’est donc le succès de cette quête de la lumière originelle qui a créé l’univers au premier instant et qui, depuis, ne cesse de le créer à nouveau. Ce succès intervient après une période dangereuse durant laquelle l’ordre naturel semblait devoir s’inverser ; les ténèbres obscures menaçaient d’occulter définitivement la lumière et de provoquer le désordre et le chaos. Heureusement unis par l’amour fraternel et guidés par ceux qui sont passés à l’Orient éternel, les initiés que nous sommes ont retrouvé la racine du feu secret qui renait perpétuellement de lui-même pour créer. Grâce à notre action collective, les ténèbres ne sont pas parvenues à arrêter la lumière. Cette lumière est plus forte que tout. Elle est parvenue à vaincre l’adversité. Il y a bien longtemps. Il y a même plus de 12 000 ans, le Roi David, le père du Roi Salomon, écrivait : « Les ténèbres ne sont point ténèbres devant toi. La nuit comme le jour est lumière ». Le Roi David entendait ainsi dire aux croyants : Même au plus profond des ténèbres, quand tout est sombre devant toi, quand tu ne vois plus de chemin possible, quand ton Dieu semble s’être absenté, sa présence secrète peut de manière paradoxale rayonner et alors les ténèbres s’illuminent. La nuit comme le jour devient lumière. Avec ces mots, le Roi David aurait pu tout aussi bien s’adresser à nous, Maçons : Même au plus profond des ténèbres, quand tout est sombre devant toi, quand tu ne vois plus de chemin possible, quand la Lumière de la Sagesse semble s’être absentée, sa présence secrète peut de manière paradoxale rayonner et alors les ténèbres s’illuminent. La nuit comme le jour devient lumière. Nous avons été initiés par le Feu, nous sommes les enfants du Feu. A nous de veiller sur cette flamme qui éclaire notre nuit. Il est certes minuit, mais notre travail se poursuit à l’intérieur comme en dehors du Temple. Nous avons le devoir de construire un monde meilleur pour nos frères et sœurs en humanité. Nous avons le devoir de leur apporter la Lumière au milieu de leurs ténèbres. A nous de travailler maintenant afin que, pour eux aussi, les ténèbres ne soient point ténèbres. Que la nuit comme le jour soit Lumière ! J’ai dit |
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