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Cérémonie du Solstice d'été
A toi soleil, Âme de l'Univers 

Planche inspirée par La Cantate de la Saint Jean d’été de MOZART
 
  
Vous venez d’entendre « La Cantate de la Saint Jean d’Eté ». Notre F\ Wolfgang Amadeus Mozart l’a composée, en 1785, pour célébrer les solennités de la fête de la Saint Jean d’Eté de son Atelier, la Respectable Loge « L’espérance nouvellement couronnée » à l’Orient de Vienne.
Lorsque nous écoutons des œuvres musicales, comment ne pas penser que la musique par son rythme, par sa mélodie ou par sa tonalité peut elle aussi être l’expression de nos chemins de vie ?
 
Aussi, je vous propose ce soir de nous arrêter quelques instants sur la tonalité toute particulière de cette Cantate, avant d’en envisager son texte et la symbolique qu’ils emportent pour nous, Francs-maçons.
 
I. Quelle symbolique se cache derrière la tonalité de cette Cantate ?
 
Cette œuvre qui a vocation à célébrer un évènement solennel a été composée en Mi bémol majeure et non pas en Do majeur, comme c’est pourtant très souvent le cas pour les compositions à vocation liturgique et solennelle.
 
Le Do majeur, appelé aussi Ut majeur, c’est la note de base, la note du centre, la note de référence pour tous les autres tons. Ainsi, une œuvre écrite en Do majeur exprime naturellement de la solennité et du divin. C’est ce qui permettra à Charles Gounod de dire que « Dieu parle en ut majeur ». Le Franc-maçon, quant à lui, ne parle pas en Do majeur. Le franc-maçon parle en Mi bémol majeur.
 
Arrêtons-nous successivement sur ces trois éléments de tonalité : le Mi, le bémol et la majeure.
Tout d’abord, le Mi. Il fait référence au ternaire : c’est la troisième note dans la gamme après le Do et le Ré. Ce Mi évoque ainsi le chiffre trois ; le trois de la perfection ; le ternaire initiatique.
Maintenant, le bémol. Dans ce monde en Mi, le compositeur peut choisir entre deux mondes opposés : d’un côté, les graves bémols de la sagesse et, de l’autre, les dièses papillonnants de la légèreté profane. Le compositeur maçon, pour sa part, choisira le bémol qui nous conduit vers les graves et la sagesse.
Enfin, la majeure. Elle exprime l’unité tonalitique de l’œuvre. La majeure, à l’inverse de la mineure, rend témoignage de sérénité. Elle s’oppose à la mineure qui, quant à elle, marque une approche incomplète ou tourmentée.
 
De sorte que le Mi bémol majeur est considéré comme étant la tonalité maçonnique par excellence, c’est à dire une tonalité qui réunit à la fois le trois de la perfection, le bémol de la sagesse et la majeure de la sérénité. C’est pourquoi, de grands airs maçonniques comme la Flûte enchantée ou des œuvres moins connues comme cette Cantate de la Saint Jean d’Eté sont écrits en Mi bémol majeur.
 
En Mi bémol majeur, ce n’est pas Dieu qui parle, c’est le franc-maçon. Son chant n’est pas l’expression d’une puissance supérieure qui - telle la statue du Commandeur tançant Don Giovanni - viendrait diner avec nous pour nous dire ce que nous devons être ou comment nous devons travailler au progrès de l’humanité. Son chant ne nous demandera pas de nous repentir. Et si, par hasard, nous nous refusions de répondre à son invitation, il ne nous condamnerait pas à être engloutis par les flammes de l’enfer.
Bien au contraire. Son chant en Mi bémol majeure est l’expression d’une voix d’homme, d’un ténor qui, à son midi, vient exprimer sa reconnaissance, mais également les voies qu’il envisage d’explorer pour participer à son humble place au progrès de l’humanité..
 
II. J’en viens maintenant au texte de cette Cantate et à sa symbolique maçonnique.
 
Cette œuvre de Mozart est basée sur un texte du F\ Lorenz Léopold Haschka. Ecoutons ce qu’il nous dit.
 
Dans un premier mouvement, le Chœur en ouvrant cette Cantate nous invite à être reconnaissants envers le Soleil :
« Qu’à toi, âme de l’univers, ô Soleil,
Aujourd’hui, te soit consacré le premier des chants solennels !
Ô Maître, sans toi nous ne vivrions pas ;
De toi seul viennent la fécondité, la chaleur et la lumière ! »
 
Ce à quoi le Ténor répond en poursuivant par des remerciements pour les fruits du Soleil :
« C’est à toi que nous devons la joie que nous éprouvons : (…)
Lorsque la bienfaisante Nature
Dispense tous ses trésors
Et prodigue chacun de ses charmes.
Lorsque chaque plaisir s’éveille
Et que tout bondit et s’égaie
Dans les chants regorgeants de ta bénédiction ».
 
Au travers de cette Cantate, Mozart entend chanter la reconnaissance du maçon envers le soleil. Un soleil qui est l’expression d’un souffle divin ; un soleil dispensateur de richesses et de lumière.
 
A toi, ô Soleil, âme de l’Univers, nous devons reconnaissance pour ta fécondité et la lumière que tu nous dispense. Ô Soleil, tu symbolises la vie, l’énergie positive et la réalisation de soi. C’est toi qui permets la vie et la génère. Tu nous renvoie une image d’optimisme, d’avenir, d’abondance et d’épanouissement. Ô Soleil, en dispensant en nous la lumière, tu nous ouvres les voies de la liberté. En cela, tes bienfaits sont la force et la pureté d’un esprit libéré.
 
En la Saint Jean d’été, Mozart nous convie à fêter le Soleil car, en ce jour, le Soleil est au Zénith, c’est à dire au point le plus haut du ciel. Fêter le Soleil en ce jour, c’est fêter la course solaire ; et, à travers elle, c’est fêter notre travail ainsi que les fruits que nous en récoltons.
 
Fêter la course solaire, c’est se rappeler que notre travail est sans fin. A l’image du soleil, le Franc-maçon est toujours à l’œuvre que ce soit lors de la Saint Jean d’hiver comme lors de la Saint Jean d’été.
 
A la Saint Jean d’hiver, le soleil est à son point le plus bas, l’initié est à l’entrée de l’hiver. L’univers qui nous entoure est froid ; cet univers nous invite naturellement à l’intériorisation volontaire. Placé au Nord, la porte symbolique qui se présente devant nous est encadrée par deux colonnes que sont la tempérance et la prudence. Deux vertus qui ont vocation à nous conduire sur le chemin du savoir.
A la Saint Jean d’été, le soleil est à son point le plus haut, l’initié est à l’entrée de l’été. Grâce au soleil resplendissant, l’univers qui nous entoure est chaleureux ; cet univers nous invite à l’expansion. Placé au Sud, la porte symbolique qui se présente devant nous est encadrée par deux colonnes que sont la force et la justice. Deux vertus qui ont vocation à nous conduire sur le chemin du vouloir.
En d’autres termes, pour nous tous ici présents ce soir, fêter la Saint Jean d’été, c’est faire mémoire que les initiés que nous sommes, se construisent au rythme des saisons en empruntant successivement les chemins du savoir et les chemins du vouloir.
 
Le soleil, en cette fête de la Saint Jean est le signe d’un nouveau départ : il est temps, pour nous, de récolter les fruits de notre travail sur notre Etre intérieur afin d’aller vers les autres.
Depuis la Saint Jean d’hiver, nous avons réfléchit à ce nous voulions mettre en œuvre. Nous l’avons fait murir dans notre esprit. A nous, maintenant, d’aller vers du concret et de nous réaliser sur une voie plus élevée. En somme, le soleil à la Saint Jean d’Eté - en étant rempli de lumière, d’énergie divine – vient, à son tour, nous remplir d’amour et nous ouvrir à de nouveaux chemins de vie.
 
« Qu’à toi, âme de l’univers, ô Soleil,
Aujourd’hui, te soit consacré le premier des chants solennels !
Ô Maître, sans toi nous ne vivrions pas ;
De toi seul viennent la fécondité, la chaleur et la lumière ! »
 
J’ai dit

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