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Le signe d'ordre

V\ M\ et vous tous mes F\ et S\, je vous parlerai aujourd'hui dans le cadre de ma planche de passage pour l'élévation à la maîtrise, du signe d'ordre de compagnon. J'ai voulu au cours de ce travail mettre le signe du second degré dans la perspective de celui de l'apprenti dans son interprétation rituellique et personnelle. J'ai voulu également essayer de rapprocher du signe, les différents symboles importants du grade. J'essaierai de décrire la première et la seconde partie du geste à travers mes impressions et sensations. Puis lumière vue par le voyageur en passant sous le bord de sa face visible et flamboyante.

Lumière lue ensuite dans l'étoile flamboyante, et dans la lettre géométrique de l'étoile à 5 branches. Lumière toujours, dont le grade suivant permettrait, suite au passage du flambeau à l'ombre, de reconstituer l'alliance symbolique avec son coeur.

Union maçonnique, célébrant la plus belle victoire qui soit, la victoire sur soi même, pour celui qui croit sans faiblir, pour celui qui croit sans trahir.

C'est dire encore, sous un autre angle, par le geste auguste du coeur arraché, du coeur dispersé avec la multitude, l'ampleur du travail et de l'apprentissage que le compagnon s'assigne.

A chaque tenue, il mime le châtiment auquel le condamnerait le parjure.

Il montre le nouveau moyen qu'il se donne de périr et d'être châtier si jamais il venait à manquer à ses devoirs, ses promesses, son serment.

En ouvrant son coeur au second degré, le geste tracé, me fait penser par analogie, au dessin du Larousse, celui imaginé dans la dent de Lion, symbolisme du dictionnaire, et dont la devise est : je sème à tout vent. Cette gestuelle m'a été transmise à la fois pour protéger mon coeur des agressions et des passions, mais aussi pour me tempérer et me rappeler à l'ordre.

Ainsi, sur cette colonne, je suis un Maçon par ce que vous m'avez enseigné et transmis.

C'est par ce double signe que vous me reconnaissez comme tel.

C'est une main qui se lève en suivant le jour dans sa course depuis l'Orient... Ce n'est plus la palme d'une ombre inconnue, mais la main héliogyre que le soleil aimante.

Un geste de salutation adressé au soleil, qui montre que tous mes actes doivent être inspirer de justice et d'équité.

Cette seconde partie du signe est à la fois ouverte, extérieure, verticale et lisse…

Il n'est plus le symbole du sacrifice, de la faiblesse, ou de la mort, mais celui de la puissance de l'espoir, de la douceur de la sagesse et du juste équilibre de choix réalistes, prometteurs et raisonnables.

Le signe réfléchi d'un homme de bonnes moeurs, qui concède au nom des siens, sur le socle des bases fondamentales de liberté et d'égalité, ce qu'il peut, ce qu'il doit et ce qu'il sait...en gardant toujours à l'esprit ce qui lui donne et lui confère son équilibre : la reconnaissance et l'humilité.

Pour expliquer ce que je veux saluer avec ce signe, je dirai avec Alexandre Dumas Fils, que je suis de ceux qui croient que le tout est dans le peu.

- l'enfant est petit, et il renferme l'homme ;
- le cerveau est étroit, et il abrite la pensée ;
- l'oeil n'est qu'un point, et il embrasse des lieues ;
- la main est ouverte, et elle relie des mondes.

Lors de la cérémonie, après avoir découvert les outils et les symboles présentés au compagnon lors de ses voyages, les sens, les arts, les sciences, et les bienfaîteurs de l'humanité.
 
Le travail du compagnon trouve alors son apogée avec la glorification du travail, au cours de son 5eme et dernier voyage.

C'est ce dernier tableau qui au final permet au compagnon d'être en mesure de polir correctement sa pierre. Le geste de salutation et de fidélité, me rappelle que je suis là, présent en ces lieues, pour justement y polir ma pierre.

Il marque l'endroit où je me tiens dans l'espace sacré, lieu dans lequel je m'insère parmi vous.

Le signe souligne les angles de ma pierre, en formant 5 équerres ; 3 pointes saillantes et angulaires pour le signe de salutation ; complétées avec l'angle de mes pieds et celle que signe le geste de fidélité de ma main droite.

Le signe contient le chiffre 5, nombre sacré du grade, nombre égal à celui des équerres formées par le compagnon.

La forme de pensée de cette pierre dans l'édifice, forme représentée par ces équerres, me donne l'idée d'être l'une des cardinalités qui délimitent notre temple intérieur, et, celle qui continue de nous relier à lui quand nous en sommes loin.

Eléments de connaissance que je rapporte dans mes essais de reformulation. Connaissance dont une transmutation doit faire éclore l'égrégore qui nous rassemble, et qui fait de nous des Frères et des Soeurs.

Solidaires dans l'épreuve et dans le dépassement de soi. Unis par les signes, gestes et attouchements.

Le signe d'ordre, pour sa partie effectuée par la main, le coude et le bras gauche, n'est plus comme le signe de gorge ou celui du coeur, le signe du péril ou celui de la chute.

Il change la représentation, l'orientation et la stature de celui qui le brandit.

Comme le pas du Compagnon, C'est un geste de côté, qui s'écarte du chemin, un geste sortant.

C'est une main ouverte qui se hausse à l'équerre au dessus de son propre horizon, à l'aplomb du zénith, calme et tranquille. Je conclurai enfin par ce qui me semble le mieux à ce jour décrire ce que je vis avec vous et avec la maçonnerie. Le signe d'ordre du second degré est ternaire et simultané et ainsi défini : « Sa première partie est appelée signe de fidélité ; la seconde partie le signe de salutation et la troisième partie le signe pénal ou de reconnaissance ».

Il exprime, effectué par la main droite un signe de fidélité et de sincérité, et par la main gauche un signe de salutation et d’équité.

Le signe d'ordre, pour sa partie effectuée par la main droite, consiste à avoir le coeur arraché, les doigts étant arrondis comme pour le saisir. Il représente le châtiment que le code maçonnique réserve aux traîtres, à ceux qui se seraient rendus coupables de révéler les secrets.

L'exécution de ce geste conduirait immanquablement le parjure jusqu'à sa mort symbolique. Ce geste rappelle au second degré, l'importance du serment mais aussi de la parole qui est retirée à l'apprenti et rendue au compagnon.

Parole qu'il finit par retrouver, lors de son augmentation de salaire, en montant de grade depuis son premier chantier, vers celui-ci.

Ce geste montre également le courage et la persévérance du compagnon, de placer tout comme Damoclès, son coeur à la verticale et sous la pointe de l'épée.

La valeur de son engagement se trouve alors grandi d'une nouvelle responsabilité, en même temps que lui sont remis les outils de son grade.

Avec l'ouverture de son second chantier et la possibilité de voyager, de partir à la découverte et de rapporter ses impressions, le compagnon perçoit toute l'importance de ce nouvel apprentissage.

En tout cas, c'est par la mise en pratique régulière de l'exercice de ce grade, qu'il comprendra peu à peu toute l'étendue et toute la richesse de ce nouvel enseignement.

Placer son coeur sur cette seconde case de l'échiquier, remettre sa vie en jeu, sous ce fléau, permet au compagnon qui se signe, de s'avancer plus encore dans l'ouvrage qu'il traduit avec l'aide de ses frères et de ses soeurs. Avec son bras placé à l'horizontale, ce geste d'ouverture du coeur évoque d'ailleurs toute l'importance de la relation à l'autre.

Le travail du compagnon consiste selon moi, en la traduction et la construction d'une oeuvre dont le déroulement et l'introspection suit le plan, la démarche, c’est à dire la méthode Maçonnique qui s'inscrit dans les pas des initiés.

Je voudrais replacer cette gestuelle du second degré, dans la continuité de celle qui précède, et la représenter non pas comme une transmission, mais comme une transmutation de la lumière sur la pierre brute.

Lumière qui serait transmutée, redistribuée, nouvelle.

Lumière reçue par l'apprenti lors de l'initiation. Ce double signe est la traduction littérale que j'ai mûri, que j'ai compris le pourquoi de ma présence en ce lieu, de ce que je puis me permettre de vivre, de dire, et du pourquoi je m'y exerce avec vous.

Il est la traduction de l'humilité en toute circonstance, et du discernement constant, que je dois exercer avec patience, et dans le respect de l'ordre : dans la recherche de la paix intérieure, dans l'harmonie recréée au cours de nos réunions.

Quand je nourri la maçonnerie de mes idées et de mes questionnements, elle me permet de mieux comprendre qu'elle est la contre marque de ce que je lui offre. Ce signe au second degré traduit aussi l'accord reçu de faire vivre la parole entre nous, et de pouvoir continuer d'apporter ma pierre à l'édifice. C'est un signe à l'arrêt, un signe d'ordre, préparatoire, posé.

Je concède et accepte l'idée que le travail du compagnon est encore très vaste, et que je n'ai sûrement pas encore appris, et de loin, toutes les déclinaisons que recèlent la richesse de l'enseignement de ce grade, et des trésors que contient toute la cérémonie d'augmentation.

J'ai pourtant l'idée d'avoir fait équipe avec la maçonnerie pour gagner le but fixé à ce degré, et pour lequel je me suis mesuré à moi-même.

But pour lequel vous m'avez entraîné, et pour lequel j'ai réalisé ce travail.

J'ai l'idée d'être arrivé à me hisser sur une marche, depuis laquelle je sais un peu mieux ce que nous lui promettons de faire ensemble.

Pour conclure, la maçonnerie me donne à vivre et ressentir, sur l'ensemble des plans du monde sensible et empirique, une expérience formidable, que nul autre que moi ne peux suivre ;

- à savoir vraiment ce que je vaux,
- à savoir vraiment quelle est ma place.
           
Vitriol maçonnique qui me révèle à moi-même, en me permettant d'être l'auteur et l'interprète d'un manifeste, à la fois ami de Jung et du surréalisme ; de la convergence de mes contraires et de la coïncidence de mes opposés.

J’ai dit V\ M\

A\ M\

Un signe qui s'ouvre aux autres, et qui ouvre la conscience du compagnon vers une réelle expérience de soi, de la découverte, comme chantier opératif à travers le rite qu'il imprime à sa vie.

Par l'étude du signe, j'ai trouvé dans la maçonnerie ce que je porte déjà en moi, ce dont je suis fait et ce qu'elle me permet de transformer, d'améliorer, de parfaire.

La pratique et l'exercice régulier du code qui m'est remis me permettront de relier et d'ordonner plus encore ce qui va et ce qui vient, de rassembler ce qui reste épars.

L'expérience que j'ai vécue avec vous, les épreuves subies, les rituels auxquels j'ai participé, n'ont pas d'autre vocation, à ce jour et en l'état actuel de mes connaissances, que de parvenir à faire de moi un être meilleur.

Un être sachant ce qu'il est, et comment il fonctionne.

Un être qui reconnaît chez lui ses défauts et ses capacités ; les leviers de force avec lesquels il peut agir ; les conséquences de l'usage intelligent de ses outils ; le temps pour lequel il faut laisser venir, et le temps pour lequel il faut laisser faire.

Une vie portée vers l'action, pour un être dont la définition de l'homme, est celui ou celle, qui sait avec humilité la dimension et la portée de ses propres pensées.

Le fil rouge de ma démarche initiatique, avec aujourd'hui pour bagage un baluchon qui ne semblera jamais assez plein, et la perspective de me rendre meilleur, me donne l'espoir de mieux me réaliser.

De me réaliser en sachant mieux le sens que je souhaite objectivement donner à ma vie.


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