Le Rite,
Voie de Libération ou Risque de Limitation ?
CHAPITRE I :
A PROPOS DES RITES...
CHAPITRE II :
CONTEXTE ACTUEL DES RITES MACONNIQUES
CHAPITRE III :
LE RITE DANS SON ENVIRONNEMENT ACTUEL QU'EN EST-IL AU PLAN
MACONNIQUE ?
CHAPITRE IV :
LE RITE « VOIE DE LIBERATION »
OU « RISQUE DE LIMITATION »
?
OU QUE FONT LES RITES DES HOMMES ? QUE FONT LES HOMMES DES RITES ?
CHAPITRE V :
CONCLUSION
CHAPITRE I : A PROPOS DES RITES...
Qu'ai-je observé en me documentant pour nourrir ma
réflexion ?
D'abord une constatation navrante : la définition du rite
proposé par le Petit Larousse en couleurs, Edition 1972 :
Rite :
« Ensemble de règles et de
cérémonies qui se pratiquent dans une religion :
le Rite de l'Eglise romaine. (On a écrit anciennement Rit.)
Cérémonial quelconque. Acte de magie ayant pour
objet d'orienter une force occulte vers une action
déterminée. »
Quant à celle du livre paru sous le titre
« l'encyclopédie de la psychologie
moderne » édité en 1967 par le
« Centre de la promotion de la lecture »,
page 390, elle nous est apparue déjà comme un peu
plus réfléchie et moins limitative :
Rite :
« Cérémonial
instauré par un individu ou par un Groupe social. Chaque
groupe humain stable a besoin de signes pour raviver la conscience
collective, pour souligner sa pérennité. C'est
à cela que sont destinés les rites. Ils forment
un mode de communication émotionnelle entre les membres du
groupe. Chacun se dépouille de son individualité
pour se hisser vers une conscience collective dans une participation
essentielle qui renforce le lien social au niveau le plus
profond. Dans les sociétés archaïques,
les rites ne sont pas un quelconque agrément folklorique,
ils ne se contentent pas de symboliser, ils sont réellement
ce qu'ils représentent. L'initiation, qui confère
à l'adolescent un nouveau statut social, est
censée le transformer effectivement à travers les
diverses épreuves qu'il doit traverser. Des pratiques
semblables, mais dont le sens est moins direct, se retrouvent dans
toutes les sociétés ; elles perpétuent
dans notre civilisation, sous des prétextes divers,
religieux, patriotiques, corporatifs. Si la croyance
affichée n'est pas partout la même, la
signification profonde du rite varie peu. »
« Les rituels de la politesse ne
doivent pas être pris non plus comme le résultat
d'un dressage arbitraire et suranné. Ils
répondent à un besoin : affirmer l'appartenance
à un groupe. Celui qui veut échapper à
de telles conventions est vite amener à en créer
d'autres pour parvenir à « un
mode de communication plus authentique ».
De toute évidence, la question posée
m’entraîne vers les aspects sociologiques du rite.
En fait, il faut constater que les rites les plus nombreux sont les
rites profanes et non pas les rites que je qualifierai de
« spécialisés »
tels que les rites religieux.
Néanmoins, et bien qu'il me semble nécessaire
pour la clarté de cette planche de faire de tels distinguos,
de toutes les façons, affirmer qu'il n'existe des rites
profanes que par analogie avec les rites religieux, c'est oublier que
le rite religieux a été
élaboré initialement par analogie avec des
habitudes codifiées entre vivants, Dieu ayant
été conçu progressivement comme le
Vivant suprême insurpassable, et la codification
adoptée comme l'arme suprême du pouvoir religieux
s'érigeant en loi morale.
Les rites profanes ont toujours existé, quel que soit
l'état de la société dans laquelle ils
s'inscrivent et bien qu'ils nous semblent plus nombreux et plus
lisibles dans la vie quotidienne moderne par l'effet de focalisation de
notre attention.
Dès que deux êtres vivants ont eu à
communiquer entre eux, les rites ont été
élaborés et
répétés par les
générations qui se sont ensuite
succédées.
Les zoologistes dans beaucoup de livres ou par le biais de films
documentaires nous ont décrit de nombreux rites animaux :
ils ont tous pour base des règles de jeux pour vivre en
communauté.
Animal social, l'homme est un animal rituel. Il n'y a pas de rapports
sociaux sans actes symboliques. Les rites sociaux créent une
réalité, qui sans eux ne seraient rien.
Les rites permettent de réaffirmer les modèles
identitaires, ils renforcent l'intégration des individus
dans le groupe familial et social, réaffirment la domination
symbolique de cette classe sociale.
Pour le chercheur E.Benveniste, (rapporté par C.
Rivière « Les rites profanes »,
page 11) « l'étymologie ne nous
éclaire que sur un aspect fragmentaire du rite, son rapport
à l'ordre. »Le rite, du mot
latin ritus, ordre prescrit, est associé à des
formes grecques comme artus (ordonnance) ararisko (harmoniser, adapter)
aryhmos (lien, jonction). La racine a dérivé
elle-même de l'indo-européen védique
(rta,arta) et renvoie à l'ordre du cosmos, à
l'ordre des rapports entre les dieux et les hommes et à
l'ordre des hommes entre eux.
Certains de ces rites se sont ensuite affinés, dans la
signification de leur expression. Ainsi ont-ils atteint le stade
initiatique.
Ainsi le rite se présente donc comme un système
de stockage de l'information dans des symboles et comme un
système de transmission de messages chargés d'une
efficacité transmise par la Tradition.
On peut donc avancer que le rite est donc un système de
signalisation à partir de codes culturellement
définis.
Les rituels divers entrent comme éléments de
structuration globale : le rite. Mais une séquence
temporelle comme une initiation n'est pas à elle seule un
rite, pas plus que l'est un jeu de rôles, ou une
communication verbale.
L'expression de la Liberté réside aussi dans les
différences entre les notions d'intime et d'apparence.
Le rite doit s'intégrer dans un cadre culturel où
l'accomplissement social requiert à la fois des
qualités de lucidité intellectuelle et
d'autonomie morale, mais il est logique que son accomplissement par les
rituels requière une distanciation symbolique et une prise
de liberté par rapport au monde profane,
c'est-à-dire aux puissances et aux autorités.
Le rite est là dès que la question
du sens est posée. C'est la valeur de l'individu en soi et
dans sa relation à autrui.
Face au constat d'usure des références
traditionnelles, les rites négociés permettent
l'émergence de nouvelles métaphores qui, chacune,
à leur manière, allie
singularité et universalité.
Ainsi, partant d'un rite, un désordre peut amener
à être créateur de nouveaux rites
porteurs de sens qui viennent prolonger les pratiques du
passé tout en les transformant.
Dans tous les cas, nous avons besoin de repères. C'est la
condition indispensable à notre épanouissement.
Le rite et ses rituels sont des façons d'affirmer
et de rappeler nos investissements. Ils comprennent l'expression d'une
symbolique commune à ceux qui la partagent et la
comprennent, nous relie en même temps au groupe social auquel
nous appartenons. On pourrait dire que l'espace prend sa
densité, son poids, à travers la relation
symbolique qui s'établit entre nous et ce qui la compose.
C'est elle qui nous donne l'impression d'exister. Avoir les pieds sur
terre, c'est bien sentir son propre poids dans une forme de plaisir
d'être.
Ainsi les rites régissent des situations communes
d'adhésion à des valeurs. Ils ont un effet
régulateur de conflits interpersonnels. Ils sont toujours
à considérer comme un ensemble de conduites
individuelles ou collectives, relativement codifiées, ayant
un support (gestuel, verbal, postural) à
caractère plus ou moins répétitif,
à forte charge symbolique pour leurs acteurs, et
habituellement pour les témoins, fondées sur une
adhésion morale.
Cette définition ne préjuge en
rien du contenu des croyances, de la force des
adhésions, des rythmes de reproduction des conduites, ni du
degré de coloration mystérieuse des valeurs
donnant sens à la vie. Sous cette acceptation, le rite n'est
pas un carcan.
Mais chez les intellectuels élevés dans une
tradition utilitariste, le rite, jugé irrationnel, a
mauvaise réputation. Il est vraisemblable qu'à
leurs yeux, le rite représente un risque important de
limitation.
Il faut donc insister sur le fait que notre acceptation du mot rite se
situe à mi-chemin entre une conception étroite et
lourde et une extension trop grande qui en ferait
l'équivalent de moeurs, coutumes, traditions (mais pas
transmission par la Tradition avec un grand T) en ce qu'elles
comportent d'actions répétitives et d'habitudes
acquises.
C'est la socialité du rite qui constitue sa propre
efficacité.
Tout en soulignant les fonctions du rite ( instituer, maintenir,
renforcer, cohérer, différencier, transformer,
réactiver, régénérer)
l'attitude rituelle est essentiellement de respect à
l'égard de centres d'importants
intérêts communs unissant les personnes d'une
communauté, ou représentant symboliquement de
tels objets.
Les rites comprennent aussi un aspect de conduite de
communication, car ils représentent des systèmes
de signalisation à partir de codes culturels
définis.
Par le relais de la Tradition, le rite est une manière de
digérer la discontinuité du tissu social aussi
bien que les discontinuités dans les biographies des membres
d'une société.
Un rite peut prendre des formes différentes et
être vécu diversement par les groupes sociaux en
présence qui lui donnent une signification distincte
(maçonnique générale et subdivisions
?).
L'analyse fouillée des différentes formes de
rituel (par exemple d'initiation ou de passage à un
degré spécifique) éclaire les
manières dont, par exemple, les différentes
obédiences l'aménagent et
l'interprètent, révèle la richesse des
symboles sous-jacents.
Ainsi, l'on peut dire que les rites s'articulent autour des symboles,
ils les réaffirment, leur donnent sens et vie, et par
là même les modifient. Nous pouvons dire aussi que
si le symbole dont le sens est multiple semble avoir une fonction
consensuelle, c'est aussi qu'il peut être
interprété diversement tant par les groupes que
par les individus.
Le rite, et son symbolisme, s'il est commun à un groupe
d'individus, sa manière de le ressentir et les symboles qui
le cristallisent, sont au contraire singuliers.
Face à cette richesse, l'envers de la médaille ne
réside-t-il pas dans la possibilité, à
terme, de conflits personnels occasionnés par une surcharge
de rites ? Le rite peut aussi subir des dérapages en
étant menacé de se voir modifié sans
cesse le sens et le poids des valeurs admises. D'où
l'importance à accorder aux conditions
d'exécution d'un rite.
D'ailleurs pourquoi certains groupes ou individus créent ou
innovent en matières de rites ?
Qu'est-ce qui se joue là ? Qu'est-ce qui est
valorisé dans ces rites ? Peut-on vraiment créer
des rites alors que par définition ils sont
hérités, issus de la Tradition ?
CHAPITRE II : CONTEXTE ACTUEL DES RITES MACONNIQUES
En ce qui concerne les rites maçonniques
pratiqués sous l'égide du Grand Orient de France,
c'est à dire pratiqués au sein des Loges
symboliques ou des ateliers relevant du Suprême Conseil de
son Grand Collège des Rites il faut souligner, tout au moins
pour ceux dont j'ai actuellement connaissance, que s'agissant de rites
non religieux, puisqu'ils se veulent non dogmatiques, ils se classent
entre les rites profanes proprement dits et les rites religieux,
étant donné qu'ils renferment,
néanmoins, des notions de sacré,
réservées à des initiés,
c'est à dire, par définition, à des
non profanes.
En maçonnerie, le principe du sacré doit se
présenter comme le rapporte Durkheim, libre-penseur
spiritualiste, c'est à dire « comme
un élément d'une vie rituelle pouvant
s'interpréter en termes laïcs et sociaux, ce qui
confère aux rites sous la diversité de leurs
aspects, une forte unité au niveau de leur objet latent ».
(Maisonneuve, 98)
En voulant bien admettre, mon expression, peut-être un peu
triviale pour certains, de « rites
spécialisés » les
rites maçonniques seraient donc à classer dans
cette catégorie.
Le Conseil de l'Ordre du Grand Orient de France en
janvier 1998 a décidé, « pour
pallier à une carence notable en informations »
de faire parvenir aux Loges un document fournissant l'historique et
l'identité des rites et des obédiences
constituant « le paysage
maçonnique français »
auquel serait joint un certain nombre de décisions
fournissant des indications et des clarifications.
Ce document daté du 6 février 1998 a
été adressé aux Loges début
mars 1998.
Il comprend :
un historique des rites maçonnique pour les grades
symboliques, les grandes dates de l'histoire des rites, un tableau
récapitulatif des rites par obédiences, une
répartition des rites au sein du G\O\D\F\ une description du
paysage maçonnique français d'aujourd'hui,
quelques éléments de réflexion.
Enfin, pour terminer cette introduction, je citerai, sans commentaire,
ce que le Grand Orient de France retient :
comme étant les grandes dates des rites :
1599-1711, 1717, 1725-1730, 1751, 1773, 1776, 1786, 1804, 1813, 1858,
1862, 1865, 1885, 1893, 1894, 1902, 1907, 1911, 1913, 1938, 1955, 1958,
1959, 1963, 1968, 1972, 1973, 1974, 1978, 1982.
au dernier paragraphe de l'avant dernière page de cette
brochure :
« D'évidence, le GODF
doit assumer crânement l'existence de son rite, le Rite
Français, en l'adaptant si nécessaire,
à l'exemple du travail déjà fait au
2ème et au 3ème grade, en le
réunifiant dans plusieurs de ses
« variantes » (RF
Rétabli 1783 et RF ancien) en le valorisant à
l'extérieur autant que possible. Mais il est tout aussi
indispensable de valoriser également les autres Rites de
GODF, en particulier en veillant à la mise
à disposition de séries de rituels, au
nom de l'Obédience et incluant l'article premier de la
Constitution, adaptés à nos principes si cela
était nécessaire (par exemple, avec la
suppression du « Ah Seigneur mon
Dieu » au 3ème degré du REAA). »
Fin de citation.
Les principales dates citées montrent que les rites
maçonniques, comme tous les rites vivent, donc
évoluent au fil du temps, sans doute un peu trop rapidement,
mais qui sait ?
Le paragraphe de vouloir assurer
« crânement »
entraînera-t-il des restrictions d'approche dans la
connaissance de soi et l'ouverture vers l'autre... ?
Il n'est pas dans mon propos d'effectuer ici une étude
comparative des rites maçonniques et m'engager ensuite dans
un débat polémique. D'ailleurs la question qui
m'est posée ne parle pas particulièrement d'un
Rite maçonnique, mais du Rite en
général.
Néanmoins, il m'est difficile de ne pas rappeler ici ce qui
nous a dit Jean Mourgues, en 1988 dans son livre « la
Pensée Maçonnique »
(Editions P.U.F).
Page 16
Toujours est-il que l'on a vu naître des rites de toute sorte
au cours du 18ème siècle dont la
prétention à l'authenticité n'avait
d'égale que l'ingéniosité et la
crédulité des participants à recevoir
pour assuré ce qui ne fut jamais qu'une mystification
intéressée.
Page 30
L'unification du Rite, qui sembla une préoccupation plus ou
moins sourde risqua, semble-t-il, et jusqu'à ces
dernières temps, de réduire le Grand Orient
à la condition statuaire d'une Grande Loge. N'y a-t-il pas
mieux à faire pour assurer la liberté
qu'à réduire la diversité ?
Laisser s'éteindre un rite c'est appauvrir le patrimoine.
Mais, c'est aussi et surtout accepter la sclérose d'une
organisation dont l'engagement parce qu'il est la libération
de l'homme, implique la reconnaissance de la diversité.
Le respect de la liberté de conscience ne peut
être un propos dépourvu de sens. Il doit se
manifester dans les faits.
Page 244
D'une façon générale, les rites
maçonniques sont des rites sociaux et visent à
l'éducation de l'homme appelé à agir
et à servir dans une communauté.
Page 268
C'est ainsi que la fidélité à soi et
à la tradition sont assurées par les rites, la
manifestation éphémère et
renouvelée, par l'individu, les tenues de loges et les
diverses obédiences, et enfin, le projet justificatif, par
l'idéal de perfection qui s'accomplit dans la perspective
éternelle et universelle de l'Ordre.
Ainsi, la réflexion proposée :
« Le Rite, voie de libération
ou risque de limitation ? » prend ici
toute sa dimension.
CHAPITRE III : LE RITE DANS SON ENVIRONNEMENT ACTUEL
Essayons de cerner l'environnement dans lequel des hommes dits modernes
pratiquent des rites aux racines souvent fort anciennes. Sont-ils
fondés sur des motifs profonds ou sur des modes
passagères ?
Cette voie de libération ou ce risque de limitation que
sous-tendrait le rite, ne sert-il qu'une méthodologie
temporaire ou, à l'inverse, un invariant de
l'Humanité, voire de tout être vivant ?
De tout temps, le développement accru des sciences et des
techniques, a engendré de nombreux bienfaits.
Malheureusement, aujourd'hui plus qu'hier, l'on peut dire en
schématisant à peine, que la plupart de leurs
exploitations alliées à la logique marchande
mondialisée, soumettent la société
contemporaine aux croyances exclusives en l'efficacité de la
rationalité et de l'utilitarisme.
Des liens sociaux, historiquement constitués, sont ainsi
détruits.
De cette avancée, apparemment de moins en moins non
maîtrisée, il en résulte des angoisses.
Des interrogations et des attentes naissent de la modernité.
A mon avis, l'observation de ces craintes ne doit pas être
ressentie comme un phénomène nouveau mais comme
la découverte d'un questionnement ayant toujours
existé.
Dès lors que l'homme constate les conditions
matérielles d'un aujourd'hui par rapport à un
hier, il lui vient à l'esprit l'observation corollaire des
conditions morales et sociales d'aujourd'hui, par rapport
à hier, et 'esquisse de leurs perspectives
d'évolution. La référence à
l'expérience du passé pour construire le futur
dans la continuité d'une tradition prend alors l'aspect,
sinon d'une valeur refuge, du moins d'un support
appréciable.
Cela semble d'autant plus vrai à l'aube du 21ème
siècle qu'il faut bien reconnaître que
l'accélération de la modernité,
notamment des progrès scientifiques, et plus
particulièrement dans les domaines du transport et de
la communication, ont précipité ce
phénomène évolutif sur des
trajectoires exponentielles inimaginables en 1900.
Pour essayer de maintenir ou de redonner du sens à leurs
pratiques les individus et des groupes qu'ils forment se tournent de
nouveau vers des modes d'identification où
prévaut plus le symbolique que les argumentaires de
rationalité.
Le rite s'oppose à la désintégration
du lien social. Les rites sont une manière de raviver les
liens sociaux, de se référer à des
valeurs anciennes, renouvelées ou
rénovées voire peut être de nouvelles
qui témoignent d'un retour au sacré. Mais
s'engage-t-on tout à fait ? Une grande leçon de
la modernité est celle de la distance critique.
Par exemple, faut-il pour autant estimer que la ritualité
séculière serait un mécanisme de
compensation à la perte du religieux ? Cette
corrélation inverse n'aurait de pertinence que si les rites
n'avaient pas existé de tous temps (rites propres
à la vie codifiée d'une communauté
d'hommes ou d'animaux). Il est une forme générale
d'expression de la société et de la culture.
Le rite n'est pas figé, il a sa vie propre, des
désordres, des improvisations sont possibles. Il est
amené à se transformer ou à
disparaître selon la force de la
créativité sociale. Mais il peut, aussi,
être ravivé, après un certain temps de
sommeil.
La mise en évidence de ses multiples dimensions fait du rite
un phénomène socialement riche, complexe, aux
facettes diversifiées. La maçonnerie nous en
offre de nombreux exemples.
D'ailleurs cette diversité montre que le rite est toujours
actuel.
Est-ce pour cette raison que les sociétés
contemporaines se sont réappropriées des formes
anciennes plus qu'elles ne les ont détruites ?
Pour encourager des énergies créatrices et
l'affirmation d'une moralité, les
sociétés contemporaines, comme celles qui les ont
précédées ont autant besoin de mythes,
de rites et de symboles pour donner sens à l'existence
sociale, qui, elle, ne peut être vécue dans le
contexte exclusif de l'expression d'une stricte rationalité
instrumentale.
Nous pouvons alors transposer dans la modernité bien des
outils utilisés dans les rites anciens et qui nous viennent
de nos aïeux par la chaîne de la Tradition.
Est-ce à dire que rien n'ait changé dans l'ordre
imaginaire social ?
Il me semble qu'en cette fin de 20ème siècle, en
quittant son adolescence l'individu quitte plus encore rapidement que
jadis ses aînés, ses certitudes d'antan, les
ordres hiérarchisés figés, la
représentation fixe. Nous avons affaire, de plus en plus,
à un être en mouvement, ballotté par
les tendances de l'opinion et le jeu des apparences, qui
élabore des images et des symboles sur une sorte de
scène sociale où l'on doit se
reconnaître, se protéger, se réassurer,
se démarquer.
Dès lors chacun est tenté de recréer
ses propres mythes, rites et symboles, en puisant dans les vastes
gammes d'invariants accumulés par le patrimoine de
l'Humanité, et ces compositions provisoires ont une grande
vitesse d'usure.
L'esprit de liberté de pensée, permet
d'éclairer les aspects contrastés du social sous
différentes échelles, passant de l'individuel au
collectif sans définir de façon
préconçue ce qui devrait l'emporter dans l'ordre
et le désordre, le rassurant et l'inquiétant, le
familier et l'étrange, curieux des variables qui font le
sens.
Pourquoi certains rites
« prennent-ils » et d'autres pas
?
Au plan profane, le rite d'offrir du muguet au 1ier Mai, comme celui de
la Saint Valentin ou celui de la fête des mères
sont des rites qui « ont
pris ».
Par contre prenons deux exemples récents, au plan musical.
La « Fête de la musique »
est un nouveau rite qui a pris.
Giscard d'Estaing avait essayé de changer
l'exécution de la Marseillaise. Cette modification dans un
autre rite n'a jamais pris. Nous en déduisons donc qu'un
rite ne se décrète pas. C'est la
communauté auquel on le propose qui l'accepte ou le
rejette... En maçonnerie, aussi, des rites ont
« pris », d'autres moins. Une
analyse des causes entraînerait une vaste étude
aujourd'hui hors sujet par rapport la question qui m'est
posée.
Il existerait donc des conditions pour qu'un rite s'installe et se
perpétue. Autrement dit qu'il s'installe de
lui-même dans la Tradition.
Cet ensemble souligne donc avec vigueur l'importance des
représentations sociales lorsqu'elles sont vécues
de l'intérieur, ressenties par les individus, car ce sont
les sujets qui leur donnent vie qui les animent.
C'est le rôle actif de l'imagination individuelle dans la
circulation des représentations sociales. C'est un regard
nouveau qui nous est proposé, regard qui invite à
de nouvelles approches.
Les rites, comme les mythes, peuvent mourir mais ils peuvent aussi
engendrer, sans doute parce qu'ils sont au fondement de notre
société, pour donner un sens aux
activités et aux groupes quelques qu'ils soient, car sans
cela il n'y aurait que des individus face à face,
dépourvus de relation à autrui,
c'est-à-dire qu'il n'y aurait que de l'impensable, que de
l'invivable.
DE CES DERNIERES OBSERVATIONS, QU'EN EST-IL AU PLAN MACONNIQUE ?
Lors de l'initiation, le rite étant
émotionnellement expressif, le jeu dramatique rituel est
opérateur d'un changement : il comporte une phase d'action
réorientée. A cette occasion, le rite souligne
les relations asymétriques entre deux positions sociales
appréciées ici comme entre deux degrés
de compréhension, si l'on admet, que philosophiquement la
notion d'Egalité avec un grand E existe néanmoins
dès le départ.
Si, comme du troisième au quatorzième
degré, les rituels jouent, par épisodes, un drame
pour dénouer une crise et constituent ainsi un
mécanisme de réponse sociale aux changements et
conflits, on remarque que la performance culturelle consiste
à gérer les indéterminations d'une
situation par des déterminations partielles
puisées dans des références
historiques, mais dont l'ordre chronologique n'est pas
forcément respecté, dans des légendes
ou des anecdotes qui servent de cadre au sens
général que l'on veut exprimer.
L'idée qui guide la réflexion est celle selon
laquelle chaque collectivité intègre
progressivement sa propre expérience en l'exprimant dans un
drame social joué. Pour être crédible,
la crise ne doit pas être seulement définie
objectivement, c'est-à-dire narrée, mais
vécue avec émotion. Utilisant un jeu de transfert
entre la fiction et la réalité, la forme
théâtrale apparaît comme une expression
originale des crises et le rite
théâtralisé investit cette expression
d'un surcroît d'émotion par un investissement
personnel.
Cette action invitant à une réorientation, qui
comporte une concentration des intentions et une densification pour
conduire à un processus final, montre plus
particulièrement que le rituel est processus, lié
à la vie sociale, comme indiqué
précédemment.
Comme le théâtre, le rite fournit
une représentation du drame social selon les
règles et selon une succession ordonnées des
séquences.
Le symbolique permet la manœuvre, voire à la
limite, la manipulation dans le processus rituel.
A cet instant, il y a invitation à la recherche par
soi-même. L'on guide, mais l'on n'impose pas. Si donc
à cet instant, il n'y a pas de voie de
libération, il n'y a pas non plus voie de limitation de la
pensée puisqu'elle doit rester libre et éviter
d'être sous influence.
Dans ce processus, en loge, les participants se
caractérisent plus par leur
hétérogénéité
que par leur uniformité, par leur confrontation que par leur
unanimité, mais sans nier leur participation à un
même corpus, ni leur indépendance, leur
cheminement dans leur connaissance de soi étant faites de
tâtonnements personnels et de négociations envers
eux-mêmes par apport aux autres, en atelier, et ayant le
devoir d'appliquer à l'extérieur ce qu'ils auront
acquits, au profit de la société en
général.
Le rite vise à faire du continu de la vie à
partir du discontinu de la pensée. La
répétition peut avoir des aspects positifs :
c'est un recommencement, une même chose, mais
indéfiniment nouvelle.
Pour ce qui est des références symboliques
à des objets anciens, quelques fois différents
dans certains rites maçonniques, il s'agit moins de
changement de langage que de changement de perspective.
En fait, l'homme est un être de désir, qui ne peut
désirer seul, mais dont l'objet de désir est
toujours désigné par un tiers. Au fond, de la
nature humaine ce désir mimétique serait une
force d'imitation qui pousse à désirer ce que les
autres désirent déjà. D'où
une violence originelle exprimée par le drame d'Hiram pour
l'appropriation du rare et de l'autre dans son être et son
savoir. Il s'agit bien là d'une violence pour la
satisfaction des désirs personnels, qui est la
conséquence d'une imitation, source d'apprentissage et de
conformisme, en même temps que de rivalité pour le
partage de ce qu'un autre ou de ce qu'une communauté a
acquis.
Alors se pose une question. De quel droit isoler le rite de ses
contextes socioculturels, comme un signifié flotterait hors
de ses signifiants ?
La très forte capacité d'apprentissage de l'homme
engendre une grande complexité et variabilité de
rites. La franc-maçonnerie n'échappe pas
à cette observation.
CHAPITRE IV : LE RITE « VOIE DE LIBERATION »
OU « RISQUE DE LIMITATION »
?
OU QUE FONT LES RITES DES HOMMES ? QUE FONT LES HOMMES DES RITES ?
De tout ce qui précède, émergent les
points d'analyse suivants pour cerner le fait de savoir si le rite est
une voie de libération ou un risque de limitation :
Sans projet autre que celui de son propre accomplissement et sans
rattachement à un mythe, mais seulement à des
valeurs importantes, le rite profane ou maçonnique trouve sa
logique dans son accomplissement et se satisfait de son
intensité émotionnelle.
Reconnu comme forme générale d'expression de la
communauté maçonnique, mais aussi de la
société toute entière et de sa
culture, le rite s'émancipe, au Grand Orient de France
à la fin du 19ème siècle, du contexte
religieux et de l'obligation de croire en Dieu. Ce n'est pas le cas des
rites des obédiences
« reconnues » par la
maçonnerie anglo-saxonne. Malgré tout, on ne peut
pas dire que cette différenciation est bien nette. Certains
rituels de notre obédience ont une symbolique qui, souvent
mal comprise par les récipiendaires, risque d'être
perçue, comme un ensemble d'allégories
à connotation métaphysique
« orientée » (exemples
: références à la Cabale et
à l'ancien testament ).
Le fonctionnement des rites est à relier à leur
utilité sociale. Leur exécution est
impérative pour recréer périodiquement
l'être moral de la société.
Dans l'initiation s'opère une transgression de limite ayant
pour effet une assignation dans un statut sensé
être plus
« éclairé ».
Le rite sollicite et règle l'action, mais ses
opérations matérielles sont
révélatrices d'opérations mentales,
car on y joue avec des symboles.
Faut-il percevoir les rites comme réducteurs de risques et
créant un sentiment de sécurité, ou
bien à l'inverse comme ajoutant à
l'anxiété ? La première solution
paraît la plus habituelle.
Les rites sont des systèmes de signalisation à
partir de codes culturellement définis.
Les rites utilisent des modèles d'action puisés
dans un registre de déférence entre statuts
inégaux. Leur ordre expressif s'inscrit dans un ordre de
négociation.
Les rituels de rébellion subvertissent temporairement et
exceptionnellement l'ordre afin de mieux le restaurer
(Hiram).
Par l'adoption de règles et de rôles, dans le
cadre d'un ordre qu'il exprime, il renforce le lien social
intégrateur.
Fonctionnant selon l'axe contrôle/dépendance, le
rite souligne à la fois les relations
asymétriques interindividuelles, la
réciprocité des rôles et le partage
d'idéaux communs.
Le rite est une manière dont le social assure et
énonce sa permanence.
Le rite maçonnique semble moins rigide que le rite religieux
qui se fonde sur le rapport de l'homme et des puissances
sacrées.
Néanmoins, le rite arc-boute le sujet à une
matrice de réponses inscrites dans un ordre social,
perçues comme cohérentes et
déjà existantes :
Comme marquage des termes de la différence dans une
stratégie d'échange, chacun ayant des
rôles séparés,
différenciés, hiérarchisés,
qui sont déclencheurs d'expériences
singulières au sein du même
théâtre rituel où se
négocient éventuellement des
réajustements de positions dans des situations
conflictuelles.
Comme pédagogie d'intégration de la culture
à l'individu, puisque s'y façonnent les
personnalités qui, bénéficiant de la
mémoire du groupe, tendent à se laisser guider
par les signes rituels d'anciennes expériences
objectivées.
Le rite fonde aussi une identité sociale à un
groupe. Il produit et contient sa propre reproduction,
l'initié devenant ensuite l'initiateur.
Le rite met d'abord le sujet en rapport avec la collectivité
et le délivre de son isolement. Chaque individu ne se
connaît que dans la dépendance symbolique d'un
autre, cautionné par le rite.
Le rite a pour finalité essentielle de faire communiquer des
êtres et des choses entre eux, selon des règles
codées. Il apparaît comme une langue commune
à toute l'humanité depuis ses origines, et
peut-être même à l'animal, si l'on en
croit les éthologues.
On pourrait définir le rite comme un système
culturellement construit de communication symbolique,
constitué de séquences
réglées et ordonnées de paroles et
d'actes, fréquemment exprimés par des moyens
multiples, dont le contenu et la disposition (l'ordonnance) se
caractérisent par des degrés
différents de formalisme (conventionnalisme)
stéréotypie (rigidité), condensation
(fusion) et redondance (répétition).
Les rituels servent de modèles de comportement normatif, de
codes de conduites légitimés, de guide dans les
stratégies d'interaction.
Habituellement toutefois, le rite, en affirmant les valeurs et codes
communs, montre qu'il y a temporairement au moins désir
réciproque chez les participants de transcender leurs
différences et contradictions, donc qu'existe un mouvement
adaptatif.
La structure du rite, comme la structure sociale, n'est
pas unifiée. Composée
d'éléments jamais tout à fait
ajustés, toute structure laisse une place au paradoxe et au
conflit. Une perspective dynamique du rite, qui n'est plus alors
supposé trop péremptoirement
répétitif,
stéréotypé, reproduit selon les
mêmes schèmes, conduirait à mieux
comprendre la ritualité profane.
L'ordre des uns n'est pas l'ordre des autres, mais le rite entre
cependant comme stratégie dans la négociation
entre partenaires se réclamant d'ordres
différents.
Si nous admettons que le rite porte des messages et est un instrument
opératoire de la pensée, il importe de dire quel
est le contenu axiologique de ces messages et qu'elle est la
sémantique utilisée pour les
déchiffrer.
L'axiologie justifiant le rite varie évidemment selon le
type de rite.
Par l'imagination symbolique, l'esprit s'émancipe du
réel immédiat et confère aux choses et
événements un second sens figuré d'une
profondeur exceptionnelle.
Si l'on observe une redondance dans le rite des signifiants pour une
grande variété de signifiés, cette
redondance permet de relier les divers plans de l'existence selon
certaines correspondances symboliques qui
référent à l'axi mundi, tout en
variant au cours de l'histoire.
Les rites assurent même l'efficacité symbolique en
inscrivant les symboles dans une certaine réalité
de la chose et du corps. Il serait erroné d'opposer
arbitrairement le réel et le symbolique. Car beaucoup de nos
actions sont simultanément réelles, visibles,
présentes et symboliques.
Elles renvoient à des intentions, habitudes, fantasmes
hérités du passé, à des
codes et orientations que nous nous donnons pour l'avenir.
Les rituels révèlent les valeurs à
leur niveau le plus profond. Les hommes expriment dans le rituel ce qui
les touche le plus et puisque la forme de l'expression est
conventionnelle et obligatoire, ce sont les valeurs du groupe qui y
sont révélées.
Dans ce sens la liberté de pensée reste
entière et nous invite à élargir le
champ de nos réflexions.
La force du rite se mesure en partie à l'émotion
qu'il suscite : une émotion par l'attention qu'il
réclame de la part des officiants comme de l'auditoire
engagés dans ce type de communications, une
émotion touchée par les métaphores que
le rite véhicule et qui font d'autant plus vibrer qu'elles
sont en référence à des situations
vitales.
Que le corps soit ou non sollicité, certaines valeurs
spirituelles, jointes à des émotions
intérieures fortes, donnent parfois au rite un
caractère tellement fort qu'il faut bien se garder que
certains de ces rites entraînent des rituels si
accentués, si dirigés vers le dogme qu'ils en
deviennent mystiques.
Que le rite consiste en séries d'actes est
évident. Qu'il incite à agir d'une certaine
manière l'est un peu moins. Qu'il ait des effets
inconscients structurateurs de la personnalité, un
rôle dans la négociation, un pouvoir de
façonnage des consciences et de renouvellement du lien
social l'est beaucoup moins.
La question actuelle est moins : que font les rites sur les hommes ?
que celle-ci : que font les hommes avec les rites ?
Les rites fondent et constituent la société, il
est difficile de penser que les hommes font autre chose que de les
exécuter, d'autant qu'une erreur ou une omission
d'exécution entraîne une réparation,
rituelle elle aussi. Mais on fait d'autres choses avec les rites : on
négocie, on contracte, on apprend, on
réfléchi, on initie...mais n'oublions pas que
dans les sectes, par ces techniques, on lave aussi les cerveaux.
En raison de son pouvoir immanent et d'une certaine force de
spirituelle, Le rite opère une visée
régulatrice par la foi, Son efficacité
tient au retentissement de ses symboles, et à la
fermeté du support collectif à
l'adhésion au rite. Les rites sont utilisés comme
des outils pour contacter l'autre, pour frapper son sens de l'affectif.
Le rite est un processus de négociation. Il travaille aux
relations sociales à travers des explications
singulières dans chaque contexte.
Le rite a un pouvoir de structuration des comportements,
représentations et attitudes.
Qui contrôle le rite, contrôlera ce que le rite
contrôle.
Attention donc à ne pas verser dans un rite politique ou
dogmatique et une subtile politique du rite.
Le rite réclamant l'adhésion des valeurs, agit
avec force sur la volonté, en suscitant un engagement
décisif, une pratique constante, un militantisme, tout en
domestiquant de puissantes émotions (la haine, la crainte,
l'affectivité, la douleur).
S'il est possible de repérer des invariants logiques dans
les formes rituelles, il faut faire attention qu'un rite peut en cacher
un autre. Dont il serait la résurgence ou la transformation.
Tout rite implique une situation de coprésence d'acteurs
décédés à suivre l'ordre du
rite, ses séquences, ses procédures.
La réciprocité fonctionne sur la base de la
reconnaissance et de la constitution de relations
d'interdépendance. Elle est manifeste dans la
négociation rituelle qui vise à ajuster les
intérêts des diverses parties.
Une première tension, d'une part, entre le
caractère contraint, rigide, des espaces, temps, symboles,
séquences d'action ; et d'autre part, entre le
sentiment de plasticité, d'intentionnalité, de
créativité, de maîtrise et
d'appropriation des règles que les acteurs peuvent mettre en
jeu, leur ouvrent la possibilité de créer,
progressivement, un nouveau modèle, un nouveau rite.
Une seconde tension apparaît entre l'aspect de
réalité du rite, parfois plus consistant que
celui que donne la vie elle-même (encore que le rite soit
plutôt une reflet déformé de la vie)
parce que les acteurs sont capables de s'y situer, de se
légitimer et qu'à travers cette tradition, ils
ont une sécurité pour l'avenir. Les rites peuvent
aussi renforcer la conception d'une réalité forte.
Le rite est à la fois un jeu et un non jeu, quotidien et non
quotidien… Des univers se superposent dans le rite.
Le rite peut, dans cette perspective, être conçu
comme performant, et comme incomplet et jamais achevé.
Que le jeu soit présent dans le rite, cela peut se
comprendre dans le fait que jeu et rite ont en commun des situations de
négociation avec l'Autre et que, d'autre part, ils se
fondent sur des codes acceptés, exaltent la
socialité et sont l'occasion d'un faire-valoir des acteurs.
L'issue d'un rite est toujours fixée d'avance, hautement
conventionnel et expression symbolique d'un statut.
Néanmoins il ne convient pas de forcer
l'opposition rite-jeu, le rite appelant d'abord le sérieux
et l'engagement, alors que dans le profane s'énoncent des
choix transitoires, se supportent des distances et des
dérisions.
Dans un rite, il y a oscillation entre des moments de forts
désirs fusionnels et d'autres où l'individu
réflexif prend distance par rapport au scénario
qui rarement l'engage totalement, comme par rapport à
l'emphase du vécu rituel.
Ceux qui dans un rite voudraient hypervaloriser les
adhésions à des croyances minimisent la
maîtrise individuelle des adhésions
intellectuelles comme celle du registre affectif.
Alors, le rite ? Voie de libération ou risque de limitation
?...affaire de point de vue, de circonstance, d'investissement
personnel.
S'il visibilise un certain ordre, et des relations sociales, le rite
agit pour leur rénovation, aussi bien que pour leur
maintien, en tant que facteur d'intégration identitaire, que
sublimateur de pulsions et qu'acte d'institution de nouveaux rapports
sociaux.
Axé sur un présent à vivre, le rite ne
capte le passé que comme tradition respectable et non comme
archétype du devenir. Pour être
récurrent, donc légitimateur d'un
passé culturel et ponctuel du présent, il n'en
porte pas moins un projet de dynamique personnelle et sociale.
Point de rite sans négociation avec l'Autre, soit
présent, soit imaginé, duquel le sujet
apparaît interdépendant dans une situation de
maîtrise (relative) par les partenaires des mêmes
codes connus et acceptés pour réguler le
contact.
Le rite énonce l'ordre de la culture structurant
l'expérience individuelle et une même apparente
subversion d'un groupe, marque de la singularité qu'il
affirme par le rite lui-même.
Les FF\ MM\ croient-il en leurs rites ?
Pour beaucoup assez mollement, il suffit d'observer, notamment en loge
bleue, certaines interventions lors d'une planche sur le symbolisme. On
s'implique certes. Mais s'engage-t-on tout à fait
?
Une grande leçon de la modernité est celle de la
distance. Joue-t-on à croire ce que l'on veut croire ?
Est-ce un moyen de se conforter mutuellement en se donnant l'impression
d'une action pas complètement inutile ?
Apprentissage moral et apprentissage de la
sociabilité sont conjoints.
Le Temple est un sanctuaire de ritualité.
Si l'initiation maçonnique manifeste le changement de
statut, elle s'arc-boute à tout un corpus mythique et
à une idéologie du faire bien et du bien faire de
même que le soutien de frères.
Un rite choisi et non imposé, ne constitue pas une fin en
soi.
Les Rites seraient comme des fils conducteurs qui conduisent
à l'univers intime d'une culture ?
Le Rite personnalise les valeurs universelles.
La vie imaginative et émotionnelle de l'homme est toujours
et partout riche et complexe. Le symbolisme du rituel est-il aussi
riche et complexe ? Sa richesse est due à une grande
diversité d'expériences culturelles.
Les rituels révèlent les valeurs à
leur niveau le plus profond. Les hommes expriment dans le rituel ce qui
les touche le plus et puisque la forme d'expression est conventionnelle
et obligatoire, ce sont les valeurs du groupe qui y sont
révélées. Je vois dans
l'étude du rituel la clé pour comprendre
l'essence de la constitution des sociétés
humaines.
Ces clés peuvent permettre de comprendre comment les gens
pensent et ressentent les choses à propos de ces rapports et
à propos de l'environnement naturel et social dans lequel
ils agissent.
Le rite est un engagement spécial et une obligation, mais il
est aussi un élément de connexion entre un
territoire connu et un territoire inconnu, mais
présupposé.
Le Rite est composé d'une chaîne
d'éléments appelés Rituels,
eux-mêmes composés de symboles mais formant
à la fois des clés et des
éléments de symbiose, mais apparemment non
juxtaposés ou tout au moins ne se suivant pas
forcément de manière très
ordonnée à l'intérieur du rituel qui
exprime pour la première fois leur signification. Ils
forment néanmoins des ensembles de suites logiques.
Ainsi un rite comporte, dans le développement de certains
rituels l'opposition du structuré et de
l'ordonné, au non-structuré et au
chaotique.
Le Rite, par la réflexion qu'il entraîne, voire la
méditation qu'il suggère, est aussi un des moyens
d'échapper d'un endroit ou d'un lien.
Ce qui est rendu perceptible sensoriellement, sous forme, par exemple
d'un symbole, est de ce fait rendu accessible à l'action de
la société.
Le Rite, et les rituels, tendent vers une condensation, une unification
de référents disparates et une polarisation de la
signification.
L'individu fait dans sa vie l'expérience d'être
exposé alternativement à la structure et
à la communauté, ainsi qu'à des
états différents et à des transitions
de l'un à l'autre.
La communauté est dépositaire des valeurs,
normes, attitudes, des sentiments et des liens propres
à sa culture.
Ses représentants dans les rites et leurs rituels
spécifiques représentent l'autorité
générique de la Tradition.
Les multiplicités de rites, et des rituels qu'elles
entraînent, peuvent naître alors lorsque des
groupes importants ou des catégories sociales propres
à ces sociétés passent d'une position
culturelle à une autre. Il s'agit de
phénomènes de transition. C'est peut
être la raison pour laquelle tant de ces mouvements
empruntent une bonne part de leur mythologie et de leur symbolisme
à ceux des rites de passages traditionnels des cultures
où ils prennent naissance ou bien des cultures avec
lesquelles ils ont un rapport dramatique.
Mais par le Rite une communauté comporte
également un aspect de potentialité ; elle est
souvent un mode subjonctif. Les relations entre les êtres
pris dans leur entier engendrent les symboles, des
métaphores et des comparaisons.
Peut-on dire alors qu'il y a morale ouverte ?
En tout cas, dans les productions issues d'un rite et de ses rituels,
nous pouvons entrevoir ce potentiel d'évolution
inutilisé de l'Humanité qui n'a pas encore
été extériorisé et
fixé dans une structure.
Ces formes culturelles fournissent aux hommes un ensemble des
références ou de modèles qui sont,
à un certain niveau, des reclassifications
périodiques de la réalité et des
relations de l'homme à la société,
à la nature et à la culture. Mais elles sont plus
que des classifications puisqu'elles incitent les hommes à
l'action tout autant qu'à la pensée.
La démocratie dans le gouvernement, la fraternité
dans la société, l'égalité
dans les droits et les privilèges et l'éducation
universelle, font pressentir le degré supérieur
de société auquel nous allons parvenir et vers
lequel l'intelligence et le savoir tendent fortement. Dans les
sociétés sans écritures, les cycles du
développement social et individuel sont ponctués
des instants plus ou moins prolongés de ritualité
contrôlée et stimulée, chacun avec son
noyau de lien avec la communauté potentielle et
spontanée.
Ce que l'on cherche, c'est une expérience qui transforme
l'être de chaque personne en allant jusqu'à son
fondement et qui trouve dans ce fondement quelque chose de
profondément communautaire et partagé.
La sagesse consiste toujours à trouver la relation
appropriée entre structure et esprit de
communauté dans les conditions données de temps
et de lieu, à accepter chaque modalité au moment
où elle est prépondérante sans rejeter
l'autre et à ne pas s'accrocher à l'une lorsque
son élan est épuisé.
On trouve dans un Rite les relations sociales
simplifiées, qui amènent d'elles-mêmes
l'élaboration d'un, puis des symboles, d'abord
épars, puis d'un et des mythes, et concomitamment un rituel
puis des rituels. Le Rite est alors entré dans son propre
perfectionnement par la subdivision en divers rituels.
ET DEMAIN ?
Enfin une question en suspens : Et demain ? répondrons-nous
de la même façon à la question que l'on
se pose aujourd'hui ?
Actuellement, se pose une problématique
nouvelle difficilement inimaginable il y a encore cinquante ans, sauf
dans quelque roman de science fiction.
Je veux parler de la virtualité.
Déjà sur Internet, l'idée d'effectuer
des tenues virtuelles a été
évoquée. Le risque de ne pas être
à couvert et de ne pas pouvoir tuiler selon le grade, a
empêché, pour l'instant, cette pratique, tout au
moins, sur les sites francophones Mais des planches, des bulletins et
même des rituels circulent au niveau mondial, hors de toutes
les barrières obédientielles.
Du fait de son importance, FIF1 a été
raccordé en début d'année 1998 au
réseau mondial de la Franc - Maçonnerie,
composé des Obédiences et de fraternelles
« représentatives » y
adhérant.
Nonobstant son appartenance, un F\ lance un thème de
réflexion et du monde entier convergent des
réponses, des idées. Dans un premier temps, poser
une question et recevoir de suite dix réponses à
la fois du Canada, de Suisse, de Belgique, des USA, d'Israël,
de Thaîland…est exaltant. Mais...
Comme on voit un match de football à la
télévision, l'on peut lire chez soi un nouveau
rituel. Néanmoins, dans les deux cas il manque l'ambiance le
sanctuaire qu'est un Temple n'est pas là et
l'égrégore non plus.
La pratique d'un rite est-elle alors possible ? Ou alors comment se
limiter à des relations épistolaires qui, de
toutes les façons, ne peuvent pas être
« ordinaires » ?
Durant la guerre du Golfe, les américains ont
expérimenté un système qui leur a
permis de faire visiter virtuellement à leurs
pilotes l'intérieur même des sites qu'ils allaient
bombarder, et ceci avec une résolution de cinquante
centimètres.
Aujourd'hui cette technique a évolué à
un tel point que dans les parcs d'attraction, au moyen d'un
« casque-lunettes » il est
possible de pénétrer et de participer comme
acteur à une scène virtuelle.
Dans moins de vingt ans, et je pense que je suis large, les ordinateurs
individuels domestiques qui permettent déjà de
visiter en trois dimensions le musée d'Orsay, et dont les
puissances de calcul se multiplient par deux tous les deux ans,
permettront, pour un prix raisonnable, de participer chez soi,
à des activités de ce type, je veux dire
à des scènes virtuelles.
Actuellement la technologie est telle, que sous réserve
d'avoir un ordinateur d'une puissance non encore diffusée
dans le public, qu'elle permet de créer des jeux de
rôle où, vous, homme de 1998, vous pourriez
participer, en tant qu'acteur, à une conférence
virtuelle à laquelle participeraient à la fois
Platon et Bachelard, Sartre ou Malraux en étant les meneurs
de jeu.
Seuls sont en vente actuellement, chez les spécialistes
comme la Fnac, des CD de Platon nous permettant de le voir discourir
dans son cadre de vie d'époque, reconstitué
virtuellement.
Si nous ne prenons pas garde, les marchands pourront envahir le Temple
et vous offriront en CD le rite de votre choix, et les rituels qui
iront avec.
Comme sur les sites américains il est
déjà possible d'obtenir n'importe quel rituel
(expérience réalisée l'an dernier en
prenant pour base les banquets d'ordre) il est vraisemblable que ces
mêmes sources permettent de telles perspectives.
Alors, si actuellement, une tenue virtuelle est difficilement
réalisable, il n'est plus utopique de penser, que dans vingt
ans chacun pourrait s'organiser sa petite tenue virtuelle avec les
acteurs qu'il pourra choisir. Et c'est là que
réside tout le danger.
Sur un effectif de 38 FF\, ma Loge bleue compte actuellement 9
Internautes, dont je fais partie.
Le problème de la virtualité ne peut plus
être considéré comme secondaire.
D'où ma question subsidiaire,
QUE FONT LES RITES DES HOMMES ? QUE FONT LES HOMMES DES RITES ?
Dans l'hypothèse où l'on admet cette perspective
nouvelle d'évolution, qui vraisemblablement pourra se
dégager parallèlement à l'enseignement
reçu dans les temples, le rite ne sera pas ressenti comme un
risque de limitation mais plutôt, par certains, comme une
voie de libération, voire
d'accélération de la communication et de
l'échange d'idées.
Le rite redeviendra alors, comme à l'origine des temps une
simple règle de jeu, voire de conventions universelles...
Mais là encore, je dis attention !
Cette règle de jeu n'aura plus rien à voir avec
le déclenchement chimique du coup de foudre animal
relevé par nos zoologistes, fait
générateur d'un rituel d'amour issu d'un rite
génétique de relation intra-communautaire.
Mais alors, comment transposer le propos que j'avançais au
début de ce travail ? « Animal
social, l'homme est un animal rituel. Il n'y a pas de rapports sociaux
sans actes symboliques. Les rites sociaux créent une
réalité, qui sans eux ne serait
rien. »
A cet instant, je suis contraint d'avancer que nous sommes face
à un nouvel angle d'analyse de causalités
possibles, donc de conséquences possibles face à
l'avancée technologique.
Il est permis de penser que nous aboutirons à l'alternative
suivante :
Soit, à un déviationnisme maçonnique
latent, où ne peut qu'éclore, sous
différents aspects, des suites réductrices du
champ maçonnique actuel s'offrant à nous au plan
universel,
Soit à l'élargissement du champ de
réflexion des hommes, en
complémentarité du travail en loge à
l'intérieur d'un Temple réel, d'une
obédience spécifique.
Tout dépendra soit :
de la maîtrise des maçons face à ce
nouvel outil, « de la soif du savoir, plus
important que la savoir lui-même »
(pour reprendre une expression de Jean Rostand).
Ou
à l'inverse, de l'usage qu'en feront ces intellectuels, dont
je parlais également en début de cet
exposé, ces intellectuels élevés dans
une tradition utilitariste, et qui jugent le rite comme irrationnel, ne
représentant à leurs yeux qu'un risque important
de limitation.
Les accès aux sites maçonniques étant
très faciles, des incursions profanes sont rares, mais
possibles. Le Rite étant mis souvent en exergue, mais de
fait sans rituel en appui, les discours y sont de qualités
très diverses. Si on y décèle avant
tout de la bonne volonté, l'absence de rituel et le fait
qu'un apprenti peut y adhérer dès le lendemain de
son initiation, font que les comportements profanes y sont pas
fréquents.
Néanmoins, il faut bien reconnaître que les
éclairages qui nous parviennent des quatre coins du monde
sont enrichissants. Malgré l'amalgame de rites, l'esprit
maçonnique y est présent, même en
l'absence d'un formalisme rituel marqué.
Mais attention au danger ! Ne nous lassons pas glisser vers cette pente
facile ! Utilisons cet outil exceptionnel de communication pour ce
qu'il est, sans plus.
Redisons alors encore une fois ce que nous a dit Jean Mourgues :
N'y a-t-il pas mieux à faire pour assurer la
liberté qu'à réduire la
diversité que de vouloir qu'unifier le Rite ?
Laisser s'éteindre un rite c'est appauvrir le patrimoine.
Mais, c'est aussi et surtout accepter la sclérose d'une
organisation dont l'engagement parce qu'il est la libération
de l'homme, implique la reconnaissance de la diversité.
CHAPITRE IV : CONCLUSION
A la question : « Le Rite, voie de
libération ou risque de limitation ? »,
je répondrai qu'au plan strictement maçonnique,
et sans référence à un dogme
religieux, un Rite, quelle que soit sa qualité, ne peut
s'identifier à soi. Il ne peut suffire à la
connaissance de soi, ni même à son approche.
Le Rite et ses rituels ne fournissent que quelques pistes de recherche
et c'est tout. Néanmoins, ne nous méprenons pas,
leurs apports sont loin d'être négligeables.
En d'autres termes :
Si le Rite permet de fournir des éléments
nécessaires, ils ne sont pas suffisants à la
compréhension de soi, c'est à dire à
l'ajustement notre propre compas dont la précision n'est
fonction que de notre investissement personnel, ressentir le Rite comme
une voie de limitation, marquerait une certaine forme
d'incompréhension, sans doute due à des
résurgences pas encore nivelées lors de notre
initiation et que notre éternel comportement d'apprenti
errant n'aurait pas encore dominées, tout comme croire que
le Rite est une voie de libération résulterait
d'une considération béate, naïve de ce
même état d'apprenti qui oublierait son obligation
de questionnement permanent, de remise en cause permanente. En effet,
ressentir le Rite comme une voie de libération sous
entendrait une forme de détachement de son état
d'être avec son environnement et la communauté des
hommes, ce qui est aux antipodes des concepts maçonniques.
J'ai dit.
P\ R\
ANNEXE : OU AI-JE TROUVE LES MATERIAUX POUR NOURRIR MES
REFLEXIONS… ?
Les matériaux ayant nourri mes réflexions
d'approche générale contenues dans cette planche
sont issus de la lecture des parutions de :
Claude Rivière Professeur d'Anthropologie à
l'Université Paris V, qui s'est penché sur les
microrituels de la vie enfantine, le bizutage comme rite initiatique,
les rites d'exhibition d'une adolescence marginale, la
présentation régulée du corps,
religion-magie-rites du sport, le cérémonial du
manger, la ritualité dans l'entreprise, les bribes de rites
au cœur des loisirs. Les principales conclusions de chacun de
ces thèmes sont éditées sous le titre
« Les rites profanes
« collection » sociologie
d'aujourd'hui » P.U.F.
Monique Segré, chercheur au Centre des Institutions et
Dynamiques historiques de l'Economie, Hélène
Puiseux Directeur d'Etudes à l'Ecole Pratique des Hautes
Etudes, Michel et Monique Pinçon, chercheurs au
CNCS, Régine Sirota, chercheur en sociologie de
l'éducation au CNRS, professeur à Paris V,
Marie-Françoise Doray, chercheur au CNRS, professeur
à Dijon, Michèle Fellous, chercheur au CNRS,
membre du Laboratoire « Sens, Ethique et
Société ».
Les principales conclusions de leurs travaux sur les mythes, rites et
symboles dans notre société contemporaine sont
éditées dans la collection « logiques
sociales » dirigée par Bruno
Péquigot, éditions l'Harmattan.
Quant au plan maçonnique, volontairement, je n'ai
consulté aucun livre ou traité
maçonnique. Je me suis limité à citer,
au Chapitre concernant le G\O\D\F\ quatre réflexions
à de Jean Mougues empruntées à son
livre « La pensée
maçonnique (une sagesse pour l'Occident) »
1988, éditions PUF.
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